STEFAN WUL - RETOUR A «0»

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RETOUR A «0»: краткое содержание, описание и аннотация

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Stefan Wul est un écrivain de Science Fiction français né en 1922 (c'est donc maintenant un vieux monsieur de presque 80 ans). Il se mit assez tard à la SF, vers 1950. Il avait écrit avant cette date, mais se lance dans le genre presque par hasard. Son premier roman "Retour à 0" propose l'idée de médecins réduits en taille introduits dans le corps du patient... idée qui sera reprise dans le film "Le voyage fantastique".

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Dans les rues, la foule qui venait de reprendre son mouvement après avoir prononcé les imprécations, s'était brusquement figée. Toutes les têtes se levèrent vers le globe terrestre, énorme, qui planait dans le ciel.

Après le premier moment de stupeur, les gens commencèrent à échanger des réflexions. Des visages étonnés se penchaient à tous les hublots, s'interpellaient. Un murmure excité plana sur la ville, coupé par les ordres des gardes qui criaient «circulez» avec mauvaise humeur.

Mais la foule n'obéissait plus; des groupes se formaient, discutaient. Seule l'arrivée d'antigés bourrés de gardes armés réussit à les disperser.

Le même scénario s'était déroulé dans toutes les villes de la Lune.

* * *

Quelques heures plus tard, le Conseil au complet se réunit dans la grande salle du Palais. D'habitude, un calme compassé régnait aux séances. Mais cette fois, la salle résonnait d'un brouhaha de voix excitées. Le président dut appuyer de toutes ses forces sur le bouton de sonnerie pour obtenir le silence des «Trente».

– Excellences, dit-il, un événement grave vient d'avoir lieu. Pour la première fois, la Terre nous a parlé. Ce fait indique premièrement: que les Terriens connaissent nos projets et prennent l'initiative. Deuxièmement: que nous avons sous-estimé leurs moyens scientifiques, puisqu'ils ont réussi à vaincre le grand X, ce mur inconnu qui a toujours bloqué les essais de communications radio entre les deux planètes… Si toutefois il s'agit de radio. Qui demande la parole?

Un bon tiers de l'Assemblée leva la main. Flottant dans l'air, obstruant de minuscules recoins, traînant sur le sol, accrochés aux maillots, aspirés, puis expirés par les trente poitrines, des milliards de grains de poussière impondérables tournoyaient dans la salle. Chaque particule était un poste de radio réglé sur la même longueur d'onde que tous les autres.

D'un oeil exercé, le président scruta le visage des postulants orateurs, il désigna l'un d'eux. Le premier par ordre alphabétique suivant l'habitude.

– A vous, Excellence! dit-il.

L'homme gravit prestement les degrés de la tribune. Il ouvrit la bouche.

Au même moment, la grande voix de la Terre l'empêcha de commencer:

«Lunaires, dit-elle, voici ce que la Terre vous offre: réhabilitation pour tous les déportés depuis plus de cinquante ans; liberté totale pour tous les fils d'exilés.»

«Lunaires, attention! Eloignez-vous de tous les arsenaux, éloignez-vous des villes industrielles de Num, Dav et Sacram. Il est hors de doute que vos gouvernants désirent la guerre. En conséquence, nous allons être obligés de faire sauter les endroits où réside votre puissance offensive. Nous répétons: éloignez-vous de tous les arsenaux, éloignez-vous des villes de Num, Dav et Sacram. Elles sauteront dans une heure.»

«La Terre ne vous veut pas de mal. La Terre vous offre la liberté. La Terre ne vous veut pas de mal, la Terre vous offre la liberté. La Terre ne vous…»

La voix s'éteignit.

Le président s'était dressé, furieux. Il s'était rageusement bouché les oreilles et n'arrivait pas à comprendre pourquoi il entendait malgré cette précaution. Des réactions diverses agitaient l'Assemblée. Les esprits, frappés du fait que toutes les Excellences, étant donné leur âge, se voyaient promettre la liberté par le gouvernement terrien, étaient dans la plus grande confusion.

– C'est un piège, criait quelqu'un.

– Ils sont plus forts que nous; abandonnons! criait un autre.

Le gros homme qui dirigeait la police lunaire et dont Nira dépendait prit la tribune d'assaut.

– Excellences, dit-il d'une voix forte. Ne perdons pas notre sang-froid. Il y a plusieurs dizaines d'années que nous rêvons de revenir en maîtres sur la Terre… Même en supposant que leurs propositions soient sincères, ce qui reste une énigme (il martela la table), je me refuse absolument à revenir sur ma planète d'origine en simple prisonnier libéré. J'aime mieux mourir que de renoncer à mes ambitions, que d'accepter cette grâce humiliante.

– Pas moi! cria quelqu'un.

– Traître! dit une autre voix.

– Fou dangereux!

Tous ces hommes d'âge, habitués à la puissance, à la raison, étaient en pleine déroute mentale. Les injures se croisaient. Certains en venaient aux mains.

Sur le mur du fond, situé derrière le président, un immense écran s'illumina. Le mur devint transparent et le visage de l'Ancêtre apparut. Le tumulte cessa. Toutes les têtes se tournèrent vers le maître de la Lune, dont la figure gigantesque et impassible les observait.

Instinctivement, la plupart des membres du Conseil, formés par une longue habitude, s'inclinèrent profondément. Certains, par bravade, croisèrent les bras sur la poitrine et toisèrent le Vénérable avec insolence. Celui-ci parla:

– Jeunes fous, dit-il d'une voix sans timbre et chargée d'autorité, un choc émotionnel vous a bouleversés, vous n'êtes plus capables pour l'instant de discuter raisonnablement, de prendre des décisions. Je décide donc (sa voix s'enfla), j'ordonne… que chacun regagne son ministère et prenne les mesures d'urgence. Nous combattrons.

Un homme s'avança vers l'écran et regardant l'Ancêtre en face, articula

– Je refuse!

Puis il vacilla et tomba lourdement sur le sol sous les yeux stupéfiés de l'assistance. L'Ancêtre reprit

– Ce traître est mort! Voilà le sort qui attend ceux qui voudraient l'imiter. N'oubliez pas que je tiens chacune de vos vies entre mes mains, qu'il me suffit de presser un bouton pour exécuter n'importe quel membre du Conseil. J'ai sous la main trente télévibrateurs réglés sur la longueur bio-ondes de chacun de vous.

CHAPITRE XXVIII

Dans la ville industrielle de Num, sur la face opposée de la Lune, une foule d'ouvriers se ruait sur les sas de sortie. Il y avait longtemps que les dernières fusées étaient parties. Les gardes avaient tué du monde, mais s'étaient laissés submerger par la foule furieuse, en proie à une terreur panique.

Une longue file de réfugiés traversaient la plaine déserte en direction de la ville la plus proche. Leurs maillots ne pourraient leur fournir chaleur et oxygène que pendant cinq heures, ils le savaient.

Aussi se hâtaient-ils de franchir la distance d'une centaine de kilomètres qui les séparaient de la prochaine bourgade. Ils avaient quitté leurs lourds cothurnes et progressaient par bonds de dix mètres.

Tous les gardes de Num avaient été écrasés, piétinés. Le gouvernement lunaire les avait intelligemment choisis parmi les nouveaux arrivants. Ceux-ci, pénétrés d'une haine toute fraîche pour la Terre et éblouis d'appartenir à une police après avoir été sous la coupe d'une autre, offraient les meilleures garanties de loyalisme. Depuis longtemps, la majorité des Lunaires haïssaient inconsciemment les gardes qui étaient pour eux à la fois des étrangers et des criminels. La notion d'être eux-mêmes des descendants de criminels s'était émoussée dans les esprits depuis des générations de Lunaires, et ne gênait en rien cette haine paradoxale. Le choc produit par la grande voix de la Terre avait libéré tous les instincts.

Les arsenaux, les villes de Sacram et de Dav s'étaient également vidés. Benal et Nira avaient pris une antigé et s'étaient envolés vers Ptol. Jâ portait sur lui deux objets de peu de volume: le poste émetteur qui avait tant effrayé les Lunaires avait l'aspect d'un simple bracelet-montre fixé à son poignet; le déclencheur des nombreuses micro-bombes placées aux endroits stratégiques était caché sous son aisselle, accroché au maillot.

De temps en temps, Jâ parlait dans son micro

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