Un espace de lecture et un petit bureau se trouvaient dans un coin à gauche et faisaient face à un vaste porche, visible à travers une baie vitrée. Tout l’espace était conçu de manière pittoresque et agréable.
« Tu peux me rappeler ce que disent les rapports concernant les preuves récoltées par la police ? » demanda Kate.
« Le mari a donné volontairement son propre ordinateur, et il lui fut rendu assez rapidement, » dit DeMarco, en continuant à lire dans les rapports. « Il a également donné l’ordinateur et le téléphone portable de Marjorie. Il y avait une ceinture dans la penderie à l’étage qui a été envoyée à la police scientifique, afin de vérifier s’il s’agissait de l’arme du crime. Mais il a été prouvé que ce n’était pas le cas. »
Elles inspectèrent encore un peu le rez-de-chaussée, avant de gravir les marches qui menaient à l’étage. L’escalier se trouvait sur le côté droit, parallèlement au petit bureau. L’étage consistait en un vaste couloir et quatre pièces : une salle de bains, deux chambres d’invités et une énorme chambre avec salle de bains. Elles se rendirent directement dans la chambre à coucher principale et s’arrêtèrent à l’entrée pour observer l’endroit.
Le lit n’avait pas été fait, mais à part ça, la pièce était impeccable. Kate regarda l’endroit qui se trouvait devant la salle de bains et essaya d’y imaginer un corps sans vie. Elle savait que les photos de la scène de crime se trouvaient dans les dossiers et elle était sûre qu’elle y jetterait un coup d’œil un peu plus tard. Mais pour l’instant, elle voulait essayer d’imaginer la pièce comme pouvait l’avoir vue l’assassin – un assassin qui avait probablement été invité à entrer pour une raison ou une autre.
La disposition de la chambre était telle que quelqu’un qui sortirait de la salle de bains ne verrait pas immédiatement une personne qui serait entrée dans la pièce. Si le tueur était parvenu à entrer dans la chambre pendant que Marjorie Hix était dans la salle de bains, elle ne l’aurait pas vu en sortant.
« Aucun indice et aucune trace dans la chambre, c’est bien ça ? » demanda Kate.
« Aucun. Même pas une goutte de sang. Rien. »
Kate traversa la chambre et s’arrêta à la fenêtre qui se trouvait le plus près du lit. Elle ouvrit les rideaux et vit qu’elle donnait sur un jardin avec un petit bois dans le fond. Elle alla ensuite dans la salle de bains. Comme la plupart des pièces de la maison, elle était vaste et de bon goût. Elle s’accroupit et regarda en-dessous des armoires qui se trouvaient sous l’évier. À part un peu de poussière, il n’y avait rien d’autre.
« Ils avaient quel genre de système de sécurité ? » demanda Kate.
« Hum, » dit DeMarco, en feuilletant les rapports. « Apparemment, ils n’en avaient pas. Mais ils ont une caméra à la porte d’entrée. »
« C’est parfait. Est-ce que la police y a eu accès ? »
« Oui. Il est dit ici que le mari a donné le mot de passe à Bannerman. Apparemment, les enregistrements sont accessibles à travers l’appli de la caméra. »
« On sait quel est le nom de l’appli ? »
« Ce n’est pas indiqué. Mais je suis sûre que Bannerman doit le savoir. »
« Attends, il y a peut-être un autre moyen, » dit Kate. Elle sortit de la chambre à coucher, avec DeMarco sur les talons.
Elles trouvèrent Nadine Owen occupée à inspecter les murs du salon, à la recherche d’éraflures préexistantes à l’arrivée des déménageurs. « Mademoiselle Owen, » dit Kate. « Est-ce que vous connaissez le nom de l’appli que les Hix utilisaient pour leur caméra à l’entrée ? »
« Oui, » dit-elle. « Quand le mari m’a appelée pour mettre la maison en vente, il m’a donné leur mot de passe pour que je puisse m’y connecter et effacer leur compte avant l’arrivée de nouveaux habitants. »
« Et vous l’avez déjà effacé ? »
« Non. » Nadine eut l’air de comprendre où Kate voulait en venir. Une brève expression d’excitation envahit son visage et elle sortit son téléphone de sa poche. « Je peux me connecter à leur compte si vous voulez. »
« Ce serait vraiment super, » dit Kate.
Nadine s’assit sur l’un des tabourets de la cuisine et ouvrit l’appli. Elle se connecta sur le compte des Hix et en quelques secondes, l’adresse de la maison apparut. Nadine cliqua dessus et une page avec un calendrier apparut à l’écran.
« L’appli permet de visionner les soixante derniers jours. Au-delà de cette date, tout est stocké dans le cloud. »
« Soixante jours, c’est plus que suffisant. En fait, je n’ai besoin de vérifier que deux jours en particulier. »
« J’imagine que l’un d’entre eux est le jour où elle a été assassinée, c’est bien ça ? »
« Oui, s’il vous plaît. »
« Comment est-ce que ça fonctionne exactement ? » demanda DeMarco.
« Il y a un détecteur à la sonnette, » dit Nadine. « Quand quelqu’un arrive sur le porche, la caméra s’allume. Et elle enregistre jusqu’à ce que la personne soit entrée dans la maison ou qu’elle ait quitté le porche. »
« Alors, il n’y aura un enregistrement du jour où elle a été tuée que si quelqu’un est venu sur le porche, c’est bien ça ? » demanda Kate.
« C’est ça. Et… voilà, on y est. Il y a deux enregistrements vidéo de mercredi dernier… le jour où elle a été tuée. »
Les trois femmes se penchèrent sur le téléphone de Nadine pour regarder les enregistrements venant de l’appli. La première vidéo fut facile à écarter tout de suite. C’était un chauffeur UPS qui était venu déposer un carton sur le porche et qui était rapidement retourné à sa camionnette. Le carton n’était pas très grand et il y avait un logo Amazon bien visible sur le côté. Trois secondes plus tard, le chauffeur avait disparu et l’enregistrement s’arrêta.
Nadine afficha ensuite la deuxième vidéo et appuya sur Play. Elles virent une femme arriver sur le porche et sonner à la porte, qui fut ouverte quelques secondes plus tard. Il n’y avait pas d’audio, mais il était clair que la femme parlait avec la personne qui lui avait ouvert la porte – probablement Marjorie. Quelques secondes plus tard, elles virent d’ailleurs Marjorie sortir sur le porche et parler encore un peu à la femme, avant de rentrer à l’intérieur. La femme dit encore quelque chose par-dessus son épaule en descendant les marches et l’enregistrement s’arrêta.
« Vous savez qui est cette femme ? » demanda DeMarco à Nadine.
« Non, désolée. Mais vous avez dit que vous vouliez également regarder les enregistrements d’une autre date ? »
« Oui. Il y a exactement deux semaines. Est-ce qu’il y a des vidéos pour ce jour-là ? »
Nadine retourna en arrière et s’arrêta à la date demandée. Il y avait également deux enregistrements ce jour-là. Nadine lança tout de suite le premier, sans qu’on le lui ait demandé.
Kate reconnut tout de suite l’homme qui arriva sur le porche pour sonner à la porte : c’était Mike Wallace. Il portait le même uniforme Hexco qu’il y a une heure. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit. Il parla à quelqu’un pendant un court instant avant qu’on l’invite à entrer.
Nadine les regarda pour voir si elles avaient quelque chose à dire. Quand elle vit qu’elles restaient impassibles, elle cliqua sur le deuxième enregistrement. « Celui-là est à peine quatorze minutes plus tard. »
Elle appuya sur Play et elles virent exactement l’opposé de ce qui venait de se passer. Mike Wallace sortit par la porte d’entrée et se retrouva dans le cadre de la vidéo. Il se retourna et parla encore un peu à quelqu’un qui se trouvait à la porte – probablement Marjorie Hix. La conversation dura à peine vingt secondes et Mike descendit ensuite les marches. Avant que le départ de Mike n’ait eu le temps d’arrêter l’enregistrement, la caméra détecta encore du mouvement. Marjorie Hix sortit sur le porche avec un arrosoir et se mit à arroser un pot de lilas accroché à la rambarde.
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