Bernard Pivot - Les mots de ma vie

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« Notre mémoire est pleine de mots. Il suffit de puiser dedans. On trouvera dans ce dictionnaire très personnel des mots qui m’ont accompagné dans ma vie professionnelle comme, précisément, dictionnaire et mot. Plus apostrophe, orthographe, écrivain, lecture, bibliothèque, guillemets… A ceux-là s’ajoutent une ribambelle d’autres mots qui relèvent de ma vie privée, de mes souvenirs intimes, de mes manières d’être, de ma psychologie d’enfant et d’adulte, de mes trucs, de mes rêveries, de mes bonheurs, de mes chagrins, de mes petites aventures d’homme devenu public grâce à une succession de clins d’œil du hasard. » Bernard Pivot La quatrième de la couverture
Mots autobiographiques, mots intimes, mots professionnels, mots littéraires, mots gourmands… Tous ces mots forment un dictionnaire très personnel. Mais les mots de ma vie, c'est aussi ma vie avec les mots. J'ai aimé les mots avant de lire des romans. J'ai vagabondé dans le vocabulaire avant de me promener dans la littérature. Sur ces mots… D’
à
, Bernard Pivot est une figure incontournable du petit écran, et l’une des personnalités les plus populaires de France. Ses deux précédents ouvrages, publiés chez Albin Michel,
(2004) et
(2008) ont rencontré un immense succès. Bernard Pivot est membre de l’académie Goncourt.

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Train fantôme

Adolescent, puis jeune homme, je n’étais pas, mais pas du tout, ce que j’allais devenir : un animateur. Ni chef ni meneur, plutôt réservé, assez romantique, j’avais des périodes de gaîté, de camaraderie espiègle et bruyante, mais, heureux d’appartenir à un groupe, je n’en prenais jamais la tête. Trop naïf, timoré ou méfiant pour jouer les premiers rôles.

Avec les filles j’étais carrément timide. Pourquoi s’intéresseraient-elles à moi ? Qu’est-ce qui, dans mon physique ou ma conversation, pourrait les attirer et les retenir ? Rien, répondais-je. Mais le désir était le plus fort. Je tentais ma chance quand les circonstances me paraissaient favorables. À une époque où la sexualité méritait mieux que l’armée d’être appelée la « Grande Muette », un baiser sur la bouche ou dans le cou, une main frôleuse tenaient de la hardiesse. On prenait le risque de la gifle ou de la protestation sonore et humiliante. C’est pourquoi je m’aventurais avec ma supposée conquête dans des musées très peu fréquentés, comme le musée de l’Hôtel-Dieu. Mais la vision des crachoirs, des bols à saignée, des clystères, des pots en faïence sur lesquels étaient peints les noms latins de la pharmacopée du Moyen Âge incitait plus aux infusions qu’aux effusions.

C’est à la vogue — ainsi appelle-t-on à Lyon la fête foraine — que je découvris le lieu idéal pour mener à bien ma stratégie d’enveloppement : le train fantôme. Le couple prend place dans un chariot bringuebalant qui s’enfonce dans la nuit d’un tunnel d’où surgissent, menaçants, des nains, des fantômes, des caïmans, des têtes de mort, d’énormes araignées, des cercueils ouverts sur des macchabées… Aux rires sardoniques et vociférations programmés de la machinerie s’ajoutent bientôt les cris de frayeur de la jeune fille. Elle cherche un secours. Elle n’a pas le choix : c’est moi. Nous nous serrons l’un contre l’autre, et j’en profite alors pour l’embrasser et la caresser.

Étant devenu un fidèle usager du train fantôme, j’avais remarqué la présence, debout sur une plateforme située à l’arrière du chariot, déguisé en gorille, d’un homme dont la tâche consistait à gratter la tête de ses occupants, surtout de l’élément féminin. En même temps qu’il passait ses mains dans la tendre chevelure, il poussait des hurlements à vous glacer les sangs. La jeune fille n’en était que plus terrorisée, ce qui augmentait s’il était possible le contact de nos corps.

Quand le chariot débouchait enfin à la lumière de la vogue, je proposais à ma passagère un second tour immédiat. Certaines, soit parce qu’elles étaient scandalisées par mon stratagème, soit parce qu’elles avaient eu peur, se levaient et juraient que je ne les y reprendrais plus. D’autres, rieuses, cheveux en désordre, joues vermillon, étaient de nouveau partantes. Tout mon argent de la semaine allait y passer.

J’étais fasciné par le gratteur de têtes. Ma fréquentation assidue du train fantôme me permit de l’aborder un jour pour lui demander s’il gagnait ainsi sa vie. Oui, il touchait un salaire convenable pour effrayer les passagers. Mais c’était un métier saisonnier et, quand la vogue faisait relâche, il devait trouver des petits boulots qu’il lâchait dès que le train fantôme revenait sur la place de Perrache ou sur le boulevard de la Croix-Rousse. Il me confessa qu’il lui arrivait parfois d’être troublé par le contact de ses mains avec certaines chevelures, en particulier les rousses.

Je jugeais son activité si originale et si plaisante que lorsque, à vingt-trois ans, je profitai d’une période vacante de six mois pour écrire mon premier et unique roman ( L’Amour en vogue , 1959), je fis du gratteur de têtes mon narrateur et principal personnage. Comme par hasard il tombait amoureux d’une rousse dont la chevelure l’avait électrisé…

Bien des années plus tard, alors que je faisais Apostrophes , un journaliste me demanda quelle était au juste ma profession. D’habitude, je dis : « Comme vous, journaliste. » Mais, ce jour-là, tout à trac, je répondis : « Gratteur de têtes. » Devant l’air ébaubi du confrère, je lui narrai la vogue, le train fantôme, le métier de gratteur de têtes. Et j’ajoutai que c’était aussi ma fonction à la télévision, à la différence que je ne grattais pas chaque vendredi soir la tête des téléspectateurs pour les effrayer, mais, au contraire, pour les séduire. Leur activer la circulation du sang, stimuler le travail de leurs neurones, exciter le siège de leur curiosité et de leur intelligence. Pour les encourager à lire. Gratteur de têtes à la télévision publique, voilà quelle était ma profession. Je regrette de ne pas l’avoir écrit sur mes cartes de visite. Comme je regrette que le beau film réalisé sur moi par Bérengère Casanova pour la série de France 5 Empreintes n’ait pas été intitulé « Profession : gratteur de têtes ».

Triporteur

Quand il était rempli de bouteilles de vin et de sacs de pommes de terre, il fallait joliment appuyer sur les pédales pour le faire avancer, le triporteur de l’épicerie. Pas tous les jeudis et dimanches matin, mais souvent, je remplaçais ou j’aidais le commis pour les livraisons à domicile. J’étais alors dans les classes terminales du lycée Ampère. Lorsque je sonnais chez des bourgeois lyonnais dont les garçons étaient mes camarades de lycée, je n’éprouvais aucun dépit social, aucune colère contre mon statut de coursier intermittent en fruits et légumes. Ce sont eux qui, parfois, m’ouvraient la porte et, dans une complicité rieuse, m’aidaient à transporter les marchandises jusqu’à la cuisine. S’il y avait un escalier de service, j’étais certain de n’avoir affaire qu’à la bonne. J’entendais alors la voix de la maîtresse de maison lancer du fond de l’appartement : « Si c’est le fils du patron, ce n’est pas la peine de lui donner un pourboire ! »

Ampère aurait été un lycée mixte, eussé-je marqué la même indifférence quand une fille de ma classe ou une copine de récréation se serait présentée à mon coup de sonnette ? Probablement pas. Chargé d’un cageot de carottes, de patates, de haricots, de petits pois et de salades, j’aurais été gêné, peut-être humilié, de n’être plus à ses yeux, surtout s’ils étaient beaux, qu’un potager ambulant. Même fine, l’épicerie n’a jamais fait rêver les filles. J’aurais alors été conscient de mon infériorité sociale. Je la ressentais dans le magasin quand je servais des mères accompagnées de ravissantes filles de mon âge, alors qu’avec les garçons, copains ou pas, je me fichais royalement d’être un fils d’épicier.

Je frimais un peu sur le triporteur. Quand les livraisons n’étaient pas trop lourdes, ou que je revenais à vide, je pédalais en sifflotant, le corps redressé sur la selle, les bras ballants. Je passais devant les épiceries concurrentes en leur jetant un regard de défi. Parfois, hélé par un voisin ou un ami, je m’arrêtais et, sans descendre du tricycle, je taillais une bavette. Il m’arrivait aussi de délester la cliente de quelques cerises dont je recrachais les noyaux d’un souffle voyou. Aux commandes de n’importe quel moyen de transport, même d’un modeste triporteur, l’homme est Apollon sur son char.

À propos…

André Malraux a été élevé à Bondy par un trio de femmes : sa mère, sa grand-mère et sa tante. Elles se relayaient à l’épicerie familiale située au-dessous de l’appartement. Dans Clara Malraux , sa biographie de la première femme d’André, Dominique Bona écrit : « Malraux différera longtemps l’aveu de l’épicerie, comme si c’était une tare. »

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