Marcel Proust - À l’ombre des jeunes filles en fleurs

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À l’ombre des jeunes filles en fleurs: краткое содержание, описание и аннотация

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– Comment allez-vous (qu’ils prononçaient tous deux « commen allez-vous », sans faire la liaison du t, liaison qu’on pense bien qu’une fois rentré à la maison je me faisais un incessant et voluptueux exercice de supprimer). Gilberte sait-elle que vous êtes là ? alors je vous quitte.

Bien plus, les goûters eux-mêmes que Gilberte offrait à ses amies et qui si longtemps m’avaient paru la plus infranchissable des séparations accumulées entre elle et moi devenaient maintenant une occasion de nous réunir dont elle m’avertissait par un mot, écrit (parce que j’étais une relation encore assez nouvelle) sur un papier à lettres toujours différent. Une fois il était orné d’un caniche bleu en relief surmontant une légende humoristique écrite en anglais et suivie d’un point d’exclamation, une autre fois timbré d’une ancre marine, ou du chiffre G. S., démesurément allongé en un rectangle qui tenait toute la hauteur de la feuille, ou encore du nom « Gilberte » tantôt tracé en travers dans un coin en caractères dorés qui imitaient la signature de mon amie et finissaient par un paraphe, au-dessous d’un parapluie ouvert imprimé en noir, tantôt enfermé dans un monogramme en forme de chapeau chinois qui en contenait toutes les lettres en majuscules sans qu’il fût possible d’en distinguer une seule. Enfin comme la série des papiers à lettres que Gilberte possédait, pour nombreuse que fût cette série, n’était pas illimitée, au bout d’un certain nombre de semaines, je voyais revenir celui qui portait, comme la première fois qu’elle m’avait écrit, la devise : Per viam rectam au-dessous du chevalier casqué, dans une médaille d’argent bruni. Et chacun était choisi tel jour plutôt que tel autre en vertu de certains rites, pensais-je alors, mais plutôt, je le crois maintenant, parce qu’elle cherchait à se rappeler ceux dont elle s’était servie les autres fois, de façon à ne jamais envoyer le même à un de ses correspondants, au moins de ceux pour qui elle prenait la peine de faire des frais, qu’aux intervalles les plus éloignés possible. Comme à cause de la différence des heures de leurs leçons, certaines des amies que Gilberte invitait à ces goûters étaient obligées de partir comme les autres arrivaient seulement, dès l’escalier j’entendais s’échapper de l’antichambre un murmure de voix qui, dans l’émotion que me causait la cérémonie imposante à laquelle j’allais assister, rompait brusquement, bien avant que j’atteignisse le palier, les liens qui me rattachaient encore à la vie antérieure et m’ôtaient jusqu’au souvenir d’avoir à retirer mon foulard une fois que je serais au chaud et de regarder l’heure pour ne pas rentrer en retard. Cet escalier, d’ailleurs, tout en bois, comme on faisait alors dans certaines maisons de rapport de ce style Henri II qui avait été si longtemps l’idéal d’Odette et dont elle devait bientôt se déprendre, et pourvu d’une pancarte sans équivalent chez nous, sur laquelle on lisait ces mots : « Défense de se servir de l’ascenseur pour descendre », me semblait quelque chose de tellement prestigieux que je dis à mes parents que c’était un escalier ancien rapporté de très loin par M. Swann. Mon amour de la vérité était si grand que je n’aurais pas hésité à leur donner ce renseignement même si j’avais su qu’il était faux, car seul il pouvait leur permettre d’avoir pour la dignité de l’escalier des Swann le même respect que moi. C’est ainsi que devant un ignorant qui ne peut comprendre en quoi consiste le génie d’un grand médecin, on croirait bien faire de ne pas avouer qu’il ne sait pas guérir le rhume de cerveau. Mais comme je n’avais aucun esprit d’observation, comme en général je ne savais ni le nom ni l’espèce des choses qui se trouvaient sous mes yeux, et comprenais seulement que, quand elles approchaient les Swann, elles devaient être extraordinaires, il ne me parut pas certain qu’en avertissant mes parents de leur valeur artistique et de la provenance lointaine de cet escalier, je commisse un mensonge. Cela ne me parut pas certain ; mais cela dut me paraître probable, car je me sentis devenir très rouge, quand mon père m’interrompit en disant : « Je connais ces maisons-là ; j’en ai vu une, elles sont toutes pareilles ; Swann occupe simplement plusieurs étages, c’est Berlier qui les a construites. » Il ajouta qu’il avait voulu louer dans l’une d’elles, mais qu’il y avait renoncé, ne les trouvant pas commodes et l’entrée pas assez claire ; il le dit ; mais je sentis instinctivement que mon esprit devait faire au prestige des Swann et à mon bonheur les sacrifices nécessaires, et par un coup d’autorité intérieure, malgré ce que je venais d’entendre, j’écartai à tout jamais de moi, comme un dévot la Vie de Jésus de Renan, la pensée dissolvante que leur appartement était un appartement quelconque que nous aurions pu habiter.

Cependant ces jours de goûter, m’élevant dans l’escalier marche à marche, déjà dépouillé de ma pensée et de ma mémoire, n’étant plus que le jouet des plus vils réflexes, j’arrivais à la zone où le parfum de Mme Swann se faisait sentir. Je croyais déjà voir la majesté du gâteau au chocolat, entouré d’un cercle d’assiettes à petits fours et de petites serviettes damassées grises à dessins, exigées par l’étiquette et particulières aux Swann. Mais cet ensemble inchangeable et réglé semblait, comme l’univers nécessaire de Kant, suspendu à un acte suprême de liberté. Car quand nous étions tous dans le petit salon de Gilberte, tout d’un coup regardant l’heure elle disait :

– Dites donc, mon déjeuner commence à être loin, je ne dîne qu’à huit heures, j’ai bien envie de manger quelque chose. Qu’en diriez-vous ?

Et elle nous faisait entrer dans la salle à manger, sombre comme l’intérieur d’un Temple asiatique peint par Rembrandt, et où un gâteau architectural, aussi débonnaire et familier qu’il était imposant, semblait trôner là à tout hasard comme un jour quelconque, pour le cas où il aurait pris fantaisie à Gilberte de le découronner de ses créneaux en chocolat et d’abattre ses remparts aux pentes fauves et raides, cuites au four comme les bastions du palais de Darius. Bien mieux, pour procéder à la destruction de la pâtisserie ninitive, Gilberte ne consultait pas seulement sa faim ; elle s’informait encore de la mienne, tandis qu’elle extrayait pour moi du monument écroulé tout un pan verni et cloisonné de fruits écarlates, dans le goût oriental. Elle me demandait même l’heure à laquelle mes parents dînaient, comme si je l’avais encore sue, comme si le trouble qui me dominait avait laissé persister la sensation de l’inappétence ou de la faim, la notion du dîner ou l’image de la famille, dans ma mémoire vide et mon estomac paralysé. Malheureusement cette paralysie n’était que momentanée. Les gâteaux que je prenais sans m’en apercevoir, il viendrait un moment où il faudrait les digérer. Mais il était encore lointain. En attendant, Gilberte me faisait « mon thé ». J’en buvais indéfiniment, alors qu’une seule tasse m’empêchait de dormir pour vingt-quatre heures. Aussi ma mère avait-elle l’habitude de dire : « C’est ennuyeux, cet enfant ne peut aller chez les Swann sans rentrer malade. » Mais savais-je seulement, quand j’étais chez les Swann, que c’était du thé que je buvais ? L’eussé-je su que j’en eusse pris tout de même, car en admettant que j’eusse recouvré un instant le discernement du présent, cela ne m’eût pas rendu le souvenir du passé et la prévision de l’avenir. Mon imagination n’était pas capable d’aller jusqu’au temps lointain où je pourrais avoir l’idée de me coucher et le besoin du sommeil.

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