Même les plantes dont ma femme s’occupait avec tout sa tendresse sont tombées dans l’oubli. Bien qu’elle m’ait répété à chaque fois «Arrose-les un peu avant la sieste et elles resteront toujours avec toi», je fus incapable de me souvenir de cette petite instruction et à la fin elles se desséchèrent. Parfois la femme de ménage m’apporte une petite nouvelle plante pour égayer la maison, selon elle, et souvent elle m’indique à quelle fréquence je dois les arroser, mais les pauvres ne survivent jamais.
Je pense que je suivis déjà assez d’ordres dans ma vie et que j’ai largement accompli mon devoir patriotique, pour ainsi dire. Heureusement, je n’eus jamais besoin d’utiliser les armes, mais je ne suis naïf non plus, je sais que toutes ces informations sauvèrent la vie de beaucoup de monde, mais qu’elles menèrent d’autres personnes (surtout des espions du camp opposé) à la mort.
Heureusement pour tout le monde, les mathématiques sont limités et bien que nous manquions pas de fantaisie, il y aura toujours au moins un élément qui pourra être utilisé pour déchiffrer nos message. Il faut seulement consacrer du temps et faire un effort.
En agissant de cette manière, nous étions toujours au courant des avancées des ennemis, même si dans beaucoup d’occasions c’était mieux de ne pas intervenir pour ne pas montrer que nous pouvions lire leurs messages. Plus tard tout devint plus compliqué.
Après la Seconde Guerre Mondiale, notre pays obtint un rôle essentiel, puisque nous ne protégions plus seulement nos frontières, mais la paix du monde, alors tout notre travail devint plus difficile et je fus envoyé en Europe, où nous avions tous nos intérêts politiques à ce moment-là.
La menace des Nazis avait mis en échec tous les systèmes d’intelligence européens, et notamment le notre en dépit d’être si loin, quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre. A ce moment-là, personne ne croyait à ce que ce mouvement populaire entraînerait un véritable danger, ni ne pouvait imaginer tout ce qui viendrait après, une catastrophe qui ne doit plus se reproduire. C’est pourquoi je fus envoyé là-bas, pour apprendre tout genre de détails dans l’évolution des européens en matière de décryptage et, à ma grande surprise, dans les dernières années ils avaient fait pas mal d’avancées. Je pus aussi me rendre compte des importantes avancées technologiques qui ont lieu en temps de guerre, et je ne parle pas seulement du développement de l’armement.
Je ne sais pas s’il s’agit d’une question de survivance ou s’il y aura d’autres facteurs impliqués, mais c’est évident qu’on fait des vrais progrès quand on trouve des menaces imminentes, et l’Europe est la preuve vivante. Il y eut toujours des menaces, d’un côté ou de l’autre, et il est clair qu’ils ont beaucoup avancé et qu’ils ont dépassé tous ces adversaires pour devenir des références mondiales dans des domaines multiples, même si ils durent se reconstruire depuis leurs fondations après la Seconde Guerre Mondiale.
Alors, j’en viens au fait! Je fus envoyé en Europe en tant que diplomate ou en tant qu’attaché culturel avec une mission: apprendre tout ce que je pouvais avec nos alliées (comme on leur appelait à l’époque) et, en échange, notre gouvernement leur offrait de l’assistance tactique pour aider à reconstruire leurs villes et leurs villages.
Au début tout se passait à merveille… c’est bon, pas tout! Après l’incident en Espagne j’appris à ne pas tenir les choses pour acquis et à assurer mes arrières. Quelqu’un avait essayé de me rayer de la carte et je ne m’étais pas rendu compte. Ces fausses instructions que je n’avais jamais vues m’avaient mis derrière les barreaux en attente d’un procès militaire.
Heureusement, à l’époque il restait encore quelques personnes qui ne me considéraient pas un traitre et qui tirèrent les ficelles pour m’aider à sortir du pays. Si je rentrais jamais en Espagne, je serais jugé sous peine de mort.
Je pensai vraiment que l’exile était beaucoup mieux que la mort, mais ils me laissèrent aux frontières avec la France, sans savoir quoi faire. Je n’étais pas encore à l’abri, je devais chercher une ambassade ou une base militaire pour essayer de contacter mon commandement, leur dire que je vivais et demander mes ordres.
Après tous genre de souffrances et de difficultés, je me débrouillai pour arriver en Angleterre, où je me sentis comme chez-moi. Je leur montrai mes documents à la frontière et, ensuite, ils m’envoyèrent à la base militaire la plus proche pour vérifier mon histoire. Quand ils furent sûrs que je disais la vérité, tout devint beaucoup plus simple.
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