Stephen King - Les Loups de la Calla

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Les Loups de la Calla: краткое содержание, описание и аннотация

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Roland et ses amis pistoleros, désormais indéfectiblement liés, continuent de cheminer le long du Sentier du Rayon. C’est là que des émissaires de la vallée de La Calla — un prêtre défroqué au passé mouvementé, trois fermiers et un robot géant — viennent les trouver et leur demandent assistance : les Loups de Tonnefoudre, des créatures monstrueuses qui arrachent les enfants à leurs familles pour les renvoyer décérébrés, déciment la communauté. Les pistoleros sauront-ils voir que, s’ils épousent la cause de La Calla, ils pourraient bien se rapprocher plus qu’ils ne le croient de leur but ultime, la Tour Sombre et ses mystères ?
STEPHEN KING
fait partie de ces écrivains qu’il n’est plus besoin de présenter.
autant de romans — et souvent de films — mondialement célèbres. Mais rien ne compte plus à ses yeux que le cycle de
son Grand Œuvre, une saga-fleuve monumentale dont il entama l’écriture alors qu’il était encore étudiant, et qui connaît enfin sa conclusion aujourd’hui.

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Les gouttelettes d’eau volèrent dans la lumière matinale lorsque les Loups plongèrent dans la Whye et la traversèrent au galop, sur leurs chevaux gris. À présent Roland les voyait clairement, arrivant par vagues de cinq ou six, donnant des éperons à leurs montures. Il évalua leur nombre à soixante. Sur l’autre rive, ils disparaîtraient derrière un promontoire recouvert d’herbe. Puis ils réapparaîtraient, un kilomètre plus loin. Avant de disparaître une dernière fois, derrière une ultime colline — tous, s’ils restaient groupés comme ils l’étaient — et ce serait pour Jake la dernière chance de revenir, et qu’ils se retrouvent tous à couvert.

Il scruta le chemin, suppliant mentalement les enfants d’apparaître — suppliant Jake d’apparaître —, mais le sentier demeura désert.

Les Loups remontaient à présent la rive ouest du fleuve, leurs chevaux faisant voler la poussière d’eau qui scintillait comme de l’or dans la lumière du soleil. Des mottes de terre et une pluie de sable volaient autour d’eux. Le martèlement des sabots n’était plus qu’un roulement de tonnerre fonçant sur eux.

11

Jake prit une épaule, et Benny l’autre. Ils traînèrent ainsi Frank sur le chemin, plongeant précipitamment en avant, sans même prendre garde aux éboulements. Francine courait juste derrière eux.

Ils prirent le dernier tournant, et Jake eut un sursaut de bonheur en apercevant Roland dans le fossé d’en face, Roland immobile, faisant le guet, sa main valide posée sur la crosse de son arme et son chapeau en arrière.

— C’est mon frère ! cria Francine dans sa direction. Il est tombé ! Il s’est coincé le pied dans un trou !

Roland disparut soudain de leur champ de vision.

Francine regarda autour d’elle, non pas effrayée, mais visiblement déroutée.

— Qu’est-ce que… ?

— Attends, dit Jake, car c’est tout ce qu’il trouva à répondre.

Il était à cours d’idées. Si c’était aussi le cas du Pistolero, ils mourraient sans doute ici.

— Ma cheville… ça brûle, hoqueta Frank Tavery.

— La ferme, répondit Jake.

Benny éclata de rire. C’était un rire nerveux, mais un vrai rire. Jake se pencha derrière Frank Tavery, sanguinolent et sanglotant, et lui adressa un clin d’œil. Benny le lui rendit. Et, aussi simplement que ça, ils furent de nouveau amis.

12

Alors qu’elle était allongée dans la pénombre du trou, avec Eddie à sa gauche et parmi l’odeur âcre des feuilles, Susannah ressentit soudain une crampe violente dans le ventre. Elle eut juste le temps de s’en rendre compte, avant qu’un pic de douleur, sauvage et obscène, lui déchire le lobe gauche du cerveau, rendant insensibles tout le visage et le cou, de ce côté. Au même instant, l’image d’une salle de banquet gigantesque s’était imposée à son esprit : des rôtis et des steaks fumants, des poissons farcis, des magnums de champagne, des frégates remplies de sauce épaisse, des îlots de vin rouge. Elle entendit le son d’un piano, et une voix accompagnant la mélodie. La voix était chargée d’une insondable tristesse : « Quelqu’un m’a, quelqu’un m’a, quelqu’un m’a sauvé la viiiiiie ce soir », chantait-elle.

Non ! cria Susannah à l’intention de cette force qui essayait de l’engloutir. Et cette force avait-elle un nom ? Bien sûr que oui. Son nom était Mère, sa main était celle qui faisait balancer le berceau, et la main qui fait balancer le berceau dirige le mon…

Non ! Tu dois me laisser terminer cette tâche ! Après, si tu veux cet enfant, je t’aiderai ! Je t’aiderai à accoucher ! Mais si tu essaies de m’y forcer maintenant, je te combattrai, bec et ongles ! Et s’il faut pour ça que j’en vienne à me faire tuer, et à faire tuer ton précieux p’tit gars, je le ferai ! Tu m’entends, espèce de garce ?

Pendant un moment, il n’y eut rien d’autre que l’obscurité, le contact de la cuisse d’Eddie, l’insensibilité dans la partie gauche de son visage, le tonnerre des sabots qui grondait, l’odeur âcre des feuilles, et le bruit de la respiration des Sœurs, se préparant à leur propre bataille. Puis, articulant clairement chacune de ses paroles, surgit pour la première fois la voix de Mia, comme née d’un point situé au-dessus et derrière l’œil gauche de Susannah.

Mène ton combat, femme. Je t’aiderai, même, si je le peux. Et tu tiendras ta promesse.

— Susannah ? murmura Eddie à côté d’elle. Tu vas bien ?

— Oui.

Et c’était le cas. Le pic s’était retiré de la blessure. La voix avait disparu. Ainsi que cette terrible insensibilité. Mais aux aguets, tout près, Mia attendait.

13

Roland était allongé sur le ventre dans le fossé, observant les Loups non pas avec ses yeux, mais avec son imagination et son intuition. Les Loups étaient à présent entre le promontoire et la colline, chevauchant à bride abattue, leurs capes bouillonnant derrière eux. Ils disparaîtraient tous derrière la colline pendant quelques secondes, sept tout au plus. Si, bien sûr, ils restaient groupés et si les cavaliers de tête n’accéléraient pas la cadence. S’il avait évalué correctement leur vitesse. S’il avait raison, il disposerait de cinq secondes pour faire bouger Jake et les autres. Ou sept. S’il avait raison, ils disposeraient de ces mêmes cinq secondes pour traverser la route. S’il se trompait (ou si les autres traînaient), les Loups verraient ou bien l’homme dans le fossé, ou bien les enfants sur la route, ou bien tout le monde. Ils seraient sans doute trop loin pour se servir de leurs armes, mais ça ne ferait pas une grande différence, puisque leur ingénieuse embuscade tomberait à l’eau. Le plus intelligent serait de rester baissé, et d’abandonner les enfants à leur sort. Bon Dieu, quatre gamins piégés sur le chemin des arroyos auraient pour effet de convaincre plus que jamais les Loups que le reste des enfants s’était entassé plus loin, dans l’une des vieilles mines.

Assez réfléchi, lui dit Cort dans son esprit. Si tu as l’intention de bouger, asticot, c’est ta seule chance.

Roland bondit sur ses pieds. Juste en face de lui, protégés par le tas de rochers qui marquait le point d’intersection du chemin des arroyos et de la Route de l’Est, se dressaient Jake et Benny Slightman, tenant le fils Tavery chacun par un bras. Le gamin était couvert de sang ; les dieux seuls savaient ce qui lui était arrivé. Sa sœur regardait par-dessus son épaule. Dans cette position, ils n’avaient plus seulement l’air de jumeaux, mais de siamois, soudés par le corps.

Roland se mit à secouer les mains au-dessus de sa tête, comme essayant de prendre prise sur le vide : À moi, venez ! Venez ! En même temps, il jeta un regard vers l’est. Aucun signe des Loups ; bien. La colline les avait bel et bien dérobés à leur vue, au moins pour un temps.

Jake et Benny traversèrent précipitamment la route, traînant toujours le garçon entre eux. Les bottillonnes de Frank Tavery creusaient des sillons frais dans l’oggan. Roland ne pouvait qu’espérer que les Loups ne prêteraient pas d’attention particulière à ces marques.

La fille vint en dernier, légère comme un farfadet.

— À plat ventre ! rugit Roland, en l’attrapant par l’épaule et en la plaquant au sol. À terre, à terre, à terre !

Il atterrit à côté d’elle et Jake atterrit lui-même par-dessus. Roland sentait le cœur trépidant du garçon battre entre ses omoplates, à travers leurs deux chemises et l’espace d’une seconde, il savoura cette sensation.

Le tonnerre des sabots revenait à présent, puissant et ronflant, s’amplifiant à chaque seconde. Les cavaliers de tête les avaient-ils vus ? Impossible de le savoir, mais bientôt ils sauraient, inévitablement. En attendant, ils ne pouvaient que suivre le plan. Il serait difficile de rester très longtemps cachés là avec trois personnes en plus et si les Loups avaient vu Jake et les trois autres traverser la route, ils se retrouveraient tous piégés sans même avoir eu le temps de dégainer ou de lancer un plat, mais ce n’était pas le moment de s’en préoccuper. Il ne leur restait qu’une minute, tout au plus, estimait Roland, peut-être même quarante secondes et ce tout petit morceau de temps fondait sous eux comme neige au soleil.

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