Чарльз Диккенс - Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I
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– Un gentleman, en bas, au café, monsieur. Il dit qu'il ne vous dérangera qu'un instant, monsieur; mais il ne veut accepter aucun délai.
– Fort étrange! répliqua M. Winkle. Dites que je descends.»
Il s'enveloppa d'une robe de chambre; mit un châle de voyage autour de son cou, et descendit. Une vieille femme et une couple de garçons balayaient la salle du café. Auprès de la fenêtre était un officier en petite tenue, qui se retourna en entendant entrer M. Winkle, le salua d'un air roide, fit retirer les domestiques, ferma soigneusement les portes, et dit: «M. Winkle, je présume.
– Oui, monsieur, mon nom est Winkle.
– Je viens, monsieur, de la part de mon ami, le docteur Slammer, du 97e. Cela ne doit pas vous surprendre.
– Le docteur Slammer! répéta M. Winkle.
– Le docteur Slammer. Il m'a chargé de vous dire de sa part que votre conduite d'hier au soir n'était pas celle d'un gentleman, et qu'un gentleman ne pouvait pas la supporter.»
L'étonnement de M. Winkle était trop réel et trop évident pour n'être pas remarqué par le député du docteur Slammer, c'est pourquoi il poursuivit ainsi: «Mon ami, le docteur Slammer, m'a paru fermement convaincu que, pendant une partie de la soirée vous étiez gris, et peut-être hors d'état de sentir l'étendue de l'insulte dont vous vous êtes rendu coupable. Il m'a chargé de vous dire que si vous plaidiez cette raison comme une excuse de votre conduite, il consentirait à recevoir des excuses, écrites par vous sous ma dictée.
– Des excuses écrites! répéta de nouveau M. Winkle avec le ton de la plus grande surprise.
– Autrement, reprit froidement l'officier, vous connaissez l'alternative.
– Avez-vous été chargé de ce message pour moi nominativement? demanda M. Winkle, dont l'intelligence était singulièrement désorganisée par cette conversation extraordinaire.
– Je n'étais pas présent à la scène, et, en conséquence de votre refus obstiné de donner votre carte au docteur Slammer, j'ai été prié par lui de rechercher qui était porteur d'un habit très-remarquable: un habit bleu clair avec des boutons dorés, portant un buste, et les lettres P.C.»
M. Winkle chancela d'étonnement, en entendant décrire si minutieusement son propre costume. L'ami du docteur Slammer continua:
«J'ai appris dans la maison que le propriétaire de l'habit en question était arrivé ici hier avec trois messieurs. J'ai envoyé auprès de celui qui paraissait être le principal de la société, et c'est lui qui m'a adressé à vous.»
Si la grosse tour du château de Rochester s'était soudainement détachée de ses fondations, et était venue se placer en face de la fenêtre, la surprise de M. Winkle aurait été peu de chose, comparée avec celle qu'il éprouva en écoutant ce discours. Sa première idée fut qu'on avait pu lui voler son habit, et il dit à l'officier: «Voulez-vous avoir la bonté de m'attendre un instant?
– Certainement;» répondit son hôte malencontreux.
M. Winkle monta rapidement les escaliers; il ouvrit son sac de nuit d'une main tremblante, l'habit bleu s'y trouvait à sa place habituelle; mais, en l'examinant avec soin, on voyait clairement qu'il avait été porté la nuit précédente.
«C'est vrai, dit M. Winkle, en laissant tomber l'habit de ses mains. J'ai bu trop de vin hier, après dîner, et j'ai une vague idée d'avoir ensuite marché dans les rues, et d'avoir fumé un cigare. Le fait est que j'étais tout à fait dedans. J'aurai changé d'habit; j'aurai été quelque part; j'aurai insulté quelqu'un: je n'en doute plus, et ce message en est le terrible résultat.» Tourmenté par ces idées, il redescendit au café avec la sombre résolution d'accepter le cartel du vaillant docteur et d'en subir les conséquences les plus funestes.
Il était poussé à cette détermination par des considérations diverses. La première de toutes était le soin de sa réputation auprès du club. Il y avait toujours été regardé comme une autorité imposante dans tous les exercices du corps, soit offensifs, soit défensifs, soit inoffensifs. S'il venait à reculer, dès la première épreuve, sous les yeux de son chef, sa position dans l'association était perdue pour toujours. En second lieu, il se souvenait d'avoir entendu dire (par ceux qui ne sont point initiés à ces mystères) que les témoins se concertent ordinairement pour ne point mettre de balles dans les pistolets. Enfin, il pensait qu'en choisissant M. Snodgrass pour second et en lui dépeignant avec force le danger, ce gentleman pourrait bien en faire part à M. Pickwick; lequel, assurément, s'empresserait d'informer les autorités locales, dans la crainte de voir tuer ou détériorer son disciple.
Ayant calculé toutes ces chances, il revint dans la salle du café et déclara qu'il acceptait le défi du docteur.
– Voulez-vous m'indiquer un ami, pour régler l'heure et le lieu du rendez-vous, dit alors l'obligeant officier.
– C'est tout à fait inutile. Veuillez me les nommer, et j'amènerai mon témoin avec moi.
– Hé bien! reprit l'officier d'un ton indifférent, ce soir, si cela vous convient; au coucher du soleil.
– Très-bien, répliqua M. Winkle, pensant dans son cœur que c'était très-mal.
– Vous connaissez le fort Pitt?
– Oui, je l'ai vu hier.
– Prenez la peine d'entrer dans le champ qui borde le fossé; suivez le sentier à gauche quand vous arriverez à un angle des fortifications, et marchez droit devant vous jusqu'à ce que vous m'aperceviez; vous me suivrez alors et je vous conduirai dans un endroit solitaire où l'affaire pourra se terminer sans crainte d'interruption.
– Crainte d'interruption! pensa M. Winkle.
– Nous n'avons plus rien, je crois, à arranger?
– Pas que je sache.
– Alors je vous salue.
– Je vous salue.» Et l'officier s'en alla lestement en sifflant un air de contredanse.
Le déjeuner de ce jour-là se passa tristement pour nos voyageurs. M. Tupman, après les débauches inaccoutumées de la nuit précédente, n'était point en état de se lever; M. Snodgrass paraissait subir une poétique dépression d'esprit; M. Pickwick lui-même montrait un attachement inaccoutumé à l'eau de seltz et au silence; quant à M. Winkle il épiait soigneusement une occasion de retenir son témoin. Cette occasion ne tarda pas à se présenter: M. Snodgrass proposa de visiter le château, et comme M. Winkle était le seul membre de la société qui fût disposé à faire une promenade, ils sortirent ensemble.
«Snodgrass, dit M. Winkle, lorsqu'ils eurent tourné le coin de la rue, Snodgrass, mon cher ami, puis-je compter sur votre discrétion? Et en parlant ainsi il désirait ardemment de n'y pouvoir point compter.
– Vous le pouvez, répliqua M. Snodgrass. Je jure…
– Non, non! interrompit M. Winkle, épouvanté par l'idée que son compagnon pouvait innocemment s'engager à ne pas le dénoncer. Ne jurez pas, ne jurez pas; cela n'est point nécessaire.»
M. Snodgrass laissa retomber la main qu'il avait poétiquement levée vers les nuages, et prit une attitude attentive.
«Mon cher ami, dit alors M. Winkle, j'ai besoin de votre assistance dans une affaire d'honneur.
– Vous l'aurez, répliqua M. Snodgrass, en serrant la main de son compagnon.
– Avec un docteur, le docteur Slammer, du 97e, ajouta M. Winkle, désirant faire paraître la chose aussi solennelle que possible. Une affaire avec un officier, ayant pour témoin un autre officier; ce soir, au coucher du soleil, dans un champ solitaire, au delà du fort Pitt.
– Comptez sur moi, répondit M. Snodgrass, avec étonnement, mais sans être autrement affecté. En effet, rien n'est plus remarquable que la froideur avec laquelle on prend ces sortes d'affaires, quand on n'y est point partie principale. M. Winkle avait oublié cela: il avait jugé les sentiments de son ami d'après les siens.
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