Jonathan Littell - Les Bienveillantes

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"En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif."Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait: l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.

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Derrière cette barrière tonnait sans fin le ressac de la mer invisible. Nous marchâmes jusqu'à l'aube; plus loin, c'était surtout des pins; on avançait plus vite. Lorsque le ciel s'éclaira, Thomas rampa sur une dune pour regarder la plage. Je le suivis. Une ligne ininterrompue de débris et de cadavres jonchait le sable froid et pâle, des épaves de véhicules, des pièces d'artillerie abandonnées, des charrettes renversées et fracassées. Les corps gisaient là où ils étaient tombés, sur le sable ou la tête dans l'eau, à moitié recouverts par l'écume blanche, d'autres encore flottaient plus loin, bousculés par les vagues. Les eaux de la mer semblaient lourdes, presque sales sur cette plage beige et claire, d'un gris-vert de plomb, dur et triste. De grosses mouettes volaient à ras le sable ou planaient au-dessus de la houle grondante, face au vent, comme suspendues, avant de filer plus loin d'un coup d'aile précis. Nous dévalâmes la dune pour fouiller hâtivement quelques carcasses à la recherche de provisions. Parmi les morts, il y avait de tout, des soldats, des femmes, de petits enfants. Mais nous ne trouvâmes pas grand-chose de comestible et regagnâmes vite la forêt. Dès que je m'éloignai de la plage, le calme des bois me recouvrit, laissant résonner au fond de ma tête le fracas du ressac et du vent. Je voulais dormir sur le dos de la dune, le sable froid et dur m'attirait, mais Thomas craignait les patrouilles, il m'entraîna plus loin dans la forêt. Je dormis quelques heures sur des aiguilles de pin et ensuite lus mon livre tout déformé jusqu'au soir, trompant ma faim grâce à la description somptueuse des banquets de la monarchie bourgeoise. Puis Thomas donna le signal du départ. En deux heures de marche, nous atteignîmes la lisière de la forêt, une courbe surplombant un petit lac séparé de la Baltique par une digue de sable gris, surmontée de jolies villas côtières abandonnées, et qui descendait vers la mer en une longue et douce plage parsemée de débris. Nous nous faufilâmes de maison en maison, épiant les chemins et la plage. Horst se trouvait un peu plus loin: une ancienne station balnéaire, fréquentée en son temps, mais vouée depuis quelques années aux invalides et aux convalescents. Sur la plage, l'entassement d'épaves et de corps s'épaississait, une grande bataille avait eu lieu ic i. Plus loin, on apercevait des lumières, on entendait des bruits de moteurs, ce devait être les Russes. Nous avions déjà dépassé le petit lac; d'après la carte, nous n'étions plus qu'à vingt, vingt-deux kilomètres de l'île de Wollin. Dans une des maisons nous trouvâmes un blessé, un soldat allemand frappé au ventre par un éclat de shrapnel. Il s'était tapi sous un escalier mais nous appela lorsqu'il nous entendit chuchoter. Thomas et Piontek le portèrent sur un canapé éventré en lui tenant la bouche pour qu'il ne crie pas; il voulait boire, Thomas mouilla un tissu et le lui serra entre les lèvres à quelques reprises. Il gisait là depuis des jours, et ses paroles, entre les halètements, étaient à peine perceptibles. Les restes de plusieurs divisions, encadrant des dizaines de milliers de civils, avaient formé une poche à Horst, Rewahl, Hoff; il était arrivé là avec les débris de son régiment, depuis Dramburg. Puis ils avaient tenté une percée en force vers Wollin. Les Russes tenaient les falaises au-dessus de la plage et tiraient méthodiquement sur la masse désespérée qui passait sous eux. «C'était du tir au pigeon». II avait été blessé presque tout de suite et ses camarades l'avaient abandonné. Dans la journée, la plage grouillait de Russes qui venaient dépouiller les morts. Il savait qu'ils tenaient Kammin et contrôlaient sans doute toute la rive du Haff. «La région doit fourmiller de patrouilles, commenta Thomas. Les Rouges vont chercher les survivants de la percée». L'homme continuait à marmonner en gémissant, il suait; il réclamait de l'eau, mais nous ne lui en donnions pas, cela l'aurait fait hurler; et nous n'avions pas de cigarettes à lui offrir non plus. Avant de nous laisser repartir, il nous demanda un pistolet; je lui abandonnai le mien, avec le fond de la bouteille d'eau-de-vie. Il promit d'attendre que nous soyons loin pour tirer. Alors nous reprîmes vers le sud: après Gross Justin, Zitzmar, il y avait des bois. Sur les routes, la circulation était incessante, des jeeps ou des Studebaker américains à étoile rouge, des motos, encore des blindés; sur les chemins, c'étaient maintenant des patrouilles à pied de cinq ou six hommes, et il fallait toute son attention pour les éviter. À dix kilomètres de la côte, on retrouvait de la neige dans les champs et dans les bois. Nous nous dirigions vers Gülzow, à l'ouest de Greifenberg; ensuite, expliquait Thomas, nous continuerions et tenterions de passer l'Oder du côté de Gollnow. Avant l'aube, nous trouvâmes une forêt, une cabane, mais il y avait des traces de pas et nous quittâmes le chemin pour aller dormir plus loin, dans les pins près d'une clairière, enroulés dans nos manteaux, sur la neige.

Je me réveillai entouré d'enfants. Ils formaient un grand cercle autour de nous, il y en avait des dizaines et ils nous regardaient en silence. Ils étaient en haillons, sales, les cheveux ébouriffés; beaucoup d'entre eux portaient des morceaux d'uniforme allemand, une vareuse, un casque, un manteau grossièrement découpé; certains serraient entre leurs mains des outils agricoles, houes, râteaux, pelles; d'autres, des fusils et des pistolets-mitrailleurs faits de fil de fer ou taillés dans du bois ou du carton. Leurs regards étaient fermés et menaçants. La plupart paraissaient avoir entre dix et treize ans; certains n'en avaient pas six; et derrière eux se tenaient des filles. Nous nous mîmes debout et Thomas leur dit poliment bonjour. Le plus grand d'entre eux, un garçon blond et efflanqué qui portait un manteau d'officier d'état-major aux revers de velours rouge par-dessus une veste noire de tankiste, s'avança d'un pas et aboya: «Qui êtes-vous?» Il parlait allemand avec un épais accent de Volksdeutscher, de Ruthénie ou peut-être même du Banat. «Nous sommes des officiers allemands, répondit posément Thomas. Et vous?» – «Kampfgruppe Adam. C'est moi Adam, Generalmajor Adam, c'est mon commandement». Piontek pouffa de rire. «Nous sommes de la S S», dit Thomas. – «Où sont vos insignes? cracha le garçon. Vous êtes des déserteurs!» Piontek ne riait plus. Thomas ne se laissa pas démonter, il gardait les mains dans le dos et dit: «Nous ne sommes pas des déserteurs. Nous avons été obligés de retirer nos insignes de peur de tomber aux mains des bolcheviques». – «Herr Standartenführer! cria Piontek, pourquoi vous discutez avec ces morveux? Vous voyez pas qu'ils sont toqués? Il faut leur foutre une raclée!» -»Tais-toi, Piontek», dit Thomas. Je ne disais rien, l'épouvante me gagnait devant le regard fixe et insane de ces enfants. «Non mais je vais leur montrer, moi!» brailla Piontek en cherchant le pistolet-mitrailleur dans son dos. Le garçon en manteau d'officier fit un signe et une demi-douzaine d'enfants se ruèrent sur Piontek, le frappant avec leurs outils et le traînant au sol. Un garçon leva une houe et la lui ficha dans la joue, lui écrasant les dents et projetant un œil hors de l'orbite Piontek hurlait encore; un coup de gourdin lui défonça le front et il se tut. Les enfants continuèrent à frapper jusqu'à ce que sa tête ne soit plus qu'une bouillie rouge dans la neige. J'étais pétrifié, saisi d'une terreur incontrôlable. Thomas non plus ne bougeait pas un muscle. Lorsque les enfants abandonnèrent le cadavre, le plus grand cria encore une fois: «Vous êtes des déserteurs et nous allons vous pendre comme des traîtres!» – «Nous ne sommes pas des déserteurs, répéta froidement Thomas. Nous sommes en mission spéciale pour le Führer derrière les lignes russes et vous venez de tuer notre chauffeur». – «Où sont vos papiers pour le prouver?» insistait le garçon. – «Nous les avons détruits. Si les Rouges nous capturent, s'ils devinaient qui nous sommes, ils nous tortureraient et nous feraient parler». – «Prouvez-le-moi!» – «Escortez-nous jusqu'aux lignes allemandes et vous verrez bien». – «Nous avons autre chose à faire qu'escorter des déserteurs, siffla l'enfant. Je vais appeler mes supérieurs». – «Comme vous voulez», dit calmement Thomas. Un petit garçon d'environ huit ans traversa le groupe, une boîte sur l'épaule. C'était une caisse à munitions en bois, avec des marquages russes, sur le fond de laquelle étaient fixées plusieurs vis et cloués des cercles de carton coloriés. Une boîte de conserve, reliée à la caisse par un fil de fer, pendait accrochée sur le côté; des attaches maintenaient en l'air une longue tige métallique; autour du cou, le garçon portait un vrai casque de radiophoniste. Il ajusta les écouteurs sur ses oreilles, prit la caisse sur ses genoux, fit tourner les cercles de carton, joua avec les vis, approcha la boîte de conserve de sa bouche et appela: «Kampfgruppe Adam pour le QG! Kampfgruppe Adam pour le QG! Répondez!» Il répéta cela plusieurs fois puis libéra une oreille des écouteurs, bien trop gros pour lui. «Je les ai en ligne, Herr Generalmajor, dit-il au grand garçon blond. Qu'est-ce que je dois dire?» Celui-ci se tourna vers Thomas: «Votre nom et votre grade!» – «SS-Standartenführer Hauser, rattaché à la Sicherheitspolizei». Le garçon se retourna vers le petit à la radio: «Demande-leur s'ils confirment la mission du Standartenführer Hauser de la Sipo». Le petit répéta le message dans sa boîte de conserve et attendit. Puis il déclara: «Ils ne savent rien, Herr Generalmajor». – «Ce n'est pas surprenant, dit Thomas avec son calme hallucinant. «Nous rendons compte directement au Führer. Laissez-moi appeler Berlin et il vous le confirmera en personne». – «En personne?» demanda le garçon qui commandait, une lueur étrange dans les yeux. -»En personne», répéta Thomas. Je restais pétrifié; l'audace de Thomas me glaçait. Le garçon blond fit un signe et le petit ôta le casque et le passa avec la boîte de conserve à Thomas. «Parlez. Dites: "À vous" à chaque fin de phrase». Thomas approcha les écouteurs d'une oreille et prit la boîte. Puis il appela dans la boîte: «Berlin, Berlin. Häuser pour Berlin, répondez». Il répéta cela plusieurs fois, puis dit: «Standartenführer Hauser, en mission commandée, au rapport. Je dois parler au Führer. À vous… Oui, j'attendrai. À vous». Les enfants qui nous entouraient gardaient leurs yeux rivés sur lui; la mâchoire de celui qui se faisait appeler Adam tressaillait légèrement. Puis Thomas se raidit, claqua les talons, et cria dans la boîte de conserve: «Heil Hitler! Standartenführer Hauser de la Geheime Staatspolizei, au rapport, mein Führer! À vous». Il fit une pause et continua. «L'Obersturmbannführer Aue et moi-même rentrons de notre mission spéciale, mein Führer! Nous avons rencontré le Kampfgruppe Adam et demandons confirmation de notre mission et de notre identité. À vous». Il fit une autre pause puis dit: «Jawohl, mein Führer. Sieg Heil!» Il tendit les écouteurs et la boîte au garçon en manteau d'officier. «Il veut vous parler, Herr Generalmajor». -»C'est le Führer?» fit celui-ci d'une voix sourde. -»Oui. N'ayez pas peur. C'est un homme bon». Le garçon prit lentement les écouteurs, les colla à ses oreilles, se raidit, lança un bras en l'air et cria dans la boîte: «Heil Hitler! Generalmajor Adam, zu Befehl, mein Führer! À vous!» Puis ce fut: «Jawohl, mein Führer! Jawohl! Jawohl! Sieg Heil!» Lorsqu'il ôta les écouteurs pour les rendre au petit, ses yeux étaient humides. «C'était le Führer, dit-il solennellement. Il confirme votre identité et votre mission. Je suis désolé pour votre chauffeur, mais il a eu un geste malheureux et on ne pouvait pas savoir. Mon Kampfgruppe est à votre disposition. De quoi avez-vous besoin?» – «Nous devons rejoindre nos lignes sains et saufs pour transmettre des informations secrètes d'une importance vitale pour le Reich. Pouvez-vous nous aider?» Le garçon se retira avec plusieurs autres et conféra avec eux. Puis il revint: «Nous sommes venus par ici pour détruire une concentration de forces bolcheviques. Mais on peut vous raccompagner jusqu'à l'Oder. Au sud, il y a une forêt, on passera sous le nez de ces brutes. Nous vous aiderons». Ainsi nous nous mîmes en marche avec cette horde d'enfants en guenilles, laissant là le corps du pauvre Piontek. Thomas prit son pistolet-mitrailleur et je me chargeai du sac de provisions. Le groupe comptait en tout presque soixante-dix gamins, dont une dizaine de fillettes. La plupart, comme nous le comprîmes peu à peu, étaient des Volksdeutschen orphelins, certains venaient de la région de Zamosc et même de la Galicie ou des marches d'Odessa, cela faisait des mois qu'ils erraient ainsi derrière les lignes russes, vivant de ce qu'ils pouvaient trouver, recueillant d'autres enfants, tuant impitoyablement Russes et Allemands isolés, qu'ils considéraient tous comme des déserteurs. Comme nous, ils marchaient de nuit et se reposaient le jour, cachés dans les forêts. En route ils avançaient en ordre militaire, avec des éclaireurs devant, puis le gros de la troupe, les filles au milieu. Par deux fois, nous les vîmes massacrer de petits groupes de Russes endormis: la première fois, ce fut facile, les soldats, ivres, cuvaient leur vodka dans une ferme et furent égorgés ou déchiquetés dans leur sommeil; la seconde fois, un gamin fracassa le crâne d'un garde avec une pierre, puis les autres se ruèrent sur ceux qui ronflaient autour d'un feu, près de leur camion en panne. Curieusement, ils ne leur prenaient jamais leurs armes: «Nos propres armes allemandes sont mieux», nous expliqua le garçon qui les commandait et qui disait se nommer Adam. Nous les vîmes aussi attaquer une patrouille avec une ruse et une sauvagerie inouïes. La petite unité avait été repérée par les éclaireurs; le gros du groupe se retira dans les bois, et une vingtaine de garçons s'avancèrent sur le chemin vers les Russes, clamant: «Russki! Davaïf Khleb, khleb!» Les Russes ne se méfièrent pas et les laissèrent approcher, certains riaient même et sortaient du pain de leur besace. Lorsque les enfants les eurent entourés, ils les attaquèrent avec leurs outils et leurs couteaux, ce fut une boucherie insensée, je vis un petit de sept ans grimper sur le dos d'un soldat et lui planter un gros clou dans l'œil. Deux des soldats parvinrent néanmoins à lâcher des rafales avant de succomber: trois enfants furent tués sur le coup, et cinq blessés. Après le combat, les survivants, couverts de sang, ramenèrent les blessés qui pleuraient, hurlaient de douleur. Adam les salua et acheva lui-même au couteau ceux qui étaient atteints aux jambes ou au ventre; les deux autres furent confiés aux filles, et Thomas et moi tentâmes tant bien que mal de nettoyer leurs blessures et de les panser avec des lambeaux de chemises. Entre eux ils se comportaient presque aussi brutalement qu'avec les adultes. À l'arrêt, nous avions le loisir de les observer: Adam se faisait servir par une des filles les plus âgées, puis l'entraînait dans les bois; les autres se battaient pour des morceaux de pain ou de saucisse, les plus petits devaient courir piquer dans les sacs tandis que les grands leur distribuaient des taloches ou même des coups de pelle; ensuite, deux ou trois des garçons prenaient une fillette par les cheveux, la jetaient à terre et la violaient devant les autres en lui mordant la nuque comme des chats; des garçons se branlaient ouvertement en les regardant; d'autres frappaient celui qui était sur la petite fille, le jetaient de côté pour prendre sa place, la petite essayait de fuir, on la rattrapait et la renversait d'un coup de pied au ventre, le tout au milieu des cris, de hurlements stridents; plusieurs de ces fillettes à peine pubères paraissaient d'ailleurs enceintes. Ces scènes ébranlaient profondément mes nerfs, je supportais très mal cette compagnie démente. Certains des enfants, surtout les plus grands, parlaient à peine allemand; alors que, jusqu'à l'année précédente au moins, tous avaient dû être scolarisés, il ne semblait rester aucune trace de leur éducation, à part la conviction inébranlable d'appartenir à une race supérieure, ils vivaient comme une tribu primitive ou une meute, coopérant habilement pour tuer ou trouver à manger, puis se disputant vicieusement le butin. L'autorité d'Adam, qui était physiquement le plus grand, paraissait incontestée; je le vis frapper contre un arbre, jusqu'au sang, la tête d'un garçon qui avait tardé à lui obéir. Peut-être, me disais-je, fait-il tuer tous les adultes qu'il rencontre pour rester l'aîné.

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