Gene Wolfe - Le Nouveau Soleil de Teur. Livre 1

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Le Nouveau Soleil de Teur. Livre 1: краткое содержание, описание и аннотация

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Voici Sévérian, devenu Autarque de l’Empire, en route pour Yesod où l’attend le tribunal de Tzadkiel, chargé de le juger et de juger Teur : une épreuve dont il doit triompher pour ramener le Nouveau Soleil, la Fontaine Blanche seule capable de ranimer le Vieux Soleil agonisant. Mais sera-t-il seulement en mesure de se présenter à cette épreuve ?
Dans cette première partie de la coda imaginée par Gene Wolfe pour couronner son
, Sévérian, simple passager d’un voilier stellaire géant, formant un monde à lui tout seul, devra d’abord affronter les avatars déroutants de mystérieux assassin à la solde de ceux qui ne veulent pas du Nouveau Soleil...

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« Il paraît vraiment inoffensif, dis-je.

— La plupart le sont. » Il hésita. « Sauf que la plupart aussi meurent ou partent à la dérive. On n’en voit que très peu, c’est ce que l’on dit.

— Gunnie les appelle des apports, remarquai-je, et ça m’a donné à réfléchir. Ce sont les voiles qui les amènent, n’est-ce pas ? »

Purn acquiesça d’un air absent et passa à son tour un doigt à travers la barrière pour chatouiller la créature hirsute.

« Deux voiles voisines doivent faire comme deux grands miroirs. Elles sont incurvées, si bien que quelque part – en fait à plusieurs endroits – elles doivent être parallèles, et la lumière se reflète sur elles. »

À nouveau, Purn acquiesça. « C’est ce qui fait marcher le vaisseau, comme disait le capitaine quand on lui parlait des filles dans les ports.

— J’ai connu autrefois un homme du nom de Héthor qui appelait à son aide des choses mortellement dangereuses pour le servir. Et un certain Vodalus m’a dit – mais j’avoue que l’on ne pouvait guère lui faire confiance – que Héthor utilisait des miroirs pour les attirer. J’ai un ami qui lance des sorts à l’aide de miroirs, aussi, mais les siens n’ont rien de mauvais. Héthor avait été matelot sur un vaisseau comme celui-ci. »

J’éveillai l’attention de Purn. Il retira son doigt et se tourna pour me faire face. « Vous connaissez son nom ?

— Le nom du vaisseau ? Non, je ne crois pas qu’il l’ait jamais mentionné. Attendez… il a dit qu’il avait navigué sur plusieurs. “ Il y a longtemps j’ai signé pour les vaisseaux aux voiles d’argent, les navires aux cent mâts dont les cimes touchent aux étoiles. ”

— Ah. » Il acquiesça. « On dit qu’il n’en existerait qu’un. Je me pose la question, parfois.

— Il doit certainement y en avoir beaucoup. Même lorsque j’étais enfant, les gens en parlaient. Les vaisseaux des cacogènes qui accostaient au port de Luna.

— Ça se trouve où, ça ?

— Luna ? C’est la lune de mon monde, la lune de Teur.

— Alors ce n’était que des poussettes, me dit Purn. Des soutes volantes ou des lanceurs, des trucs comme ça. Personne n’a jamais dit qu’il n’y avait pas toute une flotte de ces petits engins faisant la navette entre les différentes planètes des différents soleils. Sauf que ce vaisseau et les autres comme lui, s’il en existe, ne s’en approchent presque jamais à ce point. Ils pourraient le faire, mais c’est une manœuvre dangereuse. Sans compter qu’en général ce ne sont pas les rochers errants qui manquent autour d’un soleil, lorsqu’on s’en rapproche trop. »

Idas, l’homme aux cheveux blancs, arriva chargé d’outils. « Salut ! » lança-t-il avec un geste de la main.

« En principe, j’ai du boulot, grommela Purn. On est supposés s’en occuper, Idas et moi », fit-il avec un geste de la tête vers les animaux. « J’étais juste en train de vérifier que tout allait bien quand je vous ai aperçu, euh… euh.

— Sévérian, dis-je. J’étais l’autarque – le prince régnant – de l’Empire ; je suis maintenant le représentant de Teur, son ambassadeur. Venez-vous de Teur, Purn ?

— Je ne crois pas y avoir jamais mis les pieds, mais c’est possible. » Il prit un air songeur. « Une grosse lune blanche ?

— Non, verte. Vous étiez peut-être sur Verthandi ; j’ai lu quelque part que ses lunes étaient gris pâle. »

Purn haussa les épaules. « Je ne sais pas. »

Idas, qui s’était approché de nous, prit la parole : « Ce doit être merveilleux. » Je n’avais aucune idée de ce qu’il voulait dire. Purn s’éloigna, examinant les bêtes.

Comme si nous étions deux conspirateurs, Idas murmura : « Ne vous inquiétez pas pour lui. Il a simplement peur que je rapporte qu’il ne travaillait pas.

— Et ne craignez-vous pas qu’il vous signale, vous ? » Il y avait chez cet homme quelque chose qui m’agaçait – mais ce n’était peut-être que son apparente faiblesse.

« Dites, est-ce que vous connaissez Sidero ?

— Qui je connais ne regarde que moi, il me semble, répondis-je.

— À mon avis, vous ne connaissez personne. » Puis il ajouta, comme quelqu’un qui vient de faire une simple petite gaffe : « Mais peut-être que si, en réalité. D’ailleurs je pourrais vous présenter. Je le ferai si vous me le demandez.

— Je vous le demande, dis-je. Présentez-moi à Sidero à la première occasion. J’exige que l’on me ramène dans ma suite. »

Idas acquiesça. « Je le ferai. Dites-moi, vous ne vous formaliserez pas si je viens de temps en temps parler avec vous ? Vous – j’espère que vous m’excuserez de dire cela – vous n’y connaissez rien en matière de vaisseaux, et moi je n’y connais rien sur des endroits comme, euh…

— Teur ?

— Rien sur les mondes habités. J’ai vu quelques photos, mais en dehors de cela, voilà tout ce que j’en sais », fit-il avec un geste en direction des bêtes. « Et elles sont mauvaises, toujours mauvaises. Mais peut-être trouve-t-on aussi de bonnes choses sur les planètes, des choses qui ne vivent pas assez longtemps pour trouver leur chemin jusqu’aux ponts.

— Elles ne sont certainement pas toutes mauvaises.

— Oh ! si, dit-il. Oh ! si, elles le sont. Et moi, qui dois nettoyer leurs saletés, les nourrir et ajuster leur atmosphère selon leurs besoins, j’aimerais autant les tuer ; mais Sidero et Zelezo me battraient.

— Je ne serais pas étonné qu’elles vous tuent. » Je n’avais aucune envie de voir une aussi fascinante collection détruite à cause du dépit de cet individu mesquin. « Ce qui ne serait que justice, il me semble. Vous avez vous-même l’air d’appartenir à leur race.

— Oh ! non, répondit-il sérieusement. C’est vous, Purn et les autres qui leur ressemblez. Moi je suis né sur ce vaisseau. »

Quelque chose me disait qu’il s’efforçait de m’attirer dans une conversation et qu’il était tout prêt à me chercher querelle pourvu que nous continuions de parler. Pour ma part, je n’avais aucun désir de prolonger cet entretien, et encore moins de me quereller. Je me sentais fatigué à en être sur le point de tomber, et j’étais absolument affamé. « Si je fais partie de cette collection de brutes exotiques, il vous incombe alors de me nourrir. Où est la cuisine ? »

Idas hésita un instant (manifestement il envisageait un échange d’informations : il me répondrait si je répondais moi-même à sept questions sur Teur, ou quelque chose comme cela). Puis il se rendit compte que j’étais prêt à l’étendre pour le compte s’il se risquait à ce marchandage et il m’indiqua, de la plus mauvaise grâce du monde, comment m’y rendre.

L’un des avantages d’une mémoire aussi phénoménale que la mienne, capable de tout enregistrer et de ne rien oublier, est qu’elle vaut parfois un document papier. (En vérité, c’est peut-être son seul avantage.) À cette occasion, elle me fut plus précieuse, cependant, que le jour où j’aurais voulu suivre les directives de ce lochaliste des peltastes que j’avais rencontré sur le pont de Gyoll. Sans aucun doute il avait supposé que je connaissais peu le vaisseau et que je me tromperais en comptant les portes ou en tournant à droite et à gauche.

Je me rendis rapidement compte que je m’étais fourvoyé. J’étais à un embranchement de trois corridors là où il aurait dû ne s’en trouver que deux, et l’escalier qu’il m’avait annoncé restait invisible. Je revins sur mes pas, trouvai le coin où (à mon avis) je m’étais trompé, et recommençai. Presque aussitôt, je me retrouvai dans une galerie large et droite comme celle qui, d’après Idas, conduisait aux cuisines. Je supposai que mes vagabondages m’avaient fait faire des détours imprévus, et j’avançai à grands pas, de la meilleure humeur.

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