Max Gallo - Le condottière

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12.

CE jour de mai 1945 où les pêcheurs de Dongo avaient jeté sur les mosaïques de la terrasse de la Villa Bardi le manteau de fourrure lacéré, le tube de rouge à lèvres et l'étui à cigarettes, l'homme s'en souvenait comme du jour de sa vengeance.

Souvent, quand il était assis aux commandes de la drague, dans cette cabine qui vibrait, il repensait à ce jour-là, le seul de sa vie où il eut la sensation de respirer vraiment à pleine bouche.

Depuis lors, c'était un petit filet d'air qui passait entre ses lèvres qu'il ne parvenait pas à desserrer, pas même capable de tenir entre elles une cigarette, la gardant entre ses doigts repliés, aspirant une bouffée comme s'il avait été à la merci d'un sous-officier ou d'un contremaître; toute sa vie il avait eu le sentiment d'être surveillé.

Il repensait alors à ce jour de mai, à sa bouche enfin grande ouverte, crevant la surface, son corps échappant aux mains de Carlo Morandi qui, si souvent, dans le petit bassin du port de la Villa Bardi, lui avait maintenu le visage sous l'eau jusqu'à ce qu'il étouffât. Au moment où ses yeux viraient au noir, où il ne se débattait plus, où il allait tomber comme une pierre sur la vase et avait déjà l'impression que ses cuisses et ses bras étaient mordus, Morandi le lâchait.

C'était fini, cette souffrance, avait-il cru en ce jour de mai 1945, quand l'un des pêcheurs avait dit, faisant glisser du bout de sa botte le tube et l'étui vers la comtesse Italina Bardi : « Ça appartient sûrement à votre putain de fille. Voilà tout ce qu'il en reste. On n'est pas des voleurs, on vous le rend. C'est bien à vous, non?»

Carlo Morandi avait enfoncé ses ongles dans l'épaule du fils de Maria qui n'avait pas bougé, subissant encore.

Les pêcheurs s'étaient avancés vers les deux enfants. L'un avait saisi Carlo Morandi par les cheveux, lui tournant le visage avec brutalité. C'était vrai qu'il avait la tête ronde, comme l'Autre. C'était bien la même graine, non? Qu'est-ce qu'elle en pensait, la comtesse?

Mais Italina Bardi avait bondi, prenant contre elle son petit-fils. Maudits ceux qui osaient s'attaquer aux enfants! avait-elle hurlé. En enfer, ceux qui profanaient le souvenir des morts ! « Les morts et les enfants, on ne les touche pas, on prie pour eux, on les respecte ! »

Les pêcheurs avaient ricané et dévalé l'escalier en s'esclaffant, en se bousculant, en lançant qu'ils la lui laissaient, sa tête, au fils de la putain, au bâtard de l'Autre! Un jour, on la lui ferait éclater à lui aussi!

L'homme - l'enfant d'alors - avait emboîté le pas aux pêcheurs, criant des injures qu'il ne pensait même pas connaître, quand il avait entendu Carlo Morandi lui ordonner de ne pas bouger, de rester à la villa.

« Traître ! » avait été le dernier mot que lui avait lancé Carlo.

Sur la place de Bellagio, le fils de Maria s'était perdu dans la foule. On dansait, on servait du vin blanc, on entendait les chants et refrains des villages de l'autre rive. On racontait à tue-tête comment on avait pris Mussolini avec un casque d'Allemand enfoncé sur son crâne rond, comment Paola Morandi, la fille de la comtesse, avait voulu fuir en barque quand elle avait vu son amant découvert. On l'avait mitraillée. Elle avait hurlé comme une truie qu'on égorge; à la fin, elle s'était jetée à l'eau, jambes en l'air, montrant une dernière fois son cul avant que les poissons ne le lui bouffent et ne la fassent jouir à leur façon.

- Et toi, bois aussi, gamin!

L'homme se souvenait du premier verre de vin blanc qu'il avait bu ce jour-là où les têtes rondes étaient si pleines, si lourdes de sang qu'elles en devenaient noires, éclatant comme des outres crevées, des fruits blets.

Et chacun regardait la photo du Duce et de sa maîtresse Claretta Petacci pendus par les pieds aux poutrelles d'un garage de Milan, Piazza Loretto.

C'était le jour de la vengeance et l'homme n'en avait plus connu depuis lors, comme si, prudent, il n'avait pas osé en vivre d'autres, se contentant de son souvenir, persuadé au fond de lui-même qu'un jour comme celui-là, il en suffisait d'un dans la vie, qu'il l'avait vécu, que Dieu avait été juste avec lui et lui avait dispensé sa part.

Ce jour-là, il était remonté en courant jusqu'à la Villa Bardi.

Il se sentait libre. Le monde lui appartenait aussi. Il criait sur la route déserte : « Je suis le fils de Maria, je suis le fils d'Angela, Angela, Angela ! »

Il était entré dans le parc et avait écarté les branches des lauriers. Il avait aperçu Carlo Morandi qui se tenait sur la première marche de l'escalier, tenant dans son poing la longue baïonnette allemande. La lame était noire.

- Je t'attendais, salaud ! Je vais te tuer ! s'était écrié Carlo.

Mais le fils de Maria avait continué d'avancer.

Quand il repensait à ce jour-là, il revivait la scène comme s'il en ignorait la fin, comme s'il ne savait pas qu'en marchant ainsi vers l'escalier, il avait buté sur une pierre, avait ramassé ce bloc de calcaire crevassé, le soulevant à deux mains, puis, le lançant en direction de Carlo Morandi, avait remercié Dieu.

La tête ronde de Morandi s'était couverte de sang. Il était tombé.

Le fils d'Angela s'était alors enfui.

13.

TOUTE sa vie - il avait maintenant près de soixante ans -, l'homme avait fui. Il s'était caché dans le fond d'une barque, la tête entre les bras, essayant de ne pas entendre les cris et les chants, ces rumeurs de la fête qui se poursuivait et dont, avec la nuit, l'écho s'amplifiait, le vent s'étant levé.

Il avait détaché la barque et, soulevant comme il pouvait les longues rames, il avait tenté de traverser le lac. Tout à coup, alors qu'il était déjà loin du rivage, le courant l'entraînant vers le sud, il avait été saisi de panique.

Il avait vu le sang continuer de couler sur le visage de Morandi. Il avait entendu le cri que Morandi avait poussé, portant les mains à son front. Il avait été poursuivi par le hurlement et les malédictions de la comtesse Bardi qui descendait l'escalier, bras écartés, répétant : « Ils l'ont tué, ils l'ont tué ! »

Il n'avait eu aucun regret, mais il s'était mis à trembler, lâchant les rames qui avaient glissé le long de la coque sans qu'il cherchât à les rattraper. A quoi bon?

Il avait pensé se précipiter à l'eau, la bouche ouverte, pour que ce jour de sa vengeance, ce jour qui avait commencé dans la joie, fût aussi celui de sa propre mort.

Mais il avait eu peur de l'épaisseur noire, du temps qu'il lui faudrait pour avaler toute cette eau, jusqu'à devenir aussi lourd qu'un bloc de pierre. Il avait craint d'avoir en lui trop d'instinct de vie, de se débattre, d'être dévoré vivant par les poissons de vase.

Il s'était alors allongé, le visage dans l'eau saumâtre qui allait d'un bord à l'autre de l'embarcation au gré du roulis. Et les courants, le vent, les vagues l'avaient ainsi porté jusqu'au rivage, au sud de Dongo.

C'était le matin. Il s'était caché dans les massifs de lauriers, puis avait couru vers les hauteurs, vécu plusieurs jours à mi-pente, là où commence la forêt, allant d'une grotte à l'autre, couchant dans des maisons de bergers, ne dormant jamais sans que la peur revînt le harceler, le rouge du sang se répandant autour de lui en même temps que les cris de Morandi et de la comtesse Bardi.

On l'avait recueilli, malade, transi, famélique, allongé sur le bord du chemin avec, dans sa main, un oiseau mort.

Quand il avait rouvert les yeux, son premier geste avait été de lever son bras, de protéger son visage avec son coude, comme si on allait le frapper, alors qu'on ne songeait qu'à le laver et à le nourrir, puis à l'interroger.

Il avait été incapable de parler et on avait cru que ce qu'il avait vécu l'avait rendu idiot.

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