I.12. Iou tzeu dit : « Dans l’usage des rites, le plus précieux est l’harmonie. C’est pour cette raison que les règles des anciens souverains sont excellentes. Toutes les actions, grandes ou petites, s’y conforment. Cependant, il est une chose qu’il faut éviter : cultiver l’harmonie pour elle-même, sans qu’elle soit réglée par les rites, ne peut se faire. »
I.13. Iou tzeu dit : « Toute promesse conforme à la justice peut être tenue. Tout respect ajusté aux rites éloigne honte et déshonneur. Si vous choisissez pour protecteur un homme digne de votre amitié et de votre confiance, vous pourrez lui rester attaché à jamais. »
I.14. Le Maître dit : « Un homme honorable qui ne recherche pas la satisfaction de son appétit dans la nourriture, ni ses commodités dans son habitation, qui est diligent en affaires et circonspect dans ses paroles, qui se rectifie auprès des hommes vertueux, celui-là a un véritable désir d’apprendre. »
I.15. Tzeu koung dit : « Que faut-il penser de celui qui, étant pauvre, n’est pas flatteur, ou qui, étant riche, n’est pas orgueilleux ? » Le Maître répondit : « Il est louable ; mais celui-là l’est encore plus qui, dans la pauvreté, vit content, ou qui, au milieu des richesses, reste courtois. » Tzeu koung répliqua : « On lit dans le Livre des Odes : “Coupez et limez, taillez et polissez.” Ces paroles n’ont-elles pas le même sens [2]? » Le Maître repartit : « Seu [3], je peux enfin parler avec toi du Livre des Odes ! À ma réponse à ta question, tu as aussitôt compris le sens des vers que tu as cités. »
I.16. Le Maître dit : « Ne vous affligez pas de ce que les hommes ne vous connaissent pas ; affligez-vous de ne pas connaître les hommes. »
II.1. Le Maître dit : « Celui qui gouverne un peuple par la Vertu est comme l’étoile polaire qui demeure immobile, pendant que toutes les autres étoiles se meuvent autour d’elle. »
II.2. Le Maître dit : « Les Odes sont au nombre de trois cents. Un seul mot les résume toutes : penser sans dévier. »
II.3. Le Maître dit : « Si le prince conduit le peuple au moyen des lois et le retient dans l’unité au moyen des châtiments, le peuple s’abstient de mal faire ; mais il ne connaît aucune honte. Si le prince dirige le peuple par la Vertu et fait régner l’union grâce aux rites, le peuple a honte de mal faire, et devient vertueux. »
II.4. Le Maître dit : « À quinze ans, ma volonté était tendue vers l’étude ; à trente ans, je m’y perfectionnais ; à quarante ans, je n’éprouvais plus d’incertitudes ; à cinquante ans, je connaissais le décret céleste ; à soixante ans, je comprenais, sans avoir besoin d’y réfléchir, tout ce que mon oreille entendait ; à soixante-dix ans, en suivant les désirs de mon cœur, je ne transgressais aucune règle. »
II.5. Meng I tzeu ayant interrogé sur la piété filiale, le Maître répondit : « Elle consiste à ne pas contrevenir. »
Ensuite, alors que Fan Tch’eu [4]conduisait le char de Confucius, ce dernier lui dit : « Meng I tzeu m’a interrogé sur la piété filiale ; je lui ai répondu qu’elle consiste à ne pas contrevenir. » Fan Tch’eu dit : « Quel est le sens de cette réponse ? » Confucius répondit : « Un fils doit aider ses parents durant leur vie selon les rites, leur faire des obsèques et des offrandes après leur mort selon les rites. »
II.6. Meng Ou pe, ayant interrogé le Maître sur la piété filiale, reçut cette réponse : « Les parents craignent par-dessus tout que leur fils ne soit malade. »
Un bon fils partage cette sollicitude de ses parents, et se conforme à leurs sentiments. Il ne néglige rien de tout ce qui sert à la conservation de sa personne.
II.7. Tzeu iou ayant interrogé Confucius sur la piété filiale, le Maître répondit : « La piété filiale qu’on pratique maintenant ne consiste qu’à fournir les parents du nécessaire. Or les animaux, tels que les chiens et les chevaux, reçoivent aussi des hommes ce qui leur est nécessaire. Si ce que l’on fait pour les parents n’est pas accompagné de respect, quelle différence met-on entre eux et les animaux ? »
II.8. Tzeu hia l’ayant interrogé sur la piété filiale, le Maître répondit : « Il est difficile de tromper par un faux-semblant de piété filiale. Quand les parents ou les frères aînés ont beaucoup à faire, si les fils ou les frères puînés leur viennent en aide ; quand ceux-ci ont du vin et des vivres, et qu’ils les servent à leurs parents et à leurs aînés, est-ce suffisant pour qu’on loue leur piété filiale [5]? »
II.9. Le Maître dit : « Houei¹ écoute mes explications toute une journée sans m’adresser une objection ni une question, comme s’il était stupide. Quand il s’est retiré, et que j’examine sa conduite privée, je le vois capable de se révéler. Houei n’est pas stupide du tout ! »
II.10. Le Maître dit : « Si l’on considère pourquoi et comment un homme agit, si l’on examine ce qui l’apaise, pourra-t-il cacher ce qu’il est ? »
II.11. Le Maître dit : « Celui qui repasse dans son esprit ce qu’il sait déjà, et par ce moyen acquiert de nouvelles connaissances [6], pourra bientôt enseigner les autres. »
II.12. Le Maître dit : « L’homme honorable n’est pas un vase [7]»
II.13. Tzeu koung ayant demandé ce que doit faire un homme honorable, le Maître répondit : « L’homme honorable commence par appliquer ce qu’il veut enseigner ; ensuite il enseigne. »
II.14. Le Maître dit : « L’homme honorable aime tous les hommes et n’a de partialité pour personne. L’homme de peu est partial et n’aime pas tous les hommes. »
II.15. Le Maître dit : « Étudier sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans étudier est dangereux. »
II.16. Le Maître dit : « Entrer en lutte avec le parti opposé, c’est nuisible. »
II.17. Le Maître dit : « Iou [8], veux-tu que je t’enseigne le moyen d’arriver à la connaissance ? Ce qu’on sait, savoir qu’on le sait ; ce qu’on ne sait pas, savoir qu’on ne le sait pas : c’est savoir véritablement. »
II.18. Tzeu tchang étudiait en vue d’obtenir une charge avec des appointements. Le Maître lui dit : « Après avoir entendu dire beaucoup de choses, laisse de côté celles qui sont douteuses, dis les autres avec circonspection, et tu ne t’en blâmeras pas. Après avoir beaucoup vu, laisse ce qui serait dangereux, et fais le reste avec précaution ; tu auras rarement à te repentir. Si tes paroles t’attirent peu de blâme et tes actions peu de repentir, les appointements viendront d’eux-mêmes. »
II.19. Ngai, prince de Lou¹, dit à Confucius : « Que doit faire un prince pour que le peuple soit content ? » Maître K’ong répondit : « Si le prince élève aux charges les hommes vertueux et écarte tous les hommes vicieux, le peuple le soutiendra ; si le prince élève aux charges les hommes vicieux et écarte les hommes vertueux, le peuple ne se soumettra pas. »
II.20. Ki K’ang tzeu [9]dit : « Que faut-il faire pour que le peuple respecte son prince, lui soit fidèle et loyal ? » Le Maître répondit : « Que le prince montre de la dignité, et il sera respecté ; qu’il honore ses parents et soit bon envers ses sujets, et ses sujets lui seront fidèles ; qu’il élève aux charges les hommes de mérite et forme les incompétents, et il excitera le peuple à cultiver la vertu. »
II.21. Quelqu’un dit à Confucius : « Maître, pourquoi ne prenez-vous aucune part au gouvernement ? » Maître K’ong répondit : « Le Livre des Documents¹ ne dit-il pas, en parlant de la piété filiale : “Respectueux envers vos parents et bienveillants envers vos frères, vous ferez fleurir ces vertus partout sous votre gouvernement ?” Faire régner la vertu dans sa famille par son exemple, c’est aussi gouverner. Remplir une charge, est-ce la seule manière de prendre part au gouvernement ? »
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