Gérard de Villiers - Opération apocalypse

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Opération apocalypse: краткое содержание, описание и аннотация

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— Charmant !

— C’est un homme brutal.

Sur ces paroles définitives, Malko décida de se reposer. Les piqûres, le voyage et Mme Lentz, c’était beaucoup pour un seul homme dans la même journée. Il éteignit sa cigarette et se laissa glisser dans les draps frais. Ce fut le moment que choisit Mme Lentz pour glisser une main le long de sa jambe.

— Tu veux déjà dormir, guapo chéri ?

Il ne s’endormit qu’une bonne demi-heure plus tard, ivre de fatigue et de sommeil, mais esclave de son auréole de Macho.

Lorsque Malko ouvrit l’œil, il se heurta à une vision de cauchemar : une vieille Indienne édentée et énorme, boudinée dans une robe de soie noire luisante de saleté, lui tendait un plateau chargé de choses fumantes. Son petit déjeuner.

Curieuse chose, d’ailleurs ! Du thé presque noir et des tamalos, c’est-à-dire de petites galettes que l’on fourre de sauce aux piments.

Quand il eut fini son petit déjeuner, Malko était bien réveillé, mais avait l’impression d’avoir avalé de la fonte en fusion. Mme Lentz surgit au moment où il se levait. Elle portait une robe imprimée presque transparente, encore plus suggestive que le pyjama de la veille. Malko la trouva plus belle. Voyant ses yeux brillants, il se hâta de s’écarter du lit.

— Alors, guapo, tu as bien dormi ? Tu sais qu’il est midi !

— Déjà !

— Ne t’en fais donc pas ! À cette heure-ci, le Chamalo dort encore. Tu as le temps de te préparer.

Malko fut prêt en un quart d’heure. Il s’était rasé de très près avec le rasoir couteau de Serge Lentz. Son costume était à peine fripé, mais sa Chemise n’était vraiment plus très fraîche. La glace lui renvoya l’image d’un homme de quarante ans, au front un peu haut, dont les cheveux blonds tranchaient sur le teint mat. Ses yeux d’or étaient pailletés de petites taches vertes, signe de satisfaction.

Mme Lentz l’enlaça par-derrière, gentiment :

— Quand reviens-tu, Guapito ?

— Bientôt. Dînons ensemble ce soir, si tu veux. Je viendrai te chercher.

Il l’embrassa rapidement et fila. Le soleil tapait d’une façon effroyable. II n’y avait pas un chat dans la rue. Un peu au hasard, il chercha à retrouver la grande avenue par laquelle il était arrivé. Cela lui prit un quart d’heure, et il déboucha sur un désert de goudron brûlant. Un taxi stoppa enfin, après un quart d’heure de signes désespérés. Malko lui donna l’adresse du chirurgien, qui s’appelait Chico Varga. Puis il se laissa aller sur les coussins crasseux. Felipe Chano devait se demander ce qu’il était devenu.

Le taxi s’arrêta dans une petite rue étroite, bordée d’entrepôts. Le chauffeur empocha les vingt pesos de Malko, sans même se retourner, et démarra.

Tout de suite, Malko repéra la Thunderbird blanche. Elle était arrêtée devant une petite maison de bois de deux étages, à l’adresse qu’avait donnée Mme Lentz. Le Chamalo habitait au deuxième étage.

L’escalier craquait et Malko le monta sur la pointe des pieds. Il trouva une porte où était punaisée une carte de visite sale, portant ces mots : « Chico Varga, medico. »

Il frappa.

Il y eut un remue-ménage à l’intérieur et la porte s’ouvrit brusquement sur un géant vêtu d’un pantalon de toile et d’une chemise ouverte jusqu’au ventre sur un torse velu. Les yeux étaient très fendus et tout le visage révélait une ascendance indienne. L’homme dévisagea Malko, l’air méfiant.

— Qu’est-ce que vous voulez ? fit-il d’une voix rocailleuse.

— Je suis un ami de Serge Lentz. Je voudrais vous voir, fit Malko.

Le géant ouvrit complètement la porte et fit signe à Malko d’entrer. La chambre était sombre et sale. Près du lit défait, il y avait un sac noir de médecin.

Malko s’assit sur une chaise et le Chamalo se laissa tomber sur le lit :

— Alors ? fit-il.

— Je cherche Serge Lentz, attaqua Malko. Est-ce que vous savez où il se trouve ?

L’autre se ferma d’un coup.

— Vous dites que vous êtes son ami. Pourquoi ne savez-vous pas où il est ?

— J’arrive de New York. Il m’avait dit de le rejoindre ici. Mais il était déjà parti. Et on m’a dit que vous saviez où il était.

Les petits yeux se plissèrent.

— Qui vous l’a dit ?

Malko hésita, mais il fallait dégeler l’autre.

— La femme de Serge.

L’Indien grommela.

— Elle a dit une sottise. Je n’ai pas vu Lentz depuis des semaines. Et cette salope ment.

Lui aussi mentait. Malko décida d’insister.

— Ecoutez, il faut à tout prix que je trouve Lentz. Je suis venu pour cela. Si vous m’aidez, cela peut vous rapporter beaucoup. Et je sais que vous savez où il est.

L’Indien resta silencieux. Puis il se mit à triturer la poignée de son sac noir. Il semblait hésiter. Enfin il dit d’une voix basse :

Cela me rapportera combien, Señor ?

— Ça dépend des renseignements que vous me donnerez. Cent dollars, au moins.

L’Indien réfléchissait. La tête baissée, il jouait toujours avec la poignée du sac. Celui-ci s’ouvrit, avec un petit claquement sec. Malko attendait, pas trop anxieux. Le mot « dollar » a toujours un sens magique, au sud du Tropique du Capricorne.

Il se retrouva face à face avec le trou noir d’un colt 45, qui lui parut énorme et que le Chamalo venait de, tirer de sa trousse. Drôle d’instrument chirurgical !

— Ne bougez pas Señor. Ou je serais obligé de vous soigner. Et le matin, j’opère très mal. Je n’ai pas la main sûre.

En tout cas, la main qui tenait le gros automatique noir ne tremblait pas.

— J’ai toujours cela avec moi, continua l’Indien. Pour les cas difficiles.

Tenant toujours Malko sous la menace de l’arme, il se leva et attrapa une veste et une valise posée derrière le lit. Puis il se dirigea vers la porte. L’estomac serré, Malko se demandait quand l’Indien allait tirer.

Le géant ouvrit la porte et pointa le canon du colt sur le ventre de Malko :

je m’en vais. Ne bougez pas d’ici avant cinq minutes. Sinon je vous tue. Et ne cherchez pas à me revoir. La prochaine fois que nous nous rencontrerons, je vous tue tout de suite. Compris ?

Malko inclina silencieusement la tête. Le géant se glissa dans la porte et referma. On entendit ses pas lourds dans l’escalier, puis, presque tout de suite, le ronronnement de la Thunderbird. Malko jeta un coup d’œil par la fenêtre et vit la voiture blanche décoller du trottoir. Il ne put même pas relever le numéro.

Il quitta la chambre, après une fouille superficielle. Il n’y avait rien que du linge sale. Sa seule piste s’était évanouie en fumée. Et il était sûr que l’Indien tiendrait parole, lors de leur prochaine rencontre.

Au moment où il descendait, un taxi vide passait. Un quart d’heure plus tard, Malko avait regagné sa chambre, au Maria-Isabel. Felipe Chano avait téléphoné deux fois. Il le rappela à la Securitad et l’eut tout de suite.

— Vous pouvez passer à l’hôtel ?

Ils prirent rendez-vous pour l’apéritif. En attendant, Malko se déshabilla et s’étendit sur son lit Mme Lentz avait sérieusement entamé sa vitalité. Et il la voyait encore le soir ! Bercé de pensées érotiques, il s’endormit, étendu sur le ventre.

Chapitre V

Le Paseo de la Reforma éclatait de lumières. C’était l’heure où les Mexicains sortaient des bureaux et se promenaient lentement sur les deux allées bordées d’arbres. Des groupes de touristes, sortis du Maria-lsabel et du Hilton, flânaient le long des vitrines. Au bord du trottoir, Malko et Felipe attendaient un taxi.

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