Anatole France - Les Dieux ont soif
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La citoyenne Gamelin mit la soupe sur la table, dit le Benedicite , fit asseoir son fils et son hôte, et commença de manger debout, refusant la place que le citoyen Brotteaux lui offrait à côté de lui, car elle savait, disait-elle, à quoi la politesse l'obligeait.
VI
Dix heures du matin. Pas un souffle d'air. C'était le mois de juillet le plus chaud qu'on eût connu. Dans l'étroite rue de Jérusalem, une centaine de citoyens de la section faisaient la queue à la porte du boulanger, sous la surveillance de quatre gardes nationaux qui, l'arme au repos, fumaient leur pipe.
La Convention nationale avait décrété le maximum : aussitôt grains, farine avaient disparu. Comme les Israélites au désert, les Parisiens se levaient avant le jour s'ils voulaient manger. Tous ces gens, serrés les uns contre les autres, hommes, femmes, enfants, sous un ciel de plomb fondu, qui chauffait les pourritures des ruisseaux et exaltait les odeurs de sueur et de crasse, se bousculaient, s'interpellaient, se regardaient avec tous les sentiments que les êtres humains peuvent éprouver les uns pour les autres, antipathie, dégoût, intérêt, désir, indifférence. On avait appris, par une expérience douloureuse, qu'il n'y avait pas de pain pour tout le monde: aussi les derniers venus cherchaient-ils à se glisser en avant; ceux qui perdaient du terrain se plaignaient et s'irritaient et invoquaient vainement leur droit méprisé. Les femmes jouaient avec rage des coudes et des reins pour conserver leur place ou en gagner une meilleure. Si la presse devenait plus étouffante, des cris s'élevaient: "Ne poussez pas!" Et chacun protestait, se disant poussé soi-même.
Pour éviter ces désordres quotidiens, les commissaires délégués par la section avaient imaginé d'attacher à la porte du boulanger une corde que chacun tenait à son rang; mais les mains trop rapprochées se rencontraient sur la corde et entraient en lutte. Celui qui la quittait ne parvenait point à la reprendre. Les mécontents ou les plaisants la coupaient, et il avait fallu y renoncer.
Dans cette queue, on suffoquait, on croyait mourir, on faisait des plaisanteries, on lançait des propos grivois, on jetait des invectives aux aristocrates et aux fédéralistes, auteurs de tout le mal. Quand un chien passait, des plaisants l'appelaient Pitt. Parfois retentissait un large soufflet, appliqué par la main d'une citoyenne sur la joue d'un insolent, tandis que, pressée par son voisin, une jeune servante, les yeux mi-clos et la bouche entrouverte, soupirait mollement. A toute parole, à tout geste, à toute attitude propre à mettre en éveil l'humeur grivoise des aimables Français, un groupe de jeunes libertins entonnait le Ça ira , malgré les protestations d'un vieux jacobin, indigné que l'on compromît en de sales équivoques un refrain qui exprimait la foi républicaine dans un avenir de justice et de bonheur.
Son échelle sous le bras, un afficheur vint coller sur un mur, en face de la boulangerie, un avis de la Commune rationnant la viande de boucherie. Des passants s'arrêtaient pour lire la feuille encore toute gluante. Une marchande de choux, qui cheminait sa hotte sur le dos, se mit à dire de sa grosse voix cassée:
"Ils sont partis, les beaux bœufs! ratissons-nous les boyaux."
Tout à coup une telle bouffée de puanteur ardente monta d'un égout, que plusieurs furent pris de nausées; une femme se trouva mal et fut remise évanouie à deux gardes nationaux qui la portèrent à quelques pas de là, sous une pompe. On se bouchait le nez; une rumeur grondait; des paroles s'échangeaient, pleines d'angoisse et d'épouvante. On se demandait si c'était quelque animal enterré là, ou bien un poison mis par malveillance, ou plutôt un massacré de Septembre, noble ou prêtre, oublié dans une cave du voisinage.
"On en a donc mis là?
–On en a mis partout!
–Ce doit être un de ceux du Châtelet. Le 2, j'en ai vu trois cents en tas sur le Pont au Change."
Les Parisiens craignaient la vengeance de ces ci-devant qui, morts, les empoisonnaient.
Évariste Gamelin vint prendre la queue: il avait voulu éviter à sa vieille mère les fatigues d'une longue station. Son voisin, le citoyen Brotteaux, l'accompagnait, calme, souriant, son Lucrèce dans la poche béante de sa redingote puce.
Le bon vieillard vanta cette scène comme une bambochade digne du pinceau d'un moderne Téniers.
"Ces portefaix et ces commères, dit-il, sont plus plaisants que les Grecs et les Romains si chers aujourd'hui à nos peintres. Pour moi, j'ai toujours goûté la manière flamande."
Ce qu'il ne rappelait point, par sagesse et bon goût, c'est qu'il avait possédé une galerie de tableaux hollandais que le seul cabinet de M. de Choiseul égalait pour le nombre et le choix des peintures.
"Il n'y a de beau que l'antique, répondit le peintre, et ce qui en est inspiré: mais je vous accorde que les bambochades de Téniers, de Steen ou d'Ostade valent mieux que les fanfreluches de Watteau, de Boucher ou de Van Loo: l'humanité y est enlaidie, mais non point avilie comme par un Baudouin ou un Fragonard."
Un aboyeur passa, criant:
" Le Bulletin du Tribunal révolutionnaire! … la liste des condamnés!
–Ce n'est point assez d'un tribunal révolutionnaire, dit Gamelin. Il en faut un dans chaque ville… Que dis-je? dans chaque commune, dans chaque canton. Il faut que tous les pères de famille, que tous les citoyens s'érigent en juges. Quand la nation se trouve sous le canon des ennemis et sous le poignard des traîtres, l'indulgence est parricide. Quoi! Lyon, Marseille, Bordeaux insurgées, la Corse révoltée, la Vendée en feu, Mayence et Valenciennes tombées au pouvoir de la coalition, la trahison dans les campagnes, dans les villes, dans les camps, la trahison siégeant sur les bancs de la Convention nationale, la trahison assise, une carte à la main, dans les conseils de guerre de nos généraux!.. Que la guillotine sauve la patrie!
–Je n'ai pas d'objection essentielle à faire contre la guillotine, répliqua le vieux Brotteaux. La nature, ma seule maîtresse et ma seule institutrice, ne m'avertit en effet d'aucune manière que la vie d'un homme ait quelque prix; elle enseigne au contraire, de toutes sortes de manières, qu'elle n'en a aucun. L'unique fin des êtres semble de devenir la pâture d'autres êtres destinés à la même fin. Le meurtre est de droit naturel: en conséquence la peine de mort est légitime, à la condition qu'on ne l'exerce ni par vertu ni par justice, mais par nécessité ou pour en tirer quelque profit. Cependant il faut que j'aie des instincts pervers, car je répugne à voir couler le sang, et c'est une dépravation que toute ma philosophie n'est pas encore parvenue à corriger.
–Les républicains, reprit Évariste, sont humains et sensibles. Il n'y a que les despotes qui soutiennent que la peine de mort est un attribut nécessaire de l'autorité. Le peuple souverain l'abolira un jour. Robespierre l'a combattue, et avec lui tous les patriotes; la loi qui la supprime ne saurait être trop tôt promulguée. Mais elle ne devra être appliquée que lorsque le dernier ennemi de la République aura péri sous le glaive de la loi."
Gamelin et Brotteaux avaient maintenant derrière eux des retardataires, et parmi ceux-là plusieurs femmes de la section; entre autres une belle grande tricoteuse, en fanchon et en sabots, portant un sabre en bandoulière, une jolie fille blonde, ébouriffée, dont le fichu était très chiffonné, et une jeune mère qui, maigre et pâle, donnait le sein à un enfant malingre.
L'enfant, qui ne trouvait plus de lait, criait, mais ses cris étaient faibles et les sanglots l'étouffaient. Pitoyablement petit, le teint blême et brouillé, les yeux enflammés, sa mère le contemplait avec une sollicitude douloureuse.
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