Gérard de Villiers - Aventure en Sierra Léone

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Aventure en Sierra Léone: краткое содержание, описание и аннотация

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Tirant un gros pistolet de sa ceinture, le policier noir tendit le bras, visant soigneusement. Malko se souvint de ce qu’avait dit Jim Dexter. C’était un tireur d’élite. Le rétroviseur lui renvoya l’image du pistolet braqué sur lui. Une détonation claqua et il se dit qu’il allait mourir.

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— Tu as vu Charlie ce soir ? demanda Stanley Parker.

— Non. Tu veux dîner ?

— Non, plus tard. Si Charlie passe, tu lui dis de m’attendre, je reviens.

Elle cligna de l’œil, canaille.

— Coquin, va…

Stanley Parker avait déjà replongé dans la moiteur fétide de cette saison des pluies qui n’en finissait pas. L’estomac de plus en plus tordu par l’angoisse. Où aller ? Il poussa jusqu’à un bar voisin où Charlie s’arrêtait parfois.

Personne ! Il dut presque abandonner une manche de chemise à une pute togolaise qui insistait pour qu’on lui passe sur le corps. Il regarda sa montre. Dix heures. De plus en plus inquiétant. L’enseigne de La Canne à Sucre , le dancing « in » de Treichville, scintillait à côté. Il s’engagea dans l’escalier étroit, salué par un portier chauve et athlétique.

Charlie s’était peut-être réfugié là.

* * *

Un « groto [6] Abréviation de Gros Tonneau. Haut fonctionnaire ou homme d’affaires en argot ivoirien. », en tenue mao marron, presque de la couleur de sa peau, boudiné comme une réclame Michelin, les yeux noyés dans la graisse, ondulait avec une sage lenteur en bordure de piste, ses gros doigts incrustés dans la croupe de sa partenaire filiforme, coiffée comme un spoutnik.

On pouvait à peine se parler. L’orchestre ghanéen était déchaîné. Deux chanteuses et un trompette qui crachait ses poumons avec enthousiasme, dans une débauche de musique africaine. Le meilleur orchestre d’Abidjan… Les murs en tremblaient et les danseurs en transe ne décollaient plus de la piste. Il y avait de tout : putes, étudiantes, petits Blancs, quelques Noirs, businessmen. Tassés sur des banquettes et des tabourets. Stanley Parker explora chaque recoin, terminant par le barman qui le connaissait bien.

— Tu n’as pas vu Charlie ?

Le barman secoua la tête.

— Non patron, pas ce soir. Un punch-qui-tue ?

— OK.

Une silhouette en boubou surgit dans l’ombre et se frotta hardiment contre le dos de l’Américain.

— Tu m’en offres un aussi ?

Le barman, bien dressé, en apportait déjà deux. La fille se hissa sur le tabouret voisin. Moulée dans un boubou vert pomme, elle avait des seins comme des obus et des fesses extraordinairement cambrées, un visage rond aux lèvres énormes. Une Bamileke à l’air faussement hautain. L’alcool dénoua un peu l’estomac de Stanley Parker.

L’orchestre entama une béguine lente et sensuelle et la Bamileke demanda :

— Tu me fais danser ?

Elle se colla à lui, les bras noués autour de son cou, balançant son bassin avec langueur.

Stanley Parker, l’esprit ailleurs, se creusait la tête, essayant de deviner où pouvait être Charlie. La fille s’appuyait à lui avec une insistance grandissante.

S’il lui offrait trois punchs, il la ramenait chez lui, et pour deux boubous, elle devenait l’amour de sa vie. La danse terminée, elle l’entraîna d’autorité sur une banquette du fond où la quasi obscurité était propice à l’éclosion d’amours éternelles.

La Canne à Sucre était un des endroits où Charlie savait pouvoir le trouver. Donc, cela valait la peine d’attendre un peu, et de surveiller la porte. Il se laissa faire. Le vacarme de l’orchestre était un peu moins fort au fond. Sournoisement, la fille au boubou vert profita de l’obscurité pour glisser une main entre les jambes de son voisin. L’expression toujours aussi hautaine, elle commença à remuer les doigts avec habileté et Stanley Parker ne put s’empêcher de réagir. Aussitôt, la Bamileke lui glissa un regard en coin.

— Je te plais ?

Sans le Sida, il se serait bien répandu dans cette croupe superbe.

— Oui, fit-il poliment, mais je n’ai pas le temps.

Posant deux billets de mille francs CFA sur la table, il se leva. La fille l’imita et le suivit dans l’escalier pour le rattraper à côté de sa voiture.

— Tu ne m’emmènes pas ?

Il se retourna, agacé, et elle en profita pour se coller à lui, se frottant carrément contre son sexe encore raidi. Avant que Stanley Parker puisse réagir, ses doigts habiles avaient défait son zip et se refermaient autour de lui, le secouant rapidement.

Deux Noirs qui passaient leur lancèrent des regards allumés.

Fou de rage, Stanley Parker la repoussa violemment.

— Je t’ai dit que j’avais pas le temps. Fous le camp.

— C’est toi qui m’as dit de venir, patron ! protesta la fille d’une voix véhémente.

Elle se tourna vers les deux Noirs et les prit à partie dans son dialecte. Ils s’approchèrent aussitôt, déjà menaçants. Stanley Parker jugea la situation en une fraction de seconde.

C’était un coup à se faire planter un couteau dans le ventre. Il sortit de sa poche un billet de mille francs CFA et le fourra dans la main de la fille.

— Allez, tire-toi.

— C’est tout ce que tu me donnes… gémit-t-elle.

Un couteau surgit dans la main d’un des hommes.

— Patron, il faut lui donner ce que tu dois… C’est une brave fille.

Calmement, l’Américain prit la main gauche du Noir et la posa sur sa chemise, à l’endroit de la crosse de son pistolet.

Il se jeta en arrière comme s’il avait été piqué par un scorpion, puis recula, les yeux ronds.

— Métal froid ! Métal froid !

Il se fondit dans l’obscurité avec son copain. À Treichville, on tuait facilement des deux côtés. Chaque matin, les éboueurs trouvaient des cadavres de voleurs tués à coups de bâton par des vigiles. Férocité des deux bords. La fille en vert, serrant ses mille francs, fila vers La Canne à Sucre . Stanley Parker jura entre ses dents.

Foutu pays, foutu métier !

Au moment où il allait monter dans la 505, une lueur bleue clignotant dans la petite rue d’en face attira son regard. Chez Zorba .

Zorba était une ordure de nationalité indéterminée qui importait des putes de tous les pays, de Colombie, même. Mais il savait tout ce qui se passait à Treich.

Parker traversa et poussa la porte du bar. On n’y voyait goutte.

Un couple évoluait sur place, soudé comme des chiens en chaleur et quelques épaves de toutes les couleurs s’accrochaient au bar. Des filles attendaient sur des banquettes. Le patron s’approcha et serra la main de Parker.

— Vous prenez un verre ?

— Ça dépend, fit l’Américain. Je cherche Charlie. Vous l’avez pas vu ?

Le visage de l’autre se modifia imperceptiblement.

— Non, pas ce soir.

Stanley Parker devina instantanément qu’il mentait. Son cœur remonta dans sa gorge. Tout cela sentait mauvais, très mauvais. Il battit en retraite et ressortit. Une des filles s’arracha de sa banquette et le rejoignit sur le trottoir.

— Chef Stan !

Il se retourna. C’était une des putes de Zorba, Ariette la Tchadienne, une belle Toubou à la peau claire et aux yeux de biche pleins de mélancolie. On disait qu’elle était séro-positive, mais ses clients l’ignoraient. L’Américain lui sourit.

— Je suis pressé, Ariette.

— C’est pas ça, fit-elle. J’ai un message pour toi. J’ai vu Charlie, ton copain.

Stanley Parker s’arrêta net.

— Où est-il ?

— Il est passé beaucoup plus tôt, fit-elle avec l’imprécision des Africains. Il avait l’air inquiet. Il te cherchait et il a dit qu’il repartait dans l’avenue de la Reine Pokou.

Ils jouaient à cache-cache…

— Pourquoi Zorba ne m’a rien dit ?

— Il y a des types qui sont venus, ils le cherchaient aussi.

— Quels types ? Combien ils étaient ? Des Blacks ?

— Trois Blacks, chef. Pas bons.

Il lui glissa un billet dans la main.

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