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Isaac Asimov: Terre et Fondation

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Isaac Asimov Terre et Fondation

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Mission surhumaine pour Golan Trevize : choisir le meilleur avenir pour l’humanité.Un avenir qui ne recréera pas les erreursde l’Empire galactique,entre le matérialisme de la Première Fondationet le mentalisme de la Seconde. Un avenir qui a pour modèle Gaïa, la planète pensante, et pour nom : Galaxia. Trevize a choisi mais il voudrait savoir pourquoi. Et la réponse à ses interrogations se trouve sur la Terre. Mais où la trouver, cette planète des origines, mystérieusement disparuede toutes les archives galactiques ? Trevize et ses deux compagnons, l’historien Pelorat et Joie, la belle Gaïenne, deviennent, bien malgré eux, trois personnagesen quête de Terre... Une quête qui va les mener de planète en planètejusqu’à ce but mythique, jusqu’à la révélation finale, qui leur fera découvrir que l’aventurene fait que commencer.

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— Cacher ?

— Ou pourquoi on la cache. Une fois que je l’aurai trouvé, j’ai le sentiment que je pourrai savoir pourquoi j’ai choisi Gaïa et Galaxia de préférence à notre individualité. Alors, je présume, j’aurai la certitude raisonnée, et pas seulement l’impression, d’avoir eu raison… et si j’ai eu raison » il haussa les épaules, désespéré « eh bien, à Dieu vat.

— Si vous avez le sentiment qu’il en est ainsi, reprit Dom, et si vous sentez qu’il vous faut partir en quête de la Terre, alors, bien entendu, nous vous aiderons de notre mieux dans cette tâche. Cette aide, toutefois, est limitée. Par exemple, je/nous/Gaïa ignorons où peut se trouver la Terre dans le désert immense des mondes qui composent la Galaxie.

— Même ainsi, dit Trevize, je dois chercher… Même si l’infini poudroiement d’étoiles de la Galaxie semble rendre vaine ma quête, et même si je dois l’entreprendre seul. »

2.

Les preuves de la domestication de Gaïa entouraient Trevize de toutes parts. La température, comme toujours, était confortable, et la brise soufflait agréablement, rafraîchissante sans être froide. Des nuages dérivaient dans le ciel, interrompant parfois les rayons du soleil et, si d’aventure le degré hygrométrique venait à chuter ici ou là, nul doute qu’il y aurait assez de pluie pour le restaurer.

Les arbres croissaient à intervalles réguliers, comme dans un verger, et il en allait évidemment ainsi dans le monde entier. Les règnes animal et végétal peuplaient terre et mer en nombre suffisant, tant en quantité qu’en variété, pour fournir un équilibre écologique convenable et toutes ces populations, assurément, s’accroissaient et décroissaient en lentes oscillations autour de l’optimum reconnu. Et il en était de même pour la population humaine.

De tous les objets présents dans son champ visuel, le seul élément aberrant était son vaisseau, le Far Star .

L’astronef avait été nettoyé et remis à neuf avec efficacité et à-propos grâce à l’aide d’une quantité de composants humains de Gaïa. Il avait été réapprovisionné en boisson et nourriture, son mobilier avait été rénové ou remplacé, ses pièces mécaniques révisées, Trevize avait personnellement vérifié avec soin le fonctionnement de l’ordinateur de bord.

L’astronef n’avait pas non plus besoin d’être réapprovisionné en carburant car il était l’un des rares vaisseaux gravitiques de la Fondation, tirant son énergie du champ de gravité général de la Galaxie, qui aurait suffi à alimenter toutes les flottes possibles de l’humanité dans les siècles des siècles de leur existence probable sans la moindre diminution d’intensité notable.

Trois mois plus tôt, Trevize avait été conseiller de Terminus. Il avait, en d’autres termes, été membre de la législature de la Fondation et, ex officio , un haut dignitaire de la Galaxie. Était-ce seulement trois mois ? Il lui semblait que la moitié de ses trente-deux ans d’âge s’étaient écoulés depuis l’époque où il était en poste et que sa seule préoccupation était de savoir si le grand Plan Seldon avait été valide ou non, si la croissance régulière de la Fondation, du village planétaire à la grandeur galactique, avait été ou non correctement prévue à l’avance.

Pourtant, par certains côtés, il n’y avait aucun changement. Il était encore et toujours conseiller. Son statut et ses privilèges demeuraient inchangés, sauf qu’il ne comptait plus retourner à Terminus revendiquer ce statut et ces privilèges. Il ne s’intégrerait pas mieux dans l’immense chaos de la Fondation que dans le petit monde bien ordonné de Gaïa. Il n’était chez lui nulle part, orphelin partout.

Sa mâchoire se crispa et il se passa furieusement les doigts dans sa chevelure brune. Avant de gâcher ainsi son temps à se lamenter sur son sort, il devait retrouver la Terre. S’il survivait à la quête, il aurait tout le loisir de s’asseoir et de pleurnicher. Et peut-être même alors de meilleures raisons pour le faire.

Puis, avec flegme et détermination, il se remémora…

Trois mois auparavant, accompagné de Janov Pelorat, ce lettré aussi capable que naïf, il avait quitté Terminus. Pelorat avait été mû par son enthousiasme de chercheur à dénicher le site d’une Terre depuis longtemps perdue, et Trevize lui avait emboîté le pas, utilisant le but de Pelorat comme couverture pour ce qu’il estimait être son véritable objectif. S’ils n’avaient pas découvert la Terre, ils avaient découvert Gaïa, et Trevize s’était retrouvé forcé de prendre sa fatidique décision.

Et à présent c’était lui, Trevize, qui avait fait volte-face – tourné casaque – pour se mettre en quête de la Terre.

Quant à Pelorat, il avait lui aussi rencontré quelque chose d’inattendu : il avait rencontré Joie, la jeune femme aux cheveux bruns, aux yeux noirs, qui était Gaïa, au même titre que l’était Dom – et le plus infime grain de sable ou brin d’herbe. Avec cette ardeur particulière à la fin de l’âge mûr, Pelorat était tombé amoureux d’une femme même pas de moitié plus jeune que lui et la jeune femme, assez bizarrement, semblait s’en satisfaire.

Cela paraissait bizarre – mais Pelorat était certainement heureux et Trevize se dit, avec résignation, que chaque homme ou femme devait trouver son bonheur à sa manière. C’était l’avantage de l’individualité – cette individualité que Trevize, de par son choix, allait abolir (le temps venu) dans toute la Galaxie.

La souffrance revint. Cette décision qu’il avait prise, qu’il devait prendre, continuait de le tourmenter à chaque instant et…

« Golan ! »

La voix vint le troubler dans ses pensées et il leva la tête vers le soleil, clignant les yeux.

« Ah ! Janov », dit-il chaleureusement – d’autant plus qu’il n’avait pas envie que Pelorat devinât l’amertume de ses pensées. Il parvint même à lancer un jovial : « Je vois que vous avez réussi à vous arracher à l’étreinte de Joie… »

Pelorat hocha la tête. La douce brise ébouriffait ses cheveux blancs soyeux et son long visage solennel ne s’était en rien départi de sa longueur et de sa solennité. « A vrai dire, mon bon, c’est elle qui m’a suggéré de venir vous voir pour… pour ce que j’ai à vous exposer. Non que je n’aurais pas moi-même désiré vous voir, bien entendu, mais j’ai l’impression qu’elle pense plus vite que moi. »

Trevize sourit. « Ça va bien, Janov. Vous êtes venu me dire adieu, je suppose.

— Eh bien, non, pas exactement. En fait, ce serait plutôt l’inverse. Golan, quand nous avons quitté Terminus, vous et moi, j’avais la ferme intention de trouver la Terre. J’ai passé virtuellement toute ma vie d’adulte à cette tâche.

— Et je m’en vais la poursuivre, Janov. La mission m’incombe, désormais.

— Oui, mais c’est également la mienne ; encore la mienne.

— Mais… » Trevize leva un bras dans un vague mouvement incluant l’ensemble du monde qui les entourait.

Pelorat dit, dans un halètement soudain : « Je veux venir avec vous. »

Trevize se sentit abasourdi. « Vous ne parlez pas sérieusement, Janov. Vous avez Gaïa à présent.

— Je reviendrai bien un jour à Gaïa mais je ne peux pas vous laisser partir seul.

— Certes si. Je suis capable de me débrouiller tout seul.

— Soit dit sans vouloir vous vexer, Golan, mais vous n’en savez pas encore assez. C’est moi qui connais les mythes et légendes. Je peux vous guider.

— Et vous laisseriez Joie ? Allons donc. »

Une légère rougeur colora les joues de Pelorat. « Ce n’est pas exactement ce que je désire faire, vieux compagnon, mais elle a dit… »

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