Jean Carrière - L’épervier de Maheux
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- Название:L’épervier de Maheux
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L’épervier de Maheux: краткое содержание, описание и аннотация
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Qu’elle soit rêve ou illusion, cette… « réalité de l’esprit » avait au fond, elle aussi, quelque chose de très insolite, de très troublant…
Il alluma une cigarette : beaucoup trop fumé, ce soir ; tant pis pour son cœur (songer au cœur, comme ça, de but en blanc, et après avoir été si longtemps et si profondément absorbé par de glorieuses pensées, obtenait toujours sur lui le même effet : non de peur, de surprise. C’était de même nature que tout le reste ; quand le corps ne jouissait pas ou ne souffrait pas, l’esprit – ce qui se passe dans la tête – livré à lui-même, à ses propres lois, très rapidement prenait le large et oubliait son véhicule : ce n’était pas sans étonnement qu’il en retrouvait les rouages et toutes les contingences). Au fond, même en culottes courtes, j’étais étonné : étonné par le monde, étonné d’être là ; la seule chose qui ne m’étonnait pas, à cette époque-là, c’était précisément cette faculté d’étonnement, comme si elle seule fût incontestable, et me justifiât nécessairement. Depuis, hélas ! rien n’était aussi simple, et cette faculté d’étonnement, cette aptitude de refuser, de tout remettre en question, paraissait parfois aussi étrange, aussi irréelle que ce qu’elle remettait en question ; remise en question à son tour, on eût dit qu’elle se dévorait elle-même, qu’elle n’était là que pour assumer sa propre négation, et tout se passait alors comme dans les labyrinthes, où l’on repasse toujours par les mêmes endroits, ou comme dans ces cages tournantes, où des écureuils s’enragent dans une course exténuante, immobile…
Mais avec quelle facilité ce qu’on a coutume d’appeler la vie avait le dernier mot… Avec quelle facilite les choses se retrouvaient à leur place habituelle, et retrouvaient leur aspect nécessaire, convaincant – comme ces rochers dominant le bourg qui ressemblaient à des termitières géantes et sur lesquels, depuis la terrasse de sa villa, il regardait le jour s’éteindre. Comme sa femme, en train de dresser la table pour le dîner : vivre à la surface des choses, voilà ce que promettaient les gestes paisibles de cette femme allant et venant dans le crépuscule.
Il jeta sa cigarette dans l’obscurité du jardin, où embaumaient les roses de septembre ; l’étincelle décrivit une longue courbe et s’immobilisa au milieu des graviers : parfum des roses, étincelle, convoquaient les printemps disparus, les roses disparues avec ceux qui respiraient leur exhalaison en ramassant dans l’herbe humide des lampyres bleuâtres. Enfant mort dans l’adulte, et dont il ne reste, peut-être, que cette interrogation passionnée : tout cela ne peut pas avoir servi à rien, ni la souffrance ni le bonheur… Il y a là une réalité atroce, fondée sur tout ce qui la nie : le temps, la vieillesse, la mort. Situation intolérable. Mais il n’est de situation intolérable à laquelle il semble que le destin des hommes ne soit précisément de s’habituer. Vivre à la surface de choses… Mais les gestes séculaires de cette ménagère, comme dans tous les foyers où s’allumait une lampe, laissaient flotter, ainsi qu’une épave entre deux eaux, l’évocation poignante du bonheur, beaucoup plus que le bonheur lui-même… Parce que rien n’est innocent sur la terre : à quelle terrible absence notre expérience de la vie – l’affreuse mémoire contaminante – ne finit-elle pas par aboutir ?… Tout a déjà eu lieu au moins une fois : comment vivre à la surface des choses, alors qu’à chaque instant la vie nous contraint à essayer de retrouver un secret perdu.
De là, sans doute, son goût prononcé pour les petits chevaux cosaques, les invasions martiennes, les époques catastrophiques, qui, comme par magie, rendent les hommes pareils à des enfants. Son meilleur souvenir : les matins d’hiver dans cette ferme allemande où il charriait du fumier comme prisonnier de guerre. L’enfer de la guerre, certes. Et l’enfer de la paix ? Personne jamais n’en parle, hypocrites nations ! Il n’y a qu’une paix orageuse pour nous empêcher de mourir à petit feu. Ou sinon, vous voilà supprimant les déboires rédempteurs, comme le con de la fable, sciant la branche sur laquelle vous êtes assis. Grotesque.
« Grotesque ? »
Elle s’était immobilisée, tournant la salade, dont on sentait d’ici l’odeur piquante et alliacée – tout l’autre sud fleurissait dans cette pointe un peu canaille, émoustillante, vaguement ironique. Que de réalités dans l’irréalité !
« Cette mise en scène. Toute cette mise en scène autour d’un cadavre. Tu ne peux pas savoir. A vingt kilomètres d’ici. On croit rêver. »
Il avait encore devant les yeux le geste de cette femme roulant en boule le drap souillé et le fourrant sous un lit. Cette implacable affirmation de la vie devant la mort… Ce geste qui s’accordait si bien avec les actes de violence que la vie commettait depuis quelques centaines de millions d’années, avec cette détermination aveugle, effrayante qui assurait le développement des espèces, cette permanence absurde sur la terre… pour aboutir à ce crépitement d’insectes, dehors, comme au geste de cette femme, un après-midi de septembre, dans une chambre mortuaire chrétienne…
« Ce cloisonnement de l’esprit chez les simples, tu comprends, cette faculté d’oubli, presque immédiate… La disproportion qu’il y avait entre ce mort – pour qui la sphère solaire aurait dû exploser, comme l’eût souhaité Shakespeare – et… et ce drap qu’on lui arrachait… cette négation de la valeur de la vie, beaucoup plus que son affirmation, par le peu de valeur que son interruption paraît avoir pour presque tous ces gens, moi peut-être… ce geste détruisait beaucoup plus que la corruption ce misérable… Je sais bien, mieux que personne ! qu’un mort n’est rien, mais qui peut se flatter d’une objectivité si pure, si théorique ? C’est le geste de cette femme qui a sanctionné la mort de son mari – qu’elle aimait ! »
Même impression lorsqu’une deuxième naissance était désirée ou attendue dans un de ces innombrables foyers où il entendait dire par le père ou la mère à propos du premier enfant : « On ne sait jamais ce qui peut arriver », comme on envisage de remplacer sa voiture ! Les raisons qui le scandalisaient étaient plus obscures que leur rustrerie. C’était comme si quelque chose, en lui, se trouvait brutalement floué, ou insulté.
Floué, surtout… Ainsi, parfois, à l’époque de sa « puberté » religieuse (né catholique), se réveillait-il en sursaut, secoué par une idée aussi sèchement que si quelqu’un avait interrompu son sommeil en le secouant par l’épaule : un seul cadavre de bébé asiatique (ou nègre, ou du néolithique) anéantissait radicalement à lui seul les probabilités d’un plan de création divin, où l’homme occupât une place privilégiée, où chacun de ses cheveux fût compté… Ce n’était guère de cheveux qu’il s’agissait dans l’histoire du monde, mais des milliards de cadavres de créatures intermédiaires auxquels ni le hasard ni la providence n’avaient permis d’accéder à la conscience, qui n’avaient pas eu le temps de devenir des hommes, mais qui étaient pourtant des hommes… Il y avait là de quoi éprouver le sentiment d’une imposture de belle taille, de la part d’un dieu qui, s’il eût existé, n’eût été qu’un mauvais plaisantin : sa création n’était, comme le dit Nietzsche, « qu’une somme de douleur et d’illogisme qui abaisserait la valeur totale du devenir ».
Le hasard, le hasard imbécile pouvait être seul responsable du peu de prix de la conscience et de l’existence humaines, qui n’en avaient déjà pas beaucoup aux yeux des hommes eux-mêmes…
Ce qui l’avait surtout frappé aujourd’hui – cette bizarre impression d’irréalité qu’il s’expliquait si mal lui-même, domine s’il avait débarqué d’une autre planète, où les Choses se seraient passées autrement, et dont il lui restât l’obscure mémoire…
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