Gérard de Villiers - Aventure en Sierra Léone

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Aventure en Sierra Léone: краткое содержание, описание и аннотация

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Tirant un gros pistolet de sa ceinture, le policier noir tendit le bras, visant soigneusement. Malko se souvint de ce qu’avait dit Jim Dexter. C’était un tireur d’élite. Le rétroviseur lui renvoya l’image du pistolet braqué sur lui. Une détonation claqua et il se dit qu’il allait mourir.

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La serveuse surgit avec l’addition. Jim Dexter prit dans son attaché-case un paquet de billets de quinze centimètres d’épaisseur et le posa sur la table, sans même compter. La Noire prit le paquet et en rendit une partie.

— Garde la monnaie, dit Jim Dexter.

La monnaie faisait bien quatre centimètres d’épaisseur. La Noire l’empocha, décochant à Malko un regard provocant de bonne salope tropicale. Visiblement fascinée par ses yeux dorés.

En se levant, il la frôla involontairement et sentit sous son gara le contour d’un sein ferme qui ne se déroba pas.

Come back soon ! lança-t-elle d’une voix pleine de langueur sexuelle.

Dehors, il faisait noir comme dans un four. Une file de voitures s’allongeait devant une station d’essence fermée.

— Ils attendent pour avoir de l’essence demain matin à l’ouverture à six heures, expliqua l’Américain. Le carburant c’est le gros problème.

Une oasis de lumière surgit soudain : six étages de néon ; la Barclay’s Bank. Le veau d’or était toujours debout. Jim Dexter précisa aussitôt.

— Il n’y a plus de billets dans les banques… On n’a droit de retirer que 700 leones par jour. Le prix d’un paquet de cigarettes…

— Pourquoi n’en font-ils pas imprimer ?

— Ils coûteraient plus cher que leur valeur. Et ils doivent de l’argent à l’imprimeur londonien. En plus, les Libanais trustent les billets de banque pour acheter les diamants en brousse, ils en consomment beaucoup.

Les feux follets des lampes-tempête se raréfièrent peu à peu, ils quittaient le centre pour regagner Aberdeen. Malko scrutait l’obscurité autour de lui. Que pouvait-il se tramer dans ce pays du bout du monde, dépourvu de tout, où se terrait une poignée de fanatiques Iraniens ? C’était évidemment une planque idéale au fond de l’Afrique de l’Ouest, avec cette logistique libanaise…

Après cette ville étrange, le Mammy Yoko , c’était la civilisation ! Trois putes fardées et habillées à l’européenne devisaient gentiment dans le hall. Elles suivirent Malko d’un long regard envieux. Les clients étaient rares pendant la saison des pluies… Il prit sa clef et allait monter quand il eut un petit choc au cœur. Derrière les putes, dans l’ombre, il avait aperçu le grand Noir de l’aéroport.

Il fumait, les yeux mi-clos, et fixait Malko. Sans se cacher ! Dès qu’il le vit se diriger vers l’ascenseur, il éteignit sa cigarette et s’éloigna vers la sortie. Donc c’était bien lui qu’il surveillait.

Pour le compte de qui ?

Chapitre III

Installée dans la guérite de la sentinelle à l’entrée de la résidence du Président Joseph Momoh, une femme noire allaitait son bébé avec un sein qui ressemblait à l’oreille d’un cocker géant. Un soldat arrêta la 505 louée par Malko le matin même pour laisser sortir une Mercedes blanche pleine d’enfants.

Équipés d’armes hétéroclites, des gardes bavardaient, assis dans le fossé.

Malko reprit la montée de Spur Road, une avenue bordée de villas reliant Lumley Beach au quartier résidentiel dominant Freetown ; jetant automatiquement un coup d’œil dans son rétroviseur.

L’apparition du policier noir, la veille à l’hôtel, lui avait laissé une impression de malaise, lui rappelant qu’il n’était pas armé. Son pistolet extra-plat était resté à Liezen, en raison des stricts contrôles dans les aéroports. Il faudrait que Jim Dexter l’équipe.

Les villas bordant Spur Road ne respiraient pas un luxe inouï, presque toutes surmontées de tôle ondulée, émergeant de jardins en friche, avec les gros bubons des climatiseurs sur des façades délavées. Mais à côté du centre, c’était Byzance.

De jour, Freetown semblait encore plus misérable avec ses vieilles maisons créoles en planches disjointes, les vérandas envahies par les herbes, les toits en tôle. Cela rappelait Port-au-Prince, la grande misère tropicale. En Sierra Leone, l’espérance de vie moyenne était de trente-quatre ans.

Les villas des Libanais firent place à d’étranges maisons anciennes en bois, juchées sur de hauts pilotis de ciment, vestiges de la colonisation britannique, mêlées aux villas modernes, toutes hérissées de gigantesques antennes radio.

Peu de voitures, mais des files de piétons ; des nuées de gosses portant d’énormes fagots de bois en équilibre sur la tête.

L’Afrique du siècle dernier…

La ville disparut, cachée par une colline boisée. La route serpentait entre deux murailles de jungle. Un kilomètre plus loin, Malko aperçut sur sa gauche ce qu’il cherchait l’ancien village construit pour le dernier sommet de l’OUA, en contrebas de la route. Des villas modernes louées depuis à des étrangers. Il tourna à gauche et tomba très vite sur un petit supermarché tout neuf. Trois lettres rouges s’étalaient sur la façade. AVI. Il se gara sur le parking et pénétra à l’intérieur. Pour un contact dont il n’avait pas parlé à Jim Dexter. Il lui avait été communiqué à Vienne, sur ordre du DDO avec instructions de le garder secret, même pour le chef de Station de Freetown.

Cela ressemblait à tous les supermarchés du monde. Quelques clients. Des caissiers noirs somnolaient devant leurs machines. Il stoppa près d’une rangée de saucissons suspendus à une étagère et regarda autour de lui. Un homme blond, très grand et légèrement voûté, vêtu d’une combinaison de toile, surgit de derrière un rayon, arborant un sourire très commercial.

— Bonjour. Vous voulez de la charcuterie ?

Il avait des yeux bleus étonnants, le front bas et un visage incroyablement mobile…

— Vous êtes Wael Afner ? demanda Malko.

Une lueur de surprise passa dans les yeux bleus, vite éteinte.

— Oui. Vous voulez me voir ?

— J’ai un message de Popeye.

Wael Afner ne broncha pas. Un couple s’approcha, et la femme se mit à tâter un saucisson.

— Venez dans mon bureau, je vais voir si j’ai ça dans mon prochain container, lança Afner.

Malko le suivit dans un minuscule bureau au fond où une femme brune faisait des comptes. D’un regard, le blond la chassa. Il referma la porte et serra longuement la main de Malko.

— Ata medaber ivrit ? [19] Vous parlez hébreu ? .

— Non.

Afner sourit.

— Tant pis. Ici, je n’ai pas beaucoup l’occasion de le parler. Comment va Popeye ? On m’a prévenu de votre visite.

Popeye était le nom de code de l’officier de liaison du Mossad avec la CIA à Washington.

— Je ne l’ai pas vu, dit Malko.

Il le regarda allumer une cigarette. Wael Afner était un officier du Mossad. L’antenne avancée des Services israéliens en Sierra Leone. Jim Dexter connaissait sa présence, mais n’était pas certain de son appartenance à la Centrale de Renseignement israélienne.

— Un J & B ? proposa-t-il.

— Merci, dit Malko. Plutôt un Pepsi. Vous n’avez pas de problèmes ici ?

L’israélien secoua la tête en souriant.

— Aucun, j’ai une associée de poids : la femme du Président Momoh. Grâce à elle, mes containers passent la douane sans problème. On leur a juré qu’on n’était pas des mercenaires et qu’on ne leur voulait pas de mal. Juste voir un peu ce qui se passait…

— Et vous avez vu ?

Les yeux bleus de l’israélien s’assombrirent.

— Oui. Ces enfoirés de Chiites libanais n’arrêtent pas de causer dans les radios. C’est codé, bien entendu, mais j’envoie les bandes à la « maison »…

— Et les Iraniens ?

— Ils font tout par courrier. Aucune liaison radio.

Il but un peu de son J & B. Malko attendait qu’il entre dans le vif du sujet. Israël avait toujours gardé un pied en Sierra Leone, grâce à l’amitié qui avait lié la présidente et Moshe Dayan.

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