Jeff Lindsay - Ce cher Dexter

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Ce cher Dexter: краткое содержание, описание и аннотация

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Il est lui-même serial-killer quand il ne s’emploie pas à les traquer. Lui, c’est Dexter, expert au service médico-légal de Miami. Un homme tout à fait moral : il ne tue que ceux qui le méritent. Mais aussi très méticuleux : il efface toute trace de sang après avoir découpé les corps. Un jour, il est appelé sur les lieux d’un crime perpétré selon des méthodes très semblables aux siennes. Dexter aurait-t-il rencontré son alter ego ? Ou serait-ce lui qui. Impossible.

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— Hein ? insista-t-il.

— Non, mais j’en ai souvent envie, répondis-je.

— Allez, on y va, dit Rita, qui revenait d’un pas leste et se penchait pour faire une bise à chaque enfant. Obéissez à Alice. Au lit à neuf heures.

— Tu vas revenir ? demanda Cody.

— Voyons, Cody ! Bien sûr que je vais revenir, répondit Rita.

— Je demandais à Dexter.

— Tu dormiras, dis-je. Mais je te ferai un signe, d’accord ?

— Je ne dormirai pas, dit-il d’un air renfrogné.

— Alors je viendrai te voir et on jouera aux cartes, dis-je.

— C’est vrai ?

— Absolument. Une partie de poker. Et on misera de l’argent. Le gagnant rafle toute la mise.

— Dexter ! fit Rita, souriant néanmoins. Tu dormiras, Cody. Allez ! Bonne nuit, les enfants. Soyez sages. » Elle prit mon bras et m’entraîna vers la porte. « Franchement, murmura-t-elle, tu peux en faire ce que tu veux, de ces deux-là. »

Le film ne présentait pas grand intérêt. Je n’eus pas vraiment envie de vomir, mais j’avais presque tout oublié le temps qu’on s’arrête boire un verre dans un bar de South Beach. Une idée de Rita. Elle avait beau avoir vécu à Miami toute sa vie, pour ainsi dire, elle trouvait toujours South Beach très « glamour ». Peut-être était-ce dû à la présence des nombreux rollers. Ou peut-être s’imaginait-elle qu’un endroit aussi bondé et aussi mal fréquenté devait forcément être « glamour ».

Quoi qu’il en soit, nous attendîmes vingt minutes qu’une petite table se libère puis vingt autres minutes qu’on veuille bien nous servir. Peu m’importait. Cela m’amusait d’observer tous ces beaux imbéciles en train de se regarder. Un spectacle très divertissant.

Nous allâmes ensuite nous promener le long d’Ocean Boulevard en échangeant des propos parfaitement insignifiants : un art dans lequel j’excelle. C’était une nuit délicieuse. Un coin de la pleine lune présente quelques nuits auparavant, lorsque j’avais fait sa fête au père Donovan, avait été grignoté.

Alors que nous regagnions en voiture la maison de Rita dans South Miami, après cette soirée conforme à nos petites habitudes, à une intersection de l’un des secteurs de Coconut Grove les moins recommandables une lumière clignotante rouge attira mon regard, et je jetai un coup d’œil dans la rue transversale. La scène d’un crime. Le ruban jaune était déjà tendu, et plusieurs voitures de police étaient stationnées pêle-mêle en travers de la chaussée.

C’est encore lui, pensai-je. Et avant même de savoir ce que j’entendais vraiment par là je m’étais déjà engagé dans la rue en direction de la scène du crime.

« Où va-t-on ? demanda Rita, avec pertinence.

— Oh, je voudrais juste m’assurer qu’ils n’ont pas besoin de moi.

— Tu n’as pas de beeper ? »

Je lui fis mon plus beau sourire, version vendredi soir.

« Ils ne savent pas toujours qu’ils ont besoin de moi », dis-je.

Je me serais peut-être arrêté de toute façon, ne serait-ce que pour exhiber Rita. A quoi bon porter un déguisement si personne ne le voit ? Mais, en vérité, l’irrésistible petite voix qui glapissait au fond de mon oreille m’aurait obligé à m’arrêter dans tous les cas. C’est encore lui . Et il fallait que je voie ce qu’il nous avait mijoté. Je laissai Rita dans la voiture et me précipitai dehors.

Il n’avait rien mijoté de bon, le vaurien. J’aperçus le même tas de morceaux de corps soigneusement emballés. Angel-aucun-rapport était penché au-dessus dans la même position quasiment que lorsque je l’avais quitté la fois précédente.

« Hijo de puta , dit-il en me voyant approcher.

— Pas moi, j’espère, répondis-je.

— Nous, on se plaint d’avoir à travailler un vendredi soir, et toi tu rappliques avec ta belle. Et il n’y a toujours rien pour toi par ici.

— Même gars, même schéma ?

— C’est ça, dit-il en écartant le sac plastique de son crayon. Toujours parfaitement sec. Pas de sang du tout. »

Ces mots me causèrent une légère sensation de vertige. Je me penchai pour regarder. Les morceaux de corps étaient encore une fois étonnamment propres et secs. Ils avaient une teinte un peu bleutée et semblaient préservés dans leur petite sphère temporelle parfaite. Une merveille.

« La manière dont il a coupé est légèrement différente, cette fois, commenta Angel. Il l’a fait en quatre endroits. » Il les indiqua du doigt. « De façon très brutale ici, presque émotionnelle. Puis là, pas tant que ça. Enfin, là et là, entre les deux. Hein ?

— Très joli, dis-je.

— Et puis regarde-moi ça », enchaîna-t-il. De son crayon, il poussa sur le côté le gros morceau de chair exsangue du haut. En dessous, un autre bout blanc luisait. La chair avait été consciencieusement arrachée, sur toute la longueur, pour révéler un os impeccable. « Quel besoin il avait de faire une chose pareille ? » demanda Angel doucement.

J’inspirai profondément.

« Il expérimente, dis-je. Il cherche la meilleure méthode. »

Et je m’abîmai dans la contemplation de ce tronçon d’os net et sec jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’Angel m’observait depuis un long moment déjà.

« Comme un enfant qui joue avec sa nourriture, remarquai-je à l’intention de Rita, de retour dans la voiture.

— Mon Dieu, dit-elle. C’est horrible.

— Je crois que le mot approprié est atroce , précisai-je.

— Comment peux-tu plaisanter, Dexter ? »

Je lui adressai un sourire rassurant.

« Tu sais, on finit plus ou moins par s’habituer dans le métier, expliquai-je. On fait tous des plaisanteries pour masquer notre douleur.

— Bon sang ! J’espère qu’ils vont vite arrêter ce psychopathe. »

Je pensai aux morceaux de corps soigneusement empilés, aux multiples façons de découper le corps, à la merveilleuse et totale absence de sang.

« Pas si vite, dis-je.

— Qu’est-ce que tu dis ? demanda-t-elle.

— Je dis : je ne pense pas que ce sera de sitôt. Le meurtrier est extrêmement intelligent, et l’inspecteur chargée de l’affaire est beaucoup plus versée dans les magouilles politiques que dans le vrai travail de police. »

Elle me regarda pour voir si je parlais sérieusement. Puis elle resta silencieuse tandis que nous roulions sur la USI en direction du sud. Elle se tut jusqu’à ce que nous atteignions South Miami.

« Je ne pourrai jamais m’habituer à voir… comment dire ? Le dessous des cartes ? La face cachée des choses ? Ce que toi tu vois », finit-elle par dire.

Elle me prit par surprise. J’avais profité du silence pour repenser aux morceaux de corps joliment empilés que nous venions de laisser. Mon esprit était occupé à tourner avidement autour des membres tronçonnés si propres et secs, tel un aigle qui chercherait un morceau de viande à happer. La remarque de Rita était si inattendue que j’en bégayai presque pendant une minute.

« Qu’est-ce que tu entends par là ? » réussis-je enfin à articuler.

Elle fronça les sourcils.

« Je… je ne suis pas sûre. C’est juste que… On part du principe que… les choses… sont réellement telles qu’on les imagine. Telles qu’elles devraient être ? Mais ce n’est jamais le cas, tout est toujours plus… Je ne sais pas… Plus… sombre ? Plus… humain. Comme là, par exemple. Pour moi, il n’y a pas de doute que l’inspecteur veut arrêter le tueur ; c’est le boulot d’un inspecteur, non ? Ça ne m’a jamais traversé l’esprit qu’il puisse y avoir une part de politique dans un meurtre.

— Dans tout, pratiquement », dis-je.

Je tournai dans sa rue et ralentis devant sa maison proprette et insignifiante.

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