Сигизмунд Кржижановский - Le marque-page

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Nous prîmes l’allée principale devant l’église et la maisonnette du gardien. Mon compagnon s’arrêta pour regarder par la fenêtre du bureau.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je vous rejoins.

J’étais près du portillon lorsqu’il me rattrapa. Je l’interrogeais du regard, il sourit :

— Je voulais m’assurer qu’elle était toujours là. Elle est là, suspendue au même endroit.

— Qui ?

— Non, quoi. La couronne de location. Eh oui, cela existe. C’est le gardien qui m’en a parlé. La couronne pour les pauvres. Voyez-vous, pour une poignée de kopecks, vous avez une couronne tout à fait comme il faut, avec des pensées bleues en porcelaine et une traîne de longs rubans noirs. Au moment où le cortège apparaît, on vous la sort du bureau pour qu’elle puisse participer aux dernières cérémonies, puis, reposer sur la tombe, l’air digne et triste, généreuse et inconsolable. Mais dès que tout le monde est parti, le gardien la récupère, et la couronne de location attend le prochain corbillard. Vous trouverez peut-être risible ou absurde ce que je vais vous dire : j’éprouve pour cette couronne une sorte d’affection fraternelle. Car nous les poètes, ne sommes-nous pas semblables à une couronne fleurie errant de tombe en tombe ? Ne sommes-nous pas penchés, comme elle, de tous nos sens, de tout notre être, sur ce qui a été enterré, anéanti ? Et jamais je ne serai d’accord avec la philosophie des porte-documents d’aujourd’hui : on ne peut écrire que sur ce qui a été rayé, et pour ceux qui ont été rayés.

À nouveau, nous marchions côte à côte dans les rues désertes des banlieues. Un peu plus tard, les parallèles lisses des rails de tramway vinrent à notre rencontre. Et soudain, tout contre mon épaule, un murmure :

— Si deux parallèles se croisent à l’infini… tous les trains qui partent pour l’infini courent à la catastrophe.

Nous traversâmes deux ou trois quartiers sans échanger un mot. Je m’étais abandonné à mes pensées et la voix de mon compagnon me fit tressaillir :

— Si je ne vous ai pas trop fatigué, je voudrais vous raconter mon dernier thème. Souvent, déjà, j’ai pris la plume, mais j’ai eu peur de tout gâcher. J’en ai pour cinq minutes, ça ne sera pas long. Mais cela ne vaut peut-être pas la peine…

Il me regarda avec un sourire timide, presque suppliant.

— Mais si. Je vous écoute.

Et le récit commença.

— Je voudrais l’intituler Le Repas funéraire. Mais cela n’a rien à voir avec des histoires de cimetière. C’est tout autre chose. Un peu plus subtil. Un quidam avec femme, appartement de trois pièces, salaire élevé, domestiques et bonne réputation reçoit des amis. Les assiettes et les bouteilles se vident. Sur la table, des cure-dents dans un petit gobelet en verre. Ils passent dans le salon, près de la cheminée. Ils discutent du dernier film, du dernier décret, des vacances qui approchent. La maîtresse de maison vient d’apporter un carton rempli de photographies et de tout un bric-à-brac domestique. Le quidam fouille dans le carton ; soudain, au fond de la boîte, un léger tintement de verre. Il sort un petit flacon. Un bouchon solidement enfoncé étouffe la fiole, mais derrière la transparence du verre, un minuscule cristal blanc. Perplexe, le quidam plisse les yeux et retire le bouchon ; son doigt humecté de salive effleure le cristal puis ses lèvres. Et celles-ci esquissent alors un sourire malicieux et mystérieux. Les invités qui ne comprennent rien ni au sourire ni au cristal attendent : une douzaine d’yeux interrogent. Mais le maître de maison fait languir. Il lève un sourcil intrigué, plisse les yeux ; son sourire disparaît, il a le visage de qui cherche à se rappeler un rêve récent. Les invités s’impatientent. Ils font cercle autour de lui : « Allons, qu’est-ce que tu as ! » Sa femme le secoue par les épaules : « Cesse de nous torturer ! » Alors l’homme répond : « C’est de la saccharine. » Tout le monde s’esclaffe. Sauf le maître de maison. Quand les autres se calment il dit : « J’ai une idée. Nous allons organiser un repas funéraire. En mémoire des jours passés, jours de famine et de froid. Qu’en dites-vous ? – Tu as toujours été farceur ! – Quel drôle de type… »

Mais après tout pourquoi pas ? De toute manière, les nouveautés littéraires font bâiller, au théâtre, pas de générale en vue, et les longues soirées d’hiver sont tristes comme un lendemain de fête. Ils se mettent d’accord pour le jour du repas et se dispersent dans un brouhaha : « On s’amuse comme on peut… – Les tramways marchent encore ? – C’est tout de même un drôle de bonhomme… »

Le jour prévu, le maître de cérémonie réveille sa femme à l’aube : « Lève-toi, il faut commencer les préparatifs. » Celle-ci n’est pas contente. C’est à peine si elle se souvient de quoi il s’agit, et puis, rien ne presse. Mais le farceur, le drôle de bonhomme est têtu. Il réveille la bonne, s’agite, lance des ordres : « Ouvrez le vasistas, que le froid rentre ; coupez le tirage et n’allumez pas le poêle ; videz cette caisse, mettez les bûches ailleurs ; on va y mettre le tapis ; pourquoi ? Et s’il y avait une réquisition ? Enroulez-le, vous voyez bien qu’il ne rentre pas. Voilà, ça marche ; et maintenant, tirez les meubles de la chambre à coucher et de la salle à manger dans le salon… Comment cela, il n’y aura pas assez de place ? Bien sûr que si ! Puisqu’on ne peut chauffer qu’une seule pièce, il faudra bien que tout rentre : c’est là que nous vivons, ma femme et moi. Quoi, vous ? Vous n’êtes pas là : je n’ai pas les moyens d’avoir des domestiques. » La bonne, ahurie et effrayée, croit rêver tout éveillée. Le farceur la rassure : « Vous n’êtes pas là jusqu’à demain matin ; après, cela ira comme par le passé, vous avez compris ? » Mais la bonne a toujours les yeux comme des soucoupes. Alors, le maître de maison lui promet un jour de vacances dès qu’ils en auront fini avec les meubles. Le visage de la bonne s’éclaire. Arrachés à leur place, commodes, tables, canapés s’avancent vers le salon en grinçant, en se cognant les uns contre les autres. La femme du quidam, réveillée pour de bon, pré t end résister : « Qu’est-ce que tu es encore allé inventer ! – Pas moi, nous. Aide-moi, il faut déposer l’étagère. » Ils vont et viennent toute la journée. De la saccharine, on n’en trouve qu’en pharmacie. La farine moisie a disparu des magasins. Le pain manque de paille et de son. Au bord des larmes, la femme de notre extravagant refait la pâte lourde et grise. Déjà, un fantastique amoncellement d’objets et de meubles encombre la pièce, mais l’entêté n’en démord pas ; il file au grenier chercher un poêle et son tuyau. Le grotesque tas de ferraille accroche tout sur son passage avec sa trompe rouillée et finit par se loger de guingois dans le dernier coin libre.

Quand l’homme barbouillé de suie et de rouille se redresse, il voit l’œil noir et effrayé de sa femme blottie dans un coin du canapé, emmitouflée dans un châle épais, les genoux sous le menton. « Écoute, Marra – il effleure son épaule (l’épaule s’écarte brusquement) – Marra, il y a sept ans, c’était pareil, tu te tenais là, en manteau et en châle, comme un oiseau transi, comme une enfant abandonnée, et moi, tu te rappelles ? j’avais sorti de dessous le châle tes doigts gelés, comme ça, et je soufflais sur eux, comme ça, et tu as fini par dire : “Que c’est bon.” » La femme se tait. « Ou encore, tu te rappelles, j’avais apporté cette drôle de ration faite de six minuscules sachets (cela n’aurait pas suffi à une souris), et c’est sur ce vieux tas de ferraille que nous avons tout fait cuire, et nous avons soupé surtout de fumée et de suie ! – La lampe à pétrole, c’était pire, répond sa femme refusant toujours de le regarder. Au moins, le poêle, cela donnait un peu de chaleur, mais l’autre… Même sa flamme était terne, “malade”, comme tu disais.

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