Pérez-Reverte, Arturo - Les bûchers de Bocanegra
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J’écoutais par la fente, plutôt honteux malgré mon jeune âge. Je vous ai déjà dit qu’à l’époque un jeune garçon grandissait vite dans ce Madrid de mauvais sujets, dangereux, turbulent et fascinant tout à la fois. Dans une société où la religion et l’immoralité marchaient main dans la main, il était de notoriété publique que les confesseurs exerçaient une possession tyrannique sur les âmes et parfois les corps des femmes pieuses, avec les scandales qui en résultaient. Quant à l’influence des religieux, elle était immense. Les différents ordres s’affrontaient ou s’alliaient entre eux, les prêtres en venaient à interdire aux fidèles de se réconcilier, imposaient la rupture des liens familiaux et prêchaient même la désobéissance à l’autorité quand l’envie leur en prenait. Et il n’était pas rare non plus que les prêtres galants usent d’un langage mystico-amoureux, ou dissimulent sous des subterfuges spirituels ce qui n’était qu’appétits et passions humaines, ambition et luxure. Le personnage du prêtre qui sollicite les faveurs de ses ouailles était bien connu et fit souvent l’objet de vers satiriques au cours du siècle, comme dans La Grotte de Meliso :
On vous verra alors courir les confessions
avec belles servantes
de Dieu, que vous prendrez ainsi que des amantes,
et elles honorées
tant redoutaient d’être possédées du démon.
La chose n’était pas inhabituelle en cette époque de superstition et de piété excessives qui faisaient l’affaire de tant de coquins, pendant que les Espagnols se déchiraient dans des luttes intestines, mal nourris et encore moins bien gouvernés, entre le pessimisme général et le désabusement, cherchant dans la religion tantôt le réconfort face à l’abîme, tantôt effrontément les simples avantages terrestres. Situation qu’aggravait le nombre des prêtres et des religieuses sans vocation – il y avait plus de neuf mille couvents quand j’étais jeune –, car les bonnes familles désargentées qui ne pouvaient marier leurs filles avec suffisamment de faste avaient coutume de les faire entrer en religion ou les enfermaient de force dans les couvents après quelque faux pas dans le monde. Les cloîtres regorgeaient ainsi de ces femmes sans vocation dont parle Luis Hurtado de Toledo, l’auteur – ou plutôt le traducteur – du Palmerin de Inglaterra, dans ces autres vers célèbres :
Nos pères, pour donner fortune à leurs infants, nous firent dépouiller et nous mettre au couvent qui tant attente à Dieu.
Don Francisco de Quevedo était toujours devant la fenêtre, un peu à l’écart, regardant distraitement les chats qui se promenaient sur les toits comme des soldats désœuvrés. Le capitaine lui lança un long regard avant de se tourner vers Don Vicente de la Cruz.
— Je ne comprends pas, dit-il, comment votre fille a pu se retrouver dans une situation pareille.
Le vieil homme ne répondit pas tout de suite. La lumière qui accentuait les cicatrices du capitaine faisait ressortir sur son front une profonde ride verticale.
— Elvira est arrivée à Madrid avec deux autres novices quand on a fondé l’Adoration, il y a près d’un an. Elles sont venues accompagnées d’une duègne, une femme qui nous avait été chaudement recommandée et qui devait s’occuper d’elles jusqu’à ce qu’elles prononcent leurs vœux.
— Et que dit la duègne ?
Le silence se fit si dense qu’on aurait pu le couper avec un cimeterre. Don Vicente de la Cruz regarda pensivement sa main droite qu’il avait posée sur la table : maigre, noueuse, mais encore ferme. Sourcils froncés, ses fils avaient les yeux fixés par terre, comme s’ils contemplaient quelque chose au bout de leurs bottes. Don Jerónimo, l’aîné, plus bourru et moins loquace que son frère, avait ce regard fixe et dur que j’avais déjà vu chez certains hommes, un regard dont j’apprenais à me défier : alors que d’autres fanfaronnent, font sonner l’épée contre les meubles et parlent haut, ils restent seuls dans un coin du tripot, observent sans sourciller, sans perdre aucun détail, sans prononcer le moindre mot, jusqu’à ce que d’un coup ils se lèvent et, impassibles, vous descendent d’un coup de lame ou de pistolet à bout portant. Le capitaine Alatriste était du nombre. Et moi, à force de le fréquenter, je commençais à reconnaître les gens de cette trempe.
— Nous ne savons pas où est passée la duègne, dit enfin le vieil homme. Elle a disparu il y a quelques jours.
Le silence retomba. Cette fois, Don Francisco de Quevedo cessa de contempler les toits et les chats. Son regard, mélancolique à l’extrême, croisa celui de Diego Alatriste.
— Disparu, répéta le capitaine d’un air pensif.
Les fils de Don Vicente de la Cruz contemplaient toujours le sol sans dire un mot. Finalement, leur père hocha brusquement la tête. Il regardait toujours sa main, immobile sur la table, à côté du chapeau, du pichet de vin et du pistolet du capitaine.
— Exactement, dit-il.
Don Francisco de Quevedo s’écarta de la fenêtre et, après avoir fait quelques pas dans la pièce, s’arrêta devant Alatriste.
— On raconte, murmura-t-il, qu’elle faisait l’entremetteuse pour le père Juan Coroado.
— Et elle a disparu.
Dans le silence qui suivit, le capitaine et Don Francisco se regardèrent quelques instants dans les yeux.
— C’est ce qu’on dit, confirma enfin le poète.
— Je comprends.
Moi aussi je comprenais dans ma cachette, même s’il m’était difficile de saisir quel rôle pouvait bien jouer Don Francisco dans une si ténébreuse affaire. Quant au reste, la bourse – selon ce que nous avait raconté Martin Saldana – qu’on avait trouvée avec la femme étranglée dans la chaise à porteurs ne suffirait peut-être pas à assurer le salut de son âme. Je collai contre la fente de mon placard un œil grand ouvert par la stupeur, regardant avec un nouveau respect Don Vicente de la Cruz et ses fils. Le père ne me paraissait déjà plus si vieux et ses fils si jeunes. Finalement, pensai-je en frissonnant, il s’agissait de leur sœur et de sa fille. Moi aussi j’avais des sœurs là-bas, à Onate, et je ne sais trop jusqu’où j’aurais été capable d’aller pour elles.
— Maintenant, reprenait le père, la supérieure dit qu’Elvira a complètement renoncé au monde. Il y a huit mois que nous ne pouvons la visiter.
— Pourquoi ne s’est-elle pas échappée ?
Le vieil homme fit un geste d’impuissance :
— Elle ne sait presque plus ce qu’elle fait. Les religieuses et les novices se surveillent et se dénoncent les unes les autres… Imaginez la situation : visions et exorcismes, prétendues confessions qui se déroulent à porte fermée sous prétexte de faire sortir le démon, jalousies, envies, rancœurs de couvent – son expression sereine se transforma en un masque de douleur. Presque toutes les sœurs sont très jeunes, comme Elvira. Celle qui ne se croit pas possédée par le démon s’invente des visions célestes, pour attirer l’attention. La supérieure, stupide et sans volonté, est la chose de l’aumônier qu’elle prend pour un saint. Et le père Juan et son acolyte vont de cellule en cellule pour réconforter les pauvres religieuses.
— Avez-vous parlé à l’aumônier ?
— Une fois. Et sur la vie du roi, si je n’avais été dans le parloir du couvent, je l’aurais tué sur-le-champ.
Don Vicente de la Cruz leva la main qu’il avait posée sur la table, indigné, comme s’il regrettait de ne pas la voir rouge de sang. Malgré mes cheveux blancs, il m’a ri au nez avec une insolence inouïe. Parce que notre famille…
Il s’interrompit et regarda douloureusement ses fils. Le plus jeune avait le visage défait, blême. Son frère détournait le regard, l’air sombre.
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