À quoi attribuer l'indifférence de la foule, même des auteurs? n'est-ce pas à une sotte prévention?
Essayons de montrer que l'on se trompe si l'on croit ne rencontrer dans ces pièces que d'informes canevas sans action, sans style.
Je publierai successivement et les nombreuses observations que j'ai recueillies sur nos anciens dramaturges, et celles de leurs œuvres restées inédites qui me paraîtront le plus remarquables.
Je commence par deux farces, que je ne craindrais pas de décorer du nom de comédies, si le grand siècle ne se l'était pas exclusivement réservé pour ces œuvres comiques, dont il a emporté avec lui le secret.
On trouvera dans la Fille abhorrant mariaige , et dans la Vierge repentie , un sentiment exquis, un goût sûr, une portée philosophique et religieuse.
Ces farces, – ces comédies, si l'on veut, – ne portent pas le nom de leur auteur: est-ce à dire qu'il soit impossible à trouver? La manière d'écrire ne trahit-elle pas mieux quelquefois son homme qu'une signature, voire la plus authentique.
Ma foi, tout bien pesé, nous hasardons notre opinion, nous disons: Ces productions, à cause de l'esprit qui y règne, de la place où nous les avons rencontrées 3 3 Quoique ces deux farces soient foncièrement religieuses et morales; elles contiennent plus d'une pointe contre l'état monastique, dont les abus se faisaient alors vivement sentir; elles se trouvent au milieu d'un certain nombre de poésies huguenotes du bon Marot, dans un recueil commencé en 1536 par un nommé Julyot, que je soupçonne fort d'avoir partagé les croyances nouvelles.
, de leur style exceptionnel, nous ont paru se rapprocher des œuvres de la sœur de François I er, la célèbre Marguerite d'Angoulême.
Telle est la supposition que nous autorise à faire la grande quantité de pièces aujourd'hui perdues, dont on sait que cette princesse est l'auteur. Les nôtres portent justement la date de 1538, époque à laquelle florissait son théâtre, florissaient les troupes d'histrions qui le représentaient. Nous traiterons ce sujet ailleurs et plus longuement, et nous examinerons les chances de vérité que notre hypothèse peut offrir 4 4 Voyez page 35, note 15.
.
On remarquera que la mise en scène n'est pas développée; c'était l'usage habituel de ces temps, et d'ailleurs on la retrouve indiquée sommairement par le récit, d'après les lois de l'ancienne poétique.
Dans ces deux farces, la vérité, le naturel des caractères sont observés avec grand soin. Catherine ne cesse pas d'être une naïve et simple enfant de dix-sept ans, Clément un amoureux timide, malgré sa loquacité de Mentor; c'est l'homme sage des comédies du dix-septième siècle, c'est presque l'amoureux des pièces de Marivaux. Ses mille détours ne sont que pour arriver à formuler ou à provoquer un aveu, et les deux farces se terminent avant qu'il ait osé ouvrir la bouche, au moment peut-être où il allait le faire.
Le second de ces ouvrages est la suite du premier: il est aussi clairement écrit, et d'une façon beaucoup moins prolixe. À ceux qui savent la grossièreté habituelle de ces temps, il est de toute évidence que ni l'un ni l'autre n'ont été composés pour une plèbe soldatesque et avinée, mais pour des goûts épurés d'une cour lettrée et non encore gâtée par les écarts des muses de la pléiade.
Mais brisons là.
C'est comme enseignement littéraire et dramatique que nous offrons la Fille abhorrant mariaige et la Vierge repentie à la méditation des lecteurs.
S'ils y trouvent quelque plaisir, s'ils en retirent quelque profit, d'autres publications analogues sont prêtes, qui leur seront successivement communiquées.
Louis Lacour.
LA FILLE ABHORRANT MARIAIGE
À DEUX PERSONNAIGES
CLÉMENT ET CATHERINE
CLÉMENT commence
Bien aise suis de veoir la fin
Du soupper, Catherine, affin
D'aller se pourmener ensemble;
Car, veu la saison, il me semble
Qu'il n'est chose plus délectable.
CATHERINE
Je vieillissois aussi à table,
Et si m'ennuyois d'estre assise.
CLÉMENT
Qu'il faict beau temps quand je m'advise:
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Nous avons, à notre grand étonnement, retrouvé cette opinion dans Gérard de Nerval: Bohême galante (1 vol. in-12, 1856). Voyez le chapitre intitulé: Les poètes au seizième siècle , p. 17.
Consultez le catalogue de la Bibliothèque elzevirienne , dont l'éditeur, M. Jannet, a si bien mérité des lettres; et encore l'ouvrage suivant: Théâtre français au moyen âge, publié par Monmerqué et Francisque Michel . – Paris, Didot, 1839, 1 vol. in-4 o.
Quoique ces deux farces soient foncièrement religieuses et morales; elles contiennent plus d'une pointe contre l'état monastique, dont les abus se faisaient alors vivement sentir; elles se trouvent au milieu d'un certain nombre de poésies huguenotes du bon Marot, dans un recueil commencé en 1536 par un nommé Julyot, que je soupçonne fort d'avoir partagé les croyances nouvelles.
Voyez page 35, note 15.