Jean Moulin connaît bien ce pays et possède une maison dans le village de Saint-Andiol.
Ce parachutage ne peut s’effectuer que pendant la période de la pleine lune, qui s’étend du 29 décembre 1941 au 8 janvier 1942.
Mais la tempête souffle et retarde le départ.
Il faut attendre dans le centre de regroupement de Newmarket, relire une nouvelle fois les faux papiers d’identité, vérifier les armes, les ampoules de cyanure.
On lit le journal France qui, dans son numéro 3 du 31 décembre, rapporte que, devant le Parlement canadien, Churchill a rendu hommage au peuple français et fait applaudir le nom du général de Gaulle et des Forces françaises libres.
L’impatience de Jean Moulin et de ses camarades s’en trouve accrue.
De Gaulle, qui craint les réticences anglaises devant cette mission dont ils ont compris l’importance politique, insiste pour que, quelles que soient les conditions météorologiques – qui peuvent servir de prétexte –, le bimoteur Armstrong Whitley soit autorisé à décoller.
L’autorisation est accordée pour la nuit du 31 décembre 1941. Un premier avion dépose Jean Moulin et ses deux camarades sur un aérodrome situé près des côtes de la Manche.
Dernière attente au mess, dernier café, puis embarquement sur le bimoteur qui décolle peu avant minuit, ce 31 décembre 1941.
L’avion aborde les côtes de la France, alors que se croisent dans le ciel les feux des projecteurs, les tirs de la défense antiaérienne allemande et que s’achève l’année 1941.
Dans quelques heures, à l’aube de ce 1 er janvier 1942, Jean Moulin et ses camarades seront largués en France.
Peut-être, en cette première aube de l’année 1942, alors que le mistral pousse les trois corolles blanches des parachutes de Jean Moulin et de ses deux camarades, un Français Libre récite-t-il la prière écrite par le jeune aspirant André Zirnheld :
Je m’adresse à Vous, mon Dieu,
Car Vous seul donnez
Ce qu’on ne peut obtenir de soi…
[…]
Je veux l’insécurité et l’inquiétude
Je veux la tourmente et la bagarre
Et que Vous me les donniez, mon Dieu
Définitivement
[…]
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la foi
Car Vous seul donnez
Ce qu’on ne peut obtenir de soi.
FIN
[1]Alexander Werth, La Russie en guerre , Paris, Stock, 1964. Admirable livre d’analyse et en même temps grand reportage. Une « source ».
[2] Ibid.
[3]Les adversaires de Napoléon.
[4]Nevski a mis en déroute les chevaliers Teutoniques en 1242.
[5]Donskoï a battu les Tartares en 1380.
[6]Qui ont combattu les envahisseurs polonais au XVII esiècle.
[7]Cité par Richard J. Evans, Le Troisième Reich, Paris, Flammarion, 2009.
[8] Ibid.
[9]August von Kageneck, La Guerre à l’est , Paris, Perrin, 1998.
[10] Ibid.