George Martin - Une danse avec les dragons

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Une danse avec les dragons: краткое содержание, описание и аннотация

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Daenerys a eu beau se plier à toutes les exigences du peuple de Meereen – épouser Hizdahr zo Loraq, rouvrir les arènes de combat, pactiser avec des mercenaires qui l’ont déjà trahie –, rien n’y fait : la paix précaire risque à tout moment de dégénérer en un siège sanglant. D’autant plus que la jument pâle, cette peste incurable, continue de faire des ravages aux portes de la ville. Yezzan zo Qaggaz, le maître de Tyrion, figure parmi les dernières victimes en date. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le nain y voit une occasion unique de prendre la poudre d’escampette. Pendant ce temps, au Nord, les portes de Winterfell demeurent obstinément closes, tandis que la forteresse disparaît peu à peu sous un épais manteau de neige. Ses remparts servent-ils à protéger ses occupants de l’assaut de moins en moins probable des troupes de Stannis Baratheon ou à sceller leur tombeau ? Une danse avec les dragons clôt un chapitre important du Trône de Fer, la plus célèbre des sagas de fantasy, qui depuis 2011 et sans doute pour de nombreuses années à venir, séduit à la télévision un très large public. Son auteur, George R.R. Martin, s’y consacre aujourd’hui quasi exclusivement.

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Boumm, boumm, boumm, boumm, boumm, boumm , tonnèrent les battements du tambour, plus rapides qu’avant, subitement furieux et impatients. Ser Barristan tira son épée tandis que la colonne faisait brutalement halte entre les pyramides rose et blanc de Pahl, et vert et noir de Naqqan.

Daenerys se tourna. « Pourquoi nous sommes-nous arrêtés ? »

Hizdahr se leva. « Le passage est bloqué. »

Un palanquin renversé leur barrait la route. Un de ses porteurs s’était écroulé sur les briques, vaincu par la chaleur. « Allez secourir cet homme, ordonna Daenerys. Écartez-le de la rue avant qu’on ne le piétine et donnez-lui à manger et à boire. On dirait à le voir qu’il n’a rien pris depuis quinze jours. »

Ser Barristan jetait des regards soucieux à droite et à gauche. Des visages ghiscaris apparaissaient aux terrasses, toisant la rue avec des yeux froids et indifférents. « Votre Grâce, cette halte ne me plaît pas. Ce pourrait être un traquenard. Les Fils de la Harpie…

— … ont été jugulés, acheva Hizdahr zo Loraq. Pourquoi chercheraient-ils à porter la main sur ma reine alors qu’elle m’a choisi pour roi et consort ? À présent, qu’on aide cet homme, comme ma douce reine l’a ordonné. » Il prit Daenerys par la main et sourit.

Les Bêtes d’Airain exécutèrent les ordres. Daenerys les regarda opérer. « Ces porteurs étaient des esclaves, avant que j’arrive. Je les ai affranchis. Et pourtant, ce palanquin ne s’est pas allégé pour autant.

— C’est vrai, admit Hizdahr, mais on paie ces hommes pour en supporter le poids, désormais. Avant ton arrivée, cet homme qui a trébuché aurait eu au-dessus de lui un surveillant, occupé à écorcher son dos à coups de fouet. Au lieu de cela, on lui porte secours. »

C’était vrai. Une Bête d’Airain en masque de sanglier avait proposé au porteur de litière une outre d’eau. « Je dois me contenter de menues victoires, je suppose, commenta la reine.

— Un pas, et encore un pas et, bientôt, nous courrons tous. Ensemble, nous créerons une nouvelle Meereen. » Devant eux, la rue s’était enfin dégagée. « Allons-nous continuer ? »

Que pouvait-elle faire, sinon acquiescer ? Un pas, et encore un pas, mais vers où est-ce que je me dirige ?

Aux portes de l’arène de Daznak, deux massifs guerriers de bronze s’affrontaient en un combat mortel. L’un d’eux maniait une épée, l’autre une hache ; le sculpteur les avait représentés au moment où ils se tuaient mutuellement, leurs lames et leurs corps formant une arche au-dessus.

L’art de la mort , songea Daenerys.

Elle avait bien des fois vu les arènes de combat, de sa terrasse. Les plus petites criblaient la face de Meereen comme des marques de vérole ; les plus grandes ouvraient des plaies béantes, rouges et suppurantes. Aucune qui se comparât à celle-ci, toutefois. Belwas le Fort et ser Barristan les encadrèrent tandis que son époux et elle passaient en dessous des bronzes, pour émerger au sommet d’une large cuvette en brique ceinturée par des niveaux descendants de gradins, chacun d’une couleur différente.

Hizdahr zo Loraq la mena jusqu’en bas, à travers le noir, l’indigo, le bleu, le vert, le blanc, le jaune et l’orange, jusqu’au rouge, où les briques écarlates prenaient la nuance des sables en contrebas. Autour d’eux des camelots vendaient des saucisses de chien, des oignons rôtis et des embryons de chiots piqués sur un bâton, mais Daenerys n’en avait nul besoin. Hizdahr avait approvisionné leur loge de carafes de vin et d’eau douce glacés, de figues, de dattes, de melons et de grenades avec des noix de pécan et des poivrons et une grande jatte de sauterelles au miel. Belwas le Fort poussa un beuglement : « Des sauterelles ! », en s’emparant de la jatte, et se mit à les croquer par poignées.

« Elles sont succulentes, fit valoir Hizdahr. Tu devrais en goûter quelques-unes toi aussi, mon amour. On les roule dans les épices avant le miel, si bien qu’elles sont sucrées et piquantes à la fois.

— Ça explique pourquoi Belwas transpire, commenta Daenerys. Je crois que je vais me contenter de figues et de dattes. »

De l’autre côté de l’arène, les Grâces étaient assises dans des robes flottantes aux multiples couleurs, groupées autour de la silhouette austère de Galazza Galare, seule parmi elles à porter du vert. Les Grands Maîtres de Meereen occupaient les bancs rouges et orange. Les femmes étaient voilées, et les hommes avaient peigné et laqué leurs chevelures en formes de cornes, de mains et de pointes. La parentèle d’Hizdahr, de l’ancienne lignée des Loraq, semblait affectionner les tokars mauves, indigo et lilas, tandis que ceux des Pahl étaient striés de rose et blanc. Les émissaires de Yunkaï, intégralement vêtus de jaune, remplissaient la loge jouxtant celle du roi, chacun d’eux accompagné de ses esclaves et de ses serviteurs. Les Meereeniens de moindre naissance se pressaient sur les gradins supérieurs, moins proches du carnage. Sur les bancs noirs et indigo, les plus élevés et écartés des sables, s’entassaient les affranchis et le reste du petit peuple. Les épées-louées avaient été installées là-haut, également, nota Daenerys, leurs capitaines placés parmi les simples soldats. Elle aperçut le visage tanné de Brun Ben, et le rouge ardent des moustaches et des longues tresses de Barbesang.

Le seigneur son époux se mit debout et leva les bras. « Grands Maîtres ! Ma reine est venue ce jour, afin de manifester son amour envers vous, son peuple. De par sa grâce et avec sa permission, je vous accorde à présent l’art de la mort. Meereen ! Fais entendre à la reine Daenerys ton amour ! »

Dix mille gorges rugirent leurs remerciements ; puis vingt mille ; puis toutes. Ils ne scandaient pas son nom, que peu d’entre eux auraient su prononcer. En vérité, ils criaient « Mère ! ». Dans l’ancienne langue morte de Ghis, cela se disait Mhysa. Ils tapèrent des pieds, se claquèrent le ventre et hurlèrent : « Mhysa, Mhysa, Mhysa » jusqu’à ce que l’arène tout entière semblât trembler. Daenerys laissa le bruit déferler sur elle. Je ne suis pas votre mère , aurait-elle pu leur hurler en retour, je suis celle de vos esclaves, de chaque enfant qui a jamais péri sur ces sables tandis que vous vous gorgiez de sauterelles au miel . Derrière elle, Reznak se pencha pour lui souffler à l’oreille : « Votre Magnificence, entendez comme ils vous aiment ! »

Non , elle le savait bien, ils aiment leur art de la mort . Lorsque les ovations commencèrent à diminuer, elle se permit de s’asseoir. Leur loge se trouvait à l’ombre, mais Daenerys sentait un martèlement sous son crâne. « Jhiqui, demanda-t-elle, de l’eau fraîche, s’il te plaît. J’ai la gorge très sèche.

— C’est Khrazz qui va avoir l’honneur de la première mort du jour, lui annonça Hizdahr. Il n’y a jamais eu de meilleur combattant.

— Belwas le Fort était meilleur », insista Belwas le Fort.

Khrazz était un Meereenien d’humbles origines – un homme de haute taille, avec une crête de cheveux raides, rouge-noir, qui courait au centre de son crâne. Son ennemi était un piqueur à peau d’ébène venu des îles d’Été, dont les assauts d’estoc tinrent un moment Khrazz en respect. Mais une fois que son épée courte éluda la pointe de la pique, ne resta plus qu’une boucherie. Quand elle fut achevée, Khrazz découpa le cœur de l’homme noir, le brandit au-dessus de sa tête, rouge et ruisselant, et mordit dedans.

« Khrazz croit que le cœur des braves le rend plus fort », expliqua Hizdahr. Jhiqui murmura son approbation. Daenerys avait un jour dévoré le cœur d’un étalon pour apporter de la force à son fils à naître… mais cela n’avait pas sauvé Rhaego lorsque la maegi l’avait assassiné dans le ventre de Daenerys. Trois trahisons te faut vivre. Elle était la première, Jorah la seconde, Brun Ben Prünh la troisième . En avait-elle terminé avec les traîtres ?

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