L’ESPION
Juan Moisés de la Serna
Traduit par Ana Moreno Cruz
Éditions Tektime
2019
« L’espion »
Élaboré par Juan Moisés de la Serna
Traduit par Ana Moreno Cruz
1 èreédition: mars 2019
© Juan Moisés de la Serna, 2019
© Éditions Tektime, 2019
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Distribution par Tektime
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Préface
Le silence s’était déjà approprié de toutes les chambres au point que, parfois, j’avais du mal à rester là-bas où autant de choses s’étaient passées, tant de choses en famille.
Au début, j’allumait la télé ou la radio juste pour avoir des voix à écouter partout dans la maison. Ça me faisait du bien, mais après… C’était tellement ridicule ! Je me mentais à moi même ! Je faisais semblant d’avoir quelqu’un à mes côtés, mais il n’y avait plus personne.
La joie, la tristesse et le chagrin remplissaient tous les coins du foyer, ce foyer dont ma femme se donnait beaucoup de mal pour le garder en ordre et propre.
Il y a des moments dans la vie
que nous devons attraper,
conserver en grand amitié
et jamais en oublier.
Nous devons pas garder l’espoir
de la stabilité et le calme,
avec des problèmes de mémoire
les souvenirs nous échappent.
Bien qu’on ait l’intention
d’essayer de s’en souvenir,
ce terrible tourbillon,
ne les laissera pas revenir.
Après tous ces souvenirs
déjà tombés dans l’oubli,
si ma mémoire était bonne
ils ne seraient tous partis.
AMOUR
Dédié à mes parents
Sommaire
CHAPITRE 1. La Mémoire
CHAPITRE 2: Les adieux
CHAPITRE 3. La Communauté
CHAPITRE 4. La Loi du Sept
CHAPITRE 5. Le Rescapé
CHAPITRE 6. La Décision
CHAPITRE 7. Le dernier souvenir
Le silence s’était déjà approprié de toutes les chambres au point que, parfois, j’avais du mal à rester là-bas où autant de choses s’étaient passées, tant de choses en famille.
Au début, j’allumait la télé ou la radio juste pour avoir des voix à écouter partout dans la maison. Ça me faisait du bien, mais après… C’était tellement ridicule ! Je me mentais à moi même ! Je faisais semblant d’avoir quelqu’un à mes côtés, mais il n’y avait plus personne.
La joie, la tristesse et le chagrin remplissaient tous les coins du foyer, ce foyer dont ma femme se donnait beaucoup de mal pour le garder en ordre et propre.
Petit à petit je commençai à fermer toutes ces chambres que je n’utilisais plus, ou celles qui m’apportaient autant de souvenirs à chaque fois que je les voyais. Des souvenirs qui étaient d’habitude très heureux, et qui, en même temps, me provoquaient une souffrance horrible, parfois par nostalgie, et d’autres fois parce que j’étais sûr qu’ils ne se répéteraient jamais. Tout ce que je vécus ne resterait que dans ma mémoire, le temps qu’elle durerait.
Malgré les fois que j’avais proposé à ma femme de déménager, parfois pour des raisons de travail et d’autres fois au moment de notre retraite, elle insistait sur le fait que sa place restait là où elle avait créé toutes ses mémoires, là où elle avait vu ses enfants grandir. Elle disait qu’elle connaissait tout le monde, tous les voisins et qu’elle se sentait à l’aise là-bas.
Pour des raisons qui m’échappent, elle préférait son statu quo, comme elle le disait d’habitudeet qui voulait dire: pas de changements à la maison et pas de changements dans les tableaux et les photos. A chaque fois que je lui demandais pourquoi, elle ne répondait que «c’est bien comme ça».
Nous avions toujours eu des problèmes pour aller en vacances, même à notre âge, que nos enfants étaient déjà partis dans d’autres villes pour travailler et que nous étions seuls. Mais à chaque fois, elle attendait que les enfants nous visitaient ou me donnait des excuses pour rentrer à la maison dans deux ou trois jours.
Mais comment allaient-ils apparaître du jour au lendemain? S’il y en avait certains qui habitaient dans d’autres continents et, avec celui qui habitait près de nous, on ne se parlait plus depuis la grande dispute qu’on eut.
Je le regrette toujours. Pas seulement car il s’agissait d’une dispute totalement inutile, mais surtout par les graves implications qu’elle eut pour notre relation. Dès ce moment, ma femme ne me regarda plus pareil. Et je savais que j’avais raison et pas mon fils, mais elle, en tant que mère, ne comprenait pas mon manque de support au moment dont il en avait le plus besoin.
Pour moi, le plus difficile fut de la perdre. Je ne peut plus respirer quand ce moment traverse mon esprit. Après toutes ces années de vie en commun, y compris quand on se disputait, il existait un profond respect et un profond amour entre nous deux.
Les dernières années de sa vie, on dirait presque que nous étions séparés, à défaut de meilleur terme. On s’aimait, on se respectait, mais chacun faisait sa vie sans prévenir l’autre. Tout au contraire qu’au début de notre relation, quand nous voulions tout faire ensemble et partager autant de moments que possible.
C’était l’habitude, peut-être, mais on ne se voyait que pour prendre le petit-déjeuner et le dîner. Elle organisait des activités différentes chaque après-midi: elle voyait ses amies, ou visitait la famille, ou… Moi, d’autre part, j’adorais rester tranquillement à la maison entre mes annotations et mes calculs. Je ne me rendait même pas compte qu’elle était sortie mais… après son décès…
Tout était différent. J’avais maintenant beaucoup plus de temps pour moi, il n’y avait personne pour me dire que je passais trop de temps à faire ceci ou cela, plus personne pour me rappeler que je devais arrêter et me reposer, plus personne… Tout ce que je croyais d’être si important et dont je consacrait la plupart du temps, n’avait plus de sens.
Petit à petit la maison devint un mausolée. Je ne sais pas pourquoi! Mais au cours des années, elle avait rempli chaque mur avec des photos de ses enfants et de ses grands-enfants. Ces photos que nous recevions de temps en temps quand il y avait un nouveau-né ou une certaine festivité.
Du coup, je ne reconnais plus les personnes dans les photos. Et pas à cause de ma presbytie! J’ai mes lunettes pour voir tout en détaille! Mais c’est que les têtes ne me disent plus rien.
Combien de fois je me suis arrêté sur un photo pour en parler avec ma femme du bonheur qu’ils montrent, de l’envie de les revoir bientôt… Maintenant, par contre, les photos sont là, figées dans le temps, comme si elles appartenaient à une autre vie dont je ne fait plus partie.
J’imagine pas mon passé sans elle. Chaque endroit que nous visitâmes, chaque fête à la quelle nous allâmes. Elle était là. Dans toutes ces photos, c’était nous deux. Mais en ce moment, sauf elle, j’ai du mal à reconnaître le reste… En outre, je n’ai plus personne à qui demander sur les photos ou à qui en parler.
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