Jean Carrière - L’épervier de Maheux

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L’épervier de Maheux: краткое содержание, описание и аннотация

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Et en effet, qu’une petite vie continue à couver ses braises et à tenir ses draps propres au milieu d’une telle désolation a de quoi intriguer ; il y a là une sorte d’incompatibilité flagrante qui donne froid dans le dos ; on se demande au prix de quelle terrible austérité des gens peuvent s’accommoder d’un commerce aussi rude avec le monde.

Les façades crevées vomissent du foin ; le vent s’engouffre sous des voûtes béantes tapissées de capillaires ; des poutres goudronnées par des siècles de fumée brandissent leurs moignons pathétiques au-dessus de décombres qui, eux aussi, ont quelque chose de tragique : on croirait que ces masures ont été éventrées par un bombardement. Leurs ruines n’ont pas le temps de vieillir paisiblement dans la complicité de la verdure ; ce qui était encore debout l’an dernier tombe en miettes aujourd’hui ; le gel, la pluie, le soleil ne feront qu’une bouchée de ces noirs ossements amalgamés avec du plâtre mort, et mort depuis longtemps. Même il arrive qu’un pan de mur entier s’abatte sous le nez de l’habitant ébahi, qui n’a plus qu’à déloger, ou à se replier dans les parties intactes devant ce siège en règle. C’est la pauvreté du matériau qui est responsable de ces effondrements spontanés, pierres sèches gélives ou schistes friables, d’une industrie rudimentaire, où la moindre lézarde amorce un processus de dégradation accéléré par les intempéries.

Pour couronner le tout, reste le petit cimetière à usage familial ; il en existe qui sont dignes d’un décor d’épouvante, avec leurs louches renflements de terre boursouflée, leurs stèles contrariées par des mouvements souterrains, comme ces cimetières d’Écosse ou d’Europe centrale, lieux de prédilection des vampires et des lycanthropes.

Généralement, il aligne ses tombes à proximité de la maison (on les aperçoit des fenêtres, on est obligé d’y passer devant matin et soir), soit pour soutenir le moral des vivants dans les épreuves quotidiennes en leur rappelant que tous ces emmerde-ments finiront un jour ou l’autre, soit pour faciliter les choses, et rendre le trajet moins long, quand viendra l’heure ; à moins que ce soit tout simplement parce que les gens qui l’ont installé là n’avaient pas d’imagination. Les orties, qui raffolent des endroits humides, s’y multiplient avec une rare exubérance.

De l’os partout, un soleil africain, des ombres qui ont la fraîche amertume de l’Armorique : voilà le Haut-Pays. Les vieux meurent, les enfants s’en vont, les maisons se ferment : voilà son histoire.

Le fond de cette vallée de Josaphat (que les trois Reilhan gagnent à grands pas sous une neige de plus en plus drue) est grignoté par un petit torrent, presque toujours à sec en été ; on voit alors serpenter entre des hêtres maigrichons sa colonne vertébrale blanchie par le soleil ; il n’y a même plus le bruissement de l’eau entre les pierres, ni celui du vent à travers les feuillages pour mettre une apparence de vie dans ce cratère en feu. Le vent couché là-haut sur l’herbe donne quelques coups d’aile juste avant que le soleil n’émerge, pousse quelques soupirs au crépuscule ; cela ressemble à une étrange petite bête qui aurait perdu la tête et qui se mordrait la queue sans raison. Tout le reste du jour, pèse une chaleur effroyable sur ce désert de cailloux où l’altitude joue le rôle d’une loupe devant le soleil. C’est le triomphe du règne minéral : les insectes grésillent, chauffés à blanc, mais ce grésillement métallique n’est que le féroce prolongement du règne minéral ; on se demande à partir de quelle illusion la vie cesse d’en paraître une.

Le soleil décline dans le ciel circulaire ; l’ombre immense du plateau s’avance et engloutit la moitié du cirque. De l’autre côté, sur la crête du flanc éclairé, une bergerie en pleine lumière ouvre sur le vide une bouche et des orbites noires comme celles d’un crâne, ajoutant à cette solitude une attente mystérieuse. C’est l’heure où des millions d’insectes à contre-jour s’argentent dans l’atmosphère immobile.

A ce moment-là, on ne peut songer sans une pointe de nostalgie au cœur à tout ce qui se passe derrière ces montagnes – même et surtout si on ne le sait que par oui-dire ; à ce monde fascinant et tumultueux de trottoirs et d’usines, de cinémas et de cafés, de foule jetée vers un avenir sans cesse renouvelé ; à la douceur de vivre et de se laisser vivre dans des collines couvertes de jardins maritimes ; aux soirées qu’on prétend qu’y prolonge l’été, pleines d’arômes et de nonchalances. Tout cela est si loin, si différent de ce que le silence et la solitude de ces hautes terres primitives mettent continuellement sous les yeux…

De longs jours vides, des pentes désertiques, un continuel tête-à-tête avec un monde abandonné à sa torpeur géologique, et dont ce pourrait être aussi bien le commencement que la fin : cette terrible inertie est communicative. Quand on promène son regard dans toutes les directions sans rien rencontrer d’autre à perte de vue que ce moutonnement hersé par une poigne aveugle, il n’est pas nécessaire d’être grand philosophe pour s’interroger sur l’existence et ressentir son ambiguïté devant cette immensité morte ; on n’a d’autre ressource que de se replier sur soi-même et de faire le mort à son tour ; on sait qu’il est inutile d’en rajouter pour vivre, ou de faire des phrases : on est là, autant continuer, mais sans essayer de prendre des vessies pour des lanternes. Trois mille ans de tergiversations n’ont servi strictement à rien, qu’à embrouiller les choses ; la situation n’a pas évolué d’un pouce sur l’essentiel. La seule question vraiment sérieuse est précisément la seule qui soit restée sans réponse : par conséquent, elle reste posée (quand elle l’est) à son niveau absolu, c’est-à-dire le plus bas, le seul qui compte : question de vie ou de mort. Ces solitaires (n’oublions pas qu’ils sont les héritiers de ceux qui ont tutoyé Dieu comme on Le tutoie dans l’Ancien Testament : pour lui arracher de gré ou de force une réponse) sont l’innocence même : ils n’acceptent que des arguments qui soient incontestables ; les finesses de la Sorbonne ne sont que des grimaces de clown (ou une manière de jouir, de tuer son lièvre et de s’affirmer qui en vaut une autre) et elles n’amènent ici qu’un haussement d’épaules.

Les femmes de leur côté sont noires des pieds à la tête, en deuil de leur propre jeunesse à vingt ans ; à force de se colleter avec une existence qui les ligote comme leurs vêtements et ne leur laisse le temps de souffler que pour mourir, elles montrent, avec encore plus de hargne que les hommes, la même répugnance instinctive à l’égard des sphères où l’on n’a pas de prise concrète ; elles n’ont pas les moyens de résoudre leurs problèmes par des solutions à longue échéance ; le genre de questions que la vie leur pose exige des réponses immédiates. D’où cette méfiance des valeurs abstraites, cette rage de ramener l’essentiel de la vie à son aspect pratique, bien qu’elles ne soient pas plus bêtes que d’autres ; simplement, elles vivent dans la hantise du lendemain, et trichent avec cette obsession en ayant recours à d’incroyables mesquineries.

Harcelées du matin au soir par des servitudes ménagères dont la seule différence avec le bagne est qu’elles leur semblent naturelles, jetant hâtivement des enfants au monde entre deux lessives, enterrant leurs morts entre deux moissons, elles ne disposent jamais de ce qu’on appelle dans les milieux privilégiés « un moment à soi ». Elles n’imaginent même pas qu’on puisse commencer à vivre précisément à partir du moment où cessent ces tyrannies, dans cette région énigmatique où s’épanouissent de nouvelles exigences parmi lesquelles on est libre de choisir la discipline qu’on veut, puisqu’elles sont aussi inutiles les unes que les autres.

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