Pierre Souvestre - L'agent secret

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Fantomas — un personnage de fiction, un criminel brillant, cachant son visage, l'un des personnages négatifs les plus importants de la littérature et le cinéma français.
Romans Fantômas et Allen Souvestre — sociopathe sadique obtient le plaisir de tuer leurs victimes. Il est impitoyable et sans merci à tout le monde, y compris leurs propres enfants. Fantomas — maître du déguisement, il commet ses crimes sous le couvert d'une autre personne, ont souvent tués. Pour mener à bien leurs crimes Fantômas aime à utiliser une variété de moyens excentriques — rats pesteux, serpents géants, salle remplie de sable.
A ce moment la Fantomas agit comme un agent secret

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— Quand même ce serait la dernière des fripouilles, pensait Fandor, je ne peux véritablement pas lui reprocher semblable démarche!

C’était avec plus d’étonnement, par exemple, que le jeune homme constata qu’en se mettant à table l’abbé oubliait purement et simplement de dire le «Bénédicité»…

— Curieux, pour un prêtre!

Et l’étonnement du faux caporal Vinson augmenta encore lorsque, quelques minutes après, il s’apercevait que l’ecclésiastique attaquait d’un formidable appétit une savoureuse volaille…

— Mazette! pensait Fandor, je ne rêve pourtant pas, nous sommes bien le 1 erdécembre, j’ai bien lu le mandement épiscopal ordonnant de faire maigre… et voilà que mon abbé fait gras…

Tandis que l’abbé mangeait, en effet, sans dire mot, les yeux baissés sur son assiette, Fandor, que l’angoisse tenaillait de plus en plus, le dévisageait avec un soin extrême. Il s’émerveillait de la finesse du visage, de la minceur des mains… il remarquait les attitudes gracieuses… une infinité de détails le choquaient… au point qu’au moment où l’on arrivait au dessert Fandor se déclara à lui-même:

— Je donnerais ma tête à couper que cet abbé, ce prêtre, ce curé, c’est une femme.

* * *

La porte à peine tirée sur eux, soigneusement le prêtre avait fait monter dans la chambre le fameux colis qui avait déjà intrigué Fandor et l’avait placé au pied de son propre lit. Le faux caporal et peut-être le faux curé se souhaitèrent mutuellement le bonsoir.

— Pour moi, déclarait Fandor, en délaçant ses bottines, j’avoue que je tombe de sommeil.

— J’en dirais autant… répondit le prêtre.

Malicieusement, le journaliste affirma:

— Ah, je vous plains, monsieur l’abbé, vous avez sans doute, vous, de longues prières à réciter… surtout si vous n’avez pas terminé votre bréviaire…

Il semblait bien au journaliste qu’un vague sourire se dessinait au coin des lèvres de son compagnon qui, cependant, très naturellement, répondait:

— Vous vous trompez… je suis dispensé d’un certain nombre d’exercices religieux…

— Va toujours, mon bonhomme, pensa Fandor, c’est bien le diable si je ne te pince pas au détour d’un de tes mensonges…

Et profitant de ce que le prêtre était assis sur une chaise, occupé à se faire les ongles, il marcha vers la porte, expliquant:

— J’ai horreur de dormir dans une chambre d’hôtel quand la porte n’est pas bien fermée… Vous permettez que je donne un tour de clé?

— Faites donc…

Non seulement le journaliste ferma la serrure, mais encore il retira la clé, et d’un geste nonchalant, songeant qu’après tout un caporal n’était pas tenu à être bien élevé, il la lançait à l’improviste sur les genoux du prêtre:

— Tenez, monsieur l’abbé, si vous voulez la mettre sur votre table de nuit…

Ce n’était pas au hasard que Fandor agissait ainsi…

Il connaissait cette remarque de police qui permet presque à coup sûr, d’identifier si un individu est un homme ou une femme… Un homme recevant un objet sur ses genoux serre instinctivement les jambes pour l’empêcher de glisser à terre; une femme, habituée à porter la robe, ouvre au contraire les jambes pour offrir une plus grande surface ou l’objet puisse tomber sans rouler sur le sol…

Qu’allait faire le prêtre?

Fandor ne fut pas surpris de lui voir, en écartant instinctivement les jambes, tendre sa robe.

— C’est une femme, pensa-t-il.

Mais subitement une réflexion l’arrêtait:

— Ah çà, je déraisonne! cela ne prouve rien du tout! un prêtre est aussi habitué qu’une femme à porter jupon! or, que fait un prêtre dans ces conditions?… est-ce qu’il ouvre ou est-ce qu’il ferme les genoux?

La question était, pour Jérôme Fandor, insoluble.

— Mon expérience ne prouve rien, dut-il s’avouer… et je suis tout à fait idiot!..

À vrai dire, il songeait bien à cette autre ruse, conseillée par les détectives anglais, et qui consiste à jeter par terre à l’improviste l’individu que l’on surveille… Neuf fois sur dix, affirme-t-on, un homme se trahit dans ce cas-là par un juron brutal, une femme, plus douce, naturellement, emploie des expressions plus modérées.

— Mais, pensait Fandor, je ne peux véritablement pas donner un croc-en-jambe à ce bonhomme ou à cette bonne femme…

Tout en réfléchissant, le journaliste se déshabilla…

Le prêtre se polissait toujours les ongles.

— Vous ne vous couchez pas, monsieur l’abbé?

— Si fait…

L’ecclésiastique retira ses bottines, se débarrassa de son faux-col, puis s’étendit sur son lit… Fandor avait suivi la manoeuvre.

— Vous allez dormir tout habillé? demanda-t-il.

— Je ne puis souffrir de me dévêtir dans un lit qui n’est pas mon lit habituel. Je souffle la bougie, caporal?

— Soufflez, monsieur l’abbé!

Mais, cette fois, Fandor était convaincu…

— C’est bien ma veine, pensait-il toujours, voilà que mon curé est une femme, et voilà que cette femme a des pudeurs de curé…

Il comprenait, en effet, pourquoi, si véritablement le prêtre était une femme déguisée, il avait tant hésité à coucher dans une chambre commune avec Fandor, pourquoi maintenant il n’osait point abandonner sa soutane…

Fandor, cependant, souhaitait le bonsoir à son compagnon et, pelotonné sous ses couvertures, se recommandait à lui-même de ne point fermer les yeux…

— Je ne sais pas ce qui va se passer, se disait-il, méfions-nous…

Le jeune homme avait grand-peur de s’endormir, il se montrait exagérément prudent.

La lumière n’était pas en effet éteinte depuis dix minutes que quelqu’un voulut entrer dans la chambre et, se heurtant à la porte fermée, la secoua, comme étonné de sa résistance..

— Qui va là? demandait Fandor.

— Bon!.. bon!.. ne vous dérangez pas…, répondit-on…

Et, dans le couloir, Fandor entendit que l’on s’éloignait.

— Quelqu’un qui se trompe, pensa le journaliste. Et il retomba dans ses réflexions.

— Évidemment, aujourd’hui, j’ai fait une promenade charmante, mais demain, à Dieppe… puisque c’est à Dieppe que nous allons maintenant, ce voyage pourrait très mal finir… De deux choses l’une: ou il va falloir que je m’occupe du débouchoir volé et, dans ce cas, je devrai me livrer à un jeu terriblement périlleux, ou mon faux curé m’a raconté des histoires inventées à plaisir… et je ne sais pas ce qui m’attend, ce qui n’est guère amusant!..

Mais Jérôme Fandor était interrompu dans ses réflexions. À nouveau quelqu’un voulait entrer dans la chambre…

— Qui va là? demande encore le journaliste…

Mais trouvant la porte fermée, le visiteur s’était déjà éloigné et ne répondit pas.

Jérôme Fandor écoutait un instant, il n’entendait plus que la respiration régulière de l’abbé, celui-ci dormait ou feignait de dormir…

— De plus, pensait Fandor, reprenant le cours de ses réflexions, que diable disait ce télégramme reçu tout à l’heure au garage? Il m’a semblé que mon abbé en était assez ému… il m’a semblé surtout qu’il me regardait fixement, après en avoir achevé la lecture… c’est mauvais, cela!..

Une troisième fois on frappait à la porte ou plutôt on essayait d’entrer d’autorité dans la chambre…

Fandor énervé bondit hors du lit, et saisissant la clé que le prêtre avait posée sur sa table de nuit, ouvrit rapidement, passa la tête dans le couloir:

— Mais qu’est-ce qu’il y a donc? demanda-t-il, c’est assommant à la fin…

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