Патрик Модиано - Dimanches d'août

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Dimanches d'août: краткое содержание, описание и аннотация

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Se moquait-il de moi ? Non. Il avait toujours été dépourvu du moindre humour. Et la lumière du néon accentuait l’expression lasse et grave de son visage.

— Entre les chevaux et les hommes, ça ne colle que très rarement… J’ai beau lui dire qu’il a tort de jouer aux courses, il continue mais il ne gagne jamais… Et vous ? Toujours photographe ?

Il avait prononcé les derniers mots du timbre métallique qui était le sien, il y a sept ans.

— À l’époque, je n’avais pas très bien compris votre projet d’album photographique…

— Je voulais faire des photos sur les plages fluviales des environs de Paris, lui dis-je.

— Les plages fluviales ? Et c’est pour cela que vous étiez installé à La Varenne ?

— Oui.

— Pourtant, ce n’est pas vraiment une plage fluviale.

— Vous trouvez ? Il y a quand même le Beach…

— Et je suppose que vous n’avez pas eu le temps de prendre vos photos ?

— Si, si… Je pourrais vous en montrer quelques-unes, si vous voulez…

Notre conversation devenait oiseuse. C’était étrange de s’exprimer ainsi, à demi-mot, ou par sous-entendus.

— En tout cas, je peux dire que j’ai appris des choses bien édifiantes… Et ça m’a servi de leçon…

Ma remarque le laissait de marbre. Et pourtant, je l’avais formulée d’un ton agressif. J’ai insisté :

— Vous aussi, je suppose, vous gardez un mauvais souvenir de tout cela ?

Mais j’ai regretté aussitôt ma provocation. Elle avait glissé sur lui et il m’enveloppait de son sourire triste.

— Je n’ai plus aucun souvenir, me dit-il.

Il a jeté un œil sur son bracelet-montre.

— On va bientôt venir me chercher… C’est dommage… J’aurais voulu rester plus longtemps avec vous… Mais j’espère que nous allons nous revoir…

— Vous voulez vraiment me revoir ?

Je ressentais un malaise. J’aurais été moins désemparé en présence du même homme qu’il y a sept ans.

— Oui. J’aimerais bien vous revoir de temps en temps pour que nous parlions de Sylvia.

— Vous croyez que c’est vraiment utile ?

Comment pouvais-je lui parler de Sylvia ?

C’était à se demander si, après sept ans, il ne la confondait pas avec une autre. Il se rappelait que j’avais été photographe mais, chez les vieillards qui ont perdu la mémoire, il subsiste encore quelques lambeaux du passé : un goûter d’anniversaire de leur enfance, les paroles d’une berceuse qu’on leur chantait…

— Vous ne voulez plus parler de Sylvia ? Mettez-vous bien ça dans la tête…

Il tapait du poing sur la table et je m’attendais aux menaces et aux chantages d’autrefois, dilués par le temps, bien sûr, comme les propos de ces criminels de guerre gâteux, que l’on traîne, quarante ans après leurs forfaits, devant un tribunal.

— Mettez-vous bien dans la tête que rien ne serait arrivé si je m’étais marié avec elle… Rien… Elle m’aimait… La seule chose qu’elle aurait voulue, c’est que je lui donne moi aussi une preuve d’amour… Et j’ai été incapable de la lui donner…

À le considérer, là, en face de moi, à écouter ces paroles d’un pécheur repenti, je me suis demandé si je n’étais pas injuste envers lui. Il divaguait mais il s’était plutôt amélioré avec le temps. Jamais, à l’époque, il n’aurait pu tenir ce genre de raisonnement.

— Je crois que vous vous trompez, lui dis-je. Mais cela n’a aucune importance. L’intention est bonne, en tout cas.

— Je ne me trompe pas du tout.

Et il frappait de nouveau du poing sur la table d’un geste d’ivrogne. J’ai craint qu’il ne retrouve sa brutalité et son mauvais naturel. Heureusement, à cet instant-là, l’homme de la camionnette est entré dans le café et lui a posé une main sur l’épaule. Il s’est retourné et l’a regardé fixement comme s’il ne le reconnaissait pas.

— Tout de suite… Je suis à toi tout de suite…

Nous nous sommes levés et je les ai raccompagnés jusqu’à la camionnette qui était garée devant le cinéma Le Forum. Il a fait glisser la portière, découvrant une rangée de manteaux de cuir, suspendus à des cintres.

— Vous pouvez vous servir…

Je restais immobile. Alors, il a examiné les manteaux un à un. Il décrochait leurs cintres et les raccrochait au fur et à mesure.

— Celui-ci doit être à votre taille…

Il me tendit le manteau, avec le cintre à l’intérieur.

— Je n’ai pas besoin de manteau, lui dis-je.

— Si… Si… Pour me faire plaisir…

L’autre attendait, assis sur le garde-boue de la camionnette.

— Essayez-le.

J’ai pris le manteau et je l’ai enfilé devant lui. Il me considérait du regard aigu d’un tailleur, pendant un essayage.

— Il ne vous gêne pas aux épaules ?

— Non, mais je vous dis que je n’ai pas besoin de manteau.

— Prenez-le pour me faire plaisir. J’y tiens absolument.

Il le boutonnait lui-même. J’étais aussi raide qu’un mannequin de bois.

— Il vous va très bien… Et l’avantage avec moi, c’est que j’ai beaucoup de grandes tailles…

Je me laissais faire pour être plus vite débarrassé de lui. Je ne voulais pas discuter. J’avais hâte de le voir partir.

— S’il y a le moindre problème, vous venez l’échanger contre un autre… Je serai à mon stand, boulevard Gambetta, demain après-midi… Et de toute façon, je vous donne mon adresse…

Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste et me tendit une carte de visite.

— Tenez… mon adresse et mon numéro de téléphone à Antibes… Je compte sur vous…

Il ouvrit la portière de devant, monta et s’assit sur la banquette. L’autre prit place, au volant. Il baissa la vitre et se pencha au-dehors.

— Je sais que vous n’aviez pas de sympathie pour moi, me dit-il. Mais je suis tout prêt à faire amende honorable… J’ai changé… J’ai compris quels étaient mes torts… Surtout envers Sylvia… Je suis le seul qu’elle ait vraiment aimé… Nous reparlerons ensemble de Sylvia, hein ?…

Il me toisait, des pieds à la tête.

— Le manteau vous va à merveille…

Il remonta la vitre sans me quitter des yeux. Mais brusquement, à l’instant où la camionnette démarrait, son visage se figea dans une expression de stupeur : je n’avais pas pu m’empêcher de lui faire – geste incompréhensible de la part d’un homme réservé comme je le suis – un bras d’honneur.

Quelques personnes entraient au Forum pour la séance de vingt et une heures. J’ai été tenté moi aussi d’aller m’asseoir dans la vieille salle de cinéma aux velours rouges. Mais je voulais me débarrasser de ce manteau qui me serrait aux épaules et m’empêchait de respirer. Dans ma hâte, j’ai arraché un bouton. J’ai plié le manteau, l’ai posé sur un banc de la Promenade et me suis éloigné avec le sentiment de laisser derrière moi quelque chose de compromettant.

Était-ce la façade délabrée du cinéma Le Forum ? Ou bien la réapparition de Villecourt ? Mais j’ai pensé aux confidences que sa mère m’avait faites au sujet de l’assassinat mystérieux du comédien Aimos sur une barricade du quartier de la gare du Nord, pendant la libération de Paris. Aimos savait trop de choses, il avait entendu trop de conversations, côtoyé trop de gens douteux dans les auberges de Chennevières, de Champigny et de La Varenne. Et les noms de tous ces gens, que m’avait indiqués Mme Villecourt, m’évoquaient les eaux fangeuses de la Marne.

J’ai consulté sa carte de visite :

Frédéric Villecourt, commissionnaire.

Jadis, les caractères de son nom auraient été noirs et gravés. Mais aujourd’hui, ils étaient orange, comme ceux d’un simple prospectus, et le terme bien modeste de « commissionnaire », si l’on se souvenait du Frédéric Villecourt des bords de Marne, indiquait qu’il suffit souvent de quelques années pour venir à bout de bien des prétentions. Il avait écrit lui-même à l’encre bleue son adresse : 5, avenue Bosquet, Antibes. Téléphone : 50.22.83.

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