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Mathias Énard: Rue des Voleurs

Здесь есть возможность читать онлайн «Mathias Énard: Rue des Voleurs» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 2012, ISBN: 978-2330012670, издательство: Éditions Actes Sud, категория: Современная проза / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Mathias Énard Rue des Voleurs

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LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS C’est un jeune Marocain de Tanger, un garçon sans histoire, un musulman passable, juste trop avide de liberté et d’épanouissement, dans une société peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes d’espagnol, assez de français pour se gaver de Série Noire. Il attend l’âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem. C’est avec elle qu’il va “fauter”, une fois et une seule. On les surprend : les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni loi. Commence alors une dérive qui l’amènera à servir les textes — et les morts — de manières inattendues, à confronter ses cauchemars au réel, à tutoyer l’amour et les projets d’exil. Dans , roman à vif et sur le vif, l’auteur de retrouve son territoire hypersensible à l’heure du Printemps arabe et des révoltes indignées. Tandis que la Méditerranée s’embrase, l’Europe vacille. Il faut toute la jeunesse, toute la naïveté, toute l’énergie du jeune Tangérois pour traverser sans rebrousser chemin le champ de bataille. Parcours d’un combattant sans cause, est porté par le rêve d’improbables apaisements, dans un avenir d’avance confisqué, qu’éclairent pourtant la compagnie des livres, l’amour de l’écrit et l’affirmation d’un humanisme arabe. Mathias Énard est l’auteur de quatre romans chez Actes Sud : (2003, prix des Cinq Continents de la francophonie), (2005 ; adapté au cinéma en 2012 par Marion Laine sous le titre avec Juliette Binoche et Edgar Ramirez), (2008, prix Décembre 2008 ; prix du Livre Inter 2009) et (2010, prix Goncourt des lycéens 2010).

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Dehors un vent glacial venu de l’océan prenait l’avenue en enfilade, la ville était déserte, même devant les Canons il y avait très peu de monde, quelques touristes rentraient dans les hôtels chics, j’ai dévalé la rue vers le Grand Zoco, fait un tour de place machinalement, acheté un paquet de clopes sans y penser, deux bonshommes que j’avais déjà vus se réchauffaient autour d’un brasero, je leur ai marchandé un bout de kif en échange d’un des billets qui me restaient, je suis allé le fumer discrètement sur un banc un peu à l’écart. Tout est devenu silencieux. La drogue m’a calmé. La ville s’est recouverte d’un voile calme et noir, j’étais loin tout à coup, derrière un mur entre mon corps et le monde, j’ai repensé au libraire, au gardien de parking, au Cheikh Nouredine, à Bassam, comme s’ils m’étaient complètement étrangers, comme si tout cela n’avait aucune importance. Tanger était une impasse sombre, un corridor bouché par la mer ; le détroit de Gibraltar une fente, un abîme qui barrait nos songes ; le Nord était un mirage. Je me suis vu perdu une fois de plus, et la seule terre ferme qu’il y avait sous mes pieds et derrière moi, c’était d’un côté l’immense Afrique jusqu’au Cap et vers l’est tous ces pays en flammes, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, la Palestine, la Syrie. Je me suis roulé un deuxième joint bien chargé en pensant que ce shit venait du Rif, que Meryem en avait peut-être vu pousser les plantes depuis ses fenêtres, qu’elle en avait elle-même pressé le pollen dans de grandes claies, avant d’en mouler la pâte obscurcie par l’oxydation, de l’entourer d’un film transparent ; elle gardait dans ses poches les miettes qu’elle grattait sur le plastique de ses gants, pour les manger dans la solitude, et rire toute seule ou s’endormir, rêver, peut-être et se rappeler les quelques heures que nous avions passées ensemble, comment je l’avais déshabillée presque sans vouloir, timidement, après qu’elle m’eut embrassé sur la bouche en me tenant la main, et il y avait une tendresse simple et belle dans ces souvenirs rehaussés par le hasch, j’y reprenais un peu de joie. La danse des lumières de Tanger accélérait mes pensées, il me fallait un plan, pas question cette fois-ci de tout plaquer sans rien, de retrouver la boue et l’humiliation. J’ai repensé à mes parents, à ma mère surtout, à mes petits frères, que pouvaient-ils savoir, penser de moi, la sourate de Joseph m’est revenue en mémoire, Mon père, j’ai vu onze étoiles se prosterner devant moi, et le soleil et la lune , j’avais oublié que je connaissais ces versets par cœur, Joseph vendu pour moins que rien à un marchand d’Égypte, Joseph que Dieu instruit dans l’interprétation des rêves, Joseph que tente Zuleykha. Les feux des ferries striaient le Détroit, une caravane maritime. Je pourrais peut-être trouver du travail dans le nouveau port de Tanger Med ou dans la Zone Franche, puis après quelque temps réussir à émigrer, après tout c’est Bassam qui avait raison, il faut partir, il faut partir, les ports nous brûlent le cœur. La solitude devenait une masse de brume, un nuage épais, celui du Mal ou de la peur ; j’avais une légère nausée. Je commençais à trembler de froid sur mon banc et j’avais faim tout à coup, très faim.

Après avoir ingurgité un sandwich en deux bouchées sur le chemin je suis rentré dans ma chambre de la Diffusion ; tout y était désert, silencieux, d’un silence qui me frappait les tympans ; je me suis endormi comme un sac.

Le lendemain matin, j’avais un cendrier dans la bouche et les yeux rouges, mais j’étais à peu près en forme. J’ai rangé quelques bouquins, petit-déjeuné, lu le commentaire de la sourate de Joseph dans le Kashshâf , le soleil se répandait sur les tapis. Par instants, les visages de la veille me revenaient en mémoire, le libraire en larmes, la moustache du chien de parking, comme une remontée d’égouts que j’essayais de juguler en me concentrant sur ma lecture. Je tentais de me convaincre, ce qui est fait est fait. Ce qui est fait est fait. Ce qui compte c’est l’avenir.

Le Cheikh Nouredine a réapparu en début d’après-midi, en civil, c’est-à-dire en costume bleu foncé, assez élégant. Il m’a salué avec courtoisie, je dirais même avec chaleur. Il m’a demandé si j’avais préparé les livres (on était jeudi) j’ai répondu oui. Il m’a dit parfait. Ce soir nous avons une réunion à l’extérieur, je serai là demain matin. Et il est sorti. Aucune remarque, aucune allusion à l’excursion punitive de la veille.

Je retrouvais enfin la solitude. J’ai regardé quelques pages Internet, envoyé des messages Facebook à des filles que je ne connaissais pas, toutes françaises, comme des bouteilles à la mer. Je suis un jeune Marocain de Tanger, je recherche votre amitié pour partager ma passion : les livres .

Je vous montre à quel point je suis cultivé, pensai-je, ce que confirme l’apostille sur les bouquins, un peu exagérée peut-être, mais sobre et précise. Il faut ajouter que je choisissais des filles certes jolies, mais plutôt à lunettes et originaires de villes dont je ne savais rien mais que j’imaginais froides, ennuyeuses et donc propices à la lecture. (Il va de soi que je n’ai jamais reçu de réponse ; à la décharge de ces demoiselles, il faut bien avouer que si elles jetaient un coup d’œil à mon profil, que j’avais pris soin de laisser accessible, elles apercevaient parmi mes amis non seulement la tête de bagnard de Bassam, mais aussi le Groupe pour la Diffusion de la Pensée coranique ou Al-Jazira, ce qui, vu de Bourges ou de Troyes, avait très peu de chances d’inspirer la tendresse.)

J’ai somnolé un peu, en rêvassant aux jeunes femmes susdites. Ensuite, j’ai relu le début de Total Khéops , un de mes polars préférés ; j’ai imaginé que Tanger devenait subitement Marseille, ce qui avait peu de chances de se produire, en grignotant un paquet de chips ; le soir tombait doucement ; le parfum de la mer était tout autour de moi.

Je suis resté allongé par terre sans lumière jusqu’à ce qu’il fasse nuit noire.

Bassam est entré en trombe, il a failli me marcher dessus.

— Qu’est-ce que tu fous dans le noir ? Tu dormais ?

— Pas vraiment, j’ai dit.

Il était surexcité, comme d’habitude. Il tournait en rond comme un chiot autour du panier de sa mère.

— Qu’est-ce qui t’arrive encore ? j’ai demandé. Un type de plus à tabasser ?

— Non, cette fois-ci c’est plus gros que ça.

— C’est le sabre du Prophète ?

— Arrête tes blasphèmes, mécréant. C’est l’heure de la vengeance.

J’ai cru un instant qu’il rigolait, mais après avoir allumé la lumière j’ai pu vérifier que ses yeux de fouine brillaient d’une folie étrange, au milieu de sa bonne grosse tête de plouc.

— C’est quoi ces nouvelles conneries ?

Il m’a servi un embryon de théorie paranoïaque selon laquelle seul un attentat qui frapperait les esprits ferait bouger les choses en précipitant l’Occident, la population et le Palais dans la confrontation. C’était tout à fait Cheikh Nouredine, mais très peu Bassam. Il avait un petit pois à la place du cerveau.

— Tu as un petit pois à la place du cerveau, j’ai dit.

En plus je savais très bien qu’au fond l’Islam politique lui était égal. Après tout, on était tombés dans la religion quand on était petits, on était servis.

— Laisse tomber ces histoires d’attentat, viens, on va aller faire un tour. Le Cheikh ne reviendra pas avant demain.

J’ai vu Bassam me regarder fixement comme si c’était moi qui étais complètement cinglé.

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