Robert Sawyer - Expérience terminale

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Expérience terminale: краткое содержание, описание и аннотация

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Grâce à son prototype de super-EEG, Peter Hobson croyait parvenir à une définition la plus précise de la mort clinique. Il a découvert mieux que cela : la preuve de l’existence de l’âme. Du jour au lendemain, Peter devient un homme célèbre que les médias s’arrachent. Partout, on lui pose la même question : « C’est comment, l’au-delà ? » Afin d’y répondre, Peter va créer — avec l’aide de son ami Sarkar — trois clones de son cerveau isolés dans la mémoire d’un ordinateur. L’un, Esprit, simulera la vie après la mort. Le deuxième, Ambrotos, l’immortalité physique. Le dernier, non modifié, servira de témoin à l’expérience.
Mais l’un des doubles se mêle de jouer les justiciers pour le vrai Peter Hoson. Et pour ça, il ne recule devant aucun moyen… pas même un meurtre. Pour les deux apprentis sorciers, c’est le début d’une traque angoissée dans le dédale de l’Internet, sur la piste d’un criminel d’autant plus insaisissable qu’il est virtuel…

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Peter a trouvé ce qu’il cherchait : le signe irréfutable qu’un patient n’est plus qu’un tas de viande bon à être débité. Un marqueur… Ce n’est pas le terme adéquat ; il le sait mais préfère ne pas y penser.

Pourtant, le phénomène qu’il a enregistré n’est rien de moins que l’envol de l’âme de Peggy Fennell.

Peter savait que Sarkar rappliquerait sur-le-champ s’il le lui demandait. Il a le plus grand mal à contenir son excitation en attendant son ami. Quand celui-ci arrive enfin, il l’entraîne dans son bureau et lui passe l’enregistrement de la mort de Peggy Fennell en retenant mal un sourire triomphant.

— Tu as truqué l’image, accuse Sarkar.

— Pas du tout.

— Allons donc !

— Je te le jure.

— Tu peux me repasser la fin au ralenti ?

Peter enfonce une touche du clavier.

— Subhanallah ! s’exclame Sarkar. C’est incroyable.

— N’est-ce pas ?

— Tu sais ce que c’était, pas vrai ? C’était tout bonnement son nafs – son âme – qui quittait son corps.

Peter s’insurge contre cette idée avec une vigueur qui ne laisse pas de l’étonner.

— Je me doutais que tu allais dire ça !

— Que veux-tu que ce soit d’autre ?

— Je n’en sais rien.

— Ce ne peut être que ça. En as-tu parlé à quelqu’un avant moi ?

— Non.

— Comment annoncer un truc aussi pointu ? Par le biais d’une revue médicale ? Ou doit-on convoquer la presse ?

— Je l’ignore. Je n’ai pas encore eu le temps d’y réfléchir. Je pencherais plutôt pour une conférence de presse.

— Rappelle-toi Fleschmann et Pons, l’avertit Sarkar.

— La fission à froid ? Ils ont voulu frapper un grand coup et n’y ont récolté que des tomates. D’abord, je vais me procurer d’autres renseignements et m’assurer que ça a lieu dans tous les cas. Mais je ne peux pas attendre éternellement, au risque de me faire coiffer au poteau.

— Et les brevets ?

— J’y ai pensé. Pas question de divulguer ma découverte avant de l’avoir dûment protégée.

— Attends-toi que ça fasse du bruit. Ce que tu apportes là, c’est ni plus ni moins la preuve de l’existence d’un au-delà.

— Pour le coup, tu exagères ! proteste Peter. Tout ce que montre l’enregistrement, c’est qu’un faible champ électrique quitte le corps au moment de la mort. Rien ne prouve qu’il soit conscient ou vivant.

— Le Coran dit…

— Le Coran et la Bible n’ont rien à voir là-dedans. Tout ce qu’on sait, c’est qu’un champ d’énergie cohérent survit à la mort corporelle. On ignore durant combien de temps ou s’il contient des informations. Pour le moment, toute autre interprétation ne relève que de l’élucubration.

— Ne sois pas si obtus. C’est une âme, Peter… Tu le sais pertinemment.

— Je refuse d’utiliser ce terme.

— Fort bien, donne-lui le nom que tu voudras – pourquoi pas Casper le fantôme ? Pour ma part, j’opterais pour « l’onde vitale ». Mais tu sais aussi bien que moi que les gens y verront la preuve d’une vie après la mort. Le monde va en être chamboulé, reprend Sarkar en regardant son ami au fond des yeux.

Peter se tait. Que pourrait-il ajouter ?

11

Septembre 2011

Peter n’avait pas revu Colin Godoyo depuis des mois – depuis la conférence sur la nanotechnologie, pour être précis. Ils n’ont jamais été intimes mais quand Colin l’a appelé au bureau pour le prier de déjeuner avec lui, il a tellement insisté que Peter a accepté. De toute manière, il n’est pas question qu’ils s’éternisent à table, Peter ayant rendez-vous avec un gros client américain à 14 heures.

Ils se retrouvent dans un petit restaurant de Sheppard Avenue que Peter aime bien car le filet de dinde des sandwiches y est tranché à la main – et non à la machine – et le pain grillé sur une plaque, comme en témoignent ses stries brunâtres. Peter s’étonne toujours d’être traité en vieil habitué dans la plupart des restaurants qu’il fréquente, même si ce n’est qu’une ou deux fois par mois. Le serveur note la commande de Colin (un whisky-soda) puis celle de Peter, en devançant ses désirs (« Un Coca allégé avec du citron ? »). Sitôt qu’il s’est éloigné, Peter se tourne vers Colin.

— Quoi de neuf ?

Il lui semble que Colin a un peu blanchi, même s’il n’a rien perdu de sa superbe. Également, son regard a quelque chose de saccadé.

— Je suppose que tu es au courant, pour Naomi et moi ?

Peter secoue la tête.

— Au courant de quoi ?

— De notre séparation.

— Oh ! Navré.

— C’est à cette occasion que je me suis aperçu que la plupart de nos amis étaient en fait les siens.

Le serveur revient avec les boissons qu’il dispose sur des napperons avant de repartir.

— Je te remercie d’avoir accepté mon invitation.

— C’est tout naturel, proteste Peter, mal à l’aise.

Qu’est-il censé faire maintenant ? Presser Colin de questions ? Pour sa part, Peter se laisse rarement aller aux confidences et, à vrai dire, il n’aime guère évoquer les questions d’ordre privé.

— Je suis vraiment désolé, pour vous deux.

Il allait embrayer sur un autre cliché – « Vous aviez l’air si heureux » – mais l’expérience lui a appris à ne pas se fier aux apparences.

— Ça faisait un bout de temps que ça n’allait plus très fort entre nous, avoue Colin.

Peter presse sa rondelle de citron dans son Coca.

— On n’était plus vraiment sur la même longueur d’onde.

Lui aussi collectionne les clichés, apparemment.

— On ne se parlait plus.

— La vie vous a éloignés l’un de l’autre, constate Peter.

Ce n’était pas une question – il n’a pas l’intention de jouer les confesseurs.

— C’est ça, acquiesce Colin.

Il s’enfile une gorgée de whisky puis ferme à demi les yeux, comme s’il y puisait un plaisir masochiste.

— Cela faisait longtemps que vous étiez ensemble, dit Peter d’un ton aussi neutre que possible.

— Onze ans, si tu comptes le temps qu’on a vécu ensemble avant d’être mariés, répond Colin en serrant son verre entre ses mains.

Peter se demande lequel des deux a rompu. Mais cela ne me regarde pas, ajoute-t-il aussitôt.

— Onze ans, ça fait un bail, reprend-il à voix haute.

— Je… J’avais quelqu’un d’autre. Une femme, à Montréal. Je devais me rendre là-bas toutes les trois semaines, pour mon boulot.

— Oh ! s’exclame Peter.

C’est à croire que tout le monde baise hors mariage, de nos jours.

— Rien de sérieux, précise Colin avec un geste de dédain. C’était juste… un message à l’intention de Naomi. Un appel au secours, peut-être. Tu vois ce que je veux dire ?

Non, songe Peter. Non, je ne vois pas.

— Mais quand je lui ai tout avoué, elle est entrée en fureur, disant que c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase.

On dirait que tout le monde collectionne les clichés.

— Je ne voulais pas la blesser mais j’avais des besoins, tu comprends ? Je n’arrive pas à croire qu’elle m’ait quitté pour un truc pareil…

Le serveur revient, dépose un sandwich-club devant Peter et un plat de pâtes devant Colin.

— À ton avis ? demande Colin.

À mon avis, tu es un con… Le roi des cons, même.

— C’est vraiment pas de chance.

Ayant dit, Peter ôte les piques qui ferment son sandwich et répand de la mayonnaise sur la dinde. Colin devine qu’il est temps de changer de sujet.

— Mais, bref… Je ne t’ai pas fait venir pour te parler de moi. En fait, j’ai un conseil à te demander.

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