Eugène Fromentin - Dominique
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Telle était à peu près la part que Dominique prenait à la vie publique de son pays: administrer une très petite commune perdue loin de tout grand centre, enfermée de marais, acculée contre la mer qui rongeait ses côtes et lui dévorait chaque année quelques pouces de territoire; veiller aux routes, aux desséchements; tenir les levées en état; penser aux intérêts de beaucoup de gens dont il était au besoin l'arbitre, le conseil et le juge; empêcher les procès et les discordes aussi bien que les disputes; prévenir les délits; soigner de ses mains, aider de sa bourse; donner de bons exemples d'agriculture; tenter des essais ruineux pour encourager les petites gens à en faire d'utiles; expérimenter à tout risque, avec sa terre et ses capitaux, comme un médecin essaye des médicaments sur sa santé, et tout cela le plus simplement du monde, non pas même comme une servitude, mais comme un devoir de position, de fortune et de naissance.
Il s'éloignait aussi peu que possible du cercle étroit de cette existence active et cachée qui ne mesurait pas une lieue de rayon. Aux Trembles, il recevait peu, sinon quelques voisins de campagne, venus pour chasser des extrêmes limites du département, et le docteur et le curé de Villeneuve, pour lesquels il y avait le dîner régulier des dimanches.
Quand il avait, dès son lever, expédié les affaires de la commune, s'il lui restait une heure ou deux pour s'occuper de ses propres affaires, il donnait un coup d'œil à ses charrues, distribuait le blé des semailles, faisait livrer le fourrage, ou bien il montait à cheval, lorsqu'une nécessité de surveillance l'appelait un peu plus loin. A onze heures, la cloche des Trembles annonçait le déjeuner: c'était le premier moment de la journée qui réunît la famille au complet et mit les deux enfants sous les yeux de leur père. L'un et l'autre apprenaient à lire, modeste début surtout pour un garçon dont Dominique avait, je crois, l'ambition de faire la réussite de sa propre vie manquée.
L'année se trouvait giboyeuse, et nous passions la plupart de nos après-midi à la chasse, ou bien nous faisions dans ces campagnes nues une promenade rapide, sans autre but le plus souvent que de côtoyer la mer. Je remarquais que ces longues chevauchées coupées de silences, dans un pays qui ne prêtait nullement au rire, le rendaient plus sérieux que de coutume. Nous allions au pas, côte à côte, et souvent il oubliait que j'étais là pour suivre dans une sorte de demi-sommeil un peu vague la monotone allure de son cheval ou son piétinement sur les galets roulants du rivage. Des gens de Villeneuve ou d'ailleurs croisaient notre route et le saluaient. Tantôt c'était M. le maire et tantôt M. Dominique. La formule variait avec le domicile des gens, le plus ou moins de rapports avec le château, ou d'après le degré de servage.
«Bonjour, monsieur Dominique», lui criait-on à travers champs. C'étaient des laboureurs, gens de main-d'œuvre, pliés en deux sur le dos de leurs sillons. Ils relevaient tant bien que mal leurs reins faussés, et découvraient de grands fronts frisés de cheveux courts, bizarrement blancs, dans un visage embrasé de soleil. Quelquefois un mot dont le sens n'était nullement défini pour moi, un souvenir d'un autre temps, rappelé par un de ceux qui l'avaient vu naître, et qui lui disaient à tous propos: «Vous souvenez-vous?» quelquefois, dis-je, un mot suffisait pour le faire changer de visage et le jeter dans un silence embarrassant.
Il y avait un vieux gardeur de moutons, très brave homme, qui tous les jours, à la même heure, menait ses bêtes brouter les herbes salées de la falaise. On l'apercevait, quelque temps qu'il fît, debout comme une sentinelle à deux pieds du bord escarpé: son chapeau de feutre attaché sous les oreilles, les pieds dans ses gros sabots remplis de paille, le dos abrité sous une limousine de feutre grisâtre. «Quand on pense, m'avait dit Dominique qu'il y a trente-cinq ans que je le connais et que je le vois là!» Il était grand causeur, comme un homme qui n'a que de rares occasions de se dédommager du silence, et qui en profite. Presque toujours il se mettait devant nos chevaux, leur barrait le passage et très ingénument nous obligeait à l'écouter. Il avait lui aussi, mais plus que tous les autres, la manie des vous souvenez-vous ? comme si les souvenirs de sa longue vie de gardeur de moutons ne formaient qu'un chapelet de bonheurs sans mélange. Ce n'était pas, je l'avais remarqué dès le premier jour, la rencontre qui plaisait le plus à Dominique. La répétition de cette même image, à la même place, le renouvellement des choses mortes, inutiles, oubliées, venant tous les jours pour ainsi dire à la même heure se poser indiscrètement devant lui, tout cela le gênait évidemment comme une importunité réelle dans ses promenades. Aussi, quoique excellent pour tous ceux qui l'aimaient, et le vieux berger l'aimait beaucoup, Dominique le traitait un peu comme un vieux corbeau bavard. «C'est bon, c'est bon, père Jacques, lui disait-il, à demain», et il tâchait de passer outre; mais l'obstination stupide du père Jacques était telle, qu'il fallait, coûte que coûte, prendre son mal en patience et laisser souffler les chevaux pendant que le vieux berger causait.
Un jour, Jacques avait, comme de coutume, enjambé le talus de la falaise du plus loin qu'il nous avait aperçus, et, planté comme une borne sur l'étroit sentier, il nous avait arrêtés court. Il était plus que jamais en humeur de parler du temps qui n'est plus, de rappeler des dates: la saveur du passé lui montait ce jour-là au cerveau comme une ivresse.
«Salut bien, monsieur Dominique, salut bien, messieurs, nous dit-il en nous montrant toutes les rides de son visage dévasté épanouies par la satisfaction de vivre. Voilà du beau temps, comme on n'en voit pas souvent, comme on n'en a pas vu peut-être depuis vingt ans. Vous souvenez-vous, monsieur Dominique, il y a vingt ans?.. Ah! quelles vendanges, quelle chaleur pour ramasser… et que le raisin moûlait comme une éponge et qu'il était doux comme du sucre, et qu'on ne suffisait pas à cueillir tout ce que le sarment portait!..»
Dominique écoutait impatiemment, et son cheval se tourmentait sous lui comme s'il eût été piqué par les mouches.
«C'était l'année où il y avait tout ce monde au château, vous savez… Ah! comme…»
Mais un écart du cheval de Dominique coupa la phrase et laissa le père Jacques tout ébahi. Dominique cette fois avait passé quand même. Il partait au galop et cinglait son cheval avec sa cravache, comme pour le corriger d'un vice subit ou le punir d'avoir eu peur. Pendant le reste de la promenade, il fut distrait, et garda le plus longtemps possible une allure rapide.
Dominique avait assez peu de goût pour la mer: il avait grandi, disait-il, au milieu de ses gémissements, et s'en souvenait avec déplaisir, comme d'une complainte amère; c'était faute d'autres promenades plus riantes que nous avions adopté celle-ci. D'ailleurs, vu de la côte élevée que nous suivions, ce double horizon plat de la campagne et des flots devenait d'une grandeur saisissante à force d'être vide. Et puis, dans ce contraste du mouvement des vagues et de l'immobilité de la plaine, dans cette alternative de bateaux qui passent et de maisons qui demeurent, de la vie aventureuse et de la vie fixée, il y avait une intime analogie dont il devait être frappé plus que tout autre, et qu'il savourait secrètement, avec l'âcre jouissance propre aux voluptés d'esprit qui font souffrir. Le soir approchant, nous revenions au petit pas, par des chemins pierreux enclavés entre des champs fraîchement remués dont la terre était brune. Des alouettes d'automne se levaient à fleur de sol et fuyaient avec un dernier frisson de jour sur leurs ailes. Nous atteignions ainsi les vignes, l'air salé des côtes nous quittait. Une moiteur plus molle et plus tiède s'élevait du fond de la plaine. Bientôt après nous entrions dans l'ombre bleue des grands arbres, et le plus souvent le jour était fini quand nous mettions pied à terre au perron des Trembles.
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