Guy de Maupassant - Mademoiselle Fifi – Édition illustrée

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Mademoiselle Fifi – Édition illustrée: краткое содержание, описание и аннотация

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La nouvelle qui donne son titre au recueil, est une des plus connues de Maupassant. Le château d'Uville est occupé par cinq officiers prussiens. Parmi eux, «un tout petit blondin fier et brutal», surnommé Mademoiselle Fifi à cause de son allure féminine. Le saccage du luxueux château ne parvenant pas à tromper l'ennui, on décide d'organiser une petite fête avec des dames de Rouen. Elles arrivent, ces cinq «filles à plaisir», dont Rachel, «une brune toute jeune, à l'œil noir comme une tache d'encre». Elle échoit en partage à Mademoiselle Fifi, qui la brutalise, «saisi d'une férocité rageuse, travaillé par son besoin de ravage». Au moment des toasts, les Allemands insultent les Français vaincus, et surtout les Françaises, qu'ils déclarent toutes leur propriété. Rachel se révolte alors…

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J’acceptai, et nous partîmes, enveloppés en nos fourrures de chasse.

Un froid aigu piquait le visage, faisait pleurer les yeux. L’air cru saisissait les poumons, desséchait la gorge. Le ciel profond, net et dur, était criblé d’étoiles qu’on eût dites pâlies par la gelée; elles scintillaient non point comme des feux, mais comme des astres de glace, des cristallisations brillantes. Au loin, sur la terre d’airain, sèche et retentissante, les sabots des paysans sonnaient; et, par tout l’horizon, les petites cloches des villages, tintant, jetaient leurs notes grêles comme frileuses aussi, dans la vaste nuit glacée.

La campagne ne dormait point. Des coqs, trompés par ces bruits, chantaient; et en passant le long des étables, on entendait remuer les bêtes troublées par ces rumeurs de vie.

En approchant du hameau, Jules se ressouvint des Fournel. «Voici leur baraque, dit-il: entrons!»

Il frappa longtemps en vain. Alors une voisine, qui sortait de chez elle pour se rendre à l’église, nous ayant aperçus: «Ils sont à la messe, messieurs: ils vont prier pour le père.»

«Nous les verrons en sortant», dit mon cousin.

La lune à son déclin profilait au bord de lhorizon sa silhouette de faucille - фото 50

La lune à son déclin profilait au bord de l’horizon sa silhouette de faucille au milieu de cette semaine infinie de grains luisants jetés à poignée dans l’espace. Et par la campagne noire, des petits feux tremblants s’en venaient de partout vers le clocher pointu qui sonnait sans répit. Entre les cours des fermes plantées d’arbres, au milieu des plaines sombres, ils sautillaient, ces feux, en rasant la terre. C’étaient des lanternes de corne que portaient les paysans devant leurs femmes en bonnet blanc, enveloppées de longues mantes noires, et suivies de mioches mal éveillés, se tenant la main dans la nuit.

Par la porte ouverte de l’église, on apercevait le chœur illuminé. Une guirlande de chandelles d’un sou faisait le tour de la nef – et par terre, dans une chapelle à gauche, un gros Enfant Jésus étalait sur de la vraie paille, au milieu des branches de sapin, sa nudité rose et maniérée.

L’office commençait. Les paysans courbés, les femmes à genoux priaient. Ces simples gens, relevés par la nuit froide, regardaient, tout remués, l’image grossièrement peinte, et ils joignaient les mains, naïvement convaincus autant qu’intimidés par l’humble splendeur de cette représentation puérile.

L’air glacé faisait palpiter les flammes. Jules me dit: «Sortons! on est encore mieux dehors.»

Et sur la route déserte, pendant que tous les campagnards prosternés grelottaient dévotement, nous nous mîmes à recauser de nos souvenirs, si longtemps que l’office était fini quand nous revînmes au hameau.

Un filet de lumière passait sous la porte des Fournel. «Ils veillent leur mort, dit mon cousin. Entrons enfin chez ces pauvres gens, cela leur fera plaisir.»

Dans la cheminée, quelques tisons agonisaient. La pièce noire, vernie de saleté, avec ses solives vermoulues, brunies par le temps, était pleine d’une odeur suffocante de boudin grillé. Au milieu de la grande table, sous laquelle la huche au pain s’arrondissait comme un ventre dans toute sa longueur, une chandelle dans un chandelier de fer tordu, filait jusqu’au plafond l’âcre fumée de sa mèche en champignon. Et les deux Fournel, l’homme et la femme, réveillonnaient en tête-à-tête.

Mornes, avec l’air navré et la face abrutie des paysans, ils mangeaient gravement sans dire un mot. Dans une seule assiette, posée entre eux, un grand morceau de boudin dégageait sa vapeur empestante. De temps en temps, ils en arrachaient un bout avec la pointe de leur couteau, l’écrasaient sur leur pain qu’ils coupaient en bouchées, puis mâchaient avec lenteur.

Quand le verre de l’homme était vide, la femme, prenant la cruche au cidre, le remplissait.

À notre entrée, ils se levèrent, nous firent asseoir, nous offrirent de «faire comme eux», et, sur notre refus, se remirent à manger.

Au bout de quelques minutes de silence, mon cousin demanda: «Eh bien, Anthime, votre grand-père est mort?

– Oui, mon pauv’monsieur, il a passé tantôt.»

Le silence recommença. La femme, par politesse, moucha la chandelle. Alors, pour dire quelque chose, j’ajoutai: «Il était bien vieux.»

Sa petite belle-fille de cinquante-sept ans reprit: «Oh! son temps était terminé, il n’avait plus rien à faire ici.»

Soudain, le désir me vint de regarder le cadavre de ce centenaire, et je priai qu’on me le montrât.

Les deux paysans, jusque-là placides, s’émurent brusquement. Leurs yeux inquiets s’interrogèrent, et ils ne répondirent pas.

Mon cousin, voyant leur trouble, insista.

L’homme alors, d’un air soupçonneux et sournois, demanda: «À quoi qu’ça vous servirait?

– À rien, dit Jules, mais ça se fait tous les jours; pourquoi ne voulez-vous pas le montrer?»

Le paysan haussa les épaules. «Oh! moi, j’veux ben; seulement, à c’te heure-ci, c’est malaisé.»

Mille suppositions nous passaient dans l’esprit. Comme les petits-enfants du mort ne remuaient toujours pas, et demeuraient face à face, les yeux baissés, avec cette tête de bois des gens mécontents, qui semble dire: «Allez-vous-en», mon cousin parla avec autorité: «Allons, Anthime, levez-vous, et conduisez-nous dans sa chambre.» Mais l’homme, ayant pris son parti, répondit d’un air renfrogné: «C’est pas la peine, il n’y est pu, monsieur.

Mais alors, où donc est-il?»

La femme coupa la parole à son mari:

«J’vas vous dire: j’lavons mis jusqu’a d’main dans la huche, parce que j’avions point d’place.»

Et, retirant l’assiette au boudin, elle leva le couvercle de leur table, se pencha avec la chandelle pour éclairer l’intérieur du grand coffre béant au fond duquel nous aperçûmes quelque chose de gris, une sorte de long paquet d’où sortait, par un bout, une tête maigre avec des cheveux blancs ébouriffés, et, par l’autre bout, deux pieds nus.

C’était le vieux, tout sec, les yeux clos, roulé dans son manteau de berger, et dormant là son dernier sommeil, au milieu d’antiques et noires croûtes de pain, aussi séculaires que lui.

Ses enfants avaient réveillonné dessus!

Jules, indigné, tremblant de colère, cria: «Pourquoi ne l’avez-vous pas laissé dans son lit, manants que vous êtes?»

Alors la femme se mit à larmoyer, et très vite: «J’vas vous dire, mon bon monsieur, j’avons qu’un lit dans la maison. J’couchions avec lui auparavant puisque j’étions qu’trois. D’puis qu’il est si malade, j’couchons par terre; c’est dur, mon brave monsieur, dans ces temps-ci. Eh ben, quand il a été trépassé, tantôt, j’nous sommes dit comme ça: Puisqu’il n’souffre pu, c’t’homme, à quoi qu’ça sert de l’laisser dans l’lit? J’pouvons ben l’mettre jusqu’à d’main dans la huche, et j’pouvions pourtant pas coucher avec ce mort, mes bons messieurs!…»

Mon cousin, exaspéré, sortit brusquement en claquant la porte, tandis que je le suivais, riant aux larmes.

5 janvier 1882

MOTS D’AMOUR

Dimanche Mon gros coq chéri Tu ne mécris pas je ne te vois plus tu ne - фото 51

Dimanche.

Mon gros coq chéri,

Tu ne m’écris pas, je ne te vois plus, tu ne viens jamais. Tu as donc cessé de m’aimer? Pourquoi? Qu’ai-je fait? Dis-le-moi, je t’en supplie, mon cher amour! Moi, je t’aime tant, tant, tant! Je voudrais t’avoir toujours près de moi, et t’embrasser tout le jour, en te donnant, ô mon cœur, mon chat aimé, tous les noms tendres qui me viendraient à la pensée. Je t’adore, je t’adore, je t’adore, ô mon beau coq.

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