La s éance étant levée et les membres fonctionnaires élus pour le se-mestre qui vient, on a fermé la Société pour un mois et demi. Gneditsch, Gretsch, Borotynsky, Glinka, Delwig, Lobanoff et moi, nous sommes allés prendre le thé chez Bulgarine. La réunion a été extrèmement animée, on cau-sait, on racontait des anecdotes etc. Gnéditsch m’a demandé si je n’ai pas dîné ce jour-ci chez Md. sa tante? Je lui ai dit que non. — II y a eu pourtant un dîner invité. — J’étais sûr d’avance que je n’y serais pas invité. — Pour-quoi? — Madame est fâchée contre moi. — Elle s’apaisera avec le temps; cela ne dure pas longtemps chez elle. J’en conviens; mais j’ai aussi mes raisons pour y aller le plus rarement possible.
Lobanoff a été à ce dîner. Il m’a dit qu’il n’y a eu que lui et sa femme et le gros Krylo ff.
Tout le monde étant parti, nous sommes restés à trois:
Bulgarine, Glinka et moi. Je leur ai lu mes stances à la Liberté, ils les ont trouvé bons, mais ils m’ont conseillé de ne les donner à personae.
Je suis rentr é après deux heures.
* * *
Non! je ne pourrai pas venir demeurer chez elle. Je dois partir au-jourd ’hui à la campagne. Il y a une lettre qui m’inquiète beaucoup et qu’on a reçu de Twer adressée à la Princesse Barbe; la main qui a mis l’adresse m’est inconnue. Je serai au désespoir si elle dit des nouvelles fâcheuses d’Alexis ou de son aimable épouse; ils sont au voyage et il y a si longtemps qu’on n’en a reçu aucune nouvelle, et elle surtout qui est enceinte! S’il arrive quelque mal-heur, adieu mon pauvre Alexis! je devrai pleurer une double perte de deux êtres qui m’étaient si chers dans la vie.
A 11 heures du soir. A la campagne.
J ’ai été dans des angoisses mortelles. Heureusement que ce n’est qu’une lettre de Mr Ossipoff, comme je l’ai su de la Princesse Barbe elle-même. Je ne sais qui aurait pu prendre plus d’intérêt à ses amis, à des personnes qu’il chéris, comme je le fais. Mon cœur était oppressé d’un poids énorme, et je n’ai repris ma gaîeté qu’après la connaissance de la chose. Je n’ai pas pourtant quitté la ville sans avoir vu le colonel Noroff: je l’ai trouvé écrivant en italien une lettre à sa sœur. J’ai causé avec lui plus de deux heures. Nous nous som-mes arrangés pour aller jeudi chez Md Panaïeff; je ne sais si cela aura lieu.
En arrivant ici, nous avons été tout de suite au carrousel. Le Prince me-nait sur la calèche tantôt la Psse Natalie, tantôt Md Golovine. Il n’y a eu d’abord d’étrangers que Fabre et un autre français nouvellement débarqué, et un Anglais de la société de Mylady Chagot auquel j’ai donné l e sobriquet de Nonchalent noir , car il en a bien l’air avec sa mine niaise et son habit noir de pied en chef. Un moment après, nous avons vu caracoler une cavalcade. C’était le Comte Chernyscheff avec les deux Konownitzin, Simoni, un <���нрзб.> et deux palefr eniers. Le Prince les a invité d’entrer dans la lice. Le Comte lui seul a fait les prix de la bague, de la balle, de l’épée et de l’étendard, mais il n’a pas pu se résoudre au prix du pistolet à cause de son cheval ombrageux. Il a fait manœuvrer son cheval de toutes les manières. C’est un joli cavalier que ce petit comte; il n’est pas moins habile à monter que son écuyer même. Ce soir j’ai joué au billard avec Kürchner.
Нет! я не смогу остаться с ней. Я должен сегодня же уехать на дачу. Меня очень беспокоит письмо из Твери, адресованное княжне Варваре и надписанное незнакомой для меня рукой. Я был бы в отчаянии, если бы в нем сообщались дурные новости об Алексее и его милой супруге; они путешествуют, и уже так давно от них нет никаких известий, тем более, что она еще и в положении. Если случится несчастье, прощай, мой бедный Алексей. Я должен буду оплакать двойную потерю людей, которые так дороги мне были в жизни.
11 часов вечера. На даче.
Я был в смертельном страхе. По счастью, это всего лишь письмо от г-на Осипова, как мне сообщила об этом сама княжна Варвара. Я не знаю, кто мог бы более, чем я, интересоваться своими друзьями, теми, кто ему дорог. Мне было так тяжело на сердце, я смог вновь обрести веселость, лишь когда узнал, в чем дело. Тем не менее я не уехал из города, не повидав полковника Норова; я застал его за письмом, которое он писал на итальянском языке своей сестре. Мы проговорили с ним более двух часов и договорились в четверг пойти к г-же Панаевой: не знаю только, удастся ли это сделать.
Приехав сюда, мы тотчас же отправились на карусель [336]. Князь катался в экипаже то с княжной Натали, то с г-жой Головиной. Из иностранцев сперва были лишь Фабр и другой француз, недавно прибывший сюда, а также англичанин из общества миледи Шаго, которого я прозвал Черной беспечностью из-за его простоватого выражения лица и черного одеяния с головы до ног. Через некоторое время мы увидели гарцующую кавалькаду. Это были граф Чернышев с двумя Коновницынами, Симони и двумя конюхами. Князь пригласил их принять участие в состязании. Граф сам сорвал все призы: в колечной игре, в состязании с мячом, шпагой и штандартом. Но он не решился на состязание с пистолетом из-за своей пугливой лошади. Этот малютка граф — прекрасный наездник. Он ездит верхом не хуже своего берейтора. Вечером я играл на бильярде с Кюрхнером.
Се 15 Juin 1821.
La premi ère nuit que j’ai passée à la campagne a été fort agréable. Hier je suis arrivé ici vers 9 heures avec Princesses. En passant près de la porte d’Yakowleff, j’ai fait arrêter la voiture et je suis entré un instant chez lui pour m’excuser de ce que je n’ai pas pu l’attendre dans la journée. J’ai demandé de nouvelles de M-me P… ff. Pas un souffle de vie: il semble qu’on veut nous oub-lier tous les deux. Il est vrai que ma lettre a été un peu dure — mais j’étais outré par l’injustice qu’on m’avait faite. Pouvait-on penser que je me fusse ja-mais permis une action reprochable et m’en écrire sur le ton que si c’était la vérité déjà prononcée? Et qu’ai-je besoin de lire ces maudits chiffons de pa-piers? De quel intérêt sont-ils pour moi?
En arrivant nous avons de faire un tour dans la campagne. Madame Go-lowine m ’a reçu avec son amabilité accoutumée. Peu d’instants après les deux princesses sont venues. Nous avons été tous ensemble faire encore un tour jus-qu’à grand canal. J’ai fait à M-me Golowine des compliments de la part des jeunes Dournoff, et elle n’a pas manqué de me demander des nouvelles de M-me Ponomareff. Il y entrait un peu de malice. Je lui ai dit simplement qu’il y a plusieurs jours que je l’aie vue et que je ne comptais pas la revoir de sitôt. Elle m’a fait comprendre que ces disputes ne font que resserer les liens qui nous attachent à l’objet aimé, с ’est de quoi je douta fort, connaissant mieux mon ca-ractère.
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