Сигизмунд Кржижановский - Le marque-page
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- Название:Le marque-page
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- Издательство:Verdier
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- Год:2014
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Les minuscules lettres noires de Kint s’avérèrent plus puissantes que les énormes caractères rouges des affiches du cirque. Les foules se précipitèrent pour acquérir au rabais cette rareté métaphysique. Le numéro du mordeur de coude dut être transféré du petit cirque des faubourgs au grand théâtre du centre ville ; et le n° 11 111 commença à se produire dans les amphithéâtres des universités. Les kintistes se mirent aussitôt à commenter et à citer la pensée du maître ; quant à Kint, il transforma son article en un ouvrage intitulé Le Coudisme. Hypothèses et conclusions. Au cours de la seule première année, le livre fut réédité quarante-trois fois.
Le nombre des coudistes augmentait de jour en jour. Certes, il se trouvait des sceptiques et des anticoudistes ; un vieux professeur essaya de prouver le caractère asocial du mouvement coudiste qui, d’après lui, ranimait le stirnerisme et menait logiquement au solipsisme, autrement dit à une impasse philosophique.
Il y avait aussi des adversaires plus sérieux de ce mouvement ; ainsi, un certain publiciste répondant au nom de Tnik, intervenant lors d’une conférence consacrée aux problèmes du coudisme, posa la question suivante : en somme, qu’est-ce qui arriverait si jamais le fameux mordeur réussissait, au bout du compte, à se mordre le coude ?
Mais l’orateur fut interrompu par des sifflets, chassé de l’estrade. Le malheureux renonça à toute tentative ultérieure de se produire en public.
Il se trouva, bien sûr, des imitateurs et des envieux ; ainsi, un amateur de gloire annonça dans la presse que, tel jour à telle heure, il était parvenu à se mordre le coude. Une commission de contrôle fut réunie sur-le-champ : l’ambitieux fut démasqué, et devenu objet d’indignation et de mépris, il mit bientôt fin à ses jours.
Cet événement renforça encore la gloire du n° 11 111 : les étudiants, et plus particulièrement les étudiantes des universités où le mordeur de coude se produisait le suivaient en troupeau. Une charmante jeune fille aux yeux tristes et effarouchés de gazelle qui avait obtenu un rendez-vous avec le phénomène lui tendit en sacrifice ses bras à demi nus :
— Si cela vous est à ce point nécessaire, mordez le mien : c’est quand même plus facile.
Mais son regard se heurta à deux taches troubles, dissimulées sous des sourcils. Et en réponse elle entendit :
— Des dents ne goûte pas coude qui ne t’appartient pas.
Et notre sombre fanatique se détourna, donnant ainsi à comprendre que l’audience était terminée.
La mode du n° 11 111 s’amplifiait non de jour en jour, mais presque de minute en minute. Un bel esprit faisant l’exégèse du chiffre 11 111 déclara que l’individu désigné par ce nombre était « cinq fois unique ». Dans les magasins de vêtements pour hommes, on mit en vente des vestes de coupe particulière, dénommées les « coudines », avec des rabats amovibles (à boutons), permettant à loisir et sans retirer son vêtement de s’exercer à se mordre le coude. Beaucoup de gens devenus coudomanes cessèrent de fumer et de boire. Pour les dames, se répandit la mode des robes montantes à manches longues et à découpes arrondies dénudant les coudes ; autour de l’os du coude on portait d’élégants adhésifs rouges et de fausses cicatrices imitant morsures et égratignures fraîches. Un hébraïste éminent qui avait consacré quarante années pleines à disserter sur les dimensions réelles de l’antique temple de Salomon abandonna ses interprétations antérieures pour reconnaître que le verset de la Bible évoquant les soixante coudées de profondeur devait être lu comme symbole de l’inconnaissable : ce qui est dissimulé derrière le voile demeure par soixante fois inaccessible. Un député du Parlement en quête de popularité proposa un projet de loi abolissant le système métrique et rétablissant une ancienne unité de mesure : la coudée. Et bien que le projet de loi eût été rejeté, sa discussion donna lieu à des articles de presse tonitruants, provoqua de violents incidents parlementaires, ainsi que deux duels.
Le coudisme, gagnant un large public, s’était évidemment vulgarisé et avait perdu le caractère strictement philosophique que s’était efforcé de lui donner Justus Kint. Les journaux à trois sous avaient réinterprété l’enseignement du coude : il te faudra jouer des coudes pour te frayer un chemin ; ne compte que sur tes propres coudes…
Et bientôt, le nouveau mouvement, gauchissant capricieusement son cours, s’enfla et grossit tant et si bien, que l’État, dont le n° 11 111 était – tout comme un autre – citoyen, trouva tout naturel de l’utiliser pour atteindre les objectifs de sa politique budgétaire. L’occasion se présenta sans attendre. En effet, certains journaux d’information sportive – et ce pratiquement depuis le tout début de l’engouement articulaire, s’étaient mis à publier périodiquement des communiqués sur la fluctuation des centimètres et millimètres séparant de leur but les dents du mordeur. La presse du pouvoir, elle, commença d’abord par imprimer lesdits communiqués en avant-dernière page, entre les résultats des courses, ceux des matches de football et la chronique boursière. Ensuite, dans cette même presse, parut l’article d’un académicien célèbre, défenseur des thèses néolamarckiennes, et qui – partant du principe que les organes vivants évoluent en fonction de l’activité qu’ils déploient – en arrivait à conclure à la mordabilité théorique du coude. Suite à une élongation progressive des muscles striés du cou, écrivait la sommité, à des torsions systématiques et répétées de l’avant-bras et ainsi de suite… Mais l’académicien dut subir l’attaque de Justus Kint, l’inflexible logicien, parant le coup porté à l’immordabilité ; un débat s’engagea, reproduisant dans les grandes lignes celui de Spencer et du défunt Kant. Le moment était favorable : un trust bancaire (il était de notoriété publique que parmi ses actionnaires se trouvaient des membres du gouvernement et les plus grands capitalistes du pays) annonça par feuilles volantes la création d’une grandiose loterie dominicale MTC (Mords Ton Coude). Le trust promettait à chaque détenteur de billet de le payer selon un rapport de 11 111 pour 1 (pour UN !) aussitôt que le coude du mordeur de coude serait effectivement mordu.
La loterie fut inaugurée au son des orchestres de jazz et à la lumière de lampions passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les « roues de la chance » se mirent à tourner. Les dents blanches des dames vendeuses illuminant les sourires qui accueillaient les acheteurs, et les coudes dénudés, éclairés de rouge, qui plongeaient dans les polyèdres de verre remplis de billets, étaient à la tâche de midi à minuit.
Au départ, les séries de billets s’écoulaient timidement. L’idée de l’immordabilité était trop fortement ancrée dans les esprits. Un vieux lamarckien alla trouver Kint, mais celui-ci continua ouvertement à mener la fronde :
— Même Dieu le père, déclara-t-il à l’occasion d’un de ses meetings, ne peut faire en sorte que deux plus deux ne fassent pas quatre, que l’homme soit capable de se mordre le coude et que la pensée franchisse la limite d’un concept-limite.
Le nombre de ceux qu’on avait surnommés les mordistes et qui s’efforçaient de soutenir l’entreprise était, par rapport à celui des immordistes, insignifiant et s’amenuisait de jour en jour ; la valeur des billets chutait, se réduisant à presque rien. Les voix de Kint et de ses partisans, qui exigeaient les noms des véritables instigateurs de cette machination financière, la démission du cabinet et un changement de cotation, résonnaient de plus en plus fort. Mais une nuit, l’appartement de Kint fut perquisitionné. Dans son bureau, on découvrit un gros paquet de billets de loterie du trust. L’ordre d’arrestation du leader des immordistes fut aussitôt annulé, la découverte rendue publique et le soir même la cotation en bourse des billets se mit à grimper.
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