Pierre Lemaître - Trois jours et une vie

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Trois jours et une vie: краткое содержание, описание и аннотация

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« À la fin de décembre 1999, une surprenante série d'événements tragiques s'abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt. Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir. Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien… »
P.L. Le nouveau roman de Pierre Lemaître, Goncourt 2013.

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À présent, la perspective d’épouser Laura lui faisait du bien, l’idée qu’à sa manière elle l’avait demandé en mariage le réconciliait un peu avec lui-même.

Il avait besoin de piles pour la souris de son ordinateur portable. Il sortit pour aller en ville.

Quand il quittait le domicile de sa mère, il ne pouvait s’empêcher de jeter un regard vers le jardin de ce qui avait été autrefois la maison des Desmedt. Rénovée, quasiment reconstruite, elle accueillait maintenant un couple d’une quarantaine d’années et leurs filles jumelles avec qui Mme Courtin entretenait des rapports cordiaux mais distants parce que ces gens n’étaient pas vraiment d’ici.

Après la tempête, les Desmedt avaient obtenu un logement social aux Abbesses, un quartier excentré de Beauval. M. Desmedt avait étonnamment échappé à la vague de licenciements du début de l’année 2000, rendus nécessaires par l’état de l’usine Weiser. Une rumeur courut, on l’aurait maintenu à son emploi par pitié pour sa situation. M. Mouchotte avait alors répandu pas mal de vilains bruits à ce sujet, qui s’étaient arrêtés d’eux-mêmes parce que M. Desmedt avait été victime d’une rupture d’anévrisme quelques mois plus tard, il était mort dans son lit pendant son sommeil.

Mme Desmedt, elle, avait beaucoup vieilli, visage marqué, démarche lasse. Antoine la croisait parfois, elle était maintenant forte et marchait lourdement comme si elle avait fait des ménages toute sa vie.

La mère d’Antoine n’était pas restée amie avec elle. Elle s’était même comportée comme si elles s’étaient fâchées, qu’un épisode secret et indépassable les avait séparées. Depuis que Bernadette avait été relogée aux Abbesses, elles n’avaient plus guère l’occasion de se croiser, sauf de temps à autre chez les commerçants, mais c’était bonjour bonsoir, la tempête avait balayé leur ancienne solidarité de voisinage. Personne n’y avait prêté attention, pas même Mme Desmedt. Dans cette période douloureuse et confuse, des camaraderies s’étaient éteintes, des sympathies nouvelles, parfois inattendues, s’étaient créées, les malheurs qui s’étaient abattus sur la ville avaient profondément redistribué le jeu des relations entre les habitants. Concernant sa mère et Mme Desmedt, Antoine en savait évidemment plus long que les autres, mais cela faisait partie d’une époque dont ils parlaient rarement, réduite par Mme Courtin à « la tempête de 99 », comme s’il ne s’était passé de notable à Beauval que des chutes d’arbres et l’envol de quelques toitures.

Elle était restée longtemps préoccupée, suivant attentivement les actualités régionales, lisant le journal chaque matin, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Son inquiétude s’était peu à peu endormie, elle avait éteint le téléviseur et n’avait pas renouvelé son abonnement au quotidien.

Antoine prit à droite vers le centre-ville. Il ressentait toujours la même chose. Il détestait tout, cette maison, cette rue. Il haïssait Beauval.

Il s’en était échappé dès le lycée, sa mère avait été surprise qu’il préfère l’internat. Aujourd’hui, il revenait encore pour la voir, mais le moins souvent et le moins longtemps possible ; il était angoissé plusieurs jours avant, repartait vite, trouvait des prétextes sans cesse nouveaux.

Dans la vie courante, il oubliait. La mort de Rémi Desmedt était un fait divers ancien, un souvenir d’enfance pénible, des semaines passaient sans malaise. Antoine n’était pas indifférent : son crime n’existait plus. Puis soudain, un petit garçon dans la rue, une scène au cinéma, la vue d’un gendarme déclenchait en lui une peur incoercible, impossible à maîtriser. La panique s’emparait de lui, l’imminence de la catastrophe engloutissait sa vie, il devait déployer des efforts gigantesques pour faire retomber toute cette pression à grands coups de respiration lente, d’autopersuasion et surveillait les palpitations de son imaginaire comme un moteur dont on guette avec anxiété le refroidissement après une brusque surchauffe.

La terreur, en fait, ne lâchait jamais prise. Elle sommeillait, s’endormait, et elle revenait. Antoine vivait avec la conviction que, tôt ou tard, ce meurtre le rattraperait et ruinerait sa vie. Il encourait une peine de prison de trente ans, diminuée de moitié parce qu’il était mineur au moment des faits, mais quinze ans, c’était toute une vie parce que, après cela, il n’y aurait jamais plus de vie normale, un assassin d’enfant ne redevient jamais quelqu’un de normal parce qu’un assassin de douze ans n’est jamais considéré comme quelqu’un de normal.

L’information judiciaire n’avait jamais été officiellement clôturée, Antoine ne pouvait même pas espérer une prescription.

Tôt ou tard, une tempête d’une force inattendue se lèverait et, avec une puissance décuplée par son ancienneté, ravagerait tout sur son passage, son existence, celle de sa mère, de son père, elle ne viendrait pas seulement le tuer, elle le ferait entrer dans l’histoire, son nom, son visage deviendraient célèbres, pour très longtemps, rien de ce qu’il était à présent n’y survivrait, il serait le « tueur d’enfant », « l’enfant meurtrier », « l’assassin en herbe », un nouveau cas de figure pour la criminologie, une vignette clinique supplémentaire pour la pédopsychiatrie.

C’est pourquoi il désirait avant tout partir, très loin, il savait qu’il s’éloignerait de Beauval avec des images qui, à l’autre bout du monde, continueraient de le hanter, mais du moins était-il soulagé de n’être plus obligé de croiser ceux qui étaient de près ou de loin mêlés à son drame.

Laura le trouvait parfois en nage, fébrile, survolté, ou au contraire abattu, vidé de toute force et déprimé. Ces crises de panique qui survenaient sans prévenir, elle ne se les expliquait pas et la vocation d’Antoine pour l’humanitaire lui semblait même parfois compromise. Aussi, étant de ces femmes qui ne se résolvent jamais à ignorer éternellement le fond des choses, revenait-elle régulièrement sur le sujet. En vain. Antoine ne l’avait jamais emmenée sur les lieux où il avait vécu. Lorsqu’il s’y résoudrait, sans doute alors pourrait-elle parler à ses proches, comprendre, et enfin l’aider.

Il arrivait à l’hôtel de ville lorsque Laura l’appela.

— Alors, demanda-t-elle, ta maman…

Mme Courtin ne connaissait pas l’existence de Laura. C’était, de la part d’Antoine, un secret mystérieux et irrationnel qui, quelque temps, avait vexé la jeune femme, mais il n’était pas dans son tempérament d’attacher trop d’importance à des événements purement sociaux. Elle en plaisantait et s’en amusait d’autant plus qu’Antoine en était gêné.

— Elle ne m’en veut pas de mon absence, j’espère…

Cette fois, Antoine ne fut pas embarrassé, il avait envie de Laura, le sexe avait toujours été chez lui un puissant anxiolytique. Sans attendre, il se mit à lui murmurer des choses primaires et impatientes qui bientôt la rendirent muette. Il lui parlait comme s’il avait été couché sur elle et qu’elle fermait les yeux. Puis il s’interrompait et laissait couler de longs silences saturés de désir pendant lesquels il écoutait sa respiration tendue.

— Tu es là ? demanda-t-elle enfin.

Le silence, soudain, n’était plus le même. Antoine n’était plus sur elle, il était ailleurs, elle le sentit.

— Antoine ?

— Oui, je suis là…

Sa voix hurlait le contraire.

Dans la vitrine de M. Lemercier, il avait toujours vu, dans le coin à droite, le portrait de Rémi Desmedt qui jaunissait un peu plus chaque année. La disparition de l’enfant surgissait encore dans les conversations, on ne se résout jamais à un mystère pareil, mais l’appel à témoins avait vieilli, lorsqu’il était tombé, on ne l’avait pas remis, on ne le voyait plus guère qu’à la gendarmerie, au milieu d’une dizaine d’autres venant de différentes régions, et là, chez M. Lemercier.

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