Pérez-Reverte, Arturo - Les bûchers de Bocanegra

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— C’est qu’en réalité, continua le vieil homme, la pureté de notre sang n’est pas absolue… Mon bisaïeul était un juif converti et mon grand-père a eu maille à partir avec l’Inquisition. Ce n’est qu’avec de l’argent que nous avons pu tout régler. Cette canaille de père Coroado a su en tirer parti. Il menace de dénoncer ma fille comme judaïsante… Et nous aussi.

— Ce qui est faux, dit le fils cadet. Si nous avons le malheur de ne pas être vieux chrétiens, notre famille est au-dessus de tout soupçon. La preuve en est que Don Pedro Téllez, duc d’Osuna, a honoré mon père de sa confiance quand il était à son service en Sicile…

Il se tut brusquement et, livide un instant plus tôt, rougit jusqu’au blanc des yeux. Je vis le capitaine Alatriste échanger un regard avec Don Francisco. Le lien était clair à présent. Pendant son mandat de vice-roi de Sicile puis de Naples, le duc d’Osuna avait été l’ami de Quevedo, l’entraînant avec lui dans sa chute. L’obligation qui liait le poète à Don Vicente de la Cruz passait donc par là et la disgrâce de ce dernier à la cour était de la même eau. Don Francisco savait lui aussi ce que c’est que de se voir abandonné par ceux qui naguère sollicitaient faveurs et influence.

— Quel est le plan ? demanda le capitaine.

Je perçus dans sa voix un ton que je connaissais bien : résignation de l’ancien soldat prêt à affronter simplement un mauvais moment qui fait partie de son métier, absence d’illusions sur le succès ou l’échec de l’entreprise, décision lasse, silencieuse, dépourvue de tout intérêt, si ce n’est pour les détails pratiques. Bien des fois par la suite, au cours des années que nous allions passer ensemble d’aventures en aventures et dans les guerres du roi, je reconnus ce même ton de voix, ce même regard inexpressif, vide, qui de façon si singulière durcissait les yeux clairs du capitaine quand, en campagne, après la longue immobilité de l’attente, les tambours résonnaient et les tercios se mettaient en marche vers l’ennemi de ce pas admirable, lent et majestueux, sous les vieux drapeaux qui nous menaient à la gloire ou au désastre. Ce même regard et ce ton d’infinie lassitude furent aussi les miens bien des années plus tard : le jour où parmi les restes d’un carré espagnol, la dague entre les dents, le pistolet dans une main et l’épée dans l’autre, je vis s’approcher la cavalerie française lors de la dernière charge, pendant que se couchait en Flandre, rouge de sang, le soleil qui durant deux siècles avait inspiré la peur et le respect au monde.

Mais ce matin de 1623, à Madrid, Rocroi n’existait encore que dans le livre secret du Destin, et il allait encore falloir attendre deux décennies cette date funeste. Notre roi était jeune et gaillard. Madrid était la capitale de deux mondes et moi-même j’étais un jeune garçon imberbe et impatient, aux aguets derrière la fente de mon placard, attendant la réponse à la question du capitaine : le plan que Don Vicente de la Cruz et ses fils étaient venus lui proposer par l’entremise de Don Francisco de Quevedo. Le vieil homme allait parler quand un chat se glissa par la fenêtre et vint se promener entre mes jambes. J’essayai de le chasser sans faire de bruit. Par malchance, je fis alors un mouvement trop brusque. Un balai et un ramasse-poussière de fer-blanc tombèrent avec un grand fracas. Et quand je levai les yeux, épouvanté, la porte s’ouvrait déjà à la volée. L’instant d’après, le fils aîné de Don Vicente de la Cruz se trouvait devant moi, une dague à la main.

— Je vous croyais très pointilleux sur la pureté du sang, Don Francisco, dit le capitaine Alatriste. Je n’aurais jamais imaginé que vous vous mettriez la corde au cou pour une famille de juifs convertis.

Il souriait amicalement en se cachant derrière sa moustache. Assis à la table, l’air grognon, Don Francisco s’envoyait le pichet de vin que jusque-là personne n’avait touché. Don Vicente de la Cruz et ses fils s’en étaient allés après s’être entendus avec le capitaine. Nous étions seuls tous les trois dans la pièce.

— Bien fol qui ne varie, murmura le poète.

— Vous avez raison. Mais si votre cher Luis de Góngora l’apprend, vous n’aurez plus qu’à vous mettre dans un trou de souris. Le sonnet risque de n’être pas piqué des vers.

— Je le sais bien, pardieu.

C’était vrai. À une époque où la haine des juifs et des hérétiques était le complément indispensable de la foi, Lope de Vega et le bon Miguel de Cervantès s’étaient félicités, à peine quelques années plus tôt, de l’expulsion des morisques –, Don Francisco de Quevedo, très fier de ses origines de vieux chrétien de Santander, ne se caractérisait pas précisément par sa tolérance à l’égard des gens de sang douteux. Bien au contraire, il faisait usage de cette flèche contre ses adversaires et plus particulièrement contre Don Luis de Góngora à qui il prêtait du sang judaïque :

La langue grecque, pourquoi la haïr, quand tu es de l’hébraïque rabbin, ce que ton nez ne saurait démentir ?

Gentillesses que le grand satiriste aimait à faire alterner avec des accusations de sodomie gongoresque, comme dans ce fameux sonnet qui se termine ainsi :

Pire est ta tête que mes pieds. Je boite des deux, je l’avoue, mais toi, giton, des trois, avoue.

Et voici donc que Don Francisco Gómez de Quevedo y Villegas, chevalier de Saint-Jacques, de famille irréprochable, seigneur de la Torre de Juan Abad, fléau des judaïsants, des hérétiques, des sodomites et des gongoristes de tous poils, préparait rien moins que le viol de l’enceinte sacrée d’un couvent pour sauver, au risque de sa vie et de son honneur, une famille de juifs convertis valenciens. Malgré mon jeune âge, je comprenais fort bien la terrible gravité de l’affaire.

— Je le sais bien, pardieu, répéta le poète.

N’importe quel quidam, je suppose, aurait juré en grec et même en hébreu – langues que dominait Don Francisco – plutôt que de se trouver dans sa peau. Et le capitaine Alatriste qui n’était pas dans la peau de Quevedo, mais qui avait déjà assez de mal à rester dans la sienne, en était fort conscient. Les pouces enfoncés sous son ceinturon, le capitaine était toujours appuyé contre le mur d’où il n’avait pas bougé pendant toute la conversation avec nos visiteurs. Il n’avait même pas changé de posture quand Jerónimo de la Cruz était revenu dans la pièce, sa dague à la main, me tenant fermement par la peau du cou. Il s’était contenté de lui ordonner de me relâcher d’un ton si péremptoire que l’autre, après un instant d’hésitation, lui obéit presque aussitôt. Quant à moi, après ce mauvais traitement et la peur que j’avais eue, j’étais accroupi dans mon coin, encore rouge de honte, essayant de faire oublier ma présence. Il n’avait pas été très facile de convaincre les étrangers que, même désobéissant, j’étais un garçon avisé et digne de confiance. Il fallut que Don Francisco lui-même se porte garant de moi. Mais, au bout du compte, j’avais tout entendu. Don Vicente et ses fils ne pouvaient faire autrement que de se fier à moi. De toute façon, comme le dit très lentement le capitaine en les regardant tous avec ses yeux froids et dangereux, ils n’avaient pas le choix. Il y avait eu ensuite un long silence, après quoi plus personne n’avait parlé de moi.

— Ce sont des gens honorables, dit enfin Quevedo. Et de bons catholiques à qui on ne peut rien reprocher – il s’arrêta, cherchant d’autres justifications qu’il semblait croire nécessaires. Et puis, quand nous étions en Italie, Don Vicente m’a rendu de fiers services. J’aurais été un coquin de ne pas lui tendre la main.

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