Stéphane Mallarmé - Poésies

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SALUT
Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe ;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l'envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d'hivers ;
Une ivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
À n'importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
Poésies est un recueil de poésies de Stéphane Mallarmé, publié en 1899. Il contient quelques-uns des poèmes les plus connus de Mallarmé, tels que Apparition, Brise Marine, Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui et Le Tombeau d'Edgar Poe.

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Poésies Stéphane Mallarmé Poésies

SALUT SALUT Rien, cette écume, vierge vers À ne désigner que la coupe ; Telle loin se noie une troupe De sirènes mainte à l'envers. Nous naviguons, ô mes divers Amis, moi déjà sur la poupe Vous l'avant fastueux qui coupe Le flot de foudres et d'hivers ; Une ivresse belle m'engage Sans craindre même son tangage De porter debout ce salut Solitude, récif, étoile À n'importe ce qui valut Le blanc souci de notre toile.

LE GUIGNON

APPARITION

PLACET FUTILE

LE PITRE CHATIÉ

UNE NÉGRESSE...

SOUPIR

LES FENÊTRES

LES FLEURS

RENOUVEAU

ANGOISSE

LAS DE L'AMER REPOS...

LE SONNEUR

TRISTESSE D'ÉTÉ

L'AZUR

BRISE MARINE

AUMONE

SONNET

DON DU POEME

SCENE.La Nourrice - Hérodiade

CANTIQUE DE SAINT JEAN

L'APRES-MIDI D'UN FAUNE

SAINTE

TOAST FUNEBRE

PROSE pour des Esseintes

ÉVENTAIL de Madame Mallarmé

AUTRE ÉVENTAIL de Mademoiselle Mallarmé

FEUILLET D'ALBUM

SONNET

SONNET

REMÉMORATION D'AMIS BELGES

LE SAVETIER

LA MARCHANDE D'HERBES AROMATIQUES

LE CANTONNIER

LE MARCHAND D'AIL ET D'OIGNONS

LA FEMME DE L'OUVRIER

LE VITRIER

LE CRIEUR D'IMPRIMÉS

LA MARCHANDE D'HABITS

BILLET À WHISTLER

RONDEL

RONDEL

PETIT AIR I

PETIT AIR II

PETIT AIR (GUERRIER)

SONNET

SONNET

SONNET

SONNET

SONNET

LE TOMBEAU D'EDGAR POE

LE TOMBEAU DE CHARLES BAUDELAIRE

TOMBEAU Anniversaire - Janvier 1897

HOMMAGE

HOMMAGE

HOMMAGE

HOMMAGE

SONNET

SONNET

SONNET

SONNET

SONNET

SONNET

SONNET

Stéphane Mallarmé

Poésies

SALUT

Rien, cette écume, vierge vers

À ne désigner que la coupe ;

Telle loin se noie une troupe

De sirènes mainte à l'envers.

Nous naviguons, ô mes divers

Amis, moi déjà sur la poupe

Vous l'avant fastueux qui coupe

Le flot de foudres et d'hivers ;

Une ivresse belle m'engage

Sans craindre même son tangage

De porter debout ce salut

Solitude, récif, étoile

À n'importe ce qui valut

Le blanc souci de notre toile.

LE GUIGNON

Au-dessus du bétail ahuri des humains

Bondissaient en clarté les sauvages crinières

Des mendiants d'azur le pied dans nos chemins.

Un noir vent sur leur marche éployé pour bannières

La flagellait de froid tel jusque dans la chair,

Qu'il y creusait aussi d'irritables ornières.

Toujours avec l'espoir de rencontrer la mer,

Ils voyageaient sans pain, sans bâtons et sans urnes,

Mordant au citron d'or de l'idéal amer.

La plupart râla dans les défilés nocturnes,

S'enivrant du bonheur de voir couler son sang,

O Mort le seul baiser aux bouches taciturnes !

Leur défaite, c'est par un ange très puissant

Debout à l'horizon dans le nu de son glaive :

Une pourpre se caille au sein reconnaissant.

Ils tettent la douleur comme ils tétaient le rêve

Et quand ils vont rythmant de pleurs voluptueux

Le peuple s'agenouille et leur mère se lève.

Ceux-là sont consolés, sûrs et majestueux ;

Mais traînent à leurs pas cent frères qu'on bafoue,

Dérisoires martyrs de hasards tortueux.

Le sel pareil des pleurs ronge leur douce joue,

Ils mangent de la cendre avec le même amour,

Mais vulgaire ou bouffon le destin qui les roue.

Ils pouvaient exciter aussi comme un tambour

La servile pitié des races à voix terne,

Égaux de Prométhée à qui manque un vautour !

Non, vils et fréquentant les déserts sans citerne,

Ils courent sous le fouet d'un monarque rageur,

Le Guignon, dont le rire inouï les prosterne.

Amants, il saute en croupe à trois, le partageur !

Puis le torrent franchi, vous plonge en une mare

Et laisse un bloc boueux du blanc couple nageur.

Grâce à lui, si l'un souffle à son buccin bizarre,

Des enfants nous tordront en un rire obstiné

Qui, le poing à leur cul, singeront sa fanfare.

Grâce à lui, si l'une orne à point un sein fané

Par une rose qui nubile le rallume,

De la bave luira sur son bouquet damné.

Et ce squelette nain, coiffé d'un feutre à plume

Et botté, dont l'aisselle a pour poils vrais des vers,

Est pour eux l'infini de la vaste amertume.

Vexés ne vont-ils pas provoquer le pervers,

Leur rapière grinçant suit le rayon de lune

Qui neige en sa carcasse et qui passe au travers.

Désolés sans l'orgueil qui sacre l'infortune,

Et tristes de venger leurs os de coups de bec,

Ils convoitent la haine, au lieu de la rancune.

Ils sont l'amusement des racleurs de rebec,

Des marmots, des putains et de la vieille engeance

Des loqueteux dansant quand le broc est à sec.

Les poëtes bons pour l'aumône ou la vengeance,

Ne connaissent le mal de ces dieux effacés,

Les disent ennuyeux et sans intelligence.

« Ils peuvent fuir ayant de chaque exploit assez,

« Comme un vierge cheval écume de tempête

« Plutôt que de partir en galops cuirassés.

« Nous soûlerons d'encens le vainqueur de la fête :

« Mais eux, pourquoi n'endosser pas, ces baladins,

« D'écarlate haillon hurlant que l'on s'arrête ! »

Quand en face tous leur ont craché les dédains,

Nuls et la barbe à mots bas priant le tonnerre,

Ces héros excédés de malaises badins

Vont ridiculement se pendre au réverbère.

APPARITION

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs

Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs

Vaporeuses, tiraient de mourantes violes

De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.

- C'était le jour béni de ton premier baiser.

Ma songerie aimant à me martyriser

S'enivrait savamment du parfum de tristesse

Que même sans regret et sans déboire laisse

La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.

J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli

Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue

Et dans le soir, tu m'es en riant apparue

Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté

Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté

Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées

Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.

PLACET FUTILE

Princesse ! à jalouser le destin d'une Hébé

Qui poind sur cette tasse au baiser de vos lèvres,

J'use mes feux mais n'ai rang discret que d'abbé

Et ne figurerai même nu sur le Sèvres.

Comme je ne suis pas ton bichon embarbé,

Ni la pastille ni du rouge, ni jeux mièvres

Et que sur moi je sais ton regard clos tombé,

Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres !

Nommez-nous... toi de qui tant de ris framboisés

Se joignent en troupeau d'agneaux apprivoisés

Chez tous broutant les voeux et bêlant aux délires,

Nommez-nous... pour qu'Amour ailé d'un éventail

M'y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail,

Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

LE PITRE CHATIÉ

Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître

Autre que l'histrion qui du geste évoquais

Comme plume la suie ignoble des quinquets,

J'ai troué dans le mur de toile une fenêtre.

De ma jambe et des bras limpide nageur traître,

À bonds multipliés, reniant le mauvais

Hamlet ! c'est comme si dans l'onde j'innovais

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