Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda
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Les deux prisonniers ne s’émurent guère lorsqu’ils entendirent la sentence, entre autres choses parce qu’ils connaissaient déjà le sort qui les attendait. Trouer la peau d’un sergent n’était quand même pas rien. Ils se trouvaient au centre du rectangle, gardés par le prévôt des alguazils du régiment. Tous deux étaient tête nue, les mains liées derrière le dos. Le premier, cheveux blancs et moustache énorme, était un vieux soldat qui ne comptait plus ses cicatrices. C’était lui qui avait entraîné l’autre et il semblait être le plus tranquille des deux. Le second, un peu plus jeune, était maigre, avec une barbe très drue. Alors que le plus âgé regardait fixement devant lui, comme s’il n’avait rien à voir avec ce qui se passait, son compagnon, plus abattu, regardait tantôt par terre, tantôt ses camarades, tantôt les sabots du cheval du mestre de camp qui se trouvait non loin de lui. Mais on peut dire qu’il se tenait bien, comme l’autre.
Au signal du prévôt, le tambour-major ferma le ban, puis ce fut le tour du clairon de Don Pedro de la Daga.
— Les condamnés ont-ils quelque chose à dire ?
Un mouvement de curiosité parcourut les compagnies et les buissons de piques parurent s’incliner, comme le vent fait ployer le blé mûr, lorsque les piquiers voulurent tendre l’oreille. Le prévôt des alguazils s’était approché des condamnés. Nous le vîmes tous pencher la tête pour écouter le plus âgé des deux hommes, puis se tourner vers le mestre de camp, qui acquiesça d’un geste, non par compassion, mais parce que le protocole le voulait ainsi. Tous ceux qui se trouvaient sur l’esplanade purent entendre l’homme aux cheveux blancs dire qu’il était un vieux soldat et qu’il s’était acquitté de ses obligations jusqu’à ce jour, comme son compagnon d’infortune. Il attendait la mort, mais pas au bout d’une corde, que l’arbre soit mort, vif ou ce que l’on voudra. Pardieu, la pendaison serait un affront pour eux qui avaient donné la mesure de leur bravoure ! Sur le point d’être expédiés dans l’autre monde, son camarade et lui demandaient à mourir d’une balle d’arquebuse, comme des Espagnols et des hommes valeureux, non comme des paysans. Et s’il s’agissait de ménager les balles, le mestre de camp pouvait économiser les siennes, il lui offrait celles qui lui restaient, fondues avec du plomb d’Escombreras. Il en avait toute une provision qui, dans l’endroit où on allait bientôt l’envoyer, ne lui servirait plus de rien, non plus que sa poire à poudre. Mais il fallait qu’il soit bien clair que, par la corde, l’arquebuse ou l’opération du Saint-Esprit, son camarade et lui allaient mourir alors qu’on leur devait six mois de solde.
Puis le vieux soldat haussa les épaules, résigné. Stoïque, il cracha par terre, entre ses bottes. Son compagnon fit de même. Il y eut ensuite un long silence. Du haut de son cheval, Don Pedro de la Daga, inflexible, le poing toujours sur la hanche, faisait comme s’il n’avait rien entendu.
— Pendez-les, dit-il encore. C’est alors qu’une clameur s’éleva parmi les hommes, faisant sursauter les officiers. Les soldats commencèrent à s’agiter et quelques-uns sortirent même du rang en criant, sans que les sergents et capitaines puissent mettre fin au tumulte. J’en étais à admirer ce désordre quand je me retournai vers le capitaine Alatriste, pour voir quel parti il prenait. Je le vis hocher très lentement la tête, comme s’il avait déjà vécu cette scène.
Les mutineries des Flandres, nées du mauvais gouvernement des officiers, furent la maladie qui mina le prestige de la monarchie espagnole, dont le déclin dans les provinces rebelles, et même dans celles qui restèrent loyales, fut surtout la conséquence de révoltes internes, plus que des hasards de la guerre. De mon temps déjà, le seul moyen de toucher sa solde était de se mutiner. Dans les lointains pays du Nord, les soldats espagnols ne pouvaient déserter au milieu d’une population hostile dont ils devaient se méfier autant que de l’ennemi. Les mutins prenaient donc une ville et s’y retranchaient. Certains des pillages en Flandres, et non les moindres, furent le fait de soldats qui voulaient ainsi se dédommager de leurs peines. Quoi qu’il en soit, il faut dire en toute justice que nous ne fûmes pas les seuls. Car si les Espagnols, aussi patients que cruels, mirent le pays à feu et à sang, les troupes wallonnes, italiennes ou allemandes en firent autant. Comble de l’infamie, on les vit même vendre à l’ennemi les forts de Saint-André et de Crèvecœur, chose que les Espagnols ne firent jamais – non pas que l’envie leur en eût manqué, mais parce que leur réputation et la crainte de la honte les en empêchèrent. Que des soldats sans le sou massacrent les gens et mettent leurs villes à sac est une chose, la bassesse et la félonie en matière de réputation en sont une autre. Je ne dis pas meilleure ou pire, pardieu, mais différente. Sur ce point, il y eut des journées, comme à Cambrai, où les choses allèrent si mal que le comte de Fuentes pria poliment messieurs les soldats mutinés à Tirlemont de « lui faire la grâce de l’aider à prendre la citadelle » : la troupe, de nouveau disciplinée et terrible, attaqua dans un ordre parfait et emporta la citadelle et la place. Ou quand les troupes mutinées connurent le plus fort du combat dans les dunes de Nieuport, ayant demandé à occuper les positions les plus périlleuses parce qu’une femme, l’infante Clara-Eugenia, les avait suppliés de venir à son secours.
Il faudrait aussi mentionner les mutins d’Alost, qui refusèrent d’accepter les conditions que leur offrait le comte de Mansfeld en personne et laissèrent passer sans encombre un régiment hollandais après l’autre, alors que l’ennemi était sur le point d’infliger un épouvantable désastre dans les États du roi. Lorsqu’ils reçurent enfin leur solde et virent que le compte n’y était pas, ils refusèrent de prendre un seul maravédis et résolurent de ne pas se battre, quand bien même les Flandres et l’Europe tout entière se seraient écroulées devant eux. Mais quand ils apprirent qu’à Anvers six mille Hollandais et quatorze mille civils étaient sur le point d’exterminer les cent trente Espagnols qui défendaient le château, ils se mirent en route à trois heures du matin, traversèrent l’Escaut à la nage ou en barques et, ornant leurs chapeaux et morions de rameaux verts, signal de leur prochaine victoire, jurèrent de partager la table du Christ au paradis ou de souper à Anvers. Finalement, agenouillés sur la contrescarpe, ils virent l’enseigne Juan de Navarrete brandir son drapeau, poussèrent tous leur cri de ralliement, se relevèrent comme un seul homme, attaquèrent hardiment les tranchées hollandaises, massacrant tous ceux qui leur barraient la route, et furent fidèles à leur serment : Juan de Navarrete et quatorze compagnons d’armes s’attablèrent effectivement avec le Christ ou avec qui mangent les braves morts au combat, tandis que le reste de leurs camarades dînait ce soir-là à Anvers. Car s’il est bien vrai que notre pauvre Espagne n’eut jamais ni justice, ni bon gouvernement, ni hommes publics honnêtes – et que dire de rois dignes de porter la couronne ? –, elle ne manqua jamais, vive Dieu, de bons vassaux prêts à oublier l’abandon, la misère et l’injustice pour serrer les dents, sortir l’épée du fourreau et se battre pour l’honneur de leur pays. En fin de compte, l’honneur d’une nation n’est que la somme de l’honneur que chacun porte en soi.
Mais revenons à Oudkerk. Ce fut la première des nombreuses mutineries dont j’allais être témoin durant ces vingt années d’aventures et de vie militaire qui allaient me conduire au dernier carré de l’infanterie espagnole à Rocroi, le jour où le soleil de l’Espagne se coucha dans les Flandres. À l’époque dont je parle, ces désordres étaient devenus une institution dans nos régiments et leur déroulement, établi du temps du grand empereur Charles Quint, obéissait à des règles précises, connues de tous. Dans certaines compagnies, les plus exaltés commencèrent à crier « Payez, payez ! » et d’autres « Mutinerie, mutinerie ! ». La première à se manifester fut celle du capitaine Torralba, à laquelle appartenaient les deux condamnés à mort. Les soldats ne s’étaient pas donné le mot et la suite des événements fut spontanée. Les opinions étaient divisées entre ceux qui étaient partisans de maintenir la discipline et ceux qui se déclaraient en rébellion ouverte. Le caractère de notre mestre de camp aggrava les choses. Un autre, plus flegmatique, aurait ménagé la chèvre et le chou, apaisant les soldats en leur disant ce qu’ils voulaient entendre. Que je sache, les mots ne coûtent guère aux avares qui hésitent à délier les cordons de leur bourse. Il aurait suffi de quelques mots bien sentis : « Messieurs les soldats, mes enfants, et cætera », ce que firent pour leur plus grand profit le duc d’Albe, Don Luis de Requesens et Alexandre Farnèse, qui, au fond, étaient aussi inflexibles et faisaient aussi peu de cas de leurs troupes que Don Pedro de la Daga. Mais Chie-des-Cordes était fidèle à son sobriquet et il se moquait ouvertement de ses soldats comme de sa première culotte. Il ordonna donc au prévôt des alguazils et à son escorte d’Allemands de pendre les condamnés au premier arbre venu, peu importait qu’il fût sec ou encore vert. Sa compagnie de confiance, une centaine d’arquebusiers que le mestre de camp commandait lui-même, vint se placer au centre du rectangle, mèches allumées, canons chargés. Cette compagnie, qui n’avait pas été payée non plus, jouissait de certains avantages et privilèges ; elle obtempéra sans piper mot, ce qui échauffa encore davantage les esprits.
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