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Poul Anderson: L'année de la rançon

Здесь есть возможность читать онлайн «Poul Anderson: L'année de la rançon» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Saint-Mammès, год выпуска: 2008, ISBN: 978-2-84344-086-1, издательство: Bélial', категория: Альтернативная история / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Poul Anderson L'année de la rançon

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— On vous a dit cela aussi ?

— Ça fait plusieurs jours que je suis rentré. Mes oreilles débordent de ragots.

— Votre bouche aussi, je n’en doute point. Mais j’aimerais bien m’entretenir avec vous. Votre périple était tout bonnement herculéen. »

Castelar revit en esprit les mois qui venaient de s’écouler et durant lesquels Hernando Pizarro, le frère du capitaine, les avait conduits vers l’Ouest, par-delà la cordillère, dans un paysage de sommets majestueux, de ravins vertigineux et de torrents tonitruants, jusqu’au site côtier de Pachacamac où se dressait un temple sinistre. « Mais il ne s’est pas révélé profitable, rétorqua-t-il. En guise de prise de guerre, nous n’avons ramené que le général Chalcuchimac. Au moins toute cette engeance est-elle emprisonnée sous le même toit… Mais vous alliez me dire pourquoi vous attendiez la tombée du soir pour étudier le trésor…

— Afin de ne pas exciter la cupidité des hommes, ce qui ne ferait qu’aggraver la discorde qui règne déjà parmi nous. Il sont de plus en plus impatients de recevoir leur part de butin. Et puis, c’est la nuit que Satan déploie toute sa puissance. Mes prières neutralisent la puissance de ces objets jadis consacrés à de faux dieux. »

Le dernier portefaix passa devant eux et disparut au coin d’un mur.

« J’aimerais bien voir comment vous vous y prenez », dit Castelar. Soudain décidé : « Oui, pourquoi pas ? Je vous rejoindrai.

— Hein ? fit Tanaquil, pris de court.

— Je ne vous dérangerai pas. Je me contenterai d’observer. » La réticence du moine n’était pas feinte. « Il vous faudra d’abord obtenir la permission.

— Comment ? Mais mon grade m’en dispense. Nul n’oserait me la refuser. Pourquoi êtes-vous si hostile à cette idée ? J’aurais cru que vous apprécieriez un peu de compagnie.

— Vous risquez de vous ennuyer. Tout comme ceux qui vous ont précédé. C’est pour cela qu’ils me laissent travailler seul.

— J’ai l’habitude de monter la garde », répliqua Castelar en riant.

Tanaquil rendit les armes. « Très bien, don Luis, puisque vous insistez. Retrouvez-moi après compiles à la Maison du Serpent, ainsi qu’ils la nomment. »

Des myriades d’étoiles scintillaient au-dessus des hauts plateaux. Une bonne moitié d’entre elles était inconnue des ciels européens. Castelar frissonna et ramena sa cape sur ses épaules. Son haleine dessinait une nuée, ses bottes résonnaient sur la terre battue. Caxamalca l’entourait de toutes parts, cité spectrale dans l’obscurité. Il se félicita de porter un corselet, un casque et une épée, même s’ils lui étaient inutiles en un tel lieu. Les Indios appelaient cette terre Tavantinsuyu, les Quatre Quartiers du Monde, et ce terme lui semblait plus apte que celui de Pérou, dont personne ne connaissait l’origine, pour désigner un empire encore plus vaste que le Saint-Empire romain. Serait-il un jour soumis, ses peuples comme ses dieux admettraient-ils un jour leur défaite ?

Cette pensée était indigne d’un chrétien. Il pressa le pas.

En voyant les sentinelles veillant sur le trésor, il se sentit rassuré. La lueur des lanternes faisait briller leurs armures, leurs piques, leurs mousquets. C’étaient bien là les rufians de fer qui avaient vogué depuis Panama, puis traversé jungles, marécages et déserts, triomphant de l’ennemi et s’emparant de ses forteresses, pour gravir une montagne affleurant le ciel, capturer le souverain des païens et imposer un tribut à sa contrée. Nul homme, nul démon ne pourrait forcer le passage, nul ne résisterait à leur prochaine offensive !

Les soldats reconnurent Castelar et le saluèrent. Frère Tanaquil l’attendait, une lanterne à la main. Il le précéda sous un linteau orné d’un serpent sculpté, mais un serpent comme jamais n’en avait vu un homme blanc, même dans le pire de ses cauchemars.

Le bâtiment était vaste et divisé en de multiples salles, édifié avec des blocs de pierre assemblés de minutieuse façon. Le toit était en rondins, ainsi qu’il seyait à un palais. Les Espagnols avaient placé des portes à toutes les entrées, les Indios s’étant contentés de rideaux, en tissu ou en roseau. Tanaquil referma celle qu’il venait de franchir.

Des ombres se massaient dans les coins et dansaient sur des fresques impies que les prêtres avaient pris soin d’effacer à moitié. L’arrivage du jour était entreposé dans une antichambre. Castelar perçut l’éclat des métaux précieux. Pris d’un léger vertige, il se demanda combien de centaines de livres d’or et d’argent étaient déjà entassées ici.

Pour le moment, il devait se contenter d’admirer les paquets qu’il avait vu transporter ce jour. Les officiers de Pizarro les avaient déballés en hâte pour s’assurer de leur contenu, les laissant ensuite en l’état. Ils reviendraient dès demain pour procéder au pesage et au rangement. Cordes et feuilles bruissaient sous les bottes du caballero et les sandales du moine.

Tanaquil posa sa lanterne par terre et s’accroupit. Il ramassa une coupe d’or, la porta à la lumière et maugréa. Elle était cabossée et ses ornements tombaient en miettes. « Ils l’ont fait tomber par maladresse, s’ils ne l’ont pas écartée d’un coup de pied. » Était-ce la colère qui faisait trembler sa voix ? « Ils n’ont pas plus de respect pour les objets d’art que n’en auraient des animaux. »

Castelar s’empara de l’objet en question et le soupesa. Un quart de livre, estima-t-il. « Pourquoi prendre cette peine ? dit-il. Ceci ne sera bientôt plus que du métal fondu.

— En effet », lui répondit-on avec amertume. Au bout d’un temps : « Il est prévu d’expédier quelques pièces intactes à l’Empereur, au cas où il s’intéresserait à la chose. J’ai entrepris de sélectionner les plus belles. Pizarro daignera peut-être écouter mes conseils. Mais c’est peu probable.

— Quelle différence ? Tout ceci est hideux. »

Le moine tourna vers le caballero ses yeux gris pleins de reproche. « Je vous aurais cru plus sage, plus disposé à comprendre que l’homme a bien des façons de… de louer Dieu par la beauté de ses créations. Vous êtes instruit, pourtant.

— Je parle le latin. Je sais lire, écrire et compter. J’ai appris un peu d’histoire et d’économie. Mais j’ai oublié la plupart de mes leçons, hélas.

— Et vous avez beaucoup voyagé.

— J’ai fait la guerre en France et en Italie. Je baragouine ces deux langues.

— J’ai l’impression que vous avez aussi des notions de quechua.

— Quelques-unes. Je ne veux pas que les indigènes jouent à l’imbécile avec moi, ni qu’ils complotent quand j’ai le dos tourné. » Se sentant l’objet d’une inquisition, modérée mais pénétrante, Castelar changea de sujet. « Vous m’avez dit que vous enregistriez vos observations. Où sont le papier et la plume d’oie ?

— J’ai une excellente mémoire. Comme vous l’avez fait remarquer, il est inutile de cataloguer les objets destinés à devenir des lingots. Mais pour m’assurer qu’ils sont vierges de mauvais sorts et autres malédictions…»

Tout en parlant, Tanaquil s’affairait à classer les objets devant lui : ornements, plateaux, coupes, statuettes et autres pièces grotesques. Lorsqu’ils furent placés en rang, il plongea une main dans sa besace et en sortit un objet fort étrange. Castelar se baissa et plissa des yeux pour mieux le distinguer. « Qu’est-ce donc que cela ? demanda-t-il.

— Un reliquaire. Il contient un doigt de saint Hippolyte. »

Castelar se signa. Mais il continua son examen. « Je n’ai jamais rien vu de semblable. » Long d’un empan environ, lisse, il était totalement noir, exception faite d’une croix de nacre incrustée sur une face et de deux cristaux placés à une extrémité, qui évoquaient davantage des lentilles que des ouvertures.

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