Raymond Radiguet - Le diable au corps

Здесь есть возможность читать онлайн «Raymond Radiguet - Le diable au corps» — ознакомительный отрывок электронной книги совершенно бесплатно, а после прочтения отрывка купить полную версию. В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: foreign_antique, foreign_prose, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le diable au corps: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le diable au corps»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Le diable au corps — читать онлайн ознакомительный отрывок

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le diable au corps», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Ressentant de l’amour pour Marthe, j’en ôtais à René, à mes parents, à mes soeurs.

Je me promettais bien cet effort de volonté de ne pas venir la voir avant le jour de notre rendez-vous. Pourtant, le mardi soir, ne pouvant attendre, je sus trouver à ma faiblesse de bonnes excuses qui me permissent de porter après le dîner le livre et les journaux. Dans cette impatience, Marthe verrait la preuve de mon amour, disais-je, et si elle refuse de la voir, je saurais bien l’y contraindre.

Pendant un quart d’heure, je courus comme un fou jusqu’à sa maison. Alors, craignant de la déranger pendant son repas, j’attendis, en nage, dix minutes, devant la grille. Je pensais que pendant ce temps mes palpitations de coeur s’arrêteraient. Elles augmentaient, au contraire. Je manquai tourner bride, mais depuis quelques minutes, d’une fenêtre voisine, une femme me regardait curieusement, voulant savoir ce que je faisais, réfugié contre cette porte. Elle me décida. Je sonnai. J’entrai dans la maison. Je demandai à la domestique si Madame était chez elle. Presque aussitôt, Mme Grangier parut dans la petite pièce où l’on m’avait introduit.

Je sursautai, comme si la domestique eût dû comprendre que j’avais demandé « Madame » par convenance et que je voulais voir « Mademoiselle ». Rougissant, je priai Mme Grangier de m’excuser de la déranger à pareille heure, comme s’il eût été une heure du matin : ne pouvant venir jeudi, j’apportais le livre et les journaux à sa fille.

– Cela tombe à merveille, me dit Mme Grangier, car Marthe n’aurait pu vous recevoir. Son fiancé a obtenu une permission, quinze jours plus tôt qu’il ne pensait. Il est arrivé hier, et Marthe dîne ce soir chez ses futurs beaux-parents.

Je m’en allai donc, et puisque je n’avais plus de chance de la revoir jamais, croyais-je, m’efforçais de ne plus penser à Marthe, et, par cela même, ne pensant qu’à elle.

Pourtant, un mois après, un matin, sautant de mon wagon à la gare de la Bastille, je la vis qui descendait d’un autre. Elle allait choisir dans des magasins différentes choses, en vue de son mariage. Je lui demandai de m’accompagner jusqu’à Henri-IV.

– Tiens, dit-elle, l’année prochaine, quand vous serez en seconde, vous aurez mon beau-père pour professeur de géographie.

Vexé qu’elle me parlât études, comme si aucune autre conversation n’eût été de mon âge, je lui répondis aigrement que ce serait assez drôle.

Elle fronça les sourcils. Je pensai à sa mère.

Nous arrivions à Henri-IV, et, ne voulant pas la quitter sur ces paroles que je croyais blessantes, je décidai d’entrer en classe une heure plus tard, après le cours de dessin. Je fus heureux qu’en cette circonstance Marthe ne montrât pas de sagesse, ne me fit aucun reproche, et, plutôt, semblât me remercier d’un tel sacrifice, en réalité nul. Je lui fus reconnaissant qu’en échange elle ne me proposât point de l’accompagner dans ses courses, mais qu’elle me donnât son temps comme je lui donnais le mien.

Nous étions maintenant dans le jardin du Luxembourg ; neuf heures sonnèrent à l’horloge du Sénat. Je renonçai au lycée. J’avais dans ma poche, par miracle, plus d’argent que n’en a d’habitude un collégien en deux ans, ayant la veille vendu mes timbres-poste les plus rares à la Bourse aux timbres, qui se tient derrière le Guignol des Champs-Élysées.

Au cours de la conversation, Marthe m’ayant appris qu’elle déjeunait chez ses beaux-parents, je décidai de la résoudre à rester avec moi. La demie de neuf heures sonnait. Marthe sursauta, point encore habituée à ce qu’on abandonnât pour elle tous ses devoirs de classe. Mais, voyant que je restais sur ma chaise de fer, elle n’eut pas le courage de me rappeler que j’aurais dû être assis sur les bancs de Henri-IV.

Nous restions immobiles. Ainsi doit être le bonheur. Un chien sauta du bassin et se secoua. Marthe se leva, comme quelqu’un qui, après la sieste, et le visage encore enduit de sommeil, secoue ses rêves. Elle faisait avec ses bras des mouvements de gymnastique. J’en augurai mal pour notre entente.

– Ces chaises sont trop dures, me dit-elle, comme pour s’excuser d’être debout.

Elle portait une robe de foulard, chiffonnée depuis qu’elle s’était assise. Je ne pus m’empêcher d’imaginer les dessins que le cannage imprime sur la peau.

– Allons, accompagnez-moi dans les magasins, puisque vous êtes décidé à ne pas aller en classe, dit Marthe, faisant pour la première fois allusion à ce que je négligeais pour elle.

Je l’accompagnai dans plusieurs maisons de lingerie, l’empêchant de commander ce qui lui plaisait et ne me plaisait pas ; par exemple, évitant le rose, qui m’importune, et qui était sa couleur favorite.

Après ces premières victoires, il fallait obtenir de Marthe qu’elle ne déjeunât pas chez ses beaux-parents. Ne pensant pas qu’elle pouvait leur mentir pour le simple plaisir de rester en ma compagnie, je cherchai ce qui la déterminerait à me suivre dans l’école buissonnière. Elle rêvait de connaître un bar américain. Elle n’avait jamais osé demander à son fiancé de l’y conduire. D’ailleurs, il ignorait les bars. Je tenais mon prétexte. À son refus, empreint d’une véritable déception, je pensai qu’elle viendrait. Au bout d’une demi-heure, ayant usé de tout pour la convaincre, et n’insistant même plus, je l’accompagnai chez ses beaux-parents, dans l’état d’esprit d’un condamné à mort espérant jusqu’au dernier moment qu’un coup de main se fera sur la route du supplice. Je voyais s’approcher la rue, sans que rien ne se produisît. Mais soudain, Marthe, frappant à la vitre, arrêta le chauffeur du taxi devant un bureau de poste.

Elle me dit :

– Attendez-moi une seconde. Je vais téléphoner à ma belle-mère que je suis dans un quartier trop éloigné pour arriver à temps.

Au bout de quelques minutes, n’en pouvant plus d’impatience, j’avisai une marchande de fleurs et je choisis une à une des roses rouges, dont je fis faire une botte. Je ne pensais pas tant au plaisir de Marthe qu’à la nécessité pour elle de mentir encore ce soir pour expliquer à ses parents d’où venaient les roses. Notre projet, lors de la première rencontre, d’aller à une académie de dessin ; le mensonge du téléphone qu’elle répéterait, ce soir, à ses parents, mensonge auquel s’ajouterait celui des roses, m’étaient des faveurs plus douces qu’un baiser. Car, ayant souvent embrassé, sans grand plaisir, des lèvres de petites filles, et oubliant que c’était parce que je ne les aimais pas, je désirais peu les lèvres de Marthe. Tandis qu’une telle complicité m’était restée, jusqu’à ce jour, inconnue.

Marthe sortait de la poste, rayonnante, après le premier mensonge. Je donnai au chauffeur l’adresse d’un bar de la rue Daunou.

Elle s’extasiait, comme une pensionnaire, sur la veste blanche du barman, la grâce avec laquelle il secouait les gobelets d’argent, les noms bizarres ou poétiques des mélanges. Elle respirait de temps en temps les roses rouges dont elle se promettait de faire une aquarelle, qu’elle me donnerait en souvenir de cette journée. Je lui demandai de me montrer une photographie de son fiancé. Je le trouvai beau. Sentant déjà quelle importance elle attachait à mes opinions, je poussai l’hypocrisie jusqu’à lui dire qu’il était très beau, mais d’un air peu convaincu, pour lui donner à penser que je le lui disais par politesse. Ce qui, selon moi, devait jeter le trouble dans l’âme de Marthe, et, de plus, m’attirer sa reconnaissance.

Mais, l’après-midi, il fallut songer au motif de son voyage. Son fiancé, dont elle savait les goûts, s’en était remis complètement à elle du soin de choisir leur mobilier. Mais sa mère voulait à toute force la suivre. Marthe, enfin, en lui promettant de ne pas faire de folies, avait obtenu de venir seule. Elle devait, ce jour-là, choisir quelques meubles pour leur chambre à coucher. Bien que je me fusse promis de ne montrer d’extrême plaisir ou déplaisir à aucune des paroles de Marthe, il me fallut faire un effort pour continuer de marcher sur le boulevard d’un pas tranquille qui maintenant ne s’accordait plus avec le rythme de mon coeur.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le diable au corps»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le diable au corps» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Le diable au corps»

Обсуждение, отзывы о книге «Le diable au corps» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x