Gérard Villiers - Safari à La Paz

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Safari à La Paz: краткое содержание, описание и аннотация

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Malko était étroitement ligoté sur le lit à l’aide de sangles de toile et d’une sorte de camisole de force. Un appareil étrange était posé sur son visage; une espèce de cagoule de cuir souple, tenue par des lacets, couvrait son nez et sa bouche. Des trous minuscules permettaient à l’air de passer.Il respira profondément. Le picotement glacial et âcre de la cocaïne pénétra ses narines. On était en train de le droguer à mort. De le tuer scientifiquement.

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Quant à Klaus Heinkel, il devait dormir. Il n’avait jamais pu s’habituer à l’altitude et souffrait d’effroyables insomnies, dues au « sorotché », au mal des montagnes. Il ne s’endormait qu’à l’aube pour se réveiller à trois heures. Don Federico jura entre ses dents. Quel gâchis ! Une onde de fureur l’arracha de son fauteuil. En une enjambée, il fut contre la jeune femme.

Dans une seule de ses mains, il prit les deux poignets de Monica et la secoua comme un prunier.

— Imbécile ! Je vous avais dit de ne jamais vous montrer à l’extérieur.

Monica sanglota de plus belle.

— Je n’avais pas vu qu’il y avait quelqu’un, gémit-elle. Je n’en pouvais plus de rester enfermée. Laissez-moi.

Dans le mouvement qu’elle fit pour s’échapper de l’Allemand, elle prit appui contre lui, des cuisses, du ventre, de la poitrine. Une vague extraordinairement puissante de désir balaya Don Federico. Il lâcha les deux mains de la jeune femme et posa les siennes sur ses hanches, lui enserrant la taille.

Elle leva la tête, effrayée, et reçut le choc de ses yeux clairs, animés d’une expression qu’elle ne lui avait jamais vue : bestiale, avide et cruelle. Monica voulut se dégager. Jamais l’élégant Don Federico ne lui avait fait la moindre avance, jamais depuis qu’elle était à l’estancia, il n’avait eu le moindre geste équivoque. Elle réalisa brusquement qu’elle ne savait rien de lui. Et qu’il venait de tuer un homme sous ses yeux. Des deux mains, elle le repoussa.

— Laissez-moi.

Les mains ne lâchèrent pas prise. Au contraire. Elle se sentit plaquée contre le corps sec et dur du grand Allemand et mesura immédiatement l’effet qu’elle produisait sur lui. Elle en rougit, envahie soudain d’une langueur inattendue. Don Federico eut un sourire indéfinissable.

— C’est vrai ce que disait ce jeune imbécile, tu es très belle, Monica…

Jamais encore il ne l’avait tutoyée. Lâchant sa taille, il lui caressa la poitrine du bout des doigts à travers le tulle noir, avec une expression gourmande. Le caballero raffiné avait fait place à un mâle avide qui dominait Monica de vingt bons centimètres. En la maintenant contre le rebord du bureau, il lui meurtrissait les reins. La jeune femme essaya de reprendre son sang-froid et parvint à dire d’une voix presque calme :

— Laissez-moi, Don Federico, il faut faire quelque chose avec le corps de cet homme.

— Il peut attendre, fit froidement l’Allemand.

Plus il la maintenait contre lui, plus son désir grandissait. Célibataire, il avait parfois une brève aventure avec une strip-teaseuse du Maracaïbo, à La Paz, ou une putain de Lima. Rien de comparable avec la femme élégante qu’il tenait, belle, jeune et sensuelle…

Poussé par une impulsion irrésistible, Don Federico posa sa main gauche sur la jambe droite de Monica. Le contact du collant noir au bout de ses doigts l’électrisa.

Il remonta lentement, suivant la courbe de la cuisse, accrochant la robe au passage. La jeune femme eut un brusque sursaut quand les doigts l’effleurèrent à travers le léger nylon. Son éducation fut plus forte que sa sensualité : sa main droite partit et gifla l’Allemand.

— Schweinerei ! [3] Cochonnerie.

Don Federico la lâcha d’un coup. À toute volée, il la gifla deux fois, la laissant étourdie, assommée de douleur et de peur, des larmes pleins les yeux. Puis il lui serra la gorge d’une main.

— Si tu fais encore cela, gronda-t-il, je te tue comme l’autre.

La jeune femme hocha la tête, terrorisée. Jamais elle n’aurait cru que son hôte put se conduire ainsi avec elle. Klaus l’avait toujours présenté comme un de ses meilleurs amis. Et en même temps, elle dut s’avouer que s’il l’avait embrassée au lieu de la caresser comme un rustre, elle aurait fondu. Il avait une autre allure que Klaus…

À travers ses larmes, elle aperçut les yeux brillants et froids de Don Federico. Elle baissa son regard et resta interdite : tranquillement l’Allemand débouclait sa ceinture.

Son souffle était court et bruyant. Comme hypnotisée, elle sentit qu’il lâchait son cou. La main qui l’étranglait à demi remonta sous sa robe de dentelle, saisit son collant à la taille et tira vers le bas. Les doigts spatulés déchirèrent le nylon avec une espèce de rage. Les morceaux retombèrent grotesquement sur les chevilles de la jeune femme. Quand les doigts de l’Allemand touchèrent sa peau, elle frémit et frissonna de honte.

Ses démons habituels la paralysaient.

Quand Don Federico découvrit son ventre en relevant sa robe jusqu’à la taille, elle tenta un dernier effort pour s’enfuir. De nouveau, il lui tordit méchamment les poignets, approchant son visage du sien. La cicatrice le long de son nez ressemblait à un éclair démoniaque.

— Si tu cries, menaça l’Allemand, je vous jette dehors tous les deux.

Elle sentit qu’il disait la vérité. Résignée et docile, elle se laissa aller en arrière sur la dure arête du bureau. Le poids de Don Federico l’écrasa aussitôt. Pour un homme de soixante ans, il était encore remarquablement viril. Il la prit sans attendre, d’une seule poussée, avec un grognement de satisfaction. Elle poussa un léger cri, écorchée par cette blessure lancinante à laquelle son corps à elle ne répondait pas encore. Elle le subissait, les yeux fermés. Elle eut une pensée fugitive pour Klaus endormi au premier étage…

Don Federico la courba un peu plus, avec l’avidité et la vigueur d’un jeune étalon, sans souci de ses sensations à elle. Soudain, ce fut plus fort qu’elle. Une onde de chaleur partit de son cœur, se transforma en une pulsion saccadée et violente qui l’embrasa tout entière. Ses mains lâchèrent le bureau et montèrent vers la poitrine de l’homme, s’accrochant à la chemise. D’une voix presque inaudible, elle murmura :

— Doucement, doucement.

L’Allemand sembla ne pas entendre. Il glissa ses mains sous ses hanches et s’abattit sur elle, la martelant comme s’il avait voulu la broyer entre le bureau et lui.

Alors, brutalement, Monica Izquierdo ne fut plus qu’une bête déchaînée, hurlante et pleine de halètements.

Ses bras balayèrent le bureau, faisant tomber un encrier et des photos encadrées. Don Federico ne remarqua rien.

La porte du bureau s’ouvrit sans bruit sur le visage ridé d’une vieille chula attirée par le bruit. Son regard indifférent enregistra la scène et elle referma vivement la porte.

Don Federico cessa soudain de bouger. Il se redressa, s’arrachant de la jeune femme et demeura immobile, le souffle court, le cœur battant follement à cause de l’altitude, les yeux vides. Sans regarder Dona Izquierdo, il se rajusta avec des gestes d’automate. Lentement, la jeune femme se redressa à son tour. Juste au moment où on frappait à la porte du bureau.

Don Federico sursauta et demanda en allemand :

Was ist das ?

— Klaus.

Ein moment.

Le regard clair de l’Allemand photographia les débris de nylon noir, épars sur le tapis. Monica Izquierdo, les pommettes rouges, décoiffée, ses collants déchirés pendants sur ses chevilles, le bureau balayé comme par un ouragan. Et, près de la table basse, le cadavre de Jim Douglas et l’énorme tache de sang.

— Enlève tes collants, dit-il à voix basse à la jeune femme. Souviens-toi de ce qui arrivera si tu parles.

* * *

Klaus Heinkel ne vit d’abord que le cadavre étendu et le sang. Dona Izquierdo fumait nerveusement, les yeux brillants de larmes, appuyée au bureau. Le regard de Klaus passa distraitement sur elle et elle en ressentit une humiliation supplémentaire. Klaus avait tellement peur qu’il ne s’apercevait même pas de son état à elle.

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