Харлан Кобен - Ne le dis à personne...

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Ne le dis à personne...: краткое содержание, описание и аннотация

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Cela commence par une idylle. David est pédiatre, marié à Elizabeth qu’il connaît depuis l’enfance. Ils ont pris l’habitude de se rendre régulièrement en pèlerinage sur les rives du lac Charmaine, là où ils ont échangé leur premier baiser à l’âge de douze ans. Mais le jour où Elizabeth est assassinée par un serial killer, la vie de David bascule. Il a beau s’investir à fond dans son travail, il reste inconsolable. Jusqu’au jour où il reçoit d’un inconnu un e-mail, puis une séquence vidéo sur laquelle il reconnaît sa femme sans aucun doute possible, Elizabeth qui lui demande pardon. Pourtant elle est morte, son propre père officier de police a formellement identifié le corps huit ans auparavant. Une quête angoissante commence alors que de nouvelles victimes apparaissent.
Harlan Coben est le seul à avoir cumulé les trois prix les plus prestigieux récompensant le roman policier aux États-Unis.

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Harlan Coben

Ne le dis à personne

Petit Renard a dit: « Mais, quand on sera morts, que va-t-il se passer? M'aimeras-tu toujours, est-ce que l'amour, ça reste? »

Sa maman l'a bercé contre elle tandis qu'ils regardaient la nuit, la lune dans l'obscurité, les étoiles qui brillaient.

« Regarde, Petit Renard, les étoiles, comme elles scintillent et étincellent. Certaines sont mortes depuis longtemps. Mais elles continuent de briller dans le ciel du soir, car vois-tu, Petit Renard, l'amour comme les étoiles ne meurt jamais… »

Debi Gliori Je t'aimerai toujours, quoi qu'il arrive

Il aurait dû y avoir un souffle funeste dans l'air. Ou un froid à vous glacer la moelle des os. Quelque chose. Une mélodie éthérée que seuls Elizabeth et moi aurions pu entendre. Un sentiment de tension. Quelque classique prémonition. Il y a des malheurs quasi prévisibles — ce qui est arrivé à mes parents, par exemple — et puis d'autres moments sombres, des moments de violence soudaine qui changent irrémédiablement le cœurs d'une existence. Il y a eu ma vie avant le drame. Et il y a ma vie actuelle. Les deux, hélas! n'ont plus grand-chose en commun.

Elizabeth se taisait pendant le trajet, mais cela n'avait rien de surprenant. Même gamine, il lui arrivait de sombrer dans d'imprévisibles accès de mélancolie. Murée dans son silence, elle se laissait aller à la contemplation ou à la trouille, je ne savais jamais. Ça devait faire partie du mystère, je suppose, mais là, pour la première fois, j'ai senti le fossé entre nous. Notre couple avait survécu à tant d'épreuves. Survivrait-il à la vérité? Plus exactement, aux mensonges par omission?

La climatisation bourdonnait doucement dans l'habitacle bleu. Dehors, il faisait une chaleur moite. Typique du mois d'août. On a traversé le pont de Milford au-dessus de la Delaware et on a été accueillis en Pennsylvanie par un sympathique employé du péage. Une quinzaine de kilomètres plus loin, j'ai repéré la borne sur laquelle on lisait: LAC CHARMAINE — PROPRIÉTÉ PRIVÉE. J'ai bifurqué sur le chemin de terre.

Les pneus s'enfonçaient dans le sol, soulevant un nuage de poussière comme en plein désert. Elizabeth a éteint l'autoradio. Du coin de l'œil, j'ai remarqué qu'elle était en train d'étudier mon profil. Je me suis demandé ce qu'elle voyait, et mon cœur s'est mis à palpiter. Sur notre droite, deux daims grignotaient des feuilles. Ils se sont arrêtés, nous ont regardés et, constatant qu'on ne leur voulait pas de mal, ont repris leur mastication. Je continuais à rouler quand soudain le lac a surgi devant nous. Le soleil agonisant striait le ciel d'orange et de violet. Les cimes des arbres semblaient être en feu.

— Je n'en reviens pas qu'on remette ça tous les ans, ai-je dit.

— C'est toi qui as commencé.

— Ouais, quand j'avais douze ans.

Elizabeth a esquissé un sourire. Elle souriait rarement, mais quand ça lui arrivait, waouh , je le prenais en plein cœur.

— C'est romantique, a-t-elle déclaré.

— Débile, oui.

— J'aime les choses romantiques.

— Tu aimes les choses débiles.

— Chaque fois qu'on vient ici, tu t'envoies en l'air.

— On m'appelle M. Fleur bleue.

Elle a ri et m'a pris la main.

— Allez, venez, monsieur Fleur bleue, le jour tombe.

Le lac Charmaine. C'est mon grand-père qui avait trouvé ce nom-là, au grand dam de ma grand-mère. Elle aurait aimé qu'il lui donne son nom à elle. Elle s'appelait Bertha. Le lac Bertha. Grand-père ne voulait pas en entendre parler. Deux points pour grand-père.

Il y a cinquante ans et des poussières, le lac Charmaine avait abrité une colo pour gosses de riches. Le propriétaire avait fait faillite, et grand-père avait racheté le plan d'eau et le terrain environnant pour une bouchée de pain. Il avait retapé la maison du directeur et abattu la plupart des constructions qui bordaient le lac. Mais au-delà, dans les bois, où plus personne ne s'aventurait de toute façon, il avait laissé pourrir les dortoirs des mômes. Ma sœur Linda et moi, on partait les explorer, fouillant les ruines à la recherche d'un trésor, jouant à cache-cache, bravant le croque-mitaine, qui, nous en étions sûrs, nous épiait et guettait le moment propice. Elizabeth se joignait rarement à nous. Elle aimait que chaque chose soit à sa place. Se cacher lui faisait peur.

En descendant de voiture, j'ai entendu les fantômes. Plein de fantômes — trop —, qui tournoyaient et se disputaient mon attention. C'est celui de mon père qui a gagné. Le lac était immobile, lisse comme un miroir, mais je jure que j'ai perçu le hurlement triomphal de papa tandis qu'il se catapultait du ponton, les genoux contre la poitrine, le sourire jusqu'aux oreilles, faisant naître une gerbe d'eau pareille à un véritable raz-de-marée aux yeux de son fils unique. Papa aimait bien atterrir à côté du radeau où ma mère prenait ses bains de soleil. Elle le réprimandait, sans pouvoir s'empêcher de rire.

J'ai cligné des paupières, les images se sont évanouies. Je me suis rappelé cependant comment le cri, les rires, le bruit du plongeon se réverbéraient dans le silence de notre lac, et je me suis demandé si l'écho de ces bruits et de ces rires-là avait vraiment disparu, si quelque part dans les bois les joyeux ululements de mon père ne continuaient pas à ricocher d'arbre en arbre. C'était bête comme idée, mais que voulez-vous.

Les souvenirs, ça fait mal. Surtout les bons.

— Ça va, Beck? a demandé Elizabeth.

Je me suis tourné vers elle.

— Je pourrai m'envoyer en l'air, hein?

— Vieux pervers va.

Elle s'est engagée sur le sentier, la tête haute, le dos droit. Un instant, je l'ai suivie des yeux, repensant à la première fois que j'avais vu cette démarche-là. J'avais sept ans et je m'apprêtais à enfourcher mon vélo — celui avec la selle profilée et la décalco de Batman — pour dévaler Goodhart Road. Escarpée, balayée par le vent, cette rue était le parcours idéal pour un cycliste chevronné. Je suis descendu sans les mains, aussi cool et décontracté qu'on peut l'être à sept ans. Le vent rabattait mes cheveux en arrière et me faisait larmoyer. J'ai aperçu le camion de déménagement devant l'ancienne maison des Ruskin, me suis retourné, et pan! elle était là, mon Elizabeth, tellement posée malgré ses sept ans, avec sa colonne vertébrale en titane, ses sandales à brides, son bracelet de perles multicolores et ses innombrables taches de rousseur.

Nous avons fait connaissance quinze jours plus tard, dans la classe de CE 1 de Mlle Sobel, et à partir de ce moment-là — s'il vous plaît, ne faites pas mine de vomir quand je dis ça —, on ne s'est plus quittés. Les adultes trouvaient notre relation à la fois attendrissante et malsaine, tandis que notre amitié de mômes avec ses quatre cents coups se muait en une amourette d'adolescents et, les hormones aidant, en flirt de collégiens. Tout le monde croyait que ça allait nous passer. Même nous. On était du genre plutôt éveillé, surtout Elizabeth, brillants élèves, rationnels jusque dans cet irrationnel amour dont nous mesurions les aléas.

Et nous nous retrouvions à vingt-cinq ans, mariés depuis sept mois, à l'endroit même où, à l'âge de douze ans, nous avions échangé notre premier baiser.

Lamentable, je sais.

On s'est frayé un passage entre les branchages, dans une moiteur à couper au couteau. L'odeur résineuse des pins nous prenait à la gorge. Nous avancions péniblement dans les hautes herbes. Moustiques et consorts jaillissaient en une nuée bourdonnante dans notre sillage. Les arbres jetaient de longues ombres qu'on pouvait interpréter à sa guise, comme quand on essaie de déterminer la forme d'un nuage ou celle d'une tache d'encre dans le test de Rorschach.

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