Anne Garréta - Pas un jour

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Que faire de ses penchants?
T'assignant cinq heures par jour, un mois durant, à ton ordinateur, tu te donnes pour objet de raconter le souvenir que tu as d'une femme ou autre que tu as désirée ou qui t'a désirée.
Tu les prendras dans l'ordre où elles te reviendront en mémoire. Tu les coucheras ensuite dans l'ordre impersonnel de l'alphabet.
Mais pourquoi cet exercice, d'une ironie peut-être cruelle?
Dissiper ou digresser tes désirs.
Car la vie est trop courte pour se résigner à lire des livres mal écrits et coucher avec des femmes qu'on n'aime pas.
Affaire de style.
Ne risques-tu pas, entendant pourtant t'écarter des mœurs de ton temps et esquiver son idolâtrie du désir, d'y succomber?
Peut-on échapper à la publicité du désir?
Et si, croyant résister à son assujettissement, tu ne faisais que pratiquer cette forme – si française – de résistance qui s'appelle la collaboration?

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Que faire?

Tu refermes cette longue parenthèse.)

Donc, écrivais-tu, lorsque tu calcules, pour remplir chaque année tes diverses déclarations d'impôts, à quoi tu emploies tes revenus, il te paraît que depuis quinze ans tu engraisses les libraires et les compagnies aériennes. Et lorsque tu as connu D*, tu engraissais tout particulièrement les compagnies aériennes par tes oscillations pendulaires d'un bord à l'autre de l'Atlantique. Et entre deux oscillations, tu fis sa connaissance.

Disons qu'il te souvient assez distinctement qu'elle rechercha ta connaissance. Qu'elle eut, alors que vous ne vous voyiez jamais qu'en public, la subtilité de te manifester très discrètement, mais très indubitablement, son désir. Et tu l'admets, cela seul suffit à te troubler. Imaginez une situation publique, soirée, cocktail, réunion, convention, dîner, salon, congrégation quelconque de la vie courante. Supposez un désir que des bienséances diverses obligent à cacher à tous les assistants hormis l'objet de ce désir, lequel n'en éprouve initialement aucun, un désir qui ne trouve aucune occasion de se déclarer. Calculez les formes et les voies de votre communication. Dosez les moyens de votre dissimulation. Trouvez des stratégies secrètes de séduction.

Il te semble que c'est là un art en voie de se perdre. Et tu demeures admirative encore de la sûreté initiale de D* en cet art. Qu'il ait eu occasion de se déployer tient au paradoxe des paramètres de ce désir. Une situation mondaine, une femme hétéro, dans une société qui l'est, religieusement, catholiquement, jalousement, et un désir nécessairement clandestin pour une femme qui ne l'est pas. De quels codes jouer? De quels protocoles tirer profit?

A y resonger, une part cruciale de ton attraction pour D* a tenu à cela: la secrète captation des signes qui, au milieu d'une société aveugle et sourcilleuse tout ensemble, permettaient la reconnaissance initiatique du désir. Vous vous tenez dans une foule et, de loin, par une phosphorescence du regard, du corps, recevez le signe à vous seule adressé et de vous seule perceptible. Cela vous excepte de l'aveuglement général. Exaltation d'une lucidité qui paraît refusée aux simples mortels, aux simples hétérosexuels dont l'officiel relâchement des mœurs (qui n'a en rien entamé les privilèges et les réflexes anciens) a – à les entendre se plaindre, car leur religion a ceci de comique qu'elle est triomphale et plaintive tout ensemble – radicalement désenchanté le désir. Vous êtes seules à voir le désir sous l'interdiction, dans l'inter-diction secrète.

Tu ajouteras ici deux choses. Que D* n'a pas été la seule femme à t'offrir le vertige de cette communication ésotérique du désir. Et que, dans ce que la langue commune s'acharne à désigner sous le nom d'homosexualité, la part qui a eu toujours sur ton imagination l'emprise la plus forte n'est autre que la sémiotique et l'herméneutique si singulières qui découlent des situations de secret qu'elle peut impliquer. Enfin, c'est ce plaisir des signes, de leur labyrinthe où cacher et capter ce qui ne se peut dire, car hors la loi des codes, des langages institués et publics, que par-dessus tout tu prises, qui a fait que tu n'as jamais eu pour le ghetto la moindre affinité. Le langage t'y paraît pauvre, aussi pauvre que celui de la norme. L'inconnue radicale du désir, l'art de son surgissement, la stratégie de son dévoilement y ont été ramenés à quelques équations simples et protocoles codifiés. Rationalisation du désir, en apparence économique, tu l'admets, et libérale dans son effet. Mais pour l'animal inquiet que tu es (et qui, par-dessus tout peut-être, aime son inquiétude et estime bien autrement la rationalité), sans charme et sans vertige. Tu aimes la possibilité de l'aveuglement, la brusque fulgurance de son éclipse. L'assurance de sa disparition sans reste te semble le leurre ultime, et un tour suprême de cécité.

D'où il a probablement résulté que le désir souvent t'est venu de femmes qui, pour la plupart, professaient la religion dominante. (Les obstacles seuls auraient-ils fait ta constance, et celle de ton penchant?) Et tu peux affirmer sans rire à tous ceux qui dans l'homosexualité veulent voir l'attirance pour le même, l'attrait de l'indistinction, le refus de la différence – ce nouveau shibboleth de la morale bienpensante, ce mantra de pharisiens qui dans la différence s'y croient et, s'y croyant, la fixent et s'en décorent, revenant par là au même -, that I beg to differ.

S'excepter de l'aveuglement général, disais-tu. Belle et noble ambition. Hubris qui ne saurait manquer d'être fatale. On risque de ne troquer jamais qu'un aveuglement pour un autre. A défaut de l'aveuglement commun, on s'aveuglera de singulière lucidité.

D* te communiqua donc son désir. Secrètement. Puis privément. Et après quelques réticences de ta part, et le temps nécessaire à formuler et suggérer complaisamment un dilemme moral que ta vanité brûlait de trancher, car pourquoi le cacher, et tu ne te le cachais à l'époque pas même, D* était une femme typiquement désirable, tu le voyais dans et par les yeux des autres, tu te jetas les yeux fermés dans l'aventure. C'est-à-dire dans la plus banale des liaisons bourgeoises. Marivaux s'achevait en théâtre de boulevard, l'intrépide inquiétude des Lumières en positivisme plat.

Quels souvenirs t'en reste-t-il? Des souvenirs de cinq à sept et d'heures de déjeuner passées dans ton lit à des exercices que tu ne te résous pas à qualifier d'érotiques. Nuits et week-ends prolongés chez elle à réitérer la même gymnastique. Car elle avait vocation à faire de toi une athlète en chambre. Tu as souvenir de trois nuits passées chez elle où elle te poursuivit de lit en lit, te réveillant pour de nouveaux marathons. Il était impératif, sous peine de la décevoir, que tu la baises debout dans l'antichambre; sous peine de la peiner, que tu la violes sur la table de la cuisine; sous peine qu'elle t'accuse de la mépriser, que tu la foutes renversée sur les coussins de l'ottomane du petit salon; crainte de lui donner le sentiment de n'être plus désirable, que tu la sodomises dans le lit de la chambre d'amis; pour te prouver sa passion, que tu la fasses jouir dans son lit à baldaquin; – et pour s'assurer qu'aucun meuble n'avait été négligé, que tu la branles contre le piano… Et surtout (mais là, tu calais, tu faillissais à la tâche) que tu y mettes les phrases, que tu éjacules ton excitation à son impudeur, que tu l'excites à l'obscénité et enfin la traites comme une pute. (Et là ta perplexité devint illimitée: comment est-on censé traiter les putes? Mal, apparemment. En objet, spéculais-tu. Ce qui, pratiquement, ne t'avançait pas beaucoup. Tu essayais, mais manifestement échouais, car il fallait recommencer encore et encore, dix fois par nuit, autant le jour, et, sans oublier aucun meuble, dans toutes les positions du kama sutra.)

A l'issue de ces trois jours, rompue, des crampes irrémissibles dans le poignet, les doigts raides à ne plus pouvoir tenir un stylo, les reins courbatus, les bras, les épaules, la nuque douloureux, le dos lacéré, le cerveau halluciné de si peu de sommeil, dans les rues, la lumière du jour retrouvé te brûlait les yeux.

Description d'un état qui pourrait aussi bien être idyllique. Mais, de même que formellement la narration de fiction est indiscernable de la narration référentielle (car elles se miment l'une l'autre au point qu'en ces deux miroirs jumeaux ne passent jamais que des mirages), la description de l'aliénation pornographique solipsiste est indiscernable de celle de la parfaite passion érotique partagée.

So, what's the difference?

La différence, c'est qu'il n'yen avait pas. D* avait pris un amant et avait eu le génie de choisir pour en remplir le rôle, une femme. Mais ce qu'elle eût peut-être craint – ou rencontré quelque difficulté à – obtenir de lui, elle ne risquait rien à en faire d'une femme dont elle s'arrangeait pour ne pas remarquer qu'elle en était une – l'instrument. La relation demeurait donc strictement hétérosexuelle.

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