« Je suis désolée, » dit-elle, d’un ton sincère. « Mais tu sais, je peux peut-être t’inviter à un café avec ce que j’ai gagné. »
« Ça devra être un sacrément bon café, » dit Harry. Il éloigna le glaçon de son torse et plissa le nez en regardant vers l’endroit de l’inflammation.
Pendant que Mackenzie le regardait, elle se rendit compte que, bien qu’il soit venu à son appartement plus d’une dizaine de fois et qu’ils se soient embrassés à quelques reprises, c’était la première fois qu’il était torse nu chez elle. C’était aussi la première fois depuis Zack qu’elle voyait d’aussi près un homme partiellement dénudé. C’était peut-être l’adrénaline d’avoir gagné la compétition ou peut-être l’approche de la remise des diplômes demain, mais elle aimait ça.
Elle s’avança et plaça une main sur le côté indemne de son torse, au niveau de son cœur. « Est-ce que tu as encore mal ? » demanda-t-elle, en se rapprochant encore davantage de lui.
« Pas à l’instant présent, » dit-il, en souriant nerveusement.
Elle fit lentement glisser sa main vers la zone enflammée et la toucha délicatement. Puis, sous l’effet d’instincts féminins qu’elle avait enterrés depuis longtemps et remplacés par un sentiment d’obligation et d’ennui, elle se pencha et embrassa l’endroit où elle l’avait touché. Elle sentit qu’il se contracta aussitôt. Sa main glissa le long de ses hanches et elle l’attira plus près d’elle. Elle embrassa sa clavicule, la naissance de son épaule et son cou. Il soupira et l’attira plus près de lui.
Comme c’était généralement le cas avec eux, ils s’embrassaient avant même de se rendre compte de ce qui se passait. C’était arrivé à quatre reprises auparavant et à chaque fois, c’était comme si c’était naturel, quelque chose d’imprévu et sans aucune attente d’aucune sorte.
En moins de dix secondes, elle se retrouva légèrement plaquée contre le plan de travail de la cuisine. Ses mains à elle parcouraient sa poitrine pendant que sa main à lui remontait le long de son t-shirt. Son cœur battait à tout rompre et chaque partie de son corps lui disait qu’elle le désirait, qu’elle était prête.
Ils avaient déjà failli passer le cap auparavant – à deux reprises, en fait. Mais à chaque fois, ils s’étaient interrompus. En fait, c’était elle qui avait arrêté. La première fois, elle l’avait interrompu au moment où il cherchait à ouvrir le bouton de son pantalon. La deuxième fois, il était assez saoûl et elle était bien trop sobre. Ils ne se l’étaient jamais dit aussi clairement, mais leur hésitation à coucher ensemble venait surtout du respect mutuel qu’ils avaient l’un pour l’autre et d’une incertitude quant au futur. Elle avait une bien trop haute opinion d’Harry pour l’utiliser simplement pour satisfaire un besoin sexuel. Elle se sentait de plus en plus attirée par lui mais le sexe avait toujours été pour elle un sujet très privé. Avant Zack, il n’y avait eu que deux hommes et l’un d’entre eux avait été plutôt un cas d’agression qu’un cas de sexe consenti mutuellement.
Alors que toutes ces pensées lui traversaient l’esprit au moment où elle embrassait Harry, elle réalisa que ses mains étaient maintenant posées bien plus bas que son torse. Il l’avait apparemment également remarqué, car il se contracta et prit une profonde inspiration.
Elle retira précipitamment ses mains et s’éloigna de lui. Elle fixait le sol du regard car elle avait peur de voir de la déception dans ses yeux.
« Attends, » dit-elle. « Harry… Je suis désolée… Je ne peux pas… »
« Je sais, » dit-il, sur un ton légèrement frustré. « Je sais que c’est… »
Mackenzie prit une profonde inspiration et s’éloigna de lui. Elle détourna son regard, incapable de supporter la confusion et la douleur qu’elle pouvait lire dans ses yeux. « On ne peut pas. Je ne peux pas. Je suis désolée. »
« Ce n’est pas grave, » dit-il, sur un ton toujours clairement perturbé. « Demain est un grand jour et il est tard. Alors je vais m’en aller avant que le fait d’être abattu une seconde fois prenne trop d’importance. »
Elle se retourna pour lui faire face et hocha la tête. Son commentaire acéré ne la dérangeait pas, car elle le méritait en quelque sorte.
« C’est sûrement ce qu’il y a de mieux à faire, » dit-elle.
Harry enfila son t-shirt taché de peinture et se dirigea lentement vers la porte. « Tu as fait du bon boulot ce soir, » dit-il au moment de partir. « J’étais sûr que tu allais gagner. »
« Merci, » dit Mackenzie, sans aucune expression. « Et Harry… vraiment, je suis désolée. Je ne sais pas ce qui m’arrête. »
Il haussa les épaules au moment d’ouvrir la porte. « Ce n’est pas grave, » dit-il. « C’est juste… je ne pourrai pas faire ça encore pendant longtemps. »
« Je sais, » dit-elle, sur un ton triste.
« Bonne nuit, Mac »
Il ferma la porte derrière lui et Mackenzie se retrouva seule. Elle se tenait debout dans sa cuisine et regardait l’heure. Il était une heure et quart et elle n’était pas du tout fatiguée. Peut-être que le petit exercice dans la ruelle Hogan avait pompé trop d’adrénaline dans ses veines.
Elle essaya néanmoins d’aller dormir mais elle passa la plupart de la nuit à se retourner dans son lit. Dans un état de demi-sommeil, elle eut toute une série de rêves dont elle ne se rappela pas vraiment mais l’une des constantes dans chacun d’entre eux était le visage de son père, souriant, fier qu’elle soit arrivée aussi loin – que demain, elle soit diplômée de l’académie.
Mais malgré ce sourire, il y avait une autre constante dans tous ces rêves, quelque chose à laquelle elle s’était habituée depuis longtemps, une image qui la tourmentait souvent lorsque les lumières s’éteignaient et qu’il était l’heure de dormir : le regard fixe de son père mort et le sang qui l’entourait.
Bien que Mackenzie ait programmé son réveil pour qu’il sonne à huit heures, elle fut réveillée en sursaut par la vibration de son téléphone à six heures quarante-cinq. Elle se réveilla en grommelant. Si c’est Harry qui appelle pour s’excuser de quelque chose dont il n’est même pas responsable, je vais l’étrangler, pensa-t-elle. Encore à moitié endormie, elle attrapa son téléphone et y jeta un coup d’œil, la vue brouillée.
Elle fut soulagée de voir que ce n’était pas Harry, mais Colby.
Perplexe, elle décrocha. Colby n’était pas du genre à se lever tôt et elles ne s’étaient pas parlé depuis plus d’une semaine. Maniaque au possible, Colby était probablement stressée à mort concernant la remise des diplômes et les incertitudes quant à leur futur. Colby était la seule amie femme que Mackenzie s’était faite ici à Quantico. C’est pourquoi elle faisait tout son possible pour entretenir cette amitié, même si ça signifiait répondre à un appel tôt le matin du jour même de la remise de leurs diplômes, après n’avoir dormi que quatre heures et demie d’un sommeil très agité.
« Salut, Colby, » dit-elle. « Tout va bien ? »
« Tu dormais ? » demanda Colby.
« Oui. »
« Oh, je suis vraiment désolée. Je pensais que tu serais debout dès les premières lueurs de l’aube, avec l’excitation de tout ce qui nous attend. »
« C’est juste une remise de diplômes, » dit Mackenzie.
« J’aimerais bien que ce ne soit que ça, » dit Colby, d’une voix légèrement hystérique.
« Tout va bien ? » demanda Mackenzie, en s’asseyant lentement sur son lit.
« Ça finira par aller, » dit Colby. « Dis… tu penses que tu pourrais me retrouver au Starbucks de la cinquième rue ? »
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