Régis Jauffret - Promenade

Здесь есть возможность читать онлайн «Régis Jauffret - Promenade» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Promenade: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Promenade»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Dans Promenade, Régis Jauffret jette en pâture au lecteur la folle errance d’une femme dépossédée d’elle-même, claustrée dans un univers mental halluciné. Cette anonyme («elle») pratiquement réduite à néant apparaît comme totalement étrangère à l’organisation sociale et au flux qui entraîne ses congénères dans les méandres de la vie. Privée de relations durables, d’activités valorisantes et d’emploi stable, elle dérive dans le dédale d’un monde urbain aseptisé et remplit sa morne existence de scénarios fantasmés, dont la mort constitue souvent le dénouement.
Détonnant catalogue de catastrophes tragi-loufoques, Promenade traite des formes extrêmes de la solitude («Elle aurait dû passer une annonce, elle aurait demandé qu’on l’associe à un réseau de relations déjà constitué. Elle pourrait rendre des visites à l’improviste pour s’épancher, prendre un train ou un avion et s’installer quelques mois chez une connaissance éloignée. Sa solitude serait dissoute dans ce bain d’humains affectueux, pourvus d’oreilles attentives.») et de la déprime («Elle n’avait pas l’ambition de réussir sa vie, elle acceptait de se laisser décomposer comme un bouquet de fleurs oublié sur un coin de cheminée dans un vase rempli d’eau croupie.»). Cette saillie littéraire peut aussi être lue comme une illustration concluante de l’absurdité de certains enchaînements de l’existence et de la difficulté de mettre en oeuvre la trame des récits qui débordent de notre imagination, quand le moule social nous étiquette comme «membre d’une tribu».
Au fil de journées interminables où chaque minute est «dure à avaler comme du gravier», la femme errante de Promenade se noie dans des suppositions et des hypothèses toutes plus folles les unes que les autres, lesquelles l’empêchent d’accéder à la moindre étincelle de bonheur. Chaque passant anonyme est le point de départ d’une suite incontrôlable de conjectures. Perdue dans un monde hostile, elle rêve d’un état végétatif «comme ces plantes qui avaient l’humilité prémonitoire d’être déjà en partie enfoncées dans la terre». Finalement, les seules relations qu’elle établit avec le genre humain sont sexuelles, avec le faux espoir qu’elle «en obtiendrait peut-être une secousse qui à un certain moment la soulèverait et lui ferait passer son perpétuel manque d’enthousiasme». Pourtant, rien n’y fait. Le lecteur la voit décliner, s’abandonner sans pouvoir opposer la moindre résistance, rongée par le «ressassement infini qui clapote en elle» et persuadée que «sa mère avait mis au monde une espèce de maladie qui s’était développée jusqu’à devenir cette jeune femme pathologique toujours en mouvement, tourmentée, incapable de trouver le repos».
Dans ce roman tiré au cordeau, l’auteur marseillais utilise, lorsque la femme échafaude ses plans obsessionnels, le conditionnel et l’imparfait jusqu’à la lie. Exemple: «Elle marcherait, anonyme, sans volonté, simple cellule dans la foule.» Et «elle n’arriverait pas à comprendre pourquoi ils marchaient dociles sur le trottoir, sans avoir un désir furieux de se déserter, de s’abandonner sur place comme des coquilles vides». La femme de Jauffret se verrait tour à tour seule, en couple avec un homme ou une femme, en famille avec des enfants insupportables, en invitée parasite, en groupe, en ménagère attentionnée, en prostituée délurée, etc. Elle imaginerait des moments tendres, des noces, des engueulades épiques, des retrouvailles, des cocufiages et ainsi de suite. Pour se raccrocher à un réseau social existant, pour quitter même furtivement une existence «où chaque instant est une torture», elle chercherait à s’incruster dans un bar, un hôtel, chez le coiffeur, chez un ancien camarade de lycée, dans des bureaux ou encore chez des particuliers qu’elle ne connaîtrait ni d’Ève ni d’Adam. Désireuse de ne plus ressentir la «piqûre de l’existence» et toujours «soulagée d’avoir échappé à la journée qui se préparait dans son dos comme un attentat», l’héroïne semble finalement obsédée par une question récurrente: «Comment faire pour se suicider sans mourir, pour éviter la vie sans subir cette épreuve supplémentaire?» Amorphe, inerte, avec toujours en tête l’idée de se foutre en l’air, elle se traîne d’un quartier à un autre, d’un fantasme à un autre, cherchant un remède au désœuvrement le plus total. Vivoter à défaut de crever, en quête «d’autre chose que rien», en «[imaginant] les moyens de se débarrasser de l’existence comme d’une endémie qui sème la terreur depuis l’aube des temps».

Promenade — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Promenade», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Elle lui demandait de l'examiner, de chercher sur son visage, son corps, elle se sentait si mal, la mort était comique à côté de l'état désastreux où elle se trouvait. Il souriait pour la rassurer, et comme elle était furieuse il lui proposait d'appeler un médecin. Elle lui demandait à nouveau de disparaître, dans les toilettes, à la cave, dans un trou, une anfractuosité où nichent les insectes. Il essayait de lui passer la main dans les cheveux, elle reculait contre le lave-vaisselle. Elle allait s'enfermer dans la chambre, elle pleurait, elle regrettait de l'avoir rencontré un jour et auparavant d'avoir connu cette file d'individus qui l'avaient pénétrée, et qu'elle traînait dans son dos telle une chaîne aux maillons prétentieux et stupides comme des glands.

Il acceptait de quitter l'appartement pour la laisser reprendre son souffle.

Elle sortait à son tour, et d'emblée elle n'aimait pas la rue ni cette odeur humide et froide d'hiver en formation. Elle a demandé l'heure à quelqu'un, puis à un autre et à tous ceux qu'elle rencontrait en marchant vite, de son pas alerte de folle. Personne ne lui proposait de monter dans sa voiture, ou n'essayait à tout hasard de l'embrasser sur la bouche. D'ailleurs elle n'avait envie de rien, même pas d'attendre le premier venu à la terrasse d'un café comme si elle avait rendez-vous avec quelqu'un.

Elle est rentrée, elle s'est couchée. Elle se disait qu'elle n'était pas plus lâche de rester avec lui que de vivre. Il n'avait qu'à dormir sur le vieux matelas pneumatique qu'il retrouverait peut-être en fouillant le débarras de l'entrée. Il pouvait aussi chercher le sommeil plié sur un fauteuil, une chaise, à une distance respectable du lit où elle reposerait à son aise sans courir le risque de le heurter.

Elle acceptait la présence de cet homme, elle le supportait. Aussi bien, ils vivraient jusqu'à la fin de leurs jours comme frère et sœur repentis de l'inceste. Ils feraient un couple de petits vieux qui en vaudrait un autre, ils se tiendraient par le bras pour faire leurs courses du matin. L'après-midi ils attendraient la visite d'un ménage ami qui leur ferait faux bond car ils seraient hospitalisés chacun de son côté pour une maladie incurable. Le soir, ils n'auraient pas faim, ils regarderaient la nuit par la fenêtre. Le matin ils se lèveraient tôt, ne craignant pas le huis clos du petit-déjeuner, échangeant des impressions, refusant mutuellement le privilège d'utiliser la salle de bains le premier. Quand ils seraient tous deux propres et vêtus, ils mettraient le nez dehors sur leur petit balcon avec le sentiment revigorant d'aborder une journée neuve.

Ils rencontreraient peut-être des jeunes gens qui leur adresseraient la parole chez un commerçant, ils les inviteraient à boire un chocolat. Une amitié se nouerait entre eux. Ils viendraient les voir souvent, les aidant à déplacer un meuble, repeignant un radiateur écaillé, se carapatant dans la bourrasque jusqu'à la pharmacie quand ils seraient victimes d'un refroidissement. Ils leur prépareraient des salades, des plats au four, et ils les nourriraient à la cuillère comme des bébés. Ils les changeraient plusieurs fois par jour, lavant, talquant leur fondement avec soin afin qu'ils ne développent jamais eczéma ni escarres. Ils leur tiendraient la main quand toutes les thérapeutiques auraient échoué, ils assisteraient même à leurs obsèques.

Pendant des années, ils seraient furieux de n'avoir hérité de rien. Ils auraient préféré employer leur énergie à créer un club de vacances ou à faire des voyages leur permettant de prendre des photos qu'ils auraient essayé de vendre par la suite à des agences.

Il pouvait se passer de dormit une nuit ou deux et marcher comme elle l'aurait fait à sa place dans les rues en attendant que l'aube se pointe. Une prostituée l'accueillerait l'espace d'un quart d'heure entre un vieux sommier et un robinet d'eau froide pendu au-dessus d'un lavabo en faïence rose dragée. Ensuite, il irait dîner dans une brasserie. Il ne ferait la connaissance de personne, il ne chercherait même pas à lier conversation avec la serveuse. Il sortirait de l'établissement avec un estomac trop chargé, il se cacherait pour se soulager. Puis il regarderait sa montre, il en conclurait que la nuit le temps était cloué par une sorcière qui l'empêchait d'avancer. Il endurerait la souffrance du désœuvrement absolu, de la promenade sans but à travers les rues désertes. Il s'étendrait sur un banc, il se demanderait comment des êtres emmanchés de colonnes vertébrales pouvaient arriver à s'endormir sur une planche. Il essaierait aussi de dormir dans l'entrée d'un immeuble, mais ils seraient tous fermés. Il comprendrait qu'il n'était pas doué pour le vagabondage.

Ils pouvaient faire chambre à part. Ils feraient leur toilette en maillot comme dans les douches mixtes d'une piscine mulllcipale. Il serait gêné quand elle raconterait à l'ouvrier venu réparer une prise électrique, que depuis quelque temps elle préférait de surcroît qu'il prenne son bain habillé des pieds à la tête d'un pyjama, de crainte d'apercevoir la végétation qui recouvrait ses jambes ou les poils qui cernaient les mamelons de sa poitrine imberbe.

Elle se demandait comment exister chacun à son tour. Un jour sur deux ils auraient pu vivre pendus au plafond comme des jambons dans une charcuterie. L'un mort, l'autre vivant, l'un solide, l'autre à l'état gazeux dans un conduit d'aération ou une boîte à biscuits. L'un arpentant le logement, l'autre prisonnier dans une bouteille de produit d'entretien comme un génie dans sa lanterne. Ils pouvaient aussi se réduire tous deux aux lettres de leurs noms, embrouillées, mélangées, jetées à l'eau avec une pierre autour du cou, et ne plus être là depuis des siècles.

Elle aurait voulu qu'il perde ses parties génitales dans un accident. Il saurait alors que plus rien de charnel ne serait jamais possible entre eux, il la respecterait, il aurait pour elle tous les égards qu'on doit à un enfant ou à une toile de maître protégée jour et nuit par une alarme.

Elle se souvenait de toute cette vie qu'elle avait menée sans lui, la nostalgie lui manquait autant que le bonheur de se trouver dans le tronçon actuel de son existence. Elle désirait autre chose, sans cette respiration continuelle des mammiferes, une bonne mort indolore et goûteuse qui tomberait délicieusement en elle comme un foie gras. Non, elle considérait la mort comme importune, elle préférait encore supporter sa conversation, entendre sa voix, le voir par accident, nu, de dos, avec son fessier comme une fente entre deux joues rasées de l'avant-veille. Elle n'aimait la mort qu'à certains moments, certains jours, et le reste du temps la vie lui apparaissait comme un moindre mal, et parfois même comme une bouffée d'espoir qui la grisait à la façon d'une injection d'héroïne.

Un jour elle a décidé qu'elle préférait la maternité à la vie de couple. Elle a accepté les rapprochements, elle a accueilli ses jets de sperme. Quand elle a eu la certitude de sa grossesse, elle lui a dit que décidément elle n'aimait pas l'amour et qu'il valait mieux qu'à l'avenir ils s'en passent. Il ne l'a pas crue quand elle lui a révélé qu'elle était enceinte. Ils se sont disputés jusqu'à trois heures du matin, elle a passé le reste de la nuit à préparer ses bagages.

En quittant l'immeuble, elle a pensé qu'elle se souviendrait jusqu'à sa mort de la cage d'escalier et le la porte cochère. Elle a fait quelques pas dehors, il n'y avait encore aucun passant dans les rues. Elle ne connaissait plus personne depuis longtemps, elle avait même appris le décès de sa mère au printemps dernier. L'argent qu' elle emportait dans la trousse de toilette constituait sa seule famille. Elle était trop chargée pour pouvoir avancer, elle a attendu le passage d'un taxi. Elle avait besoin de dormir, elle s'est fait déposer devant le premier hôtel.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Promenade»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Promenade» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Promenade»

Обсуждение, отзывы о книге «Promenade» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x