Oui, il est temps, sans vaine nostalgie du passé, de recréer un paysage pour les Français, tels qu’ils sont, tels qu’ils se veulent.
Inventer la démocratie du quotidien, c’est éliminer toute forme de ségrégation, notamment dans le logement ; c’est lutter pour qu’un urbanisme concerté triomphe de l’urbanisme imposé, c’est mettre fin au paradoxe que constitue un habitat collectif sans véritable vie collective. C’est aussi diffuser une information objective sur l’environnement et se donner les moyens de contrôler le progrès technologique et de sauvegarder le milieu naturel. Le combat pour l’écologie, loin d’être un rêve fumeux, est à la fois l’aboutissement et la chance nouvelle de notre développement. À travers l’aspiration à la qualité de la vie, nous assistons, plus profondément, à un effort des nations pour retrouver leur génie propre et pour décaper la pellicule grise sous laquelle les fumées d’usine ont dissimulé leur visage. La qualité de la vie est le domaine privilégié de la différence, parce qu’elle est l’expression renaissante de la culture.
Pour permettre cette renaissance, le meilleur moyen est encore de rendre la parole aux Français. Aussi devons-nous redonner force aux collectivités intermédiaires. Nos communes, notamment, constituent un capital inestimable : des équipes rompues à l’action concrète sur le terrain, une administration au plus près du citoyen, la certitude du contrôle démocratique par le jeu du suffrage.
Ce que nous proposons, c’est de renforcer l’autonomie des communes, en les dotant de finances saines, en supprimant les interventions abusives de l’État et en transférant toutes les attributions qui, intéressant la vie quotidienne des Français, sont mieux exercées par des collectivités proches que par un pouvoir lointain. Ainsi confortées et sûres d’elles-mêmes, ces collectivités pourront s’ouvrir davantage aux citoyens, reconnaître leur droit d’initiative, faire confiance aux associations qui auront prouvé leur dévouement au bien public. Elles pourront donner directement la parole à la population en l’interrogeant sur les problèmes qui concernent la vie et le développement de la cité.
En fin de compte, notre plus haute ambition en ce domaine, le sens profond de la démocratie au quotidien, c’est de retrouver la joie de vivre ensemble, la générosité et la chaleur dans les relations de travail ou de voisinage. Les jeunes nous ont montré la voie au cours des années récentes. Peut-être l’ont-ils fait parfois avec quelques maladresses ; mais ils nous ont prouvé combien leur exigence de fraternité pouvait être féconde pour peu que nous sachions proposer de justes causes aux énergies que certains tentent de dévoyer.
La vie quotidienne, c’est aussi pour le plus grand nombre d’entre nous, la vie en famille. Bien que les faux prophètes aient prédit sa disparition, la famille est plus que jamais le lieu privilégié du bonheur. C’est en son sein que s’instaure le dialogue le plus fructueux entre les générations, que s’acquiert le sens de la loyauté et de la tolérance. C’est sur elle que se construit la force de la Nation, qui puise dans le nombre de ses enfants les moyens d’exprimer sa solidarité envers ceux qui ont besoin d’elle.
L’État doit garantir à la famille la santé matérielle, ce qui signifie que des mesures juridiques, économiques et sociales doivent parachever et simplifier notre législation, afin d’assurer un juste équilibre entre ceux qui assument des charges familiales et ceux qui n’en assument pas.
Voilà nos objectifs. Voilà notre combat. À nous tous de puiser en nous-mêmes la force de réussir. Ce sera la force de la France rassemblée.
Rassemblement dans l’action politique
La tâche qui nous attend maintenant, c’est de construire le Rassemblement. « Comment vont-ils donc faire ? », s’interrogent certains, sceptiques ou faussement inquiets.
Je le proclame ici bien nettement : nous nous rassemblons pour la démocratie et contre tout ce qui la menace. Nous nous rassemblons dans la majorité. Nous nous rassemblons pour agir et proposer, et non pour dénigrer.
Rassemblement pour la démocratie d’abord
L’une des vertus fondamentales du gaullisme a toujours été de savoir refuser, quand il le fallait. Eh bien ! Nous dirons non à tout ce qui peut nuire à la démocratie ! Nous n’accepterons pas que tombe sur notre pays la nuit de la dictature, et ceci d’où qu’elle vienne : nous repoussons avec la même détermination les idéologies perverses du fascisme et du collectivisme. Combien sont vaines et ridicules les insinuations de ceux qui veulent nous présenter sous le visage de l’autoritarisme !
Nous avons, nous, en matière de démocratie, notre tradition et nos références. Je vois cheminer la calomnie. J’entends les malveillants colporter le mensonge pour susciter la peur ! Mais qu’importe ! Laissons les bêtes de l’ombre à leurs glapissements ! Poursuivons notre route.
Le meilleur moyen de défendre la démocratie, c’est de la rendre plus efficace et plus vivante. Pour cela, nous devons faire en sorte que tous les citoyens participent davantage au fonctionnement des institutions de la République. L’une des missions essentielles du Rassemblement sera de permettre cette participation : nous allons l’organiser pour qu’il soit un lieu de réflexion, de consultation, de suggestion et, si besoin est, de critique. Il ne faut pas laisser à une poignée de professionnels de l’activisme politique ni aux instituts de sondage le monopole d’exprimer, à leur façon, ce que pensent et veulent les Françaises et les Français.
C’est à vous de le dire. L’information réciproque et la communication entre les citoyens et le pouvoir aboutissent évidemment au Parlement, pièce essentielle de notre vie politique et civique. Je souhaite que les élus qui se réclameront de nous assument pleinement, par leur assiduité et leur capacité, la double fonction parlementaire :
D’abord, contribuer, par leurs initiatives, à l’élaboration de la loi.
Ensuite, contrôler efficacement l’action gouvernementale.
C’est à cette condition que sera maintenu un réel équilibre des pouvoirs, rempart et garant de la liberté et de la démocratie, et que s’établira l’indispensable accord entre la Nation et ses représentants.
Rassemblement pour la démocratie, mais aussi rassemblement dans la majorité !
Il ne doit y avoir aucun doute sur ce point. Actif et vigilant, le Rassemblement pour la République se situera résolument dans la majorité. J’ignore s’il sera toute la majorité, mais il sera tout entier dans la majorité.
Qui, d’ailleurs, pourrait croire que nous voudrions mettre en cause les institutions que le peuple français s’est données à l’appel du général de Gaulle ? Ces institutions reposent sur la primauté du chef de l’État qui doit définir les grandes orientations. Dans ce cadre, le gouvernement doit conduire la politique de la Nation avec l’appui d’une majorité parlementaire garante de l’efficacité du pouvoir législatif.
Voilà l’essentiel. Sur cela, nous ne saurions transiger.
La vraie menace contre nos institutions, elle est dans le programme socialo-communiste qui porte en germe la destruction de notre régime. Ne nous y trompons pas ! C’est à cela que la faiblesse ou la division de la majorité ouvrirait la voie. Si, au contraire, nous nous rassemblons, comme nous exprimons aujourd’hui la volonté de le faire, alors l’espérance revient grâce à nous et autour de nous. L’important, au bout du compte, c’est de nous organiser pour agir, ce qui veut dire pour proposer et progresser ensemble.
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