Эмиль Ажар - La vie devant soi

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— Monsieur Hamil, ça va ?

— Bonjour, mon petit Victor, je suis content de t’entendre.

— Bientôt, on trouvera des lunettes pour tout, Monsieur Hamil, vous pourrez voir de nouveau.

— Il faut croire en Dieu.

— Il y aura un jour des lunettes formidables comme il n’y en a jamais eu et on pourra vraiment voir, Monsieur Hamil.

— Eh bien, mon petit Victor, gloire à Dieu, car c’est Lui qui m’a permis de vivre si vieux.

— Monsieur Hamil, je ne m’appelle pas Victor. Je m’appelle Mohammed. Victor, c’est l’autre ami que vous avez.

Il parut étonné.

— Mais bien sûr, mon petit Mohammed… Tawa kkaltou âla al Hayy elladri là iamoût… J’ai placé ma confiance dans le Vivant qui ne meurt pas… Comment t’ai-je appelé, mon petit Victor ?

Hé merde.

— Vous m’avez appelé Victor.

— Comment ai-je pu ? Je te demande pardon.

— Oh, ce n’est rien, rien du tout, un nom en vaut un autre, ça ne fait rien. Comment ça va, depuis hier ?

Il parut préoccupé. Je voyais qu’il faisait un gros effort pour se rappeler, mais tous ses jours étaient exactement pareils depuis qu’il ne passait plus sa vie à vendre des tapis du matin au soir, alors ça faisait du blanc sur blanc dans sa tête. Il gardait sa main droite sur un petit Livre usé où Victor Hugo avait écrit et le Livre devait être très habitué à sentir cette main qui s’appuyait sur lui, comme c’est souvent avec les aveugles quand on les aide à traverser.

— Depuis hier, tu me demandes ?

— Hier ou aujourd’hui, Monsieur Hamil, ça ne fait rien, c’est seulement du temps qui passe.

— Eh bien, aujourd’hui, je suis resté toute la journée ici, mon petit Victor…

Je regardais le Livre, mais j’avais rien à dire, ça faisait des années qu’ils étaient ensemble.

— Un jour j’écrirai un vrai livre moi aussi, Monsieur Hamil. Avec tout dedans. Qu’est-ce qu’il a fait de mieux, Monsieur Victor Hugo ?

Monsieur Hamil regardait très loin et souriait. Sa main bougeait sur le Livre comme pour caresser. Les doigts tremblaient.

— Ne me pose pas trop de questions, mon petit…

— Mohammed.

— … Ne me pose pas trop de questions, je suis un peu fatigué aujourd’hui.

J’ai pris le Livre et Monsieur Hamil l’a senti et il est devenu inquiet. J’ai regardé le titre et je lui ai rendu. J’ai mis sa main dessus.

— Voilà, Monsieur Hamil, il est là, vous pouvez le sentir.

Je voyais ses doigts qui touchaient le Livre.

— Tu n’es pas un enfant comme les autres, mon petit Victor. Je l’ai toujours su.

— Un jour, j’écrirai les misérables, moi aussi, Monsieur Hamil. Il y aura quelqu’un pour vous ramener chez vous, tout à l’heure ?

Inch’Allah. Il y a sûrement quelqu’un, car je crois en Dieu, mon petit Victor.

J’en avais un peu marre parce qu’il n’y en avait que pour l’autre.

— Racontez-moi quelque chose, Monsieur Hamil. Racontez-moi comment vous avez fait votre grand voyage à Nice, quand vous aviez quinze ans.

Il se taisait.

— Moi ? J’ai fait un grand voyage à Nice ?

— Quand vous étiez tout jeune.

— Je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas du tout.

— Hé bien, je vais vous raconter. Nice, c’est une oasis au bord de la mer, avec des forêts de mimosas et des palmiers et il y a des princes russes et anglais qui se battent avec des fleurs. Il y a des clowns qui dansent dans les rues et des confettis qui tombent du ciel et n’oublient personne. Un jour, j’irai à Nice, moi aussi, quand je serai jeune.

— Comment, quand tu seras jeune ? Tu es vieux ? Quel âge as-tu, mon petit ? Tu es bien le petit Mahommed, n’est-ce pas ?

— Ah ça, personne n’en sait rien et mon âge non plus. Je n’ai pas été daté. Madame Rosa dit que j’aurais jamais d’âge à moi parce que je suis différent et que je ne ferai jamais autre chose que ça, être différent. Vous vous souvenez de Madame Rosa ? Elle va bientôt mourir.

Mais Monsieur Hamil s’était perdu à l’intérieur parce que la vie fait vivre les gens sans faire tellement attention à ce qui leur arrive. Il y avait dans l’immeuble en face une dame, Madame Halaoui, qui venait le chercher avant la fermeture et qui le mettait dans son lit parce qu’elle non plus n’avait personne. Je ne sais même pas s’ils se connaissaient ou si c’était pour ne pas être seuls. Elle avait un étalage de cacahuètes à Barbès et son père aussi, quand il était vivant. Alors j’ai dit :

— Monsieur Hamil, Monsieur Hamil ! comme ça, pour lui rappeler qu’il y avait encore quelqu’un qui l’aimait et qui connaissait son nom et qu’il en avait un.

Je suis resté un bon moment avec lui en laissant passer le temps, celui qui va lentement et qui n’est pas français. Monsieur Hamil m’avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu’il n’était pas pressé car il transportait l’éternité. Mais c’est toujours plus joli quand on le raconte que lorsqu’on le regarde sur le visage d’une vieille personne qui se fait voler chaque jour un peu plus et si vous voulez mon avis, le temps, c’est du côté des voleurs qu’il faut le chercher.

Le propriétaire du café que vous connaissez sûrement, car c’est Monsieur Driss, est venu nous jeter un coup d’œil. Monsieur Hamil avait parfois besoin de pisser et il fallait le conduire aux W. -C. avant que les choses se précipitent. Mais il ne faut pas croire que Monsieur Hamil n’était plus responsable et qu’il ne valait plus rien. Les vieux ont la même valeur que tout le monde, même s’ils diminuent. Ils sentent comme vous et moi et parfois même ça les fait souffrir encore plus que nous parce qu’ils ne peuvent plus se défendre. Mais ils sont attaqués par la nature, qui peut être une belle salope et qui les fait crever à petit feu. Chez nous, c’est encore plus vache que dans la nature, car il est interdit d’avorter les vieux quand la nature les étouffe lentement et qu’ils ont les yeux qui sortent de la tête. Ce n’était pas le cas de Monsieur Hamil, qui pouvait encore vieillir beaucoup et mourir peut-être à cent dix ans et même devenir champion du monde. Il avait encore toute sa responsabilité et disait « pipi » quand il fallait et avant que ça arrive et Monsieur Driss le prenait par le coude dans ces conditions et le conduisait lui-même aux W-C. Chez les Arabes, quand un homme est très vieux et qu’il va être bientôt débarrassé, on lui témoigne du respect, c’est autant de gagné dans les comptes de Dieu et il n’y a pas de petits bénéfices. C’était quand même triste pour Monsieur Hamil d’être conduit pour pisser et je les ai laissés là car moi je trouve qu’il faut pas chercher la tristesse.

J’étais encore dans l’escalier quand j’ai entendu Moïse qui pleurait et j’ai monté les marches au galop en pensant qu’il est peut-être arrivé malheur à Madame Rosa. Je suis entré et là j’ai cru d’abord que c’était pas vrai. J’ai même fermé les yeux pour mieux les ouvrir ensuite.

La promenade en auto de Madame Rosa dans tous les coins où elle s’était défendue lui avait fait un effet miraculeux et tout son passé s’est ranimé dans sa tête. Elle était à poil au milieu de la pièce, en train de s’habiller pour aller au boulot, comme lorsqu’elle se défendait encore. Bon moi j’ai rien vu dans ma vie et j’ai pas tellement le droit de dire ce qui est effrayant et ce qui ne l’est pas plus qu’autre chose, mais je vous jure que Madame Rosa à poil, avec des bottes de cuir et des culottes noires en dentelles autour du cou, parce qu’elle s’était trompée de côté, et des niches comme ça dépasse l’imagination, qui étaient couchées sur le ventre, je vous jure que c’est quelque chose qu’on peut pas voir ailleurs, même si ça existe. Par-dessus le marché, Madame Rosa essayait de remuer le cul comme dans un sex-shop, mais comme chez elle, le cul dépassait les possibilités humaines… siyyid ! Je crois que c’était la première fois que j’ai murmuré une prière, celle pour les mahboûl, mais elle a continué à se tortiller avec un petit sourire coquin et une chatte comme je ne le souhaite à personne.

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