Jean Carrière - L’épervier de Maheux
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- Название:L’épervier de Maheux
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Joseph s’avance, recule, hésite, tergiverse ; devrait-il traverser les chutes du Niagara sur un fil qu’il ne serrerait pas davantage les fesses. Des flocons, gros comme le pouce, lui chatouillent la figure, qu’il s’essuie d’un revers du coude. Ce mouvement suffit à déclencher le piège.
Les deux autres l’ont vu lâcher tout son barda, exécuter une espèce de gigue, et basculer dans le vide en poussant un cri aigu de fille.
C’est de l’autre côté de son enfance qu’il tombe. En voilà un qui ne s’en remettra jamais.
4
C’est au début du XIX esiècle que des Reilhan ont quitté les hauteurs de l’Aigoual, où, du côté de Camprieu, leurs ancêtres s’étaient mis à l’écart des dragonnades, pour se fixer à Maheux ; une date en fait foi, ainsi que les initiales du défunt, gravées par une main maladroite sur une feuille de schiste plantée à la tête de la plus ancienne tombe : 1808, une vingtaine d’années après l’édit de tolérance qui remettait officiellement les huguenots dans leurs meubles, ou dans ce qu’il en restait. Mais il est probable que l’origine des bâtiments est bien antérieure à cette date.
Autour d’une bergerie primitive, comme tassée par l’âge dans le sol, alors qu’en réalité ce sont les couches successives de fumier de mouton et de détritus de toutes sortes qui ont élevé le niveau de celui-ci, ou simplement à partir d’un mastaba sauvage où s’abritaient des chevriers et des bouscatiers, la vie, vaille que vaille, s’est organisée, prolongeant les murs, élargissant des ouvertures pour en murer d’autres, ajoutant une aile, sécrétant des constructions au petit bonheur la chance, quand s’accroissait la famille, ou le maigre cheptel, et qu’on ne pouvait pas faire autrement.
Cette prolifération de bâtisses qui s’entassent en désordre les unes contre les autres est proprement ruineuse ; je veux dire qu’on n’arrive pas à imaginer qu’un jour elles ont été neuves, et conçues d’après un plan quelconque. Il semblerait plutôt qu’on les a édifiées avec des ruines, ou sur des ruines, et que, de génération en génération, elles se sont agglomérées comme ces concrétions anarchiques constituées par les squelettes de certaines espèces marines qui vivent en colonie.
Elles n’ont, du reste, jamais d’agréments, de raffinements superflus ; on n’y décèle aucune grâce, pas la moindre concession à l’inutile. Tout indique au contraire une brutale occupation des lieux par des gens qui manifestement avaient d’autres chats à fouetter qu’à s’occuper d’élégance et de fioritures. On voit bien que tout a été improvisé au fur et à mesure, sans souci d’alliance avec une terre à laquelle le peu qu’on arrache est arraché par la force, et qui par conséquent ne peut guère inspirer de sentiments amicaux ou de passions gratuites.
C’est par leur hostilité que ces murailles parfois cyclopéennes s’harmonisent avec le paysage, lequel, naturellement, est hostile les trois quarts du temps ; et cette harmonie, s’il est possible de parler d’harmonie, n’est pas recherchée par l’habitant, mais imposée de l’extérieur, par le site. S’il y a une alliance, c’est cette alliance farouche, hargneuse, qu’ont les repaires primitifs avec les rochers dont ils ont surgi et de la barbarie desquels ils ne sont pas parvenus à se libérer tout à fait.
A la fin du siècle dernier, une petite tribu d’une huitaine de besogneux (y compris l’ancêtre qui se momifiait dans son coin en suçant une pipe éteinte, la mère et la fille dures comme le fer, et deux ou trois jeunes sauteurs de haies plus souvent au milieu des chèvres que sur les bancs de la communale) hantait ce délabrement, et, ma foi, trouvait encore de quoi faire bouillir la marmite. Mal, c’est un fait, mais régulièrement : le « bajana », du premier janvier à la Saint-Sylvestre (châtaignes blanchettes cuites à l’eau) ; évidemment, il eût été difficile que le niveau de vie soit plus bas, surtout dans la région des combes et des vallées étroites où la culture n’est possible qu’en traversiers : le peuple le plus misérable de France , a dit Michelet.
Mais si maigrement qu’ils aient vécu jusqu’ici, sans pouvoir mettre un sou de côté pour assurer l’avenir, ni s’offrir les menus plaisirs que leurs proposaient les boutiques des villages où ils allaient négocier au marché les produits de leurs fermes, ignorant les tables bien garnies, les buffets largement approvisionnés, les armoires bourrées de linge, comme en donnaient l’exemple les artisans, ils s’appuyaient malgré tout sur une pauvreté assez stable, et qui n’était encore qu’indirectement concernée par les problèmes d’argent. Tant que ces régions, puis ces cantons, et vers la fin, ces groupes de fermes perdus au fond de la montagne ou aux confins des plateaux, durent se suffire à eux-mêmes, et demeurèrent à peu près coupés du monde extérieur, ce n’était pas exactement la misère ; c’était une frugalité traditionnelle avec laquelle on avait l’habitude de s’entendre et de faire bonne figure, puisque tout le monde, ou presque, était logé à la même enseigne.
Depuis les temps les plus reculés, le troc remplaçait l’argent ; il en fallait un peu, juste pour se payer le nécessaire, parfois le superflu : café, sucre, tabac, poudre noire et plomb pour la chasse, le costume de velours râpeux dans lequel on se mariait et qu’un demi-siècle plus tard on emportait dans la tombe ; sur la cheminée, il y avait généralement une petite boîte en fer qu’on ouvrait à la dernière extrémité, et où l’on avait amassé quelques piécettes pour la médecine ; mais l’homme en redingote et à trousse noires jouira longtemps d’un respect un peu railleur : s’il passait trois fois le seuil de la porte au cours d’une vie, c’était le bout du monde, et sa science lui servait surtout à vérifier que le mort ne respirait pas.
Mais le progrès technique resserrant ses mailles autour de ces îlots où se terrait une petite vie végétative et obstinée, traçant des routes là où serpentaient de mauvais chemins ravinés par les eaux, facilitant l’accès aux villes et multipliant les tentations, les vieilles habitudes vont tout à coup se trouver bouleversées, le manque d’argent se faire cruellement ressentir, l’humiliation de ne pas en avoir, l’amertume de ne pas pouvoir en gagner tout en menant ce qu’on commence à appeler « une existence de bagne », la volonté rageuse de s’en procurer. Dans ces montagnes, c’est une chute d’intérêt brutale pour une certaine manière de vivre, un soudain détachement à l’égard de ces horizons séculaires, c’est la fin d’une civilisation.
Très vite, la vie de ces hauteurs s’appauvrit, se retira, drainée par les vallées, plus humaines, et accessibles aux mouvements du siècle. Ce furent d’abord les plus jeunes que l’isolement se mit à rebuter, une condition besogneuse et privée d’avenir ; sollicités par le changement, stimulés par l’effervescence des bourgs où s’étaient installées de petites manufactures florissantes, ils amorcèrent la désertion du Haut-Pays, et quittèrent sans regret une existence subitement dépourvue d’agréments. Beaucoup de familles étaient si pauvres qu’elles n’emportèrent que leurs hardes sur des charrettes tirées à bras, laissant pourrir sur place des meubles vermoulus, et, quelquefois même, la clef rouiller sur la porte. Il ne fallut pas bien longtemps pour que des arbres poussent dans les cuisines en écartant avec leurs branches les toitures crevées.
La guerre de 1914-1918 dépeupla rapidement les derniers bastions de la solitude ; en 1920, Maheux ne comptait plus qu’un seul habitant : Reilhan le Taciturne, né en 1895, l’ultime de cette lignée sur le point de s’éteindre, mais qu’il restaurera en épousant une cousine éloignée, d’ailleurs on se demande comment, car il ne sortait jamais de son trou et ne disait jamais rien, excepté quelques mots de religion qu’il prononçait d’une voix sourde au moment de passer à table. Bien qu’il ne l’eût rencontrée qu’une fois (c’était à Florac, pour une affaire de succession : elle avait hérité un bois inclus dans la propriété du Taciturne, et dont les limites restaient indécises), sans doute avait-il jugé opportun de se l’attacher, non pas à cause du bois, qui ne valait rien, mais en considération de sa réserve, et de l’imperturbable fermeté paysanne qu’elle avait employée à débattre le litige et à défendre ses droits. Le mariage fut décidé par correspondance ; elle vivait à Bessèges, entre un père ivre mort et des frères mineurs (qui travaillaient à la mine et, du reste, n’avaient pas vingt ans). Adolescente aux yeux rouges, au teint de plâtre et aux épaules fébriles, elle avait remplacé de bonne heure une mère morte d’épuisement : vaisselles, lessives, murs décrépis, corons surpeuplés, rues maculées, sirènes d’usines, un univers de suie, de payes détériorées, de dettes chez l’épicier, de rentes pour le pharmacien, de factions dans le châle de la misère ouvrière en face des bistrots, d’où l’on ramenait l’épave titubante : c’était pire que du Zola. Arrivèrent les premières lettres de Reilhan : en comparaison, c’était Virgile, c’était l’Arcadie et le feuillage des hêtres ; en les décachetant et en les lisant au milieu de cette crasse abominable, la petite cousine croyait ouvrir une fenêtre sur la forêt : étant écrites sur du papier moisi, ces lettres fleuraient le champignon frais.
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