« Prochaine étape ? » demanda DeMarco, en s’asseyant derrière le volant.
« J’aimerais retourner chez les Hopkins… et parler aux voisins. Le mari a mentionné ce jardin qui se trouve juste devant la fenêtre du bureau de sa femme. Par cette fenêtre, on pouvait voir la maison d’un voisin. Peut-être que ça ne mènera à rien, mais ça vaut la peine d’essayer. »
DeMarco hocha la tête et démarra la voiture. Elles retournèrent en direction de la maison des Hopkins. En chemin, Kate remarqua que des nuages noirs commençaient à s’accumuler et à cacher le soleil.
***
Elles commencèrent par le voisin qui vivait directement à droite des Hopkins. Elles frappèrent à la porte mais sans succès. Après quelques secondes, Kate frappa à nouveau mais toujours sans résultat.
« Tu sais, » dit Kate, « après avoir longtemps travaillé dans des quartiers comme celui-ci, tu t’attends toujours à ce qu’au moins un membre de la famille soit à la maison. »
Elle frappa de nouveau à la porte mais vu que personne ne vint leur ouvrir, elles abandonnèrent. Elles s’éloignèrent de la maison et traversèrent le jardin des Hopkins, pour se rendre chez le voisin qui se trouvait de l’autre côté. Ce faisant, Kate jeta un coup d’œil vers l’arrière du jardin des Hopkins. Elle aperçut un coin de la maison qui était visible depuis la fenêtre du bureau de Karen. Elle en voyait l’arrière, vu que l’avant se trouvait le long d’une rue qui était parallèle à celle-ci.
Alors qu’elles se dirigeaient vers la maison du voisin de gauche, Kate remarqua que quelques gouttes de pluie commençaient à tomber des nuages qui s’étaient accumulés au-dessus d’elles. Au moment où elles se dirigaient vers les marches qui menaient au porche, Kate sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Elle le sortit et regarda l’écran. C’était Mélissa. Une pointe de culpabilité l’envahit. Elle était sûre que sa fille l’appelait pour se plaindre du fait qu’elle avait laissé Michelle seule avec Alan la nuit dernière. Et maintenant, avec le recul, Kate avait l’impression que Mélissa avait toutes les raisons d’être fâchée.
Mais ce n’était pas une conversation qu’elle était prête à avoir maintenant, alors qu’elle gravissait les marches de la maison du voisin. Ce fut DeMarco qui frappa cette fois-ci. La porte fut presque immédiatement ouverte par une jeune femme qui portait un enfant d’une quinzaine de mois dans les bras.
« Bonjour, » dit la jeune femme.
« Bonjour. Nous sommes les agents Wise et DeMarco du FBI. Nous enquêtons sur le meurtre de Karen Hopkins et nous aurions aimé poser quelques questions aux voisins. »
« Je ne suis pas exactement une voisine, » dit la jeune femme. « Mais c’est presque pareil. Je suis Lily Harbor et je travaille comme nounou pour Barry et Jan Devos. »
« Est-ce que vous connaissiez bien le couple Hopkins ? » demanda DeMarco.
« Pas vraiment. On se tutoyait mais je ne les voyais qu’une ou deux fois par semaine. Et c’était toujours pour se saluer quand on se croisait. »
« Est-ce que vous avez une idée du genre de personnes qu’ils étaient ? »
« Des gens bien, apparemment. » Elle s’interrompit parce que l’enfant qu’elle portait dans les bras s’était mis à lui tirer les cheveux. Il commençait à devenir un peu agité. « Mais à nouveau, je ne les connaissais pas bien du tout. »
« Est-ce que les Devos les connaissaient bien ? »
« Sûrement un peu mieux que moi. Barry et Gérald se rendaient parfois des services, comme se prêter de l’essence pour la tondeuse, du charbon pour le barbecue, ce genre de choses. Mais je ne pense pas qu’ils se voyaient en-dehors de ça. Ils étaient polis l’un envers l’autre mais ce n’étaient pas non plus des amis, vous voyez ? »
« Est-ce que vous savez si quelqu’un dans le quartier les connaissait bien ? » demanda Kate.
« Pas vraiment. Les gens sont plutôt réservés dans le coin. Ce n’est pas le genre de quartier où ils font la fête entre voisins. Mais… et j’ai un peu mauvaise conscience de le dire… si vous voulez en savoir plus sur quelqu’un vivant dans le quartier, vous devriez peut-être vous adresser à madame Patterson. »
« Et qui est-ce ? »
« Elle vit dans la rue d’à côté. On peut voir sa maison depuis la terrasse des Devos. Et je suis presque sûre qu’elle doit également être visible depuis le porche arrière des Hopkins. »
« Vous connaissez son adresse ? »
« Pas exactement. Mais sa maison est très facile à trouver. Elle a plein de statues effrayantes de chats sur son porche. »
« Vous pensez qu’elle pourrait nous aider ? » demanda DeMarco.
« Oui, je pense que c’est votre meilleure option. Je ne peux pas vous assurer que tout ce qu’elle vous dira sera vraiment fiable, mais on ne sait jamais… »
« Merci pour le temps que vous nous avez consacré, » dit Kate. Elle sourit au petit garçon et elle ressentit d’autant plus le manque de Michelle. Ça lui rappela également qu’elle avait probablement un message vocal furieux de sa fille, qui l’attendait sur son téléphone.
Kate et DeMarco retournèrent à leur voiture. Au moment où elles firent une marche arrière pour rejoindre la route, la pluie se mit à tomber de manière plus drue.
« Il se pourrait que cette madame Patterson soit la personne qui vit dans la maison que j’ai vue par la fenêtre du bureau de Karen Hopkins, » dit Kate. « Tous ces jardins reliés entre eux et séparés par une simple barrière… c’est le paradis pour une vieille femme curieuse. »
« Eh bien, » dit DeMarco, « allons voir ce que madame Patterson a à nous dire. »
***
Les yeux de madame Patterson s’écarquillèrent quand elle se rendit compte que deux agents du FBI se trouvaient devant sa porte. Mais ce n’était pas dû à la peur, mais plutôt à l’excitation. Elle devait déjà certainement se demander comment elle allait raconter ça à ses amies.
« Oui, j’ai entendu parler de ce qui est arrivé à Karen, » dit madame Patterson, sur un ton très pompeux. « Pauvre femme… elle était tellement charmante et gentille. »
« Alors, vous la connaissiez ? » demanda Kate.
« Oui, un peu, » dit madame Patterson. « Mais venez, entrez. »
Elle ouvrit la porte pour laisser passer Kate et DeMarco. En entrant, Kate regarda les différents ornements du porche qui leur avaient permis d’identifier la maison de madame Patterson. Il y avait huit statues différentes de chats, des décorations qui avaient l’air tout droit sorties d’une brocante ou d’un marché aux puces. Certaines d’entre elles étaient un peu effrayantes, comme Lily Harbor le leur avait dit.
Madame Patterson les guida jusqu’au salon. La télé était allumée sur l’émission Good Morning America à un volume assez bas. Kate en déduisit que madame Patterson était probablement une veuve qui n’arrivait pas à s’habituer à l’idée de vivre seule. Elle avait lu quelque part que les personnes âgées avaient tendance à laisser la télé ou la radio allumée chez elles quand elles perdaient leur conjoint, pour qu’il y ait toujours de la vie dans la maison.
En prenant place dans un fauteuil, Kate regarda par la fenêtre du salon. Elle vit la rue et fit de son mieux pour imaginer la disposition du jardin arrière. Elle était presque certaine qu’il s’agissait bien de la maison qu’elle avait vue par la fenêtre du bureau de Karen Hopkins.
« Madame Patterson, est-ce que vous pourriez tout d’abord clarifier un point, » dit Kate. « Quand nous étions dans la maison des Hopkins, j’ai regardé par la fenêtre du bureau de Kate et j’ai aperçu une maison dans le coin droit de leur jardin arrière. C’est bien votre maison, n’est-ce pas ? »
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