Gérard de Villiers - Aventure en Sierra Léone

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Aventure en Sierra Léone: краткое содержание, описание и аннотация

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Tirant un gros pistolet de sa ceinture, le policier noir tendit le bras, visant soigneusement. Malko se souvint de ce qu’avait dit Jim Dexter. C’était un tireur d’élite. Le rétroviseur lui renvoya l’image du pistolet braqué sur lui. Une détonation claqua et il se dit qu’il allait mourir.

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Presque tous étaient des Noirs, sauf une équipe rivale de trafiquants de diamants libanais maronites qu’il avait enfermés dans leur camion avant d’y mettre le feu.

Il fixa d’un air absent l’homme qui attendait respectueusement, debout à quelques mètres de lui, puis reporta son regard sur la vue magnifique qui s’étendait à ses pieds. Sa somptueuse résidence était la dernière avant l’à-pic dominant les collines couvertes de jungle qui descendaient jusqu’à Lumley Beach. La plus belle de Freetown, à l’exception du Palais de Juba Hill, construit par l’ancien président, Siaka Stevens.

Voyant qu’il ne s’occupait plus de lui, le Noir qui attendait demanda timidement :

— Boss, je peux partir ?

Le Libanais le retint d’un geste sec de son cigare.

— Attends.

La perspective d’éliminer un adversaire de plus ne faisait pas monter sa tension d’un quart de point, mais il avait toujours frappé à bon escient. Évitant les morts trop puissants. Ceux qui pouvaient déclencher des représailles. Ceux-là, on les achetait. C’est ainsi qu’il avait pris le contrôle de la pêche, des importations, des voitures et surtout du diamant. Plus, bien entendu, des deux plus grands casinos de Freetown… Il tira une nouvelle bouffée de son Monte Cristo, pesant le pour et le contre.

Le pour était facile à calculer. Il avait besoin de quelques jours de tranquillité. C’était le moyen de les avoir. Celui qui dirigeait l’opération avait été formel.

Le contre était plus nébuleux. Il s’attaquait à un milieu qu’il connaissait mal, où les dollars ne pouvaient pas tout acheter… Il ferma ses gros yeux globuleux et, comme toujours, prit sa décision en une fraction de seconde… Lentement, il tira de sa poche un épais rouleau de billets de cent dollars et sourit à Eya Karemba.

— Je crois que tu vas avoir une petite prime…

Il se leva et s’approcha de lui. Le haut de sa perruque arrivait à peine à l’épaule du policier dont les traits étaient infiniment plus réguliers que la tête de gargouille de Karim Labaki. Ce dernier, avec une lenteur calculée, commença à compter ses billets… un de ses trucs préférés pour draguer les petits garçons à la piscine du Mammy Yoko . Compter lentement des billets devant des gamins morts de faim. Après, il n’y avait plus qu’un signe discret de la tête à faire pour se retrouver dans une chambre.

Pas de problème, l’hôtel lui appartenait…

Eya Karemba essayait de toutes ses forces de ne pas regarder l’argent, se concentrant sur les chaussures en crocodile bleu, la boucle de ceinture avec un K gravé dans l’or massif, la chemise de soie et l’énorme chrono plein de diamants fait sur mesures pour le Libanais. Finalement, celui-ci tendit cinq billets de cent dollars :

Do it fast [24] Fais-le vite. .

Eya Karemba hocha la tête, muet de bonheur. Cela représentait un an de sa solde au CID. Labaki lui donna une tape sur sa taille épaisse, pour le chasser et il s’empressa de filer. Tranquillement, le Libanais sortit, admirant au passage sa dernière acquisition, un splendide meuble Boulle de plus de 150 ans entièrement restauré dans les ateliers Claude Dalle à Paris, et gagna à petits pas le garage où s’entassaient une vingtaine de Mercedes et quelques voitures de sport, dont une Porsche dorée avec des ailerons partout.

Deux chauffeurs attendaient au garde-à-vous.

— La 500 verte ! lança-t-il.

Il s’était payé quatre Mercedes 500 et en avait offert une au Président Momoh. Ce qui lui en laissait encore trois. Dans un pays où il n’y avait pratiquement pas de routes, il pouvait tenir un siècle. Il s’installa sur les coussins, vaguement contrarié, se disant que ses amis iraniens devenaient un peu gênants.

Jusqu’alors, il n’avait jamais mélangé la politique au business et ne s’en était pas trop mal sorti… D’un œil distrait, tandis qu’il cahotait sur le chemin de latérite où subsistaient encore quelques plaques de goudron, il jeta un regard dégoûté aux vieilles maisons sur pilotis qui entouraient sa somptueuse demeure. Il en avait déjà racheté quelques-unes pour les raser.

Cela gâchait la vue.

* * *

Jim Dexter brandit sous le nez de Malko un paquet de journaux jaunis qui semblaient rescapés d’un naufrage.

— Regardez ! Une semaine de New York Times envoyés par Langley en 1980. Ils viennent d’arriver…

Cela ne faisait jamais que sept ans… L’Américain reposa le paquet dans un nuage de poussière. Malko n’était guère étonné. Il avait monté à pied les six étages de l’ambassade US. Sur l’ascenseur un écriteau annonçait tristement « no electricity ». Les queues devant les stations d’essence s’étaient encore allongées et sa voiture était transformée en vraie bombe roulante avec le coffre plein de bidons… Le Daily Mail , qui en dépit de son nom ne paraissait que toutes les trois semaines, annonçait que les juges ne pouvaient plus se rendre en province, faute de carburant.

Seules, les femmes policiers en bleu continuaient imperturbablement à diriger la circulation aux carrefours avec un flegme hérité des Britanniques. Quant au téléphone, celui de sa chambre, lorsqu’il avait voulu appeler Jim Dexter, avait émis un triste couinement avant de retourner au silence définitif.

Le pays foutait le camp.

Malko raconta sa visite à l’Irlandais, omettant les épisodes les plus sulfureux et lança :

— Wild Bill m’a dit que Eya Karemba travaillait pour Labaki…

Par ordre de Langley, Jim Dexter devait ignorer l’appartenance au Mossad de Wael Afner.

— Il en est sûr ? demanda anxieusement le chef de Station.

— Cela expliquerait sa présence à l’aéroport, avança Malko.

— J’espère que c’est un tuyau crevé, fit Jim Dexter. Je suis copain avec son chef, Sheka Songu. Je vais lui poser la question. À propos, je vous ai trouvé des photos de Labaki.

Il lui tendit plusieurs clichés représentant un homme de petite taille avec une tête de gargouille et une perruque aux cheveux trop noirs. Malko les examina avec soin, avant de les lui rendre.

— Quelle que soit la réponse de Sheka Songu, fit-il, j’aimerais que vous me procuriez une arme.

— Pas de problème ! Vous aurez même un permis… Cela ne coûtera pas plus de cent leones. Vous pensez, les bureaucrates gagnent quatre cents leones [25] Environ 120 francs. par mois et ne sont payés qu’irrégulièrement.

— Tant mieux, dit Malko. Je me sentirai plus tranquille.

— Même Labaki n’oserait pas s’attaquer à un étranger, dit Jim Dexter. Le Président Momoh ne pourrait pas le couvrir. Mais j’ai un Colt 45 automatique dont je me sers pour tuer les serpents de mon jardin. Je vais le faire nettoyer et je m’occupe du permis. Rien d’autre ?

— Vous avez des informations sur Hussein Forugi ?

L’Américain secoua la tête.

— Rien, j’avais chargé un de mes informateurs, un journaliste d’ici, de gratter un peu, il a fait chou blanc. Ce type tourne entre la Résidence des Iraniens, l’ambassade et le Centre culturel. Aucune vie privée connue. Tous ses contacts se font au Centre culturel. Maintenant que vous avez rencontré Wild Bill, pensez-vous qu’il soit utile ?

La clim’ s’arrêta d’un coup panne de générateur. Et ils étaient en plein soleil, face au palais de Justice, dans un des rares gratte-ciel de Freetown. La chaleur allait vite devenir insupportable.

— Pas dans un premier temps, fit Malko.

— Bill est vraiment dingue, conclut l’Américain. Mais il hait les Libanais et il est gonflé. En plus, en cas de coup dur, rien ne le lie à la Company. J’ai le feu vert de Langley pour l’employer, si vous en avez besoin.

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