Pérez-Reverte, Arturo - Les bûchers de Bocanegra

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Il lutta contre l’envie de traverser la rue et de se réfugier près de ce corps accueillant qui jamais ne se refusait. Mais son instinct de conservation fut le plus fort. Il effleura de la main la biscayenne qui faisait contrepoids au pistolet caché sous sa cape. Puis il se remit à scruter les ténèbres, méfiant, à l’affût d’une ombre ennemie. Pendant un long moment, il désira la rencontrer. Depuis qu’il me savait entre les mains de l’Inquisition et qu’il connaissait les noms de ceux qui avaient tiré les fils du piège, une colère lucide et froide, proche du désespoir, s’était emparée de lui. Il fallait qu’elle explose, d’une façon ou d’une autre. Le sort de Don Vicente de la Cruz, de ses fils et de la novice recluse lui importait assez peu. Dans ces jeux périlleux où il jouait souvent sa propre peau, c’était la règle. Comme il n’y a pas de combat sans pertes d’hommes, les caprices de la vie vous réservaient ce genre de choses. Et il les acceptait avec son impassibilité habituelle qui, si elle paraissait par moments frôler l’indifférence, n’était autre chose que la résignation stoïque d’un vieux soldat.

Mais avec moi, c’était différent. J’étais – si vous me permettez d’essayer de l’exprimer – ce qui pour Diego Alatriste y Tenorio, ancien soldat des régiments de Flandre dans cette Espagne périlleuse et batailleuse, pouvait représenter le mot remords. Il ne lui était pas aussi facile de m’inscrire froidement sur la liste des pertes quand une affaire tourne mal.

Il était responsable de moi, qu’il le veuille ou non. Et de la même façon qu’on ne choisit pas les amis ni les femmes, car ce sont eux qui vous choisissent, la vie, mon père décédé, les hasards du destin m’avaient mis sur son chemin et il n’aurait servi à rien de se boucher les yeux devant un fait dérangeant mais certain : je le rendais plus vulnérable. Dans la vie qui était la sienne, Diego Alatriste était un fils de pute, mais un de ces fils de pute qui jouent selon certaines règles. Son mutisme et sa réserve étaient une façon comme une autre d’être désespéré. C’est pour cette raison qu’il scrutait les coins obscurs de la rue, dans l’espoir d’y trouver un sbire, un espion ou un ennemi quelconque qui lui aurait permis d’apaiser ce malaise qui lui nouait l’estomac et lui faisait serrer les mâchoires jusqu’à en avoir mal. Il aurait voulu trouver quelqu’un, se glisser vers lui dans le noir, silencieusement, le plaquer contre le mur en étouffant ses cris avec sa cape, puis, sans dire un mot, lui enfoncer toute sa dague dans la gorge, jusqu’à ce qu’il ne bouge plus et que le diable emporte son âme. Telle était sa règle.

VII

HOMMES D’UN SEUL LIVRE

Dieu qui protège bien les fous et les ivrognes, et même les greffiers, ne voulut pas m’abandonner complètement. À vrai dire, on ne me tortura pas beaucoup. Le Saint-Office avait lui aussi ses règles ; et malgré son fanatisme et sa cruauté, il en observait scrupuleusement certaines. Je reçus plus d’une gifle et plus d’un coup, c’est vrai. Sans parler des privations et des nombreux moments de chagrin que je dus traverser. Mais une fois qu’ils eurent établi mon âge, mes treize ans me valurent de rester à distance respectueuse de ces sinistres engins de bois, de roues et de cordes que je pouvais voir au bout de la salle à chacun de mes interrogatoires. Et même les rossées que je reçus furent limitées en nombre, en intensité et en durée. D’autres n’eurent pas cette chance. J’ignore si c’est avec le concours du chevalet – on couchait le supplicié dessus, puis on le désarticulait en donnant des tours et des tours de corde – ou sans lui que je continuai à entendre ce cri de femme qui m’avait donné la chair de poule à mon arrivée. Toujours est-il que je l’entendais fréquemment, jusqu’à ce qu’il cesse tout à coup, le jour où je me retrouvai dans la salle d’interrogatoire et que je vis enfin la malheureuse Elvira de la Cruz.

Petite, grassouillette, elle n’avait rien à voir avec le personnage de roman que je m’étais imaginé dans ma caboche. De toute façon, la plus parfaite beauté n’aurait pas résisté à ces cheveux impitoyablement rasés, à ces yeux rougis, cernés par le manque de sommeil et la souffrance, aux marques de cordes sur ses poignets et ses chevilles, sous son habit sale de novice. Elle était assise – j’appris bientôt qu’elle était incapable de se tenir debout sans aide – et elle avait dans ses yeux le regard le plus vide et le plus perdu que j’aie jamais vu : une absence absolue, faite de toute la douleur, de toute la fatigue et de toute l’amertume de celui qui connaît le fond du puits le plus noir qu’on puisse imaginer. Elle devait avoir dix-huit ou dix-neuf ans, mais on aurait dit une petite vieille décrépite. Chaque fois qu’elle bougeait un peu sur sa chaise, ses gestes étaient lents et douloureux, comme si la maladie ou une vieillesse prématurée avait désarticulé chacun de ses os. Ce qui était précisément le cas.

Quant à moi, au risque de paraître fanfaron, je dirai qu’ils ne purent m’arracher une seule des paroles qu’ils désiraient obtenir. Pas même lorsque l’un des bourreaux, le roux, s’occupa de mesurer consciencieusement mes épaules avec un nerf de bouf. Même couvert de bleus, au point de devoir dormir sur le ventre – si on peut appeler dormir ce demi-sommeil agité, à mi-chemin entre la réalité et les fantasmes –, personne ne put faire sortir de mes lèvres sèches et gercées, couvertes de croûtes de sang qui cette fois était le mien, autre chose que des gémissements de douleur ou des protestations d’innocence. Cette nuit-là, je me promenais par là en rentrant chez moi. Mon maître, le capitaine Alatriste, n’avait rien à voir avec cette affaire. Je n’avais jamais entendu parler de la famille de la Cruz. J’étais un vieux chrétien et mon père était mort pour le roi en Flandre… Et je recommençais : cette nuit-là, je me promenais par là en rentrant chez moi…

Il n’y avait aucune pitié en eux, pas même ces lueurs d’humanité qu’on devine parfois chez les plus méchants. Religieux, juge, greffier et bourreaux se comportaient avec une froideur et un détachement si rigoureux que c’était justement cela qui faisait le plus peur. Plus même que les souffrances qu’ils pouvaient infliger : la détermination glacée de celui qui se sait dans le droit-fil des lois divines et humaines et qui jamais ne met en doute la probité de ses actes. Plus tard, avec le temps, j’ai appris que si tous les hommes sont capables de faire le bien et le mal, les pires sont toujours ceux qui, quand ils font le mal, s’abritent sous l’autorité des autres et prétextent qu’ils ne font qu’exécuter des ordres. Et si ceux qui disent agir au nom d’une autorité, d’une hiérarchie ou d’une patrie sont terribles, bien pires encore sont ceux qui justifient leurs actes en invoquant un dieu. Quand il m’est arrivé d’avoir à traiter avec des gens qui faisaient le mal, ce qu’il n’est pas toujours possible d’éviter, j’ai toujours préféré ceux qui étaient capables de prendre leurs responsabilités. Car dans les prisons secrètes de Tolède, j’ai appris, presque au prix de ma vie, qu’il n’y a rien de plus méprisable et de plus dangereux qu’un méchant qui se couche tous les soirs la conscience tranquille. C’est le pire qu’on puisse imaginer. Surtout quand cette bonne conscience s’allie à l’ignorance, à la superstition, à la stupidité ou au pouvoir, ce qui n’est pas rare. Pire encore quand ils se font les exégètes d’une seule parole, que ce soit le Talmud, la Bible, le Coran ou que sais-je encore. Je n’ai pas coutume de donner des conseils – l’expérience des uns ne sert jamais de leçon aux autres – mais en voici un qui ne vous coûtera guère : méfiez-vous toujours de ceux qui ne lisent qu’un seul livre.

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